Vengeance Bohémienne
47 pages
Français

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Description

C’est la fête au village.


Les romanichels ont implanté leur cirque près de la Grand-Place pour le plaisir de tous.


Tous ? Non. Le maire, M. Cappelmans voit d’un mauvais œil cette installation. Il craint que Stella ne soit attirée par ce monde dont elle est issue. Car M. Cappelmans a recueilli la fillette, voici vingt ans, auprès de sa mère bohémienne, morte, et a décidé de l’adopter.


Aussi, quand un jeune homme de la troupe, acrobate et lanceur de poignards, vient lui demander la main de Stella, celui-ci le jette comme un malpropre.


Quelques heures plus tard, M. Cappelmans reçoit, dans la rue, deux couteaux dans le dos...


Le crime semble signé, mais le détective Francis BAYARD est d’un autre avis...

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070033647
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LES AVENTURES DE FRANCIS BAYARD
alias le « Sphinx »

VENGEANCE BOHÉMIENNE
Récit policier

Jean des MARCHENELLES
I
LES PRÉDICTIONS DE LA GITANE

Les roulottes arrivèrent vers le milieu de la semaine. Le village connut une certaine effervescence, puis, le train-train coutumier reprenant le dessus, on oublia pour quelques jours les romanichels qui, sans se presser, commençaient à monter leurs baraques…
Pour l'instant, la petite caravane campait sur la place de l'église et les gitanes aux costumes bariolés pendaient sur une ficelle tendue entre deux vieilles guimbardes leur éternelle lessive, fatiguée, usée d'avoir connu tous les courants d'air sur toutes les grand-places de France et d'ailleurs…
Le garde champêtre, képi renversé en arrière – quelle chaleur, mes enfants ! – quittait les nomades dont il venait de vérifier les pièces d'identité…
Cette corvée ne lui souriait guère, car ces gens étranges lui faisaient toujours peur.
Il songea qu'après avoir connu une telle émotion il se devait bien une petite compensation réconfortante… et il dirigea ses pas pesants vers l'estaminet « À la Gaîté » qui, comme de bien entendu, s'élevait juste à l'angle de la Grand-Place…
Au comptoir, où trônait la « belle Julie », M. Moulard, premier adjoint au maire, était accoudé, la tête tournée vers la place, le regard fixe.
Le garde champêtre, familièrement, lui donna une tape sur l'épaule en s'exclamant :
Vous voilà perdu dans les nuages, Monsieur l'Adjoint.
M. Moulard regarde les belles femmes, dit la tenancière en plaisantant.
Quoi, grogna l'adjoint ? Je regarde quoi ?... Ah oui !... Pensez-vous… des femmes comme celles-là.
Dis tout de suite qu'elles ne sont pas bien « balancées » ?...
J'aurais mauvaise grâce de soutenir le contraire… Non ! Ces gens-là, je les envie, moi… pas pour ce que vous imaginez, mais plus simplement pour la vie qu'ils mènent !...
Elle est propre, la vie qu'ils mènent, ces guenillards de malheur !...
Elle est magnifique, leur vie ! Mais vous n'y comprenez rien, tas d'ignares…
Monsieur l'Adjoint est de mauvaise humeur !
Mais non, mais non, Joseph. Seulement ça m'énerve d'entendre parler ainsi. Pourquoi leur jette-t-on toujours la pierre à ces nomades ?
Ils n'amènent jamais rien de bon avec eux.
Ils portent malheur, c'est certain, ajouta la belle Julie en se signant. D'ailleurs les hommes de ces tribus sont des chenapans capables de tout, et leurs femmes de véritables sorcières…
Taisez-vous ! Madame Julie… cria presque M. Moulard, fort animé. Je ne veux pas qu'on insulte ces gens !... Ce que vous prenez pour du charlatanisme est une science véritable. Il n'y a que les initiés qui puissent la comprendre.
Il vida son verre d'un trait.
La géomancie, murmura-t-il, pour lui seul… Quelle science magnifique !...
Tandis que M. l'adjoint retombait dans sa rêverie, la Julie murmurait à l'oreille du garde :
Ça ne m'étonnerait pas qu'elles lui aient jeté un sort. Depuis qu'elles sont installées ici, on dirait qu'il perd la raison.
Le garde Joseph approuva d'un hochement de tête.
Dans le fond, tout cela le laissait assez froid. Joseph était un « dur » à qui on ne la fait pas… Et puis, l'adjoint au maire avait toujours passé pour un original.
Il est vrai qu'il était instruit, M. l'adjoint. Il remplaçait, bien souvent, M. le maire, défaillant ; au Comice agricole, au 14 Juillet, à la Foire cantonale, c'était toujours lui qui faisait les discours. Pour ça, il s'y entendait, on ne pouvait pas le nier. Mais quant au reste !...
Il n'aurait même pas su vous dire quand il fallait semer le blé ou sarcler les betteraves ! Un intellectuel, quoi !...
… Une gitane passait devant les fenêtres de l'estaminet. Son profil se dessina, soudain, dans l'encadrement de la porte, en contre-jour, lui donnant l'aspect d'une apparition.
Quand on parle du diable ! murmura le garde en se tournant vers Julie.
Cette dernière, qui s'apprêtait à descendre du lieu où elle trônait, afin de signifier à l'intruse que sa présence dans son honorable établissement était indésirable, fut arrêtée net par M. Moulard :
Laissez-là, voulez-vous ? J'ai deux mots à lui dire…
La gitane avançait, de sa démarche souple et féline, elle se glissa sur la banquette, au fond de la salle où Moulard avait pris place et lança vers « la belle Julie » un regard noir, chargé de triomphe et d'ironie.
Moulard commanda deux consommations, puis parla à voix basse avec la femme qui répondait en riant.
Enfin, elle lui prit la main et l'examina attentivement, redevenue tout à fait sérieuse.
Je vois, dit-elle, au bout d'un moment. Vous avez des ennuis.
Oui, avoua l'adjoint dans un souffle, en baissant la tête.
Vos nuits sont agitées, vous avez l'impression de sentir un énorme poids sur la poitrine, qui vous empêche de respirer…
C'est vrai, c'est bien vrai !...
Vous avez fait, étant tout petit, une forte maladie… Méningite, n'est-ce pas ?...
Oui… oui… je vous en prie. Tout cela est exact. Mais… l'avenir… Parlez-moi de l'Avenir !
Puis-je vous avouer que c'est un sujet qui m'effraye encore parfois, bien qu'il m'arrive plusieurs fois par jour de consulter l'oracle ?...
Vous hésitez ?
Oui…
Pourquoi ?
Parce que… vous m'êtes sympathique. J'ai peur que vous soyez déçu.
Parlez ! je le veux.
Comme il vous plaira…
La gitane reprit son examen des lignes de la main ; mais bientôt elle poussa un cri et se leva précipitamment…
Malheureux ! dit-elle d'une voix terrifiée… Pourquoi avez-vous voulu me faire lire ?... C'est terrible… Je vois… je vois…
Que voyez-vous ? demanda M. Moulard, haletant… Parlez, mais parlez donc…
Alors la bohémienne lui jeta en plein visage cette phrase extraordinaire :
Je vois du sang… Du sang, sur vos mains !
Et en trois bonds, elle fut dehors…
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