Pour l Amour de Dieu ?
78 pages
Français

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Description

Dans les années 60, un abbé, professeur d’un collège du Hainaut belge, est assassiné. Il semble que ce meurtre soit lié à des affaires de mœurs. Mais à cette époque, les enquêteurs sont confrontés à un mur de silence. Il faudra 40 ans avant de connaître la vérité.

Informations

Publié par
Date de parution 26 novembre 2014
Nombre de lectures 2
EAN13 9782312024448
Langue Français

Extrait

Pour l’Amour de Dieu ?
William M. LeBrun
Pour l’Amour de Dieu ?



















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2014 ISBN : 978-2-312-02444-8
Avant-Propos
Nord-Escaut du 22 septembre 1969


L’assassin de St Antoine se fait justice.

Chièvregnies-en-Ht - On se rappellera le crime affreux qui endeuilla, il y a cinq ans, notre cité et le vénérable Collège St Antoine. Un élève alors âgé de 16 ans y avait sauvagement assassiné à coups de marteau son directeur de conscience, le très respecté Abbé Hocquet.

Il avait commis cet acte barbare sous le prétexte fallacieux que le regretté abbé se serait adonné à des gestes que la morale réprouve sur sa personne.
L’assassin – Walter Lambiot - avait été condamné à être placé en institution jusqu’à sa majorité puis à purger une peine de vingt ans de réclusion criminelle.

La veille de son transfert – soit ce samedi 20 septembre dernier – le meurtrier a été retrouvé pendu dans la cellule qu’il occupait au centre de redressement St Rémy à Frasnes.

Justice est faite.
Partie I. Meurtre au Collège
[Pikimedia] : « La commune belge de Chièvregnies-en-Hainaut abrite le Collège Saint Antoine qui est un des plus anciens établissements d’enseignement humaniste de Wallonie.
Édifié à la demande des Archiducs Albert et Isabelle à la fin du XVI e siècle, et d’abord réservé aux enfants des nobles et de leurs protégés, il est rapidement ouvert aux grands bourgeois. Le peuple, lui, y accède seulement après le Premier Empire.
Fin du XIX e siècle, le clergé provincial s’investit dans la gestion de l’établissement en réaction à la politique libérale de sécularisation de la société en général et de l’enseignement en particulier. C’est comme cela que l’école, dès cette époque, emploie quelques professeurs laïcs principalement dans les branches scientifiques, l’enseignement des lettres modernes et anciennes étant réservé par tradition aux abbés… Celui de la religion aussi bien sûr, comme celui de l’Histoire… »
Lundi 20 janvier 1964
Ce soir-là, le lundi 20 janvier 1964, comme tous les autres soirs, Alberto Marini, le concierge, qui a déjà enlevé sa blouse grise et enfilé sa canadienne, fait le tour de toutes les issues, portes et fenêtres, du Collège, principalement celles donnant sur l’extérieur.
Il est 21 heures.
Le bureau de la loge est éclairé par une lampe de travail à l’abat-jour vert.
Le guichet est fermé et sur la table de service, les casiers à courrier sont rangés : le travail est prêt pour le lendemain. Le tableau des sorties est vide.
Tous les abbés et professeurs logés dans l’établissement sont dans les murs ; les pensionnaires, eux, sont rentrés de la veille et aucun retardataire n’est attendu.
Tout est donc en ordre.
Il a le sens de l’ordre, Marini… Son local, qui est aussi son logement, est rangé « au carré » et sent l’encaustique. Une propreté quasi chirurgicale ! On sent l’ancien militaire. Il en a gardé même gardé la prestance. Toujours impeccablement coiffé et rasé, il met un point d’honneur à être un exemple pour tous ceux qui le côtoient.
En 41, il avait tout juste 25 ans, il a été enrôlé de force dans l’armée italienne. De force car, comme bon nombre de ses concitoyens de la région de Parme, il est profondément antifasciste, ce qui lui vaut très vite d’être expédié sur le front russe. Lors de la bataille de Tcherkassy en janvier 44, il parvient à s’échapper et à se retrouver, par le hasard des chemins et des passeurs, en Belgique quelques mois plus tard. Il y rejoint la Résistance dans la région de Saint-Ghislain et participe avec l’Armée Secrète à la poursuite des troupes nazies en Allemagne.
De hauts faits qui lui vaudront une décoration, une emploi et une jambe de bois car il sera blessé dans la région de Cologne, blessure qui nécessitera son amputation.
Jambe de bois qui sera source de respect auprès des élèves toujours friands d’héroïsme et de récits guerriers.
Marini vérifie d’abord la façade Nord qui donne sur la rue de la Station. C’est l’entrée principale qui se divise en deux au fond d’un petit jardin de façade : l’accès des élèves et le parc à vélo à gauche et l’entrée des professeurs et visiteurs à droite qui donne sur la loge.
Puis, il traverse la cour des grands pour verrouiller les entrées Sud qui communiquent avec la rue des Écoles. Cet espace de récréation – en forme de L - longe le bâtiment dont le rez-de-chaussée et occupé par la salle d’études sur sa plus grande longueur et comporte, imbriqués l’un dans l’autre un terrain de football et un de balle pelote. Le Collège est une vieille bâtisse de briques noires et de pierre de taille datant du XVII e siècle. Ancienne abbaye, il a été transformé au fil des ans et adapté aux besoins des pères enseignants.
Malgré que l’on soit au tiers de l’hiver, le temps est sec est clair. Le thermomètre affiche un franc 3° au dessus de zéro et la neige n’est pas au rendez-vous… Au grand dam des plus jeunes élèves qui ne peuvent donc fabriquer leurs traditionnelles patinoires.
Machinalement, il jette un œil sur les façades du pensionnat et du bâtiment des abbés, « l’Abbé-ché » comme disent les garçons.
Chez les « petits », au deuxième étage, on vient de sonner le couvre-feu. Pas un bruit, juste le reflet de la lampe de poche des surveillants de nuit qui se déplacent dans le grand dortoir et vérifient que tout est calme dans les alcôves.
La vie au pensionnat est réglée comme du papier à musique.
Le matin, la cloche sonne à six heures. Les pensionnaires procèdent à leur toilette et s’habillent puis descendent en silence à la chapelle où ils récitent, en compagnie du Préfet de Discipline, la prière du jour. Ensuite, à six heures trente, ils prennent leur petit-déjeuner toujours en silence. Au menu, invariablement pain, margarine et confiture de fruit de saison – fraises, cerises ou rhubarbe, le tout arrosé de café léger. Comme le disent les élèves cette boisson est sans danger : le café du Collège ne fait pas de tache !
A sept heures tout le monde gagne l’étude où on révise les leçons jusqu’à 7 : 30. Heure à laquelle commencent à arriver les externes. Récré jusqu’à huit heures quand le cloche sonne le début des cours. Les cours se donnent par tranche de cinquante minutes jusqu’à 11 : 00 et de 13 : 00 à 16 : 30 avec deux récréations.
Le soir, il y a une étude du soir partagée par les externes de 17 à 18 : 30.
Les internes ont encore une récré jusqu’à 19 : 00 puis le souper. Et à 20 : 00 sonne le signal « Aux plumes » suivi du couvre-feu des petits à 21 : 00 et celui des grands à 21 : 30.
Chez les profs aussi tout semble en ordre, les fenêtres sont éclairées. Normal, ils sont en train de corriger l’un ou l’autre devoir ou à mettre une dernière main aux leçons du lendemain…
Quoi que… Une fenêtre est obscure… La troisième du premier étage… La chambre de l’abbé Hocquet… Il n’est pas sorti : trop pointilleux, trop à cheval sur le règlement pour ne pas signaler ses mouvements au tableau de la loge… Et c’est un oiseau de nuit.
Surveillant, maître d’étude, encore jeune – il a une petite trentaine d’années quand il intègre l’équipe éducative du Collège St Antoine – il devient rapidement directeur de conscience tant il a le talent de panser les blessures des élèves en carence affective : pensionnaires trop jeunes, perte d’un parent, difficultés dans les études… Il est un genre de « Grand frère » ou de « Tonton »S’il trouve un sujet d’écriture – il écrit des sermons et se pique de théologie voire d’exégèse, l’abbé Hocquet… – ou un bon livre, il peut y passer la nuit.
Ses collègues se moquent souvent de lui en lui demandant s’il n’aurait pas un grand-duc dans sa famille. Pas le noble, l’oiseau !…
Soudainement inquiet, Marini s’arrête au beau milieu de la cour en se grattant le menton.
– Il aurait eu un malaise ?… Bizarre, allons voir – se dit le concierge – en empruntant l’escalier de service, plus direct que celui du pensionnat.
Le couloir du premier est sombre, mais quelque chose d’anormal frappe de suite Alberto : une porte est ouverte sur un vestiaire éclairé et – fait inquiétant ! – c’est la porte de l’abbé.
Tout héros qu’il soit, Marini sent son taux d’angoisse grimper en flèche… Au Collège, où tout est

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