Un lourd secret
206 pages
Français

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Description

La vie paisible d'une bourgeoise de province se trouve brutalement bouleversée par la découverte d'un dessin qui va la ramener inexorablement vers son passé.

L'auteur de ce dessin, d'un réalisme étonnant, est son fils, adolescent atteint de la maladie d'Asperger.

Suite à la fugue de ce dernier, une angoissante course s'engage dans les rues de Paris pour le retrouver et rechercher l'origine de ce mystérieux dessin.

Au fur et à mesure, l'énigme s'épaissit...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 13 janvier 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334052962
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-05294-8

© Edilivre, 2016
Chapitre 1 Repas dominical
Il fait beau, ce jour-là. Le ciel est limpide, le soleil magnifique. Seul le bruit strident des martinets et les cris joyeux de deux petites filles jouant dans le grand jardin animent cette atmosphère tranquille. C’est un dimanche ordinaire. Au loin, cinq personnes sont en train de manger sous une jolie verrière qui ceinture le côté d’une grande maison bourgeoise. L’air est encore frais, mais les rayons du soleil filtrant à travers les stores de la véranda réchauffent un peu l’atmosphère. L’humeur est insouciante, les deux couples bavardent joyeusement. Par moments, une voix aiguë vient ponctuer cette douce torpeur de fin de repas. C’est Alice, une femme âgée de quatre-vingts ans ou plus, qui trône en bout de table, telle une douairière à l’autorité incontestable, et dont la vivacité détrompe l’idée qu’on se fait habituellement d’une octogénaire.
– Et vous, M. Convard, que faites-vous dans la vie ? demande Alice d’une façon péremptoire.
L’homme paraît amusé par cette question, qui ressemble plutôt à un interrogatoire.
Il répond avec un léger sourire :
– Je suis ingénieur à l’Inserm à Paris, Madame.
– Comme ça doit être intéressant ! répond Alice avec un large sourire.
M. Convard se tourne alors vers ses hôtes, le couple Delage.
– Eh oui ! J’ai quitté Lyon pour une promotion sur Paris, explique-t-il.
Et Madame Convard de reprendre :
– Ce fut difficile au départ pour nous, d’autant plus qu’on habitait au centre-ville et c’était très agréable. Tout était à portée de main ! L’école pour les filles, leurs activités, les magasins… Je vous assure que ce fut un soulagement quand nous avons trouvé cette maison à Meaux. Acheter à Paris est devenu impossible, les prix sont exorbitants ! Mais ce quartier est ravissant, notre maison est spacieuse, et le trajet pour se rendre à Paris est rapide : c’est une demi-heure en train.
Son visage tout simple, sans artifice, sourit tendrement en regardant leurs deux filles qui s’amusent un peu plus loin dans le petit parc des Delage.
C’est la fin du repas.
– Tu nous serviras le thé, ma chérie ? demande la vieille dame à sa fille, Nathalie.
– Bien sûr, Maman, il est prêt ! répond Nathalie en se levant.
La peau d’Alice est toute ridée et piquetée de taches de vieillesse. Son visage est dominé par un regard perçant aux yeux globuleux, qu’une épaisse monture à lunettes d’écaille n’arrive pas à atténuer. Les deux couples qui complètent cette tablée, semblent déjà s’entendre à merveille. Les invités sont habillés sans ostentation : jeans et petits polos de circonstance pour un dimanche décontracté. Les hôtes sont aussi dans la même tonalité : chemisette ajustée à col ouvert, pantalon en toile légère pour Monsieur Delage. Il porte allègrement la petite cinquantaine, sa chevelure noire est à peine parsemée de quelques fils d’argent, et sa mâchoire est volontaire. Nathalie, son épouse, dont la chevelure aux reflets dorés tombe avec grâce au-dessus des épaules, est habillée d’une petite robe polo ceinturée d’un lien mettant en valeur sa taille fine. Elle porte avec grâce la quarantaine et joue son rôle de maîtresse de maison avec aisance et convivialité. Nathalie verse le thé dans les tasses, en tend une avec amabilité à chacun :
– Un morceau de sucre, Monsieur Convard ? Il est assez infusé pour vous, Madame ? Marc, un thé ?
Les conversations s’amollissent, Alice commence à s’assoupir.
Les voisins de M. et Mme Delage semblent vraiment satisfaits de cette invitation. Leur emménagement est récent, ils ne connaissent encore personne dans cette petite ville de Meaux. C’est l’occasion rêvée de faire connaissance avec les propriétaires de cette superbe demeure attenante à l'avenue de la République, plutôt cossue. Cette maison, aux larges proportions, est en retrait des autres habitations et à moitié cachée par de nombreux arbustes adossés à un muret surmonté d’une magnifique grille en fer forgé. L’architecture un peu surannée lui confère un certain mystère. Seul le pignon richement décoré de la maison ressort de cet écran de verdure. À cette heure-ci de la journée, les rayons du soleil font briller d’une teinte mordorée la façade composée de multiples petites rocailles ainsi que les carreaux de céramique et faïence qui entourent les fenêtres et le vaste balcon aux balustres ouvragés. On comprend pourquoi ces voisins sont curieux et plutôt flattés de faire connaissance avec les propriétaires de cette belle demeure.
– Merci encore de nous avoir invités à déjeuner, nous passons un moment divin, n’est-ce pas, Richard ? demande joyeusement la femme à son mari.
– Exactement, reprend le mari, d’autant plus que, depuis que nous sommes arrivés dans cette ville il y a trois mois, nos filles étaient impatientes de vous connaître. Elles avaient d’ailleurs aperçu un grand garçon qui jouait dans le jardin et se disaient qu’il pourrait devenir un compagnon de jeu !
– Oui effectivement, c’est notre fils Adrien. Mais il est scolarisé à Paris car il a un handicap qui l’empêche d’être accepté dans l’établissement scolaire de la ville. Il est en internat la semaine, et il revient tous les week-ends, répond l’hôtesse.
– Un handicap ? demande l’autre femme, curieuse.
– Il est atteint de la maladie d’Asperger, ce qui l’empêche d’avoir une vie sociale tout à fait normale… Mais, vous savez, il n’est pas bête du tout… On peut dire qu’il est seulement très maladroit avec les autres !
Alice, sortant de sa douce torpeur, scrute alors avec intensité sa proche voisine de table et lui dit de sa voix pointue :
– Vous savez, mon petit-fils est très intelligent, il ressemble d’ailleurs à son arrière-grand-père, c’est-à-dire mon père qui…
– Oui, Maman, on le sait ! N’embête pas nos invités avec ces vieilles histoires ! répond la maîtresse de maison, gênée par l’intervention intempestive de sa mère.
Son mari, Marc Delage, dit d’une voix chaleureuse et avec un certain accent de fierté :
– Tu pourrais laisser parler ta Maman ! Il faut dire que ton grand-père était un grand résistant pendant la dernière guerre mondiale, et très courageux, car il a caché beaucoup de juifs.
On semble comprendre que Marc Delage estime sa belle-mère. Peut-être que sa charge de notaire lui confère cette sorte de complicité. En effet, le père de Nathalie, était lui-même notaire dans cette maison, ainsi que son grand-père.
Alice fait un petit signe de la tête vers son gendre et redresse son corps ratatiné. Elle lui sourit et lui dit tout simplement :
– Merci, mon cher gendre !
Nathalie esquisse à peine un léger haussement d’épaules. Elle est sans doute habituée à l’intrusion souvent étouffante de sa mère, qui habite à vingt mètres de là, dans la même enceinte. Depuis la mort de son mari, Alice se contente d’habiter la petite maison dans le parc, destinée dans des temps anciens au gardien. Elle tient à rester dans les lieux, tout près de cette belle demeure que son père avait achetée il y a bien longtemps. Ce dernier, en tant que notaire de Meaux, y avait installé à l’époque ses bureaux dans une aile, réservant l’autre partie pour sa femme Irène et sa fille unique Alice, qu’il adorait. Et il en fut de même pour le mari d’Alice, mort depuis des années, qui préférait, à l’époque, travailler dans cette maison. Elle lui procurait une honorabilité incontestable, et lui permettait d’être tout proche de sa femme. Contrairement à cette tradition, Marc préférait avoir ses bureaux à l’extérieur, l’avenue de la République étant un peu excentrée :
– Je n’aime pas mélanger le travail et la famille, se plaisait-il à répéter.
L’évocation du handicap d’Adrien semble troubler les invités. Ils détournent alors la conversation et ils se tournent vers les filles qui jouent dans le petit parc et se poursuivent à grand bruit. Ils s’adressent au couple Delage :
– Vous savez qu’on a eu du mal à les inscrire toutes les deux dans la même classe. Nos jumelles augmentaient d’une élève le quota maximum de la classe ! On n’allait quand même pas les séparer ! s’insurge Monsieur Convard, essayant maladroitement de faire diversion.
Pendant que ces gens devisent sur l’éducation nationale, les filles, curieuses, entrent dans la maison. Elles s’élancent dans le grand escalier qui part depuis le hall d’entrée. La maison est décorée sobrement, mais les meubles semblent de prix. Un long couloir bordé de plusieurs portes prolonge le palier du 1 er étage. Leurs pas sont assourdis par un épais tapis. Une porte entrouverte attire les jumelles. C’est une grande chambre où règne un léger désordre. La fenêtre de celle-ci donne sur le jardin et on peut entendre au loin le bruit des voix des convives. Les filles s’esclaffent discrètement, pensant bien que c’était déplacé de pénétrer sans autorisation dans cette pièce. Cependant, elles rentrent timidement et se mettent à inventorier sur la pointe des pieds les objets qui ornent cette chambre.
– T’as vu ? Ça doit être la chambre de leur fils. Je ne comprends pas pourquoi il n’est pas là, c’est dimanche aujourd’hui ! chuchote une des filles.
En effet, de nombreuses figurines décorent toute une étagère, et la housse de couette qui recouvre le lit représente un personnage de bande dessinée.
– Oui ! Mais t’as pas entendu la maman ? Elle a dit qu’il était pas tout à fait normal. Il est peut-être chez les fous !
– N’importe quoi ! La maman a dit qu’il était scolarisé, ça veut dire qu’il est pas fou.
Tout en parlant, elles remarquent des papiers qui recouvrent, pêle-mêle, le bureau. Il y a de nombreux dessins aux traits extrêmement ciselés, comme si un adulte les avait reproduits avec talent. Des personnages, d

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