Stigmatis
275 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

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Description


Ivy Naicetone a vu sa vie basculer du jour au lendemain.


Agent pour un organisme privé de haute sécurité, elle n’est désormais plus que l’ombre d’elle-même depuis son accident sur le terrain et l’annihilation de son équipe.
Les responsables ? Un groupe d’individus se faisant appelé le « Sceau des Insurgés », les nouveaux ennemis d’un gouvernement trop laxiste.
Malgré sa souffrance et ses angoisses, elle devra faire face à ce lot de nouveauté qui s’imposera de lui-même.


Partagée entre sa rééducation et son désir d’action, Ivy Naicetone parviendra-t-elle à retrouver les responsables de son état et mettre fin à ce groupe de rebelles qui sévit désormais, brisant la sérénité de tout un peuple ?

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9791034803149
Langue Français

Extrait

Bonacina Isaura
 
 
 
Stigmatis
Le sceau des insurgés
 
 
 
Couverture : Néro
 
 
 
 
Publié dans la Collection Clair-Obscur,
Dirigée par Martyl .
 
 
 

 
 
 
© Evidence Editions 2017
 
 
Prologue



Cette journée me hantait, je ne cessais d’y repenser. Ces souvenirs ardents emprisonnaient mon esprit : le soleil d’été au plus haut dans ce ciel d’un bleu uni, répandant sa chaleur au sein de ce pays désertique. Notre escadron était prêt à rentrer à la base, notre mission achevée avec succès, ce dernier appel ne devait être qu’une simple vérification.
Elle me revenait par flash. Où que je sois, elle submergeait mes pensées…

« Je marche, cours, répondant aux ordres de mon supérieur tout en protégeant mes hommes.
Nous évacuons la zone sinistrée sans aucun problème, en moins de temps qu’il n’en faut. Les résidents hurlent de panique, s’enferment chez eux au risque de recevoir des débris des bombes tombant au milieu de leurs habitations. Je ne peux pas les forcer à partir, à quitter la seule chose qu’ils connaissent. J’escorte ceux qui veulent mon aide, ceux qui veulent s’en sortir. Au milieu des bruits assourdissants d’explosions et de tirs, des pleurs d’enfant font échos, non loin de ma position. Je laisse mes hommes accompagner ces réfugiés, tandis que je m’engouffre déjà dans l’un des baraquements d’où parviennent les plaintes. Je passe de pièce en pièce, prudente, sur mes gardes. Partout, je découvre des membres arrachés, des cadavres éviscérés, au milieu de ces décombres fumants, de poutres et de murs effondrés. Je m’avance vers l’escalier en ruine, tâchant de trouver la bonne posture pour me hisser à l’étage sans me blesser, là où les cris semblent déjà faiblir.
Je me place en position de défense, arme en main, prête à faire feu si je le dois. Mon corps est collé à ces murs tenant à peine debout, mon visage, recouvert de sueur et de cendre volatile, commence à me brûler. La chaleur est étouffante. Il faut que je me concentre. J’entrouvre une porte de ce qui doit être une chambre, où je vois une mère et son enfant calcinés dans les bras l’un de l’autre. Je continue sans trop y penser, mes sentiments ne doivent pas m’envahir, surtout au beau milieu d’un champ de bataille, ce serait le meilleur moyen de me faire descendre. J’avance, le sol en bois craque sous mes pas, il ne va pas tarder à s’effondrer. Je traverse un long couloir dont les parois ne sont que tripes et sang. J’enjambe de nombreux corps, avant de trouver enfin l’endroit d’où proviennent les gémissements. Sous un tas de gravats que j’ôte avec peine, je trouve, au bout de dix minutes, un nourrisson. Je l’enveloppe dans une couverture de survie et m’empresse de redescendre rejoindre le colonel Cillis à l’extérieur. Mais, alors que l’on croyait enfin cette zone sécurisée, de nouveaux tirs se font entendre et les bombardements ne tardent pas atteindre notre périmètre.
Je cours au milieu de la rue, serrant l’enfant sur ma poitrine, prise au piège par les rafales ennemies. Je ne peux que contourner la place du village par les passages encombrés, sous la protection de mes soldats, s’efforçant de tuer ces récalcitrants. Le colonel Cillis m’ordonne de rester en repli derrière une carcasse de véhicule de notre armée, abandonnée là depuis des mois… Je le vois partir, répliquant lui aussi contre l’ennemi. Au bout d’un quart d’heure d’attente où je ne peux pas faire mon travail, coincée avec l’enfant dans mes bras, la voix du colonel me parvient enfin : l’ennemi est tombé.
Aucune perte n’est à déplorer de notre côté. Nous regagnons notre blindé pour prendre la direction d’un camp de secours à quelques kilomètres de là. Espérant que l’enfant survive, je le serre dans mes bras, cajolant cette peau épaissie par la crasse. Je me tourne vers Cillis, il sourit, fier d’avoir pu sauver une vie innocente.

Je confie l’enfant à l’aide médicale présente. Il est à l’abri, saint et sauf.

Notre journée s’achève, il me tarde de retrouver la caserne et de prendre un peu de repos. Dans le véhicule, l’ambiance est à la plaisanterie, coupée soudainement par un appel d’urgence. Nous sommes les plus près d’une zone à « nettoyer », où des habitants hostiles empêchent les démineurs, déjà sur place, d’atteindre un possible engin explosif. Nous n’avons pas d’autres choix que de leur porter assistance. Nous n’abandonnons jamais nos hommes.
Cillis demande trois soldats en support puis ordonne aux autres de rentrer à la base et de ramener les réfugiés. Je me porte la première volontaire, comme toujours, suivie de Chris et d’Henry.
Nous ne sommes qu’à dix minutes de l’endroit à atteindre, mais les routes sont quasi impraticables. Outre les monstrueux nids de poule, de nombreux tas de ferraille l’encombrent. Chris s’engage alors dans la première rue à sa droite, qui semble accessible, elle est étroite et totalement déserte. Cillis partage mon angoisse, tout est bien trop calme…

C’est là que tout tourne mal…

Un Hummer se faufile subitement face à nous, s’arrêtant à quelques mètres. Cillis ordonne immédiatement le retrait, mais un autre nous bloque déjà à l’arrière.
Nous sommes pris au piège.
L’explosion du Hummer face à nous repousse notre véhicule contre les murs. Les vitres éclatent dans un fracas assourdissant et nous blessent. Le sifflement qui l’accompagne bourdonne dans ma tête et la douleur ne se fait pas attendre. Le véhicule ennemi s’abat contre le nôtre après une seconde détonation. Chris meurt sur le coup. Henry perd beaucoup trop de sang, je distingue plusieurs morceaux de fer au milieu de sa poitrine et ses jambes sont écrasées sous le tableau de bord. Je touche son épaule, mais son regard s’éteint lorsque son cœur cesse de battre…
Cillis, gravement blessé, trouve encore la force de m’aider à me défaire de cette porte qui m’enserre douloureusement la jambe gauche. Je sens un liquide couler le long de ma joue, des larmes, mais du sang également. Parvenant à me détacher et à me hisser un minimum pour l’aider à son tour, des cris au-dehors, des tirs et des bruits de pas se rapprochent rapidement. Mes mains agrippent la ferraille, tirant de toutes mes forces. La colère me ronge, je dois le faire sortir ! Son corps se relâche, il cesse de se battre. Ses doigts se posent sur les miens et il me demande de partir. Je refuse, jamais je n’abandonne mes hommes. Mais il ordonne ! D’un revers de la main je nettoie ces larmes qui gênent ma vision et me faufile en rampant par l’ouverture obstruée du toit. En tombant au sol, toutes mes douleurs s’éveillent en même temps, j’en ai le souffle coupé. Je traîne mes membres blessés comme je peux pour m’éloigner au plus vite du blindé.
À environ un mètre, je le vois s’embraser rapidement. La fumée me dissimule partiellement de ces insurgés qui s’affolent tout autour. Je m’appuie contre un muret, ne pouvant plus avancer. Que puis-je faire de plus ?
Une terreur profonde s’empare de moi, je n’ai jamais vu la mort d’aussi près. Je n’ai jamais ressenti cette douleur obscure qui s’imprègne de la réalité pour m’envoyer vers mes pensées les plus sereines…
Je sens des morceaux de verre sur toute la partie gauche de mon visage, distinguant un fragment plus conséquent qui traverse mon bras, tout comme cette fine barre de fer juste au-dessus de mon coude. Ma jambe est quasiment en lambeaux, je sais qu’elle est brisée, car je peux nettement voir mes os qui se dressent en travers de ce qu’il reste de ma chair.

C’en est vraiment fini. Après toutes les fois où j’ai côtoyé la mort, elle me réclame enfin. Le jeu cesse, elle remporte cette victoire. Je ferme les yeux pour me laisser submerger par sa froideur, attendant un instant, mais en vain…
J’ouvre les paupières. Un homme au sourire lubrique s’approche, son arme pointée sur moi. Je sens la chaleur du canon sur ma tempe, il jubile. J’attends à nouveau, je veux entendre le bruit de la gâchette qui me plongera dans le néant.
Une autre détonation retentit. Le blindé explose et, dans son souffle, je suis littéralement prop

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