Un meurtre aux Six jours - La souricière
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Français

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Un meurtre aux Six jours - La souricière , livre ebook

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Description


Un meurtre aux Six Jours :


Gaston Lussac, journaliste à la rubrique sportive de l’Étoile, est chargé par son boss d’accompagner James Raeburn, un collègue anglais, pour assister à l’épreuve cycliste des Six Jours au « Vel d’Hiv ».


Dans l’enceinte, les deux hommes vont rencontrer le champion australien Ben Riggins dans sa cabine de repos.


Après une courte conversation, au moment où les reporters quittent le sportif, son soigneur confie un courrier important à Raeburn en lui demandant de la mettre à la boîte aux lettres pour lui.


Quelques minutes plus tard, alors que Raeburn et Lussac dégustent une coupe de champagne, le Britannique est pris d’un impressionnant malaise...




La souricière :


De curieux vols ont lieu dans le vélodrome du Parc des Princes.


À plusieurs reprises, ces derniers mois, des guidons sont dérobés dans la cabine du coureur cycliste suédois.


Celui-ci ne fait pas cas de cette affaire, somme toute, anodine, mais le concierge du stade, craignant d’être soupçonné, rapporte les faits à son directeur, juste au moment où il est en pleine conversation avec son ami l’inspecteur Marcel Revol.


Quelques jours plus tard, le policier, en chinant dans un marché aux puces, tombe sur un individu qui vend un guidon de vélo à un brocanteur...



Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 1
EAN13 9791070033005
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN MEURTRE AUX SIX JOURS
Récit policier

par Jean DAYE
*1*
LE DRAME SUBIT
 
Gaston Lussac frappa à la porte du bureau de son rédacteur en chef. Il était chef de la rubrique sportive, à l' Étoile . Un bref grelottement de sonnerie venait de l'appeler.
Dans un fauteuil, en face de son supérieur, Lussac vit un homme aux tempes grisonnantes, au visage anguleux, au regard d'acier. Il s'avança souriant — Lussac souriait toujours — et de sa bonne voix de Méridional, demanda :
— Vous m'avez appelé, patron ?
— Oui, Lussac... C'est pour faire la connaissance de M. James Raeburn, dont vous avez sans doute entendu parler.
Lussac connaissait de réputation l'éminent confrère politique anglais. Raeburn s'était levé et tendait la main.
— Notre ami, poursuivit le rédacteur en chef, voudrait passer quelques heures aux Six Jours... Je viens de téléphoner au Vélodrome d'Hiver... On y est sur les dents... C'est un succès encore plus fou que les années précédentes... Pour simplifier les choses, le directeur m'a proposé de vous faire accompagner M. Raeburn.
Le rédacteur en chef souligna en riant :
— Il paraît qu'il y a une « resquille » gigantesque. Alors, on est féroce aux portes... Vous serez le cicerone, vous répondrez de notre ami vis-à-vis des cerbères...
Dix minutes plus tard, les deux journalistes roulaient en taxi vers le Vélodrome d'Hiver , le Vel' d'Hiv' , et Lussac savait déjà que son compagnon n'avait jamais vu une course parisienne de Six Jours . Certes, James Raeburn avait assisté à de semblables épreuves à Londres et à New York, mais il voulait connaître l'atmosphère spéciale d'une soirée sportive chez nous.
La voiture stoppa devant l'entrée principale du boulevard de Grenelle, mais Lussac entraîna son nouvel ami dans la rue Nélaton, à deux pas. Il fallait, tout d'abord, passer à la direction pour obtenir les précieux laissez-passer.
Une avalanche d'amateurs de cyclisme de tout âge, de toutes conditions, se précipitaient sans arrêt de la sortie du métro aérien vers cette même rue Nélaton, et s'agglutinaient en une queue démesurée. La plupart des fanatiques portaient des filets d'où l'on voyait émerger des litres de vin et des pains entiers.
Des ouvriers... Des employés aussi... Leur journée finie, ils accouraient pour s'engouffrer en hâte dans le vaste établissement qu'ils ne quitteraient que lorsque retentirait le signal de l'évacuation du public, après de longues heures d'enthousiasme.
Et ce seraient alors de nouvelles fournées, inlassablement...
Lussac entraîna Raeburn. Après avoir passé de nombreux barrages intérieurs gardés par des contrôleurs sévères, ils s'engagèrent sous un tunnel et subitement, émergèrent au milieu d'une esplanade centrale, la « pelouse ». C'était noir de monde.
Ils fendirent la foule. Lussac serrait des mains au passage. Lentement, ils avançaient vers le portillon qui donne accès au campement des coureurs et qui est strictement réservé à ceux qui peuvent montrer patte blanche.
Coups de klaxons intermittents, sonneries répétées, tableaux d'affichage qui s'illuminent donnant des noms et des chiffres — coureurs et kilométrages — clameurs en rafale tombant de là-haut, des populaires que l'on devinait dans le nuage opaque de fumée bleue.
Les deux journalistes atteignirent enfin l'enclos désiré et respirèrent un peu. Raeburn constatait que c'était à la fois la même chose et totalement différent des Six Jours à l'étranger. Lussac l'écoutait en riant, et in petto prenait des points de repère pour un article pittoresque qu'il écrirait le soir même avant le bouclage de l'édition, à son retour au journal.
Les coureurs, comme d'éternels écureuils, passaient et repassaient sans arrêt sur la piste, dans un chatoiement de maillots multicolores. Sept heures du soir... On était à la deuxième journée de l'épreuve.
Tout le long du virage, on voyait les minuscules cabines, véritables boîtes rectangulaires couchées sur le côté, où les concurrents prenaient un bref repos à l'abri d'un rideau léger, cependant que le camarade d'équipe les relayait.
Lussac désigna une pancarte sur laquelle on lisait le numéro « 7 » , puis au-dessous, en lettres noires sur fond blanc : « Ben Riggins (Australien) - André Baron (Français). »
— Tenez... Un compatriote, ou presque...
— Yes... Un colonial, plus exactement... Mais il appartient quand même à l'Empire britannique...
Ils se faufilèrent entre des rangées de bicyclettes étincelantes qui étaient placées côte à côte, baissèrent la tête pour ne pas décrocher les « boyaux » par paquets, et passèrent devant la cabine.
Ben, Riggins était assis sur une couchette, et un homme à demi agenouillé devant lui — un soigneur — lui parlait à mi-voix, tout en lui tapotant les mollets avec précaution.
Lussac interpella amicalement le coureur australien, un splendide échantillon d'homme :
— Bonsoir, Riggins !... J'ai là un ami, avec moi. Il est Anglais...
— Bonne souâr, mister Lussac... Moi très content parler mon langue !
Le soigneur s'était relevé et regardait avec une sorte d'hostilité cet importun qui allait empêcher son champion de prendre du repos. Déjà, la conversation s'était ébauchée entre le coureur et Raeburn.
Soudain, une clameur naquit et roula sous les voûtes comme le grondement d'un orage. Le soigneur, qui s'était précipité au bord de la piste, revint, l'air affolé :
— Vite !... Vite !... En selle, Ben !... Ton co-équipier a démarré !...
— O. K., Woodson... Ma machine !... À tout à l'heure, monsieur Raeburn !...
Le vélodrome semblait prêt à crouler sous l'effervescence. Une sorte de délire avait gagné les spectateurs et même les officiels.
Spectacle toujours émotionnant que celui d'une chasse. Le peloton roulait à vive allure, quand André Baron, parti de la dernière position, avait escaladé un virage et plongé comme un fou, debout sur les pédales.
— Allez Baron !... Allez, Baron !...
Tel un chevreuil à la vitesse ailée, il fuyait devant le gros des coureurs... Cinq mètres, dix mètres !... La poursuite s'organisait, farouche, mais l'homme conservait son avance.
C'est alors que les acclamations redoublèrent. Ben Riggins venait de prendre le relais et fonçait avec une puissance renouvelée... Et la chasse continuait tour après tour !...
— Cela va durer pas mal de temps, marmonna Woodson, en anglais, comme s'il s'adressait à Raeburn.
Et il reprit, en français, pour Lussac :
— Il vaudrait peut-être mieux laisser Ben se reposer, quand la chasse aura pris fin...
Raeburn comprit l'allusion et tira son confrère par la manche. Ce fut alors que Woodson demanda :
— Vous ne passez pas la nuit au vélodrome ?
— Non, dit vivement Raeburn. Pourquoi ?
— Parce que Ben Riggins voudrait envoyer une lettre en Angleterre assez pressée, et je n'aurai certainement pas le temps de la jeter à la boîte.
— Eh bien, fit rondement Lussac, donnez...
Le soigneur fouilla dans une boîte et y prit une enveloppe non fermée, dont l'adresse était déjà faite. Il vérifia si la missive était bien à l'intérieur et tendit le tout à Raeburn.
— Je prends l'avion demain matin pour Londres, déclara le journaliste anglais. Voulez-vous que je l'emporte avec moi ?... Elle arrivera plus vite...
Woodson eut à peine le temps de répondre par un acquiescement. On l'appelait du côté de la cabine, dont le groupe s'était éloigné de quelques pas. Riggins venait de s'arrêter haletant, ruisselant, et son partenaire s'élançait, poussé par le soigneur français Lapidoche.
— Et alors, Woodson ? hurlait Lapidoche, qu'est-ce que tu f..s !
L'homme planta là les journalistes. Raeburn resta avec l'enveloppe dans la main. Il sourit :
— Quelle confiance !... On n'a même pas fermé la lettre...
Il humecta les bords du papier et colla. Lussac consulta l'énorme cadran qui donnait l'heure :
— Une coupe de champagne ?... Avant de repartir ? Ou, mieux... Voulez-vous dîner ici ? La cuisine est excellente...
— Champagne.

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