Vagues dans ce qu il dit
268 pages
Français

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Vagues dans ce qu'il dit , livre ebook

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Description

Sur fond de Normandie claire obscure, enquêtes de police et investigations d’ordre privé s’entremêlent mettant en scène des personnages complexes dans un voyage aux frontières de l’obsessionnel. Ce thriller cru et intimiste distille l’enfer à petites doses dans un suspense à ne pas mettre entre toutes les mains. Le commandant Bogart vient de prendre ses fonctions à Caen. L’adjoint de Bogart, le capitaine Janvier, n’aura de cesse d’éclaircir les mystères qui entourent son supérieur. Les deux hommes trouveront-ils un terrain d’entente entre quotidien borderline et plages d’évasion ? Tout semble commencer par la découverte du cadavre d’une Black lors d’une partouze...


Vagues dans ce qu’il dit est le tome 1 d’une trilogie.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 29 février 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332949127
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-94910-3

© Edilivre, 2016
Remerciements

Merci à Anivardo Calligaro et à Jacques Perrotte…
Crédit photo : Michel Dehaye
Lady John Walker suivi de Rose
 
 
La lune se laboure de nuages. Le capitaine Janvier n’a que ça à se mettre sous la dent. Ça et ses clopes. Il est sorti de l’Hôtel de police la clope au bec allumée dans le hall. Il attend au volant du véhicule banalisé. Montre en main, ça fait pas trois minutes. Son regard va de la montre à la lune et de la lune à sa montre. Ce qui le fait chier, c’est pas la hâte de voir cette nana qui vient de se faire refroidir et qui a toute l’éternité devant elle, c’est le glandage dans l’habitacle chaud aux relents de salaisons, c’est pas dégueu un sandwich aux cochonnailles mais il n’en a pas sous la main et même il en aurait que ça ne changerait rien. Il se remet à tirer sur sa clope. Ces jours-ci la fréquence augmente. Le commandant – nouveau sur Caen – a dû se paumer dans les travaux de nuit, sinon il serait déjà là présent et absent, comme évadé vers un espace intérieur, passant de la suavité au ton secos. Coup d’œil à la montre, ça n’avance pas. Il tapote sur le volant, rythmant l’attente. Enfin la Giulietta de Bogart se pointe, créneau rapide. Bogart descend et bipe avec le geste de la main derrière lui, mince en costard noir maquereau désinvolte cheveux noirs chemise blanche, hier aussi costard mais bleu-marine. Bogart prend le faisceau des phares en pleine face, met la main en visière, on dirait un danseur de ballet contemporain – toujours l’impression de l’avoir vu avant ce mec – se laisse choir en douceur sur le siège passager, le visage fermé. La chemise fait le bruit caractéristique de la soie qu’on froisse, de près n’est pas blanche mais crème. Bogart chasse de la main les volutes de fumée : Votre clope. Pas en ma présence. Too young to die.
– Vous préférez la mort par gun, noyade, tenez votre dose de morphine ou en dormant ça c’est confort, dit Janvier en démarrant sur les chapeaux de roue. Il tire encore deux taffes avant de jeter sa clope par la vitre.
– Tsss… Laissez-moi un peu de temps pour y penser. Alors le bing de ce soir ?
– Une Black trouvée clamsée dans les chiottes d’une partouze chez des bourges.
Bogart s’est appuyé la nuque sur le dossier, ferme les yeux.
– La tête a fait trempette dans les chiottes, ajoute Janvier, comme ça tu étais au « Piano Jazz »…
– Même que j’y avais un plan cul, te voilà rencardé.
– Sont pas les plans cul qui doivent te manquer, t’es plutôt beau mec. La patronne du « Piano », c’est une copine. Ils font de la bonne musique. Ça se voit que t’es branché musique. Et fringues. Tes chemises tu les dégotes pas dans le coin ?
– Du sur-mesure à Hambourg.
– Hambourg ?
– Tu sais Hambourg en haut de l’Allemagne.
– Via une boutique en ligne ?
– Je me rends sur place.
– Doit bien y avoir la possibilité de recevoir des échantillons.
– Mais j’aime le déroulé d’un tissu.
– Le nom de cette boîte s’il me prenait envie de me payer un extra…
– Zimmerman Jac.
– Tu me fais penser à un acteur…
– C’est ça c’est ça.
– Mais j’ai rien dit.
– C’est ça quand même, dit Bogart les yeux mi-clos.
– T’es rital ?
Bogart a un geste vague.
– Tu t’en fous de passer pour qui tu ne serais pas ? continue Janvier, les gonzesses ça leur met un ptit vélo dans la tête les mecs comme toi.
– Tu gamberges comme une gonzesse.
– Un flic ça gamberge.
– A bon escient. Les meufs ça fait pas la différence.
– Ça va bien de me traiter de meuf, j’en ai une trop grosse pour ça. C’est beau Hambourg ? demande Janvier, minot, je voulais être mataf, puis musico. J’aime les ports.
Janvier entonne « Dans le port d’Amsterdam, d’Hambourg ou d’ailleurs… ». La Mer du Nord la Black… une troisième photo se superpose : un mec qui ressemble à Bogart se noie tout habillé dans une piscine cyan. Il y a des fleurs rouges non identifiables sur le bord de la piscine. La bagnole fait une embardée. Janvier évite de justesse l’accident.
– Merde ! T’es à l’ouest ou quoi ? a gueulé Bogart.
– Scusi scusi, dit Janvier, les doigts écartés sur le levier de vitesse, à un poil de la cuisse de Bogart.
– Puis tu schlingues… le hareng.
– Je sens le hareng ? T’as la dent dure hein ? C’est le foutre qui te monte à la tête ou Hambourg ou Amsterdam ? T’aurais pas posé pour un peintre ? J’ai vu quelque part un tableau avec une piscine dans la piscine y a un mec qui te ressemble qui se noie.
– Nan. Je ne joue pas les Ophélie.
– C’est qui celle-là ?
– La fiancée d’Hamlet. « Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles la blanche Ophélie… » etc etc. Rimbaud via Shakespeare. Tu as entendu parler d’Hamlet ?
– Hamlet, il l’a tuée ct’Ophélie ?
– Suicide. Certains, c’est une nana dans un fleuve d’autres dans une piscine ou une chiotte, dit mollement Bogart.
– Je te parlais d’un mec dans une piscine, qu’est-ce que tu m’embrouilles là ? Pourquoi t’es venu ici ?
– Je voulais voir la mer.
– C’est là ! s’exclame Janvier, désignant du menton une villa anglo-normande.
Il arrête la bagnole au début du chemin d’accès encombré de véhicules. Le SAMU et une voiture de police pulsent dans la nuit. Les deux flics se fraient un passage entre les bagnoles. « Tu joues pas à Ophélie ? Ducon toi comme un autre pour un assassin » marmonne Janvier entre les dents puis à Bogart : T’en as d’autres des poèmes ?
Bogart dit « Bonsoir René » au flic en uniforme qui garde l’entrée.
– Commandant… C’est toute une faune, dit le brigadier.
– Je finirai bien par trouver où je t’ai vu, chuchote Janvier à Bogart.
– Police ! On se calme, on se calme ! lance Bogart à la cantonade en montrant brièvement sa carte de flic.
Les touzeurs dépenaillés se sont regroupés, tous costumés en blanc, des déguisements haut de gamme qui vont du François 1 er au pâtre grec en passant par le clown blanc et la majorette. Décor blanc et noir, tentures et lumières rouges, lupanar design. Ça sent un mélange de chocolat et de santal. En bruit de fond de la cithare et de la flûte.
– Eteignez-moi cette putain de musique ! dit Bogart en enfilant les gants en latex.
Dans des coupes disposées ici et là des chocolats de toutes couleurs.
« Contacter Zimmerman à Hambourg le plus vite possible » pense Bogart.
La Black a la chatte à l’air sous le tutu, une ossature fine, le visage souillé, les cheveux nattés, le corps étroit et fluide, le cul callipyge ; le rouge à lèvres est intact, montre que la fille n’a pas eu la poire léchée, les seins sont maculés d’une matière blanchâtre.
– Chocolat blanc, dit Janvier en pointant le doigt.
– On n’a rien pu faire, s’excuse l’urgentiste.
Bogart note le bouton qui bâille au chemisier de la toubib, les pieds de la morte chaussés de trop petits chaussons de danse, pense : un fétichiste vivant et une maso morte, aussi « le pied est une étape ». La toubib indique un minuscule hématome sur le bras de la fille.
– Vu les caractéristiques du décès, O.D d’héroïne.
– Travail de pro ou le mec en avait marre de s’entraîner sur une orange, ajoute Bogart.
– Et pas le profil d’une camée car c’est à priori la seule marque sur le corps. Et encore à priori pas de relations sexuelles.
– Vous voulez faire mon job et celui du légiste ? s’enquiert Bogart à la toubib, et à Janvier : Ton ressenti ?
– Un shoot entre amis qui a mal tourné ? Peu probable : pas de seringue à proximité et à mon avis on n’en trouvera pas ni en remuant cette baraque de fond en comble ni en retournant tout le jardin, dit Janvier, et la tête dans les chiottes c’est pas la réaction d’un compagnon de shoot.
– Ça c’est ce qui n’est pas mais ce qui pourrait être ? Appelle-moi les scientifiques, dit Bogart sans attendre la réponse.
Quand il se relève, l’odeur de transpiration de Janvier lui emplit les narines. Il sait que l’assassin est déjà loin, alors que lui doit se taper un adjoint trop fort en gueule et une macchabée nauséabonde. Janvier lui chuchote à l’oreille : Dans le tableau, le mec est habillé en jean et T-shirt, ta chemise le jour que je t’ai vu la première fois, elle était voyante, genre psychédélique et puis tu n’étais pas seul.
– Kate Davenport, la propriétaire des lieux, elle tient une galerie qui a pignon sur rue. C’est elle qui nous a appelés, dit le brigadier en poussant devant lui une femme habillée en chat blanc et dont le maquillage a coulé.
– Tout à l’heure tout à l’heure, dit Bogart, on fait d’abord les chambres à l’étage.
Autres pièces, même décorum. Des couples y batifolent encore. Les parfums de chocolat et de santal s’entremêlent.
– De quoi dériver, dit Janvier.
– Passe pas tout de suite à la coke, essaie d’abord le chocolat au gingembre, dit Bogart.
– Moi, c’est chocolat au lait en tablette. T’as goûté à la coke ?
– Nan. Pas vocation à être zombie.
Bogart ouvre la porte d’une chambre où une grosse habillée en Marylin est vautrée sur un type qu’on ne sait plus.
– Police ! Allez on se bouge, on reprend visage humain !
– Pourquoi imaginer le pire ? continue Janvier, la coke ça le fait si ça reste exceptionnel, tu préfères mourir idiot ?
– Toi t’es le petit malin qui ne tomberait pas dans l’accoutumance et en vertu de quelle disposition d’esprit ? Pas celle qui te fait cloper !
– L’exceptionnel se gère.
– Si tu quittes la police, tu te reconvertiras coach en gestion de dope, quant à en proposer à ton supérieur, on en reparlera.
La grosse Marylin se relève en titubant.
– Mais t’es pas mal toi dis-donc, t’es un flic, un beau sale con de flic ! crie-t-elle en perdant l’équilibre, se rattrape à la cravate de Bogart, la maculant de rouge à lèvres et de chocolat.
– Dégage pétasse !
Bogart enlève sa cravate dégueulassée et la fourre dans

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