Chroniqués Homérides, 3 : La marque de Cronos
169 pages
Français

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Chroniqués Homérides, 3 : La marque de Cronos , livre ebook

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Description

Hestiapolis est tombée. Nous n’avons pas été assez forts, nous n’avons pas su contrecarrer les plans de Néocles. Aujourd’hui, les Homérides sont dispersés à travers le monde, mais une partie s’est réfugiée dans la rotonde archontide à Athènes, pour tenter de comprendre et se reconstruire.


Car si les murs de la cité gardienne étaient censés nous protéger, peut-être voilaient-ils également la vérité. Ces éléments clefs qui nous font défaut pour démêler les projets de nos ennemis, leur identité, et surtout pour enfin anticiper leur prochain mouvement et contre-attaquer.


Néocles, Moira... aucune de leurs intentions ne sont claires et je ne sais plus à qui me fier. Mon frère, devenu aveugle, lutte contre ses propres cauchemars qui lui soufflent l’existence d’une nouvelle menace. Seul Angus demeure mon ancre, mais lui comme moi restons perdus dans une machination qui nous dépasse et dont le gain semble être l’héritage d’Homère : le pouvoir des dieux que nous gardions depuis des siècles.


Mais pour qui et pour quoi ?


Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782375681770
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Alison Germain
La marque de CRONOS
Chroniques Homérides - 3
Editions du Chat Noir


À mes parents, merci pour tout.


— 1 — 
La Descente , ça n’ était pas seulement une métaphore…
Le club privé dans lequel je venais de mettre les pieds portait très bien son nom. 22   h   43, je prenais l’ascenseur qui allait me mener tout droit dans l’antre des Enfers. À l’intérieur de l’habitacle était disposé un ensemble de sièges imposants, renforcés d’armatures métalliques comme ceux qu’on avait l’habitude de voir dans les manèges à sensations fortes. Interloquée, je levai le nez vers Angus. Il ne me regardait pas, occupé à parcourir la petite pièce des yeux, sourcils froncés.
— C’est quoi ce délire  ? lâcha-t-il en se tournant vers Alè s et Ezra qui nous accompagnaient.
Le Gardien à la crinière de lion se contenta de hausser les épaules, tandis que le second, d’ordinaire discret, se fendit d’un petit rire avant de prendre la parole.
— Allez, c’est pas une petite secousse qui va nous tuer  ! charria Ezra en donnant une accolade à Angus.
— Messieurs… Mademoiselle, bienvenue  ! nous accueillit une hôtesse au chignon impeccablement tiré. Je vous invite à prendre place dans le siège de votre choix, assurez-vous d’y trouver votre confort et de bien garder vos pieds dans le carré jaune qui se situe devant vous.
Un regard circonspect furtivement échangé, Angus et moi prîmes place sans trop discuter et, quand les ceintures mécaniques se bouclèrent sur nous, mon estomac se prépara au pire. En me tournant vers mon amoureux, je devinai, à son teint blême, que lui non plus n’allait pas jouer au fier.
— Je déteste ces trucs-là, confessa-t-il en regardant en l’air, comme si quelqu’un, là-haut, pouvait lui venir en aide.
J’espérai sincèrement qu’il priait la bonne personne parce que je n’avais pas prévu de me retrouver avec l’intégralité de mes organes vitaux dans la gorge au cours de la soirée. Ni au cours de toute ma vie d’ailleurs. Je crispai les poings. Il y avait une bonne raison pour laquelle je n’allais JAMAIS dans les fêtes foraines, j’avais beaucoup de mal à supporter ce laps de temps entre le moment où on entrait dans l’attraction et celui du grand saut. L’anticipation me faisait immanquablement serrer les dents. J’avais horreur de ça.
— Ne vous inquiétez pas, cela ne dure que quelques instants, tenta de nous rassurer l’hôtesse.
Malgré la bienveillance qui semblait se dégager de la jeune femme, je soupçonnai en elle un certain sadisme. Il existait forcément un escalier pour le personnel, voire une sortie de secours par où nous aurions pu passer, pourtant, elle n’avait rien mentionné de tel au moment où elle nous avait accueillis. À croire qu’elle prenait son pied à nous faire entrer dans cette maudite cage métallique. J’imaginai que nos têtes à cet instant précis valaient leur pesant d’or.
Je n’eus pas le temps de maudire l’h ô tesse que le sol se déroba soudain sous mes pieds. Je hurlai à pleins poumons tout le temps que dura la chute  ; à peine quelques secondes sans doute, mais cela me parut beaucoup plus long. Le plateau, en fin de course, se mit à ralentir, puis s’immobilisa au moment où la note de triangle très reconnaissable et caractéristique des ascenseurs traditionnels retendit dans l’habitacle.
Le silence régna un court instant, avant qu’il ne soit perturbé par le rire du Gardien aux yeux perçants.
— Alors, Angus, t’as chié dans ton froc ou ça va  ?
Pour toute réponse, Angus se contenta d’un regard noir qu’il pointa en direction d’Ezra. Ce dernier partit dans un rire enjoué, puis nos ceintures se débouclèrent, nous libérant du poids qu’elles imposaient sur nos poitrines. Je n’ étais pas mécontente de quitter mon siège ; même si mes jambes avaient été légèrement engourdies par la chute, je préférais de loin me retrouver sur la terre ferme. Les portes de l’ascenseur s’ouvrirent sur un « boum-boum » lancinant, qui envahit immédiatement la petite pièce métallique.
Je n’ étais pas une grande fan des boîtes de nuit. La musique trop forte me collait généralement la nausée  ; quant à l’ambiance très feutrée qu’on y retrouvait souvent, cela m’oppressait, au point de ressentir comme l’effet d’une main invisible qui étreignait ma nuque. La sensation ne fut pas différente lorsque j ’entrai dans le ventre de La Descente qui m’accueillit sans résistance, comme celui de la baleine de Pinocchio.
Le club était plongé dans une lumière rouge qui donnait aux vapeurs diffusées par quelque fumigène ici et là un aspect de flammes surgissant du sol. Il ne manquait plus que l’odeur de soufre pour compléter le tableau. À croire qu’ici, on poussait le cliché jusqu’au bout.
Instinctivement, je levai les yeux et distinguai, à travers les volutes, un plafond de verre surplombant majestueusement la salle, à plusieurs centaines de mètres au-dessus de nous. Je n’arrivais pas à appréhender le nombre d’ étage s que nous avions dévalés avec l’ascenseur, mais j’ étais prête à parier que même le métro se trouvait au-dessus de nous. À vu e de nez.
J’avançai prudemment parmi les danseurs, aussi à l’aise dans ce milieu-là qu’un chat dans une piscine. Des baffles immenses vibraient depuis l’estrade où un DJ s’ éch auffait, tandis que la piste se remplissait peu à peu. J’observai le monde autour de moi. J’avais aperçu cette foule très guindée dans la file d’attente à l’extérieur, elle se faisait beaucoup plus édulcorée, voire complètement désinhibé e, une fois rendue sur le dance-floor. Étrange. L’antre du diable les accueillait en son sein, révélant leurs propres démons, leurs propres passions. C’ était comme si les limites, les entraves ou les di ktats avaient été laissés aux vestiaires en entrant, ne laissant place qu’ à une nature sauvage et primaire. C’en était presque flippant.
Des danseuses offraient un show époustouflant, debout sur des podiums surplombant la salle à plusieurs endroits. L’une d’elles capta tout de suite mon attention. Au-delà du ballet lascif qu’elle jouait avec un python de plusieurs mètres, ondulant sur ses épaules et le long de son corps gracile, je fus frappée par la jeunesse qui se dégageait de ses traits. Elle me rappelait mon amie Ellie, avec sa bouille d’enfant et ses yeux trop matures. D’ailleurs, je remarquai tout de suite cette singularité qu’elle avait dans le regard, cette même marque que j’avais moi aussi, comme tous ceux qui appartenaient à ma communauté. Elle portait le glyphe oméga, c’ était une homéride.
— Je vois que notre belle Délia ne vous laisse pas indifférente, souffla une voix derrière moi qui, malgré sa douceur, me fit sursauter.
Faisant volte-face, je rencontrai les yeux vairons époustouflants de la jeune femme qui avait parlé. L’un était d’un vert profond tacheté d’or, comme une sylve émeraude percée par un soleil d’ été, tandis que l’autre avait la froideur de l’acier. La dualité qui régnait en elle semblait s’exprimer jusque dans son apparence. Petite, un visage rond, une chevelure châtain coiffée en un chignon romantique qui contrastait avec son look de femme fatale, l’inconnue était le reflet d’une âme en clair-obscur. L’incarnation de deux polarités opposées, comme la vie et la mort. Le doute n’ était pas possible. J ’avais en face de moi April Bloom, autrement dit Perséphone, la reine des Enfers et antique déesse du printemps.
— Euh, je…
Figée par cette apparition soudaine, le fil de mes pensées se coupa net. Mon désarroi sembla amuser la nouvelle venue qui partit dans un rire aussi doux que le tintement d’une clochette. À côté d’elle, un grand homme filiforme aux longs cheveux presque propres et dont le look oscillait entre le pirate débraillé et le rockeur des années   70 coula sur moi un œil malicieux.
— Délia fait cet effet à beaucoup de monde, enchérit-il d’une voix rendue rauque par la cigarette, il faut dire que son don avec les animaux est remarquable.
Essayant de ne pas prêter attention à l’attitude séductrice de l’homme, je focalisai mon attention sur le serpent qui s’enroulait autour de la chair blanche de la belle Délia et remarquai une chose qui m’avait échappé la première fois. Un spectre blanc voilait l’ œil du reptile qui semblait entièrement plongé sous le contrôle de la jeune danseuse. Il répondait à ses moindres gestes, comme un pantin de bois. Sur le moment, il me fut impossible de déterminer si j’ étais fascinée ou horrifiée par un tel spectacle. À l’instant où ces questions existentielles se mirent à galoper dans ma tête, Angus vint les interrompre en glissant sa main dans la mienne. Je me recentrai sur lui et son sourire chaleureux me rassura en une seconde.
— Louise, voici April Bloom et…
— Son époux, coupa le rockeur débraillé, ici on m’appelle Faust Inferni.
Choisir de s’appeler Faust quand on avait régné sur les Enfers pendant plusieurs milliers d’années, c’ était plutôt cocasse. L ’ancien dieu des morts me tendit une main dont les longs doigts graciles étaient tatoués d’une encre qui s’ était diffusée avec les années. En la lui serrant, je distinguai un symbole «  peace  » sur son majeur qui m ’arracha un sourire amusé. On était loin du type à la figure longue et au teint cireux qui respirait la dépression et l’ennui que je m’ étais imaginé ; Hadès, au contraire, avait tout du cinquantenaire un peu cool –   un peu junky aussi à en juger par les bagages qu’il trimbalait sous les yeux  – nostalgique d’un temps où les disques sortaient en 45   tours. Le côté Jack Sparrow était sans doute un excès de zèle.
— Quant à vous, Louise, vous êtes… la pièce rapportée  ? détermina-t-il avec amusement.
— J’imagine que c’est ça, oui.
Donc… je venais de me faire clasher par le roi des Enfers et je ne trouvais rien à rétorquer d’assez piquant pour souffler sa flammèche. La soirée s’annonçait bien. Cela dit, je devinai à l’air mutin qui marqua son visage abîmé par un régime strict –  à base de co

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