S.O.S.
148 pages
Français

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Description

Des Parisiens sont en vacances dans la Haute-Garonne.


Lors d’un arrêt, pour se détendre, l’un d’entre eux – ingénieur dans le domaine de la radio T. S. F. – met en marche une de ses inventions, un récepteur portatif à ondes courtes.


Alors qu’il cherche une station, le jeune homme tombe sur une étrange émission. Les cris d’une femme se font entendre, elle supplie, hurle un nom, un coup de feu claque, puis plus rien.


Intrigué et sachant que le signal ne peut provenir de très loin, le groupe établit à l’aide d’une carte routière que l’appel vient d’un château proche.


Ils décident de s’y rendre immédiatement.


Sur place ne se trouvent que des ruines sans intérêt. Mais, dans le hangar, le sol est couvert de sang...


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9782373477412
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

S. O. S.
Roman policier
par
René PUJOL
I
UNE SURPRISE EN VOYAGE
L'auto roulait sous bois à petite allure. Cet après -midi de septembre, admirable, incitait beaucoup plus au repos qu'aux f olles randonnées. Une brise légère agitait doucement le feuillage festonné des chênes, et charriait le parfum mystérieux de la forêt, cette odeur enivrante et sa uvage qui semble émaner des millénaires.
Au passage de la voiture, les oiseaux se taisaient. Il y avait pourtant des geais sur les branches, et des pies en robe demi-de uil qui s'envolaient prudemment à bonne distance, mais les autos, rares dans ce coin de la Haute-Garonne, ne leur étaient pas familières.
Le chemin se courba, et tout de suite après le vira ge, un ruisseau offrit la surprise de ses eaux claires trouées de cailloux.
Le conducteur stoppa :
— Mes enfants, que pensez-vous de ce coin ?... Nous pourrions nous arrêter, puisque c'est l'heure sainte du thé et des toasts.
— Adopté !... s'écria une jeune femme au nom des trois autres occupants de la torpédo.
Car ils étaient quatre, deux couples de Parisiens v enus dans les Pyrénées avec l'esprit d'entreprise des premiers explorateurs du Sahara.
Les deux hommes étaient amis d'enfance, ce qui revi ent à dire que leur affection réciproque était née de ces querelles quo tidiennes qui divisent farouchement les écoliers. Leurs goûts personnels l es avaient dirigés sur deux voies bien différentes : Paul Sempé, vivant de sa p lume, s'était fait un nom dans le roman-cinéma ; Jacques Vallé avait embrassé la c arrière d'ingénieur. Il avait débuté dans les installations électriques industrie lles, puis la T. S. F., cette science nouvelle, l'avait séduit.
Depuis la géniale découverte de l'hétérodyne, qui a vait élargi extraordinairement le champ des possibilités, il fa briquait des appareils dont la vogue grandissait de jour en jour. Il avait sans pe ine trouvé des capitaux, et son usine de Levallois était en passe de devenir la plu s importante de France.
Une sympathie naturelle, une sorte d'affinité, avai t lié aussi solidement les deux femmes que l'étaient les deux maris. Georgette Sempé, dont les cheveux bruns et les yeux de jais indiquaient l'origine mér idionale, était aussi enjouée, et même impérieuse, que Jeanne Vallé était douce et ca lme. La première ordonnait, l'autre faisait preuve d'une exemplaire docilité. Ainsi se vérifiait une
fois de plus le principe que les amitiés vraiment d urables se fondent sur des oppositions de caractères.
Tous les ans, au début d'août, les Sempé et les Val lé quittaient Paris pour deux mois. Ils visitaient la France, sans hâte, à c ourtes étapes, sans jamais s'imposer ces itinéraires chronométrés qui transfor ment le tourisme en raids fastidieux. Ils n'écoutaient que leur fantaisie et s'en trouvaient bien.
— Eh bien, Jacques, que penses-tu de mes Pyrénées ? demanda Sempé en s'allongeant sur l'herbe grasse et brillante.
S'il disait : mes Pyrénées, ce n'était pas que la c haîne lui appartint, mais simplement parce que ses parents étaient du Béarn.
— Elles sont magnifiques, répondit Vallé en alluman t la pipe qu'il n'abandonnait presque jamais. Mais je les trouve un peu trop désertes.
— Tu préfères les palaces ?...
— Non, mais il ne me déplaît pas de rencontrer quel ques aborigènes. Or, plus nous approchons de l'Ariège, plus les maisons s'espacent.
— Rassure-toi, nous dénicherons toujours quelques b onnes auberges... Et si par hasard il n'y a pas d'auberge, tu ne mourras pas de faim, car les gens du pays sont fort hospitaliers.
— J'en accepte l'augure, soupira Vallé. Moi, tu sai s, quand je n'ai pas l'estomac content, je deviens affreusement pessimis te... Où coucherons-nous ce soir ?...
— À Saint-Girons, parbleu. Demain, nous visiterons le Mas-d'Azil, dont la route tunnel est assez curieuse. Puis nous irons à Bethmale, où tu verras des femmes vêtues comme des Mauresques du temps de Charles Martel...
— Tiens !... C'est drôle.
— Ce coin de France a été longtemps sous la dominat ion des Arabes d'Espagne...
Georgette interrompit cette dissertation en s'écria nt :
— Ces messieurs sont servis !...
Servis, ils l'étaient en effet de la façon la plus appétissante. Le thé, conservé chaud dans une bouteille thermique, fumait dans les tasses, et sur une assiette s'étageaient des tartines grassement beurrées et de s tranches de pain de Corinthe.
— Le grand air me donne un appétit d'enfer !... avo ua l'ingénieur en attaquant la collation.
— Oh ! toi, tu as toujours faim... répliqua malicie usement sa femme. Je ne
t'ai jamais entendu avouer que tu étais rassasié... Tu dois avoir un estomac extensible.
— C'est une légende !... protesta l'ingénieur. Vous vous moquez toujours de moi, mais vous mangez tout autant... Pour que vous me laissiez en paix, je vais vous faire entendre un concert de sans-fil.
— À cette heure-ci, que pouvons-nous capter ?...
— Nous n'avons que l'embarras du choix... Aujourd'h ui, nous avons Madrid, Rome et Daventry...
Georgette se tourna vers son amie.
— Que choisis-tu, Jeanne ?
— Madrid, puisque nous sommes à deux pas de la fron tière ibérique. Ce sera plus « couleur locale ».
— Va pour Madrid !...
Vallé sortit du coffre de la voiture un appareil po rtatif de sa construction, et dont il était assez fier. Cet appareil, peu encombr ant, était enfermé dans une sorte de mallette. Les piles – la dernière inventio n de l'ingénieur – étaient de dimensions très réduites ; quant aux lampes, fabriq uées spécialement, elles avaient une robustesse défiant les cahots et les ch ocs.
Le cadre n'avait pas la forme hexagonale ordinaire. Il se composait de cylindres rentrant les uns dans les autres et sur l esquels s'enroulaient les fils. Il suffisait de déboîter ces cylindres pour s'en servi r.
Vallé mit son chauffage en action, puis chercha dou cement.
— Nous disons Madrid, n'est-ce pas ?... C'est du tr ois cent soixante-quinze mètres...
Et la voix de Madrid se fit entendre. Hélas ! c'éta it une conférence, sans doute fort intéressante, mais pas un des auditeurs ne comprenait un traître mot de la langue de Cervantes.
— Nous n'avons pas de chance, fit Jeanne. Barcelone ne joue pas ?...
— Non... Dommage, car son speaker est amusant.
— Ses speakers !... rectifia, Sempé. Ils sont deux.
— Pas du tout !... dit Vallé. Si tu as l'illusion d e la dualité, c'est que celui qui parle est un habile ventriloque... D'autres que toi s'y trompent quotidiennement... Je vais essayer d'attraper Daventry... Quatre cent quatre-vingt-onze mètres, si je ne m'abuse.
Soudain, comme il avait repris les molettes, un bru it sec, une espèce de détonation, leur parvint. Ce bruit était si net, si fort que les femmes sursautèrent
et que l'ingénieur lâcha l'appareil.
— Qu'est-ce que c'est ?... demanda Jeanne.
L'ingénieur confessa son ignorance.
— Je ne sais pas... sans doute un parasite.
— On dirait un éclatement.
— Une grosse étincelle peut-être...
Une nouvelle détonation retentit, aussi perceptible que la première. Et à la stupeur des touristes, le haut-parleur amplifia un cri, un cri de femme :
— Ah !... À moi !... Au secours !...
Ils restèrent tous quatre à se regarder. Sempé, qui se préparait à griller une cigarette, oublia son allumette et se brûla outrage usement.
— Qu'est-ce que cela signifie ?... balbutia Georgette.
— Je n'y comprends rien, répondit Jacques.
— On dirait une pièce de théâtre... un mélo de l'Am bigu... fit l'écrivain. Un poste émetteur doit donner une représentation drama tique.
Mais l'ingénieur secoua la tête :
— Je suis à quatre cent vingt mètres... cela ne cor respond à aucune longueur d'onde...
— Ce ne serait pas Toulouse ? suggéra Jeanne.
— Sûrement non.
La blonde se pencha :
— Écoutez !... Écoutez !...
D'autres bruits énigmatiques sortaient de l'apparei l. On croyait distinguer des pas rapides sur un plancher sonore, des chocs de me ubles renversés, un tintement de vitres brisées.
— Mais ils se battent !... s'exclama Georgette.
À cette seconde, la même voix de femme s'éleva enco re, plus haletante, plus angoissée :
— Au secours !... Il va me tuer !... Château de San tan...
Une troisième détonation claqua comme un coup de fo uet, et le silence retomba. On n'entendit plus que le murmure du ruiss eau sur les cailloux et le chuchotement de la brise dans les feuilles.
— C'est une plaisanterie !... émit Sempé sans conviction.
Sa femme, toute pâle, se récria :
— Non, non !... L'accent de cette créature ne tromp e pas... cela n'est pas une plaisanterie.
— Alors, quoi ?...
Elle écarta les bras et les laissa retomber.
— Un mystère qui s'éclaircira sans doute demain à l a lecture des journaux... Un drame se déroule quelque part en ce moment... Ma is où ?...
Autour d'eux s'étendait la forêt tranquille ; très haut, les hirondelles volaient dans le ciel d'une pureté admirable.
— Alors, reprit Sempé, nous revivons le drame :Au téléphone... l'œuvre classique de Charles Foley ?...
— C'est encore plus troublant... Le témoin avait un fil, il savait d'où provenaient les appels... Nous autres, nous ne savo ns rien du tout... Ils peuvent nous arriver du nord, du sud, de l'est ou de l'oues t...
— Nous ignorons même la distance.
— À mon avis, ce n'est pas très loin...
Tétant sa pipe éteinte, l'ingénieur se promenait de vant l'appareil maintenant muet.
— Est-ce un vrai drame ou une mystification ?... Po ur que ce soit un vrai drame, il faut une série de conditions assez extrao rdinaires... Un poste émetteur d'abord...
Paul Sempé opina :
— Ils n'abondent pas les postes émetteurs !... On les connaît presque tous...
— Il y en a de clandestins... Mais pourquoi le... l e meurtre possible s'est-il perpétré devant ce poste en action ?...
Jeanne réfléchissait ; elle poussa une exclamation qui attira l'attention de ses compagnons.
— Si nous cherchions sur la carte routière ?...
Son mari se tourna vers elle :
— Chercher quoi, ma chérie ?...
— Le château dont nous avons entendu prononcer le n om...
— Oh ! le nom... sans doute le début du nom seuleme nt.
— Cela suffira peut-être... C'est bien Santan ?...
— Oui, c'est cela...
— Eh bien, examinons nos feuilles avec méthode... c arré par carré...
Vallé avait déjà sorti l'étui de mica :
— C'est un travail fort long et sans doute inutile. .. Ce château n'est peut-être pas mentionné...
Georgette sauta sur ses pieds et courut vers la voiture.
— Nous avons un meilleur moyen !...
— Lequel ?...
— Le guide... je crois qu'il a un répertoire alphab étique... Il est moins fractionné que nos cartes, puisqu'il groupe toute l a région...
Ils se penchèrent avec une ardente curiosité sur le livre qui, en effet, contenait un index.
Sempé posa le doigt sur une ligne :
— Santandrea !... Nous avons trouvé !...
— Vite !... Page 103 !...
Se reportant à la page indiquée, ils obtinrent enfi n le renseignement qu'ils cherchaient. Jeanne lut :
— Santandrea... à quatre kilomètres de Salies-du-Sa lat. Château du e XVIII siècle, démantelé sous la Révolution. Ruines peu i ntéressantes. À signaler toutefois un escalier de style...
— Il faut y aller !... conclut Sempé.
— Sans perdre un instant !... compléta sa femme.
— Jetons tout en vrac dans la voiture et partons...
Pendant les rapides préparatifs, Vallé, l'esprit le plus pratique, donna son avis :
— Course inutile... En admettant qu'il se soit pass é quelque chose, nous arriverons trop tard...
— Ce n'est pas une raison pour ne rien tenter ! pro testa Sempé.
— Nous ferions mieux de nous arrêter à la plus proc he gendarmerie, qui doit être précisément celle de Salies.
— Notre malheureuse inconnue aurait le temps d'être assassinée dix fois !... Filons d'abord, nous avertirons la maréchaussée ens uite.
— En route !... intima Georgette en s'asseyant à cô té de Jeanne déjà installée. Et pleins gaz !...
Jacques Vallé posa le pied sur le démarreur et le m oteur se mit à vrombir.
Sempé émit une autre objection :
— Et s'il y a du danger ?...
— Nous avons nos revolvers.
— Mais les femmes ?...
— Nous les laisserons à quelque distance.
— Ah ! non !... protesta Georgette. Moi, je suis mo n mari partout !
— Moi aussi, dit plus faiblement Jeanne.
— Alors, allons-y !... décida l'ingénieur à bout d'arguments.
Cinquante mètres plus loin, il était déjà en quatri ème. Au fond, il n'était pas fâché de cet épisode imprévu, car il adorait les av entures.
Le doigt sur le klaxon, il libérait le tonnerre des gaz. L'auto roulait à quatre-vingts, soulevant un nuage de poussière, et motivan t l'indignation des paysans occupés dans les champs à ramasser les pommes de te rre ou à rentrer le regain.
Ils traversèrent un bourg assez important, puis fil èrent à gauche avant d'atteindre la coquette ville de Salies-du-Salat, é talée au confluent de deux torrents, le Salat et l'Arbas.
Entre cette station et Mazères s'élève une colline assez abrupte et complètement boisée et connue sous le nom de Marido u. C'était sur cette colline que devait se trouver le château de Santandrea.
À l'entrée d'un chemin vicinal assez mal entretenu, ils s'arrêtèrent et consultèrent la carte.
— C'est bien ici ! dit Vallé. Le château en questio n est à deux cents mètres à peine...
— Oui... tout de suite après ce virage...
— Avançons prudemment...
Sempé s'adressa aux jeunes femmes blotties dans le fond de l'auto :
— Vous n'avez pas peur ?... Vous ne voulez pas nous attendre ici ?...
— Non, non... allez !...
L'ingénieur ne s'était pas trompé. Dès le détour du chemin, ils aperçurent au bout d'une allée le château de Santandrea.
Il apparaissait comme une lourde masse de pierres a u milieu d'une sorte de plateforme. Tout autour s'étendait la forêt, nulle autre maison n'était en vue.
— Hum !... apprécia Sempé, en s'assurant discrèteme nt que son browning
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