Rues en série
470 pages
Français

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Rues en série , livre ebook

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Description

Entrez dans cette ville sans frapper, d'autres vont s'en charger. Une ville imaginée... ou peut-être est-ce votre ville ?

Des rues et des lieux inventés, enfin je crois. Des personnages presque imaginaires. Vous en connaissez certains, c'est évident pour moi.

Il y a au moins des bouts de ressemblance avec vos voisins. Vous aimerez celle-ci, puis vous détesterez celui-là. Vous changerez ensuite d'avis.

Suivez les pas de ces êtres ordinaires, avec leur folie et leurs croyances !

Asseyez-vous dans le coin d'une pièce et observez-les ! Regardez comment se tissent les liens captieux ! Captieux ? Oui, car la tromperie est bien présente !

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 14 décembre 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782414154517
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0112€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-414-15449-4

© Edilivre, 2018
Entrez dans cette ville sans frapper, d’autres vont s’en charger
Une ville imaginée… ou peut-être est-ce votre ville.
Des rues et des lieux inventés, enfin je crois.
Des personnages presque imaginaires.
Vous en connaissez certains, c’est évident pour moi.
Il y a au moins des bouts de ressemblance avec vos voisins.
Vous aimerez celle-ci, puis vous détesterez celui-là.
Vous changerez ensuite d’avis.
Suivez les pas de ces êtres ordinaires avec leur folie et leur croyance !
Asseyez-vous dans le coin d’une pièce et observez-les !
Regardez comment se tissent les liens captieux !
Captieux ? Oui, car la tromperie est bien présente !

Plan de la ville
Rue des lilas
Le vent des Fols se lève. Au loin, les pulsations d’un train fredonnent un air nostalgique, comme une musique d’enfance. De tristes souvenirs se réveillent. Les yeux qui piquent, c’est la poussière. J’ai entrepris le grand désherbage de mon potager, dix mètres carrés de terre devant mon pavillon trois pièces. Je dis toujours mon potager, parce qu’un jour j’ai espéré que salades et pieds de tomate s’y dresseraient en lignes parfaitement parallèles. Maintenant, je m’en fous. Puis le désherbage aussi, je m’en fous. Perchée sur un poteau, une pie m’observe. Je n’aime pas les pies, elles sont sans couleurs et leurs jacassements absurdes annoncent souvent une bataille pour un dépeçage de charogne. Mon voisin a encore mal dormi, ou pas dormi du tout, comme ses yeux rougis et son visage décomposé semblent indiquer. Il s’approche du mur de clôture et se lance dans des lamentations sur la disparition de sa femme. Jérémiades de naïf, de vacciné aux romans-photos, de baptisé par des prêtres intégristes de la fidélité. J’essaie de le rassurer en lui disant que c’était son choix, qu’elle a voulu changer de vie. Mais pour lui ce n’est pas normal, elle a disparu sans prendre ses affaires, ni ses papiers. Il a prévenu la police, mais les flics ne sont pas encore venus. Je ne l’écoute plus, il faut que je parte. Je dois suivre cette femme rousse qui vient de passer devant la maison, j’ai décidé que c’était aujourd’hui. Comme tous les jours, son parfum de vétiver me transporte vers un désir incontrôlable. Mon voisin me crie par-dessus le portail que je devrais aussi m’inquiéter pour ma femme. Pourquoi je m’inquiéterais, elle est partie avec la sienne, c’est tout. Elles étaient toujours ensemble, dans le jardin de ma femme, derrière la maison. Il y a longtemps que je n’y vais plus dans ce jardin, son jardin. Peut-être une petite incursion ? Les pies y font des conciliabules. Par la porte-fenêtre, j’en ai surpris un groupe, hier.
Rue des pivoines
Je n’ai pas de mal à suivre la femme rousse, son parfum a rempli la rue. Malgré le vent et les rosiers en fleurs, la fragrance voluptueuse de sa peau chaude imprégnée de vétiver se répand dans l’atmosphère de ce matin d’été. Des rideaux s’entrouvrent à mon passage, les regards inquiets des vieilles dames me suivent d’une maison à l’autre. Il est vrai que je passe très près de leur maison. Je recherche l’ombre et ma belle passante ne doit pas me remarquer. Elle vient de s’arrêter pour refaire sa coiffure dans le reflet d’un pare-brise de voiture en stationnement. Je m’arrête à mon tour pour examiner consciencieusement les noms sur deux boîtes aux lettres superposées. Une fenêtre s’ouvre à l’étage de la maison devant laquelle je procède à mon examen. D’une voix inaudible, je donne un nom imaginaire et je m’excuse en souriant auprès de la vieille dame qui m’a interpellé. Ma belle est repartie. Je fais de même en esquissant un salut de la main à la grand-mère à sa fenêtre, son regard en dit long sur son degré de méfiance à mon égard. À grandes goulées, j’avale l’air parfumé par ma belle, mon corps devient plus léger. Où elle ira, j’irai.
Une pie s’acharne sur un moineau mort. Si je n’étais pas occupé, je m’arrangerais pour la fracasser à coup de cailloux. Je ne connais pas bien le visage de ma belle. J’aime répéter « ma belle » comme un vœu, car je pense qu’elle sera à moi, un jour. Je l’ai toujours aperçue trop tard, ma belle. Pourtant ce n’est pas faute d’avoir épié son passage. Mais elle ne passe jamais à la même heure, elle est imprévisible ma belle. Je crois que cela me plaît. C’est un défi qu’elle me lance, j’en suis sûr. Elle accélère le pas. Un rendez-vous peut-être, ou alors elle m’a vu. Si elle m’a vu, ça peut la rendre nerveuse. Son cœur va battre plus vite. Elle sera bien excitée quand je l’aborderai. Je savoure d’avance ce moment. La salive emplit ma bouche de désir. Il faut que je crache, discrètement.
Avenue des acacias
J’aime les femmes, j’aime quand elles me défient de leur assurance, de leur liberté. J’aime aussi la résistance qu’elles opposent parfois. Mes mains sont moites et tremblent un peu. Il ne faut pas que ma belle me repère, elle vient de se retourner au klaxon d’un train de marchandises qui hurle en passant sur la voie au-dessus de nous. Les herbes du talus sont sèches, seules de hautes touffes de fenouil sauvage sont restées vertes. Une poubelle est renversée sur le bord de la chaussée, un chat se délecte de déchets de poissons. J’arrête de respirer pour ne pas perdre l’odeur du vétiver. Quand je reprends ma respiration, le parfum de la femme rousse s’est alourdi, il est devenu plus sensuel. Mon trouble s’accroît, des picotements acidulés me taquinent la langue. Une envie irrésistible de suçoter et mordiller la chair de ma belle me pousse à marcher plus vite. Plus que quelques mètres et je l’aborde. Une voiture stoppe à sa hauteur. Sollicitée par le conducteur pour un renseignement, ma belle s’approche. Je passe derrière elle en la frôlant. Plus loin, je m’accroupis pour refaire le lacet de mes chaussures et j’attends. L’attente me paraît interminable. Deux pies chassent un pigeon pour s’octroyer les restes d’un quignon de pain. Pourquoi ce pigeon ne va-t-il pas chercher de l’aide auprès de ses congénères qui se dandinent sur le toit de la maison d’en face ? Quel idiot ! Ma belle rousse a traversé la rue et emprunte un passage sous la voie ferrée, j’ai failli la perdre à cause de ces maudits oiseaux. Si je les revois à mon retour, je frappe. Il faudra bien que justice soit faite. La grâce a trouvé un lieu pour s’exprimer : le corps de ma belle. Ma belle, ma belle ! Je suis en plein délire. Le soleil est chaud aujourd’hui et je n’ai pas encore bu. J’aurais davantage d’assurance, si je pouvais trouver de quoi me désaltérer avant de me lancer à l’abordage de cette jolie goélette rousse au tangage si prometteur.
Boulevard des fleuristes
La circulation automobile est intense. Le parfum de ma belle se noie dans les vapeurs d’essence. Je ne supporte plus cette pollution. Cela fait cinq ans que je n’ai plus de voiture et que ma femme me le reproche. Maintenant, elle ne me le reprochera plus. La chevelure fauve de ma belle se goinfre de soleil, c’est magnifique ! Je pense aux renards. J’aime les renards autant que je déteste les pies. La bêtise humaine a engendré l’élimination de ces admirables bêtes de fable. Sous prétexte que les renards véhiculaient la rage, leur chasse intensive les a pratiquement éradiqués du pays. À cause de cela, sans leur principal prédateur, les pies prolifèrent. La rousse a tourné la tête avant de traverser. Son visage de porcelaine, tel un masque, semble figé dans une absence d’expression. Il m’a paru parfait, mais je manque d’objectivité. Je ne dirais pas que sa peau est cadavérique, mais j’ai eu cette pensée fugace. Je file derrière elle, pour franchir la chaussée. Elle fait signe à un cycliste qui roule sur le trottoir. Ils se connaissent, ils s’embrassent, ils rient de se rencontrer ainsi. Ça me dérange. Je les dépasse, puis je m’arrête quelques pas plus loin, devant la vitrine d’un magasin d’électroménager. Je les entends s’esclaffer. Ils se moquent de quelqu’un, peut-être de moi. Ils semblent m’observer, je le devine du coin de l’œil. Le cycliste fait un signe dans ma direction. Je les sens qui approchent. Ils m’ignorent ostensiblement en passant derrière moi. Je les épie grâce à leur reflet dans un écran de télévision éteint. Ils entrent dans un café. Je connais ce café, j’y suis déjà allé. Il y avait une jolie serveuse, une brune aux formes généreuses. Je ne sais pas si le patron va me reconnaître, je n’espère pas. La brune n’est plus là. Elle aussi avait une peau très blanche. Je me souviens que cette peau était douce, si douce à effleurer, si douce à caresser. La brune n’aimait pas que je la touche. Ma belle ? On verra.
Boulevard des fleuristes à deux pas de la rue du lierre
Je m’installe à la terrasse du « Café de la pépinière », tant pis pour la pollution ambiante. Le serveur s’approche. Son regard ne me plaît pas. Je préférais la brune plantureuse.
« Un verre de vin blanc, s’il vous plaît ! Assez frais, si possible. Mais pas glacé. Merci !
– Vous avez une préférence ? Un vin de la région ? Un vin français ou étranger ? Un vin…
– Le plus sec que vous ayez ! Sa provenance m’indiffère. Vite, j’ai soif ! Corne de cocu !
– Bien monsieur ! C’est parti ! Et un blanc sec pour la terrasse ! Le client a soif, ça urge ! »
J’ai besoin de ce verre pour calmer le tremblement de mes mains. La dernière fois que j’ai bu du blanc, c’était après le départ de ma femme et de la voisine, enfin je crois. J’aime l’âpreté du vin blanc sec. J’aime sa violence sur le réveil des papilles. C’est une liqueur de vie qui donne au corps sa force. Le soleil monte vers son zénith. Je regarde le vieux vélo que l’autre a appuyé contre un lampadaire. Ces nouveaux lampadaires sont laids, ils n’ont pas

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