Rouges ténèbres
144 pages
Français

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Description


Istanbul, 1555. Par une pluvieuse nuit d'hiver, l'un des plus célèbres calligraphes de la capitale ottomane est sauvagement assassiné. À la demande du palais impérial, Sertaç, officier vétéran du corps des sipahis, est chargé de l'enquête. Aidé d'Aliyé, sa petite-fille, aux dons aussi précieux qu'embarrassants, il remonte la piste d'un témoin en fuite. Tous les indices convergent pour désigner la pègre stambouliote sur laquelle règne le sanguinaire Férouz. Mais de mystérieux documents attisent la convoitise de trop nombreux curieux, la piste du fuyard est encombrée de pièges, le ciel lourd de menaces de mort. Secondés par Sinan, un jeune officier zélé et ambitieux de l'école des pages, Sertaç et Aliyé vont se perdre dans les jardins impériaux et hanter les bas-fonds d'Istanbul. Il leur faudra affronter les rouges ténèbres d'une terrible conspiration. Une conspiration qui pourrait bien ébranler les bases mêmes de l'Empire ottoman...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 janvier 2020
Nombre de lectures 2
EAN13 9782374537399
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Istanbul, 1555. Par une pluvieuse nuit d'hiver, l'un des plus célèbres calligraphes de la capitale ottomane est sauvagement assassiné.
À la demande du palais impérial, Sertaç, officier vétéran du corps des sipahis, est chargé de l'enquête. Aidé d'Aliyé, sa petite-fille, aux dons aussi précieux qu'embarrassants, il remonte la piste d'un témoin en fuite. Tous les indices convergent pour désigner la pègre stambouliote sur laquelle règne le sanguinaire Férouz. Mais de mystérieux documents attisent la convoitise de trop nombreux curieux, la piste du fuyard est encombrée de pièges, le ciel lourd de menaces de mort. Secondés par Sinan, un jeune officier zélé et ambitieux de l'école des pages, Sertaç et Aliyé vont se perdre dans les jardins impériaux et hanter les bas-fonds d'Istanbul.
Il leur faudra affronter les rouges ténèbres d'une terrible conspiration. Une conspiration qui pourrait bien ébranler les bases mêmes de l'Empire ottoman…


Nicolas Cluzeau est l'auteur de nombreux romans de fantasy, dont les Chroniques de la mort blanche , Divinité alpha , Harmelinde et Deirdre , la tétralogie du Dit de Cythèle , Le Jour du lion , mais aussi de romans historiques, Lame de corsaire , Chasses olympiques . Résidant à Istanbul, il partage son temps entre l'écriture, les jeux de rôle et les études historiques.
ROUGES TÉNÈBRES
Roman policier historique
Nicolas CLUZEAU
38, rue du Polar Les Éditions du 38
La clarté chasse les ténèbres Des battements de mon cœur. Yunus Emre, poète turc, 1238-1321. Je tuerai mes propres enfants pour éviter qu’ils ne tombent entre des mains plus cruelles. Euripide, Médée .
AVANT-PROPOS
Je suis le sultan Soliman, par la grâce de Dieu,
souverain des souverains, empereur de Byzance et de Trébizonde,
très puissant roi de Perse, d’Arabie, de Syrie et d’Égypte,
suprême gouverneur d’Europe et d’Asie, prince de La Mecque et d’Alep, seigneur de Jérusalem et maître de la mer universelle.
Extrait d’une lettre de Soliman le Magnifique à Philippe de L’Isle-Adam.

Nous sommes en mille cinq cent cinquante-cinq de l’ère chrétienne.
Le monde craint plus que jamais le glaive de l’Islam turc.
L’Empire ottoman a atteint l’apogée de sa puissance militaire, politique et commerciale. Son territoire s’étend de la Hongrie jusqu’au golfe persique. Toute l’Afrique du Nord lui appartient, de l’Égypte à l’Algérie. Dans le septentrion, la Crimée, la Valaquie, la Transylvanie et la Moldavie sont ses vassales, protégeant l’empire des incursions russes et lituaniennes.
Cela fait maintenant trente-cinq ans que Soliman, héritier d’une longue lignée de sultans ambitieux, règne depuis Istanbul en maître absolu.
La capitale ottomane est le cœur de la vie impériale. C’est par elle que transitent les richesses de l’orient et de l’occident. Le trésor du sultan est plein à craquer. Il peut construire une flotte de deux cents vaisseaux de guerre, en six mois si l’envie lui en prend.
Tout n’est que faste et grandeur, les arts et la culture, les sciences, le commerce ont le vent en poupe. Les minorités religieuses – qui composent au moins la moitié de la population de l’empire – sont bien traitées, du moment qu’elles paient leurs impôts et obéissent aux lois. En Europe, les souverains chrétiens se déchirent dans des guerres interminables. Ils ont signé avec le sultan des traités de paix qui garantissent pour lui le calme sur le front de l’ouest.
Mais plusieurs ombres se profilent à l’horizon : Soliman a fait des erreurs durant son règne. Influencé par sa seconde épouse, la sultane Roxelane, il a fait exécuter un grand vizir arrogant, mais progressiste, Ibrahim. L’épouse de Soliman, qui veut faire monter un de ses propres fils, Selim ou Bayezid, sur le trône, a aussi comploté avec un autre vizir pour faire tuer Mustapha, l’aîné du sultan. Celui-ci ne s’y est pas opposé et a lui-même ordonné la mise à mort. En vieillissant, il craint l’ambition de ses enfants.
Aussi, des mécontents émergent. Ils n’ont pas apprécié ces exécutions et, pour la première fois depuis qu’il a accédé au trône, Soliman doit désormais faire de plus en plus attention à ceux qui le servent.
Au même moment, la guerre frappe à nouveau aux portes de l’empire. Cette fois, c’est d’Asie que vient la menace.
À l’est, les Têtes Rouges 1 , chiites rebelles à la souveraineté ottomane, prennent fait et cause pour le royaume safavide d’Iran. Ce n’est pas la première fois qu’ils contestent l’autorité du sultan sur l’Azerbaïdjan et le Khorassan. À chaque conflit, ils se sont fait écraser, mais ils ont toujours le goût de la rébellion et se soulèvent régulièrement. Le sultan se prépare donc à la guerre, contre l’avis de certains de ses conseillers.
Nous sommes à l’hiver 1555 – l’année 962 de l’Hégire –, Soliman organise son armée. Il emmènera près de deux cent mille hommes vers le Moyen-Orient, où il devra livrer bataille aux Têtes Rouges et à son plus vieil ennemi, le Shah Tasmap, roi d’Iran et de Perse, un Turc comme lui.
Mais avant même que la guerre n’ait commencé, le sang coule déjà à Istanbul.
Et l’Histoire prendra peut-être une autre tournure…
PROLOGUE
Au douzième jour de Rabi’ Al-Awwan,
en l’année neuf cent soixante-deux 2 ,
mon grand-père et moi fûmes happés dans le sillage
d’un crime aux répercussions sanglantes et ténébreuses.
Extrait des mémoires d’Aliyé faredjik 3

La prière vespérale terminée, la capitale ottomane avait sombré dans un silence brisé çà et là par des aboiements de chiens ou les cris des mouettes.
À part les miliciens et les plus endurcis des gueux, personne ne sortait dans la froideur de la nuit hivernale. Les honnêtes citoyens se tenaient cloîtrés dans leurs maisons autour d’un poêle brûlant ou près d’un bon feu de cheminée. Beaucoup se préparaient à dormir, comme Dieu l’avait ordonné.
Le jeune unijambiste Lüfti n’était pas de ceux-là. Dans l’atelier clandestin en sous-sol de son maître, penché sur son écritoire maculée d’encre séchée, il allait se mettre à l’ouvrage.
Ces derniers temps, il dormait peu : après la cérémonie d’apprentissage, son maître, Musa, le faisait travailler sans relâche sur de faux documents.
Il avait ainsi découvert la face cachée du docte calligraphe. Lüfti n’en était pas gêné pour autant : lui-même sortait d’une enfance au service de la pègre stambouliote. Et, durant la journée, il profitait des leçons du grand maître. Il recopiait avec lui des sourates entières du Coran. Cela mettait son cœur en joie et le rapprochait de Dieu.
L’unijambiste frissonna et ramena autour de lui les pans de son vieux caftan 4 fourré. Il enfourna deux autres petites bûches dans le poêle avant de retourner en clopinant à son écritoire.
Une fois confortablement installé, il commença à aligner pinceaux, plumes et calames 5 .
Un raclement sourd interrompit son petit rituel. Il entendit des éclats de voix lointains. Encore Aaron qui faisait des siennes, sans doute. L’intendant juif déplaçait toujours des meubles sans demander la permission de Musa. Une étrange manie. Cela finissait toujours en échauffourée verbale entre les deux hommes.
Tout se réglait généralement devant un bon thé accompagné de friands au fromage préparés par Aaron – personne d’autre que lui n’avait le droit de les cuisiner, pas même la vieille Dalal.
Lüfti bâilla et s’étira. S’emparant de l’un des calames, il commença à le tailler. Lorsqu’il eut fini, il se tourna vers les dossiers en cuir rangés sur les étagères.
Par quelle commande débuter sa nuit de travail ?
Une autorisation illégale d’exportation de céréales ? Une falsification de droit de propriété ? Un laissez-passer pour un janissaire 6 recherché ? Ou alors cette patente pour un vieux joueur qui voulait ouvrir un établissement de jeu ?
Il jeta un œil à la sacoche que le maître calligraphe avait mise de côté dans la journée. Qu’était-ce donc ? La curiosité le taraudait, mais Musa lui avait interdit de l’ouvrir.
Chasse gardée. Danger, si tu lis, tu meurs.
Le jeune garçon se résigna.
Il ouvrait un des dossiers lorsque des voix attirèrent son attention. À entendre les pas résonnant dans l’entrée du grand salon, le maître calligraphe recevait. C’était étonnant : l’heure ne se prêtait guère aux visites.
— Je vous salue, maître Musa ! lança une voix aiguë que l’épaisseur du plafond ne parvint pas à atténuer.
Puis il n’entendit plus rien : à l’extérieur, le vent soufflait trop fort. Le jeune garçon regarda l’escalier qui montait vers le rez-de-chaussée.
Concentre-toi, Lüfti ! se morigéna-t-il.
S’emparant d’un bloc de cire, il en vérifia la couleur. Le maître Musa ne s’approvisionnait qu’auprès des meilleurs apiculteurs d’Anatolie.
— La cire, élément essentiel du faussaire pour forger le sceau, lui avait appris Musa. Le pigment ne doit pas faire douter un seul instant les représentants de l’ordre ou les dignitaires impériaux.
Lüfti sourit malgré lui.
Reposant l’objet, il leva à nouveau les yeux. Malgré le hululement du vent, les voix passaient à présent l’épaisseur du plafond. Aaron se faisait-il houspiller ?
Curieux, l’apprenti descendit de son tabouret et clopina jusqu’à l’escalier, qu’il grimpa maladroitement. Il souleva la trappe donnant dans le débarras et se hissa hors du sous-sol. S’approchant d’une portière dissimulée dans la paroi, il tendit l’oreille à travers le tapis de feutre.
— Je crois que nous n’arriverons pas à nous entendre, vieux fou ! gronda quelqu’un.
C’est pas la voix d’Aaron, ça , se dit Lüfti.
Musa répliqua :
— Que Dieu m’en soit témoin, j’ai vu de quoi il s’agissait. Il faut que vous abandonniez ce projet hérétique.
— Donnez-moi la sacoche et les feuillets qu’elle contient.
— Non. C’est une affaire entre moi et ma conscience.
— Cela ne me console guère, fit la personne à la voix aiguë avec un reniflement de mépris. À présent, je vous l’ordonne pour la dernière fois : remettez-moi la sacoche.
Lüfti comprit que le visiteur parlait des documents que son maître lui avait interdit de lire. Il entendit des hommes s’agiter et perçu

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