Rue de la Madeleine
97 pages
Français

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Description

À Laroque, un homme chute dans l’escalier menant à son domicile, 15 rue de la Madeleine. Si tout semblait indiquer la piste de l’accident, l’autopsie révèle qu’il s’agit bel et bien d’un meurtre. L’enquête est ouverte !
Eve Jourdan, chargée de l'affaire par le commissariat de Montpellier, se rend sur place. Les interrogatoires se succèdent, révélant de nombreux suspects potentiels. Sensible mais pugnace, la capitaine parviendra-t-elle à tirer son épingle du jeu ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mai 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782383514763
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
 
 
 
 
 
 
 
La SAS 2C4L — NOMBRE7, ainsi que tous les prestataires de production participant à la réalisation de cet ouvrage ne sauraient être tenus pour responsables de quelque manière que ce soit, du contenu en général, de la portée du contenu du texte, ni de la teneur de certains propos en particulier, contenus dans cet ouvrage ni dans quelque ouvrage qu’ils produisent à la demande et pour le compte d’un auteur ou d’un éditeur tiers, qui en endosse la pleine et entière responsabilité.
Prologue
La peur est là, tapie au creux de mon ventre, un nœud serré qui me fait souffrir. J’essaie de me calmer en respirant à fond plusieurs fois. Dans ma chambre, rien ne peut m’arriver. Mais je ne m’y sens plus en sécurité. Les murs se rapprochent, noirs et menaçants, des ombres s’en détachent, me cernent et s’étirent pour m’engloutir. Elles vont s’abattre sur moi, je le sens. Vite, partir, sortir, m’échapper… Derrière moi un rire, par saccades. Je cours, plus je cours, plus le rire se rapproche, plus mes jambes pèsent. Haletante, je porte la main à mon cou, j’étouffe. Ma gorge complètement obstruée brûle, je ne peux plus respirer. Mon corps ne m’obéit plus. Je crie et pourtant je n’entends pas mon cri. Je n’entends plus rien que mon cœur qui bat, violemment, à me déchirer la poitrine. Il faut courir plus vite, mes jambes rigides refusent d’avancer. Mes pieds de plomb raclent le sol dans un grincement insupportable. Devant moi, un enchevêtrement de rues avive mon angoisse. Je me suis perdue, je suis perdue. Mais je ne retournerai pas sur mes pas. Ce serait pire. Mon cœur s’emballe, je ne peux plus reprendre mon souffle. Comment m’échapper, chasser ce rire qui me poursuit ? Comment me diriger dans ce labyrinthe ? Mes jambes si lourdes me font mal, tout le bas de mon corps inerte pèse douloureusement, me cloue au sol.
Un groupe attend au bout de la rue. Je crie, j’appelle « aidez-moi ! » Ils ne m’entendent pas ou font semblant. Je m’approche dans un effort démesuré. Je ne connais personne. Des étrangers indifférents. Ces gens se sourient, se parlent, leurs lèvres bougent, leurs mains aussi mais ils ne tiennent aucun compte de moi, ne me voient pas. Un autre groupe m’ignore à son tour, me tourne le dos. Je les interpelle, hurle mon prénom. Aucune réaction, ils ne m’entendent pas non plus. J’articule pourtant bien les mots… ou peut-être pas ?! Sont-ils sourds ? Je veux retrouver ma maison, ma mère, ma sœur. Comment leur expliquer ? Je me place bien en face d’une femme blonde qui rit, la tête rejetée en arrière, je la tire par la manche de sa robe. Elle jette un coup d’œil rapide sur son bras, courroucée. Ils ne sourient plus, ils grimacent, arrondissent les yeux comme des oiseaux de nuit pour me faire peur. Je veux crier, ma bouche se déforme, s’ouvre comme un gouffre, je suis muette. De nouveau ce rire ! Ce rire affreux ! Je respire profondément pour empêcher les larmes de jaillir. Où aller ? Que faire ? Le rire s’arrête et une main me saisit à l’épaule…
Je remonte à la surface. J’ouvre les yeux et reprends peu à peu pied dans le réel. Mon chat ronronne contre mon cou et tricote des deux pattes. Le nœud se dénoue. Je me répète : « Tout va bien… tout va bien… tout va bien. »
Chapitre I
Marthe monte les quelques marches de pierre au bout desquelles une petite cour abrite les tourments de Pauline aussi bien que les siens. Sa loge de concierge, les logements de Pauline et Alexandra sont desservis par le même espace, clos par les appartements mais ouvert sur le ciel. Aussi ‒ comme toutes les concierges, c’est ce qui leur vaut cette réputation ‒ rien ne lui échappe et elle a appris peu à peu à connaître ses locataires. Aucun voyeurisme mais beaucoup de cœur. Pauline ne va pas bien. Marthe a bien tenté de questionner son fils Théo, mais il s’est muré dans un silence de plomb. Pauvre Pauline ! Ce satané Anthony lui en fait voir. Il se comporte en maître alors qu’il est chez elle, a pour elle de moins en moins d’égards, comme s’il lui faisait payer une relation trop stable pour lui qui aime papillonner et être libre. Elle l’a vu agir dès qu’une jupe apparaît dans la rue. Un caméléon qui passe allègrement de sombre teigneux après chaque dispute à celui de pinson joyeux qui sort léger en sifflotant. Qu’est-ce qu’elle attend, Pauline, pour le mettre à la porte ? Pleine de volonté pour travailler tout en élevant seule ses deux enfants, tout à coup elle en manque, en plein désarroi et brisée par les assauts de mauvaise humeur de son compagnon. Les questions tournent dans la tête de Marthe. Que cherche-t-il ? Et elle, sait-elle seulement où elle en est dans cette relation qui ressemble à des montagnes russes ?
Elle rejoint sa loge, au fond de la cour-jardin agrémentée d’un olivier et de quelques fleurs. Ce métier de concierge n’est pas désagréable et assez bien payé, calculé en fonction d’un salaire de couple. De temps en temps elle en remercie encore Marie. Chacune a traversé une lourde épreuve. Le temps et la souffrance ont tissé entre elles un lien entretenu avec un plaisir partagé. Marie, en véritable amie, leur avait déniché ce travail loin de chez eux pour qu’ils retrouvent la paix et n’avait jamais voulu croire à la rumeur qui s’était propagée comme une traînée de poudre dans leur petit village fortifié de Châtillon-sur-Saône. Qui aurait cru possible qu’il puisse être le théâtre d’un assassinat ? Marie avait été la seule avec le curé de la paroisse à garder toute confiance en Marthe et Fabien et les avait soutenus lorsqu’ils avaient décidé de fuir ceux qui les avaient insultés pendant des mois de leurs regards soupçonneux et leurs sous-entendus.
De sa loge, elle perçoit les cris des enfants de Pauline. Perdue dans ses pensées, elle ne les a pas entendus arriver dans la cour. Marthe s’étonne toujours de leur imagination sans limite. Ils ont l’air heureux. C’est vrai que dans le jeu, chaque enfant s’oublie.
« Tu vas être Catwoman. Ah ! Je dois te faire des moustaches et un museau avec du noir… Ne bouge pas, je vais chercher le crayon khôl de maman.
— Mais elle va pas être contente.
— Si elle le sait, c’est que tu lui auras dit. Et je t’appellerai cafteuse pendant une semaine.
Théo s’envole dans les escaliers et revient très vite avec l’outil de transformation.
Allez les moustaches… la truffe… tiens, j’ai aussi rapporté la cagoule noire de moto de maman.
— Je suis jolie ?
— Oui. Et maintenant tu montes dans l’olivier, comme ça… oui… plus haut… encore plus haut. Bon, maintenant saute en levant les bras comme Catwoman.
— Maman, elle veut pas.
— Quand elle est pas là, c’est moi que tu dois écouter, fais ce que je te dis. Regarde bien et vise mes bras grands ouverts. Je te rattraperai.
— Allez, un grand bond !
— J’ai mal aux mains, aïe, aïe, j’ai mal ! »
Ramenée brutalement à la réalité par les cris de Maya, Marthe sort.
« Qu’est-ce qui se passe ici… Où est Maya ? … Maya, mon dieu, reste où tu es, ne saute pas, accroche-toi, je viens te chercher ! »
Elle court chercher un escabeau, s’affole à l’idée que Maya puisse lâcher ; sa maladresse lui fait perdre du temps, elle attrape enfin Maya, gronde Théo. Ils lui ont fait une peur bleue. Elle les aime, ces enfants, ils sont un peu les petits-enfants qu’elle n’aura jamais. Marthe revient à sa loge, pressée d’enfourner le moule dans lequel cuira le superbe moelleux au chocolat du goûter. Vu l’heure, ils auront le temps de le déguster tranquillement. Elle sourit déjà en pensant à Théo qui ne manque jamais d’utiliser une expression apprise dans la cour d’école : « c’est une tuerie ! »
C’est raté ! La porte de la rue s’ouvre sur un pas bien connu. Ouf, il s’en est fallu de peu : il a failli les surprendre dans l’olivier. Sûr, ils auraient eu droit à une bonne punition. Son arrivée dans la cour les fait décamper comme une volée de moineaux. Vite, ils se cachent ! Qu’est-ce qu’il vient faire à cette heure-ci ? Beaucoup plus tôt que d’habitude. Les enfants reviennent en toute hâte chez Marthe lorsqu’il est passé. Celle-ci se demande s’il a bu, vu la lenteur avec laquelle il monte l’escalier desservant les appartements, en butant sur chacune des marches. Anthony a précipitamment quitté les copains, il ne se sentait pas bien. Un état nauséeux, mal de tête, la vue un peu trouble. Une envie de s’allonger, au frais, dans sa chambre et d’attendre que ça passe. Dans sa mauvaise estimation de la hauteur de la dernière marche, il décolle littéralement et ouvre en vain ses bras pour récupérer un semblant d’équilibre. C’est le bruit impressionnant d’une lourde chute dans les escaliers qui fait ressortir Marthe. Anthony gît là, au pied des marches, presque inconscient. Elle se précipite, lui tape sur les joues, l’appelle : il geint faiblement. Elle torture nerveusement son torchon, affolée. Elle part d’un côté, revient, repart de l’autre. Elle se ressaisit enfin, se précipite dans sa loge, suivie des enfants que ce tapage a fait ressortir de la loge. Elle leur interdit de s’approcher de l’escalier.
« Vite le 17, les urgences ! »
Elle compose ensuite le numéro de Pauline, partie faire quelques courses. Celle-ci revient précipitamment et elles attendent ensemble les secours auprès d’Anthony. Bien qu’elle soit infirmière, Pauline ne se sent pas en pleine possession de ses moyens. L’émotion ? Elle pose ses doigts sur la carotide pour sentir ses pulsations mais, ne sachant s’il a une fracture, décide de ne pas le changer de position. Elle se sent un peu coupable, sans savoir de quoi au juste. A -t-il eu le temps de lire sa lettre de rupture ? Pourquoi ce retour inattendu ? Remords ? Colère ? Vengeance ? Avait-il l’intention de lui jouer la grande scène du deux, avec effet de manches et sanglots ? Ou, devant son ultimatum, venait-il simplement récupérer ses affaires ?
Au bout d’un temps qui leur paraît une éternité, des sirènes transpercent le calme de la rue. Les portières s’ouvrent brutalement, les pompiers délégués par les gendarmes jaillissent de la fourgonnette. Chacun sa

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