Un cri au micro

Marcel Priollet

Description

La célèbre star hollywoodienne Lilian Dawis est interviewée dans le studio d’enregistrement de « Radio-France » quand les auditeurs entendent un cri épouvantable.

L’actrice s’écroule subitement. Elle est transportée dans un salon attenant, le temps d’aller chercher un médecin.

Celui-ci, après son examen, ne comprend pas l’état d’hébétement quasi catatonique de la jeune femme et ne peut l’expliquer que par un intense choc nerveux.

Au bout de plusieurs jours, Lilian Dawis n’ayant toujours pas retrouvé sa lucidité, son fiancé décide de consulter le détective Sébastien RENARD afin de savoir ce qui s’est réellement passé lors de l’entretien radiophonique...

Sujets

• Fiction

Informations

• Publié par: Oxymoron Éditions
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791070034224
• Langue: Français

Extrait

Sébastien RENARD,
Détective

- 4 -

UN CRI AU MICRO

De
Marcel PRIOLLET
* 1 *
Mes chers auditeurs !

Les nombreux auditeurs qui se trouvaient à l'écoute du poste « Radio-France » ce samedi 26 juin 1937, à 21 h 30, purent capter l'émission suivante :

« Mes chers auditeurs, ainsi que nous vous le promettions hier soir, nous avons actuellement au micro, l'illustre vedette américaine Lilian Dawis, la star mondiale des studios d'Hollywood.
« Ce n'est pas sans mal que nous sommes arrivés à décider la grande artiste de cinéma à venir parler quelques minutes à l'auditorium. Nul n'ignore, par les journaux, l'ovation triomphale qui l'a accueillie ce matin à son arrivée à la gare Saint-Lazare. Ce n'étaient que gerbes de fleurs, demandes d'autographes, indiscrétions de journalistes, photos de presse, tourneurs de cinéma en travail. Nous ne croyons pas trop dire en affirmant qu'il y avait dans le hall de la gare, une mer humaine dont l'âme et la pensée allaient vers celle qui tant de fois sur l'écran lumineux avait été pour nous l'évocation de la beauté féminine, de la grâce, de l'enchantement des yeux.
« Je laisse maintenant la parole, à notre idole d'outre-Atlantique que je me permettrai d'interviewer pour le plus grand plaisir de ses nombreux admirateurs.
« Lilian Dawis, le public de Paris vous écoute. »

Une voix un peu essoufflée, à l'accent légèrement anglo-saxon, se fit entendre, disant :
Je suis très émue de l'accueil affectueux et spontané que me réservait la population parisienne, je ne sais comment la remercier de sa gentillesse, sinon en lui donnant mon cœur ! C'est déjà fait, car dès mes premiers pas dans la capitale de France, j'ai été conquise par son air incomparable, ces beautés artistiques, l'élégance de ses femmes, la courtoisie de ses habitants, qu'on ne ressent nulle part comme à Paris.
Nous sommes très flattés de votre opinion, chère miss, mais permettez-moi de vous poser, pour nos auditeurs, quelques questions.
Certainement… Que désirez-vous savoir ?
On affirme dans le monde du cinéma votre origine française… Est-ce exact ?
Oui, sur un certain point. Ma mère était Française ; mon père était un Américain de l'Ouest.
Voilà qui fixe les idées… Sans doute ne connaissiez-vous pas Paris ?
C'est la première fois que j'ai le plaisir de le visiter… J'aurai un double plaisir à cela, car mon fiancé, le marquis de Sénonches, un Français, me servira de guide.
On parle beaucoup de ce mariage… J'espère qu'il ne vous déterminera pas à quitter l'écran ?
Ah ! vous êtes fort curieux, cher monsieur, je ne vous répondrai pas. Qu'il vous suffise de savoir que j'ai connu M. de Sénonches, alors qu'il commandait un croiseur venu pour une mission maritime à New York. Nous nous sommes épris l'un de l'autre et voilà, cela se termine le mieux du monde par un mariage d'amour. Je suis décidée à aller passer ma lune de miel dans le domaine familial de mon mari, en Normandie.
Et ensuite, peut-on connaître vos projets, tournerez-vous pour le compte d'une firme française ?
Cela, je n'en sais encore rien… il me reste une dernière confidence à vous faire, mon fiancé est très jaloux… Peut-être voudra-t-il m'enfermer dans une tour de son château, ainsi qu'on faisait pour les dames au moyen-âge…
Voilà une fâcheuse nouvelle…
J'exagère peut-être un peu, mais notre mariage va nécessiter beaucoup de démarches… de… ah ! ah ! ah !
Un cri avait retenti, rauque, épouvantable, presque inhumain.
Les auditeurs, à l'écoute, s'étaient regardés surpris.
Que se passait-il dans le studio ?
Un silence suivit qui parut interminable aux mille oreilles aux écoutes.
Puis la voix émotionnée et tremblante du speaker s'éleva :
Je demande pardon de cette courte interruption… il vient de se passer à l'auditorium un événement fâcheux. La vedette Lilian Dawis, que nous étions en train d'interviewer, vient d'être prise d'un malaise subit, presque inexplicable. Nous l'avons vue soudain donner les signes d'une sorte de terreur, puis s'affaisser en poussant un grand cri qu'il vous a été possible d'entendre.
« Lilian Dawis a été d'urgence transportée dans le petit salon voisin… le médecin du poste a été alerté, son fiancé, le capitaine Marc de Sénonches, qui l'accompagnait, et sa secrétaire particulière, Miss Dinah Bluet sont auprès d'elle. Espérons que ce malaise n'aura pas de suite. Dès que nous aurons des nouvelles, nous le ferons savoir aux auditeurs. Nous allons maintenant continuer notre émission par quelques morceaux de musique enregistrés.
* 2 *
Au studio
 
Qu'était-il arrivé au juste, à Lilian Dawis, la vedette de cinéma ?
Voici exactement, comment les choses s'étaient passées.
La star, vêtue d'un luxueux manteau de drap blanc, à col de renard, s'était dévêtue à l'intérieur...