Aramis
222 pages
Français

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Description

La magie n’a plus sa place dans l’ex-royaume de Cor Carolis depuis que Zaurak a pris le pouvoir, et tout magicien doit mourir. Mais les rebelles ne sont pas si simples à éliminer, et ils attendent leur heure, tout en fuyant les Milices Noires, de sinistre réputation. Soldats d’élite et assassins peu scrupuleux, ils font régner l’ordre, et une certaine terreur.
Parmi eux, Aramis, brillante combattante, tueuse efficace, mais porteuse d’une tare qui pourrait lui coûter cher : le don de Vision, qu’elle dissimule soigneusement. Pourtant, lorsqu’elle a la prémonition d’une sorte d’apocalypse provoquée par la magie, peut-elle encore agir pour l’empêcher tout en sauvant les apparences ? D’une façon ou d’une autre, c’est maintenant la vie d’Aramis qui se trouve en jeu.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 novembre 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9782312056401
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0500€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aramis
Stéphanie Creusot
Aramis
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
© Les Éditions du Net, 2017
ISBN : 978-2-312-05640-1
À Elodie C. Parce que c’est grâce à toi que j’écris.
Prologue
Ils étaient une dizaine réunie autour d’une table, vêtus de couleurs sombres, d’une longue cape, les mains croisées devant eux. Ils discutaient à mi-voix avec des airs de conspirateurs. Ce qu’au fond ils étaient. Le peu de lumière qui régnait jetait sur leurs visages des ombres lugubres, les rendant plus effrayants qu’ils n’étaient vraiment. Cloîtrés dans leur sous-sol depuis la tombée de la nuit, ils avaient coupé toute communication avec le monde extérieur. C’est pour cela qu’ils ne purent anticiper ce qui allait leur arriver.
Six chevaux noirs stoppèrent dans la nuit devant une auberge, à l’orée d’un bois. Six hommes noirs en descendirent et l’un d’eux poussa la porte de l’établissement. Ils y pénétrèrent. La lueur du feu et des quelques chandelles qui éclairaient la salle révéla six visages fermés, durs, six soldats tout entiers vêtus de noir et armés. Celui qui était entré en premier et qui semblait diriger les autres était en fait une femme. Elle portait un fléau à la ceinture. Sa main gauche était couverte d’un gant de cuir noir. Pas un mot ne fut prononcé à l’entrée des soldats. Ils se dirigèrent instantanément vers un recoin de la grande salle et deux hommes déplacèrent un meuble d’apparence très lourd. Celui-ci cachait une trappe. L’un des soldats la souleva et la femme s’engagea la première dans l’étroit escalier qui menait au sous-sol. Ceux qui s’y trouvaient venaient seulement de constater qu’ils étaient pris au piège. Eux n’avaient pas d’arme. Ils n’avaient d’autre choix que de se rendre. Pourtant, ils étaient les plus nombreux. Un à un, ils furent extraits du sous-sol et leurs poignets liés reliés à un anneau à l’arçon des selles. Puis les soldats repartirent. Une fois de plus, l’effet de surprise avait été total. Et plus que jamais, l’adage se confirmait. Nul ne résistait aux Milices Noires.
Chapitre I
L’aube se levait. En ce début d’été, la chaleur était inhabituellement forte, mais cela n’empêchait pas pour autant le Milicien de se tenir devant l’ouverture en ogive percée dans le mur de la salle d’arme, et dont la croisée était grande ouverte. La silhouette de l’homme immobile se détachait un peu plus nettement à mesure que le soleil se levait. Il était mince, grand. Les mains croisées dans le dos, il semblait fixer un point à l’horizon. Au loin, en effet, quelque chose paraissait bouger ; une forme indistincte dans les airs qui grossissait en se rapprochant. Un oiseau. Et qui se dirigeait vers la masse imposante du château d’Yilduz, ou plus précisément, vers la croisée où se tenait l’homme. Lentement, celui-ci éleva sa main gauche gantée de cuir, tenant toujours la droite, nue, dans son dos. L’oiseau tout proche poussa un cri sinistre et s’engouffra par l’ouverture pour se poser sur le poing tendu. L’homme pivota de trois quart et un rayon de soleil vint frapper son visage, illuminant un bref instant d’éclats dorés la longue tresse blonde qui pendait jusqu’à ses reins. L’homme était en réalité une femme. Mieux encore, c’était la femme qui marchait en tête des Miliciens la nuit précédente. Et l’oiseau posé sur sa main…
« Les vautours messagers d’Aramis sont rarement porteurs de bons augures. »
C’était ce que disaient tous les Miliciens, et les gens du peuple, pour une fois, étaient d’accord avec eux. Aramis sourit tout en détachant de la patte du rapace le message qui y était lié et se tourna vers celui qui avait ainsi parlé. Comme elle, il était entièrement vêtu de noir, le pantalon de cuir serré, les bottes de cavalier à hauts revers, le pourpoint de cuir également, aux manches longues et étroites, le ceinturon. Mais il ne portait pas de gants.
« Ils nous apportent du travail, Qalb, fit Aramis. Ne me dis pas que tu t’en plains ? »
Ledit Qalb secoua la tête.
« Bien sûr que non. Je ne fais que souligner l’évidence. À chaque fois que l’un de tes vautours part en balade, un groupe de rebelles vient forcément remplir nos geôles la nuit qui suit.
– C’est vrai, acquiesça Aramis.
– Où trouves-tu autant d’indicateurs ?
– Pas besoin d’en avoir des dizaines, du moment qu’ils sont doués. »
Qalb hocha la tête d’un air entendu.
« Toi aussi, tu es douée… »
Les yeux d’Aramis se fermèrent à demi comme elle renvoyait le vautour par la fenêtre, mais elle ne répondit pas. Elle ne savait que trop ce que voulait dire Qalb. Il nourrissait pour elle une sorte d’admiration. Pour tous les Miliciens d’ailleurs, Aramis restait un exemple, mais elle ne voulait pas y penser. Elle n’était qu’un soldat parmi d’autres.
Qalb s’approcha d’elle comme elle dépliait le morceau de parchemin ramené par le rapace et s’appuya au rebord de la croisée.
« Quelles nouvelles ? »
Aramis haussa brièvement les épaules.
« Rien d’important. Quelques rebelles du côté des montagnes. À toi l’honneur, conclut-elle en tendant le parchemin à Qalb. Moi, j’ai à faire. »
Il le prit du bout des doigts tandis qu’Aramis tournait les talons. Avec un léger soupir – de lassitude ? – il la regarda sortir.
Existait-il ne serait-ce qu’une seule autre femme semblable à Aramis ? Probablement pas. Ou plutôt, non, il était certain qu’il n’y en avait pas. Aucune femme ne pouvait être à la fois si belle, si froide, et si dangereuse. Ni si cruelle. Aramis avait le meurtre dans le sang. La rumeur ne voulait-elle pas qu’elle ait tué son père à l’âge de 11 ans ? Aujourd’hui, elle en avait à peine plus du double, mais déjà, la rumeur avait fait son chemin et le tyran Zaurak, apprenant qu’une telle personne se trouvait dans ses rangs, l’avait propulsée lieutenant en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Vraiment, c’était peu de dire d’Aramis qu’elle était étonnante. Elle avait beau être mince, elle n’en possédait pas moins une musculature sèche et puissante, et sa force valait bien celle des soldats les mieux bâtis. peu d’hommes étaient capables de manier le fléau aussi bien qu’elle. Ni de massacrer avec autant de sang-froid, mais ceci était une autre affaire. Elle avait fait ses classes avec Qalb, mais depuis le temps qu’il la connaissait, il n’avait jamais senti la moindre once d’humanité en elle. Seulement le plaisir lorsque son arme s’abattait sur un ennemi. Elle le fascinait. Et Qalb ne pouvait le nier, il était éperdument amoureux d’elle.
De toutes les activités des Miliciens , celle que détestait le plus Aramis était sans conteste les interrogatoires. Rester assis en attendant que le prisonnier daigne ouvrir la bouche n’avait rien de passionnant, surtout quand on savait qu’il pouvait avouer n’importe quoi sous la torture, même s’il était innocent. Ce n’était pas le fait qu’un innocent soit torturé qui gênait Aramis , mais plutôt celui de rester assise pendant des heures alors qu’elle aurait eu mieux à faire.
Néanmoins, elle descendait d’un pas assuré le grand escalier de pierre qui menait aux cachots. Après tout, plus vite elle s’y rendrait, plus vite elle serait débarrassée de cette corvée. Les semelles de ses bottes se posaient sans bruit sur les marches, et c’est ce qui lui permit d’entendre les murmures, un peu plus bas. Elle stoppa sa descente et tendit l’oreille ; on ne se dissimulait pas dans les zones d’ombre des escaliers sans raison.
« Encore un instant, s’il te plait ! Nous avons tout notre temps, suppliait une voix féminine. »
Un sourire glacial vint effleurer un bref instant les lèvres d’Aramis. Machinalement, elle frotta de l’index et du majeur droit sa paume gantée de cuir.
« Pas autant que tu le crois. J’ai du travail, répondit une voix masculine. Et toi aussi, d’ailleurs. Aramis et ses hommes ont arrêté un groupe de rebelles, hier soir. Ils doivent tous être interrogés au plus vite. Ton aide ne sera pas de trop.
– Ça, ça m’étonnerait ! »
Le couple enlacé se retourna d’un bloc. Appuyée de l’épaule à l’angle du mur, bras croisés, Aramis les observait avec un sourire à la fois méprisant et ironique. L’homme repoussa doucement la femme et s’avança vers Aramis.
« Que fais-tu là ?
– Question stupide, rétorqua-t-elle, quand tu viens toi-même d’en donner la réponse. Je vais interroger mes prisonniers. Je fais mon travail… moi. »
L’homme prit une expression sévère.
« Qui t’autorise à prendre ce ton avec ton supérieur ? Tu mériterais d’être mise à pied. »
Aramis haussa les épaules avec une moue pleine d’ironie.
« Et qui t’autorise à coucher avec tes subordonnés ? fit-elle en lançant un regard froid à la femme qui se tenait en retrait. »
L’homme tiqua et recula d’un pas tandis que sa compagne s’avançait à son tour.
« Ne sois pas jalouse, Aramis. Les hommes n’aiment pas les furies, tout simplement. »
Et elle s’éloigna d’une démarche à la fois nonchalante et sensuelle.
Aramis plissa les paupières et un rictus de haine déforma ses lèvres.
« Taïra, siffla-t-elle entre ses dents. »
Puis elle se tourna vers l’homme.
« Tu ne devrais pas faire ça. Je ne lui fais pas confiance. »
Et de nouveau, elle porta la main à sa paume gauche. L’homme sourit.
« Est-ce une raison suffisante ?
– Mes intuitions ne m’ont jamais trompée, tu le sais bien. Ne crois pas que ce soit par hasard ou simplement parce que Taïra couche avec tout ce qui bouge que je ne l’aime pas. Elle est… malsaine.
– Il y a toujours une bonne raison à tout ce que tu fais, acquiesça l’homme. Néanmoins, je persiste à penser que Taïra n’est dangereuse que parce qu’elle a le sang chaud.
– Justement… Méfie-toi, Gamal’, conclut-elle en s’éloignant.
– Colonel… »
Aramis se retourna et un léger sourire vint se perdre sur ses lèvres. Un vrai sourire, qui adoucissait ses traits et la rendait réellement belle, mais qui ne dura qu’une fraction de seconde. Gamal’ était bien le seul qui l’ait jamais vu sourire ainsi.
« Tu sais très bien que je ne t’appellerais jamais comme ça. »
Gamal’ croisa les bras sur son torse puissant et la regarda descendre. Pouvait-il y a

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