Dans les arcanes de la toile
534 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris

Dans les arcanes de la toile , livre ebook

-

Découvre YouScribe en t'inscrivant gratuitement

Je m'inscris
Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus
534 pages
Français

Vous pourrez modifier la taille du texte de cet ouvrage

Obtenez un accès à la bibliothèque pour le consulter en ligne
En savoir plus

Description

Elisabeth a trente ans. Elle est intelligente, jolie, curieuse, énigmatique, et se révèle vivre davantage dans un monde de rêve, que dans le domaine familial des Pyrénées où elle habite, loin de toute civilisation, avec son père, Scharles, célèbre artiste peintre. Se sentant délaissée par celui-ci, elle passe le plus clair de son temps dans les ruines du pic de Locke, véritable concentré d'énergies maléfiques, créant ainsi des univers chimériques, où l'équilibre entre le rêve et la réalité est rompu... Hantée par la disparition étrange de sa mère, ses nuits sont scandées de cauchemars des plus troublants. Lorsqu'un inconnu s'installe au domaine, l'existence d'Elisabeth bascule. Ce qui s'avérait être une convalescence de routine prend rapidement un tournant surprenant. Tout dérape... et l'on va s'apercevoir que tout le monde n'est pas celui qu'il prétend être... À qui peut-elle réellement faire confiance ? Les forces extraordinaires de l'esprit seraient-elles à même de créer de nouvelles réalités ? Ou bien ne serait-ce que ce qu'on appelle folie ? Jouant avec ses personnages comme avec ses lecteurs, manipulés et constamment en proie au doute, Daniel Léon crée un puzzle labyrinthique qui captive et surprend sans cesse au fil des pages. Un récit à tiroirs troublant mais maîtrisé : une vraie réussite du genre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 24 juin 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342023909
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Dans les arcanes de la toile
Daniel Léon
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
Dans les arcanes de la toile
 
 
 
à mes parents
 
 
 
Prologue
 
 
 
Tout devait finir dans cette rue déserte… Les rameaux d’une bougainvillée s’agitaient dans l’air, dispersant des essaims de pétales de rose.
Le vent emportait les feuilles, faisait claquer les branches et tournoyer la pluie. L’eau sifflait, crépitait, chuintait.
Un déluge de gouttes martelait le macadam.
 
Un homme à l’allure rapide, traversait la rue en marchant dans les flaques d’eau. Portant un coupe-vent noir, les mains enfouies dans ses poches, les épaules voûtées pour combattre la violence du vent et de la pluie, le visage dissimulé dans l’ombre de sa capuche, il longeait les grilles d’une étrange propriété.
Il s’arrêta devant le portail fermé, par une chaîne rouillée, d’une grande et ancienne demeure. Une tache de lumière mettait en valeur une plaque très abîmée et en partie mangée par le lichen, qui prenait une désagréable apparence de poisse charnue, coulant de pierre en pierre. Sur cette plaque, on pouvait deviner l’inscription : « SAMTEN DZONG, Institut de santé ».
 
Une bourrasque projetait une salve de pluie sur une baie vitrée. Les fines gouttelettes, soufflées par le vent, dessinèrent des motifs évanescents sur les vitres. On aurait pu croire que cette forteresse était à l’abandon, mais il restait encore des pensionnaires, comme cette vieille femme assise sur un fauteuil roulant, dans une chambre inondée d’une étrange lueur orangée. Presque centenaire, elle était vêtue d’une vieille robe de chambre d’une couleur rouge foncé : ressemblant ainsi au vêtement des lamas tibétains. Elle regardait à travers la baie vitrée, la pluie qui déposait un glacis perlé sur la pelouse de l’institut.
 
C’était un peu la toute dernière étape. La fin n’était plus bien loin.
Elle avait l’air tourmenté. Sur ses genoux, un vieux coffret d’un bois précieux qu’elle maintenait fermement, malgré son manque de force dans les bras. À son poignet gauche, un prénom : Elisabeth.
Depuis combien de temps avait-elle compris ? Depuis combien de secondes, ses cauchemars se sont-ils transformés en réalité absolue ? Depuis combien de temps n’avait-elle pas fait ce songe ? Durant ses jeunes années, il hantait déjà chacune de ses nuits… Comment pouvait-elle imaginer un seul instant qu’un homme comme lui…
 
Soudain, elle porta sa main droite sur son visage émacié – frappé par le sceau d’une vie fragmentée, incrustée le long de ses rides semblables à un flot de douleurs – comme pour faire disparaître un mal de tête insoutenable… Les veines du cou et des mains saillaient sous la peau.
 
Oh ! Un monde tournait dans sa tête. Il la faisait souffrir.
Les chimères de l’imagination que nous entretenons finissent par envahir notre vie réelle à notre insu, de sorte que toute distinction entre le vrai et le faux devienne pratiquement impossible…
Elle n’a pas d’autres choix, il faut qu’elle raconte à quelqu’un ou peut-être seulement à elle-même, ce qu’elle sait des aventures de son être et de l’ordre des choses.
 
Soudain, un violent coup de tonnerre détourna Elisabeth de ses pensées. Son regard insistait sur l’homme debout derrière la grille. Elle eut l’impression qu’il l’observait. Elle frissonna.
Quelque chose la tracassait, mais quoi ? C’était une impression diffuse. Comme une douleur légère et récurrente, quelque part dans le corps. Comme une présence derrière elle… Serait-ce l’homme dont elle avait surpris la silhouette plus tôt derrière la grille ? Ou une tache sombre qui semblait s’avancer vers son fauteuil et disparaître soudain. C’était bien réel. Il était là : le visiteur caché dans la pénombre.
Elle redoublait d’inquiétude. Elle était lasse… Lasse de ces secrets, de ces mystères… Lasse de tous ces sarcasmes.
Elle ne savait pas quoi penser, ni quoi dire. C’était une histoire trop insensée et confuse pour qu’elle arrive à la comprendre et surtout à l’admettre. Elle ne s’en était pas rendu compte tout de suite, du moins pas consciemment, mais le monde heureux et protégé dans lequel elle vivait venait de s’écrouler et tout devenait noir, très noir…
 
Tout avait commencé, il y a déjà plus d’un demi-siècle. La nuit, elle eut de nouveau ce rêve.
Normalement, les rêves ne se confondent pas avec la réalité. Ils sont flous, absurdes au bord de l’inexistence. Ils sont insaisissables. Mais ce rêve… Ce rêve-là était vrai, aussi vrai que la vie…
 
 
 
1
 
 
 
En des temps très anciens, « Samten Dzong » était un domaine sur lequel était implantée une grosse bâtisse appartenant à la famille Esterback. Une famille dont les ancêtres venaient de la région des lacs du Connemara et qui s’installèrent dans ce beau coin de France que représentent les Pyrénées-Orientales : pour y vivre tranquillement. « Samten Dzong » avait laissé passer conflits et politique, révolution industrielle et âge électronique, sans que son territoire en soit même effleuré. C’était une contrée à l’écart du temps. C’était aussi un lieu mystique chargé d’événements passés, de mystères et de légendes…
 
L’histoire d’Elisabeth commença il y a une soixantaine d’années, dans les profondeurs boisées du domaine. Des nappes de brume s’élevaient au-dessus d’un marécage cerné par de hauts arbres : lieu ténébreux où le soleil n’apparaissait pratiquement jamais. Elle était allongée, là, en chien de fusil, seule. Un long et épais serpent, type anaconda, rampait sur la base d’un arbre à demi-déraciné, lui frôla la jambe, avant de s’enfoncer dans le marécage nauséabond où venaient mourir des étangs noirâtres dans un clapotis lugubre, régulier et monotone.
Soudain, une nuée de chauves-souris s’envola d’une cavité, creusée dans la roche, comme pour échapper à des prédateurs. Elisabeth avait l’impression d’être dans un monde imaginaire. Elle refusait d’y croire, ça n’était qu’un rêve, et pourtant, elle était bien là.
Plus haut, des gouttelettes de pluie se frayaient un chemin à travers les branches touffues, pour enfin disparaître avant de toucher le sol. Au-dessus de la canopée, apparaissait un paysage enneigé semblant appartenir à un autre monde : au loin, une chaîne de montagnes s’élevait jusqu’au ciel, d’où tombait une lourde neige. Là, un aigle royal, poussant des cris stridents, l’attira à lui et l’emmena vers le plus haut des pics, en passant à travers un dédale de pentes abruptes.
Elle avait l’impression de voler à la poursuite de cet oiseau majestueux. Où l’emmenait-il ? Elle ne le savait pas…
Sur un étroit sentier bordant un précipice, des hommes, accompagnés de mules, avançaient péniblement. La tempête qui sévissait, les obligeait à pencher le buste vers l’avant pour tenter de garder l’équilibre. Les flocons de neige, projetés par le vent, cinglaient leurs visages, rosis par l’air glacé. Ils avaient du mal à garder les yeux ouverts et se dirigeaient, en vain, vers la grosse bâtisse, implantée sur un pic rocheux. L’aigle s’élevait en glapissant et apparaissait très haut. Il plongeait vers l’imposante demeure, bâtie au sommet du pic de Locke. Puis il disparut dans un épais rideau de neige, la laissant seule, au-dessus de cette énorme bâtisse. Elle se trouvait comme une naufragée, lancée par une vague monstrueuse au fond d’une mer épaisse d’où rien ne lui permettait de remonter.
Elle aussi, elle se mit à plonger vers cette immense forteresse, espérant y trouver âmes qui vivent. Des lumières vacillaient à travers d’étroites ouvertures. S’approchant de l’une d’elles, Elisabeth passait au travers d’une fenêtre aux vitres sales et enneigées. Dans la pénombre d’une grande salle, à la lueur des lampes à huile et des torches plantées sur les colonnades, étaient rassemblées une cinquantaine de personnes : tous des hommes d’âges différents.
On pouvait penser que les personnages les plus importants étaient assis en cercle sur un mandala : diagramme géométrique dont les couleurs, les enceintes concentriques figuraient l’univers et seraient le support à la méditation.
Les plus anciens, que l’on appelait les élus, étaient assis de part et d’autre du grand maître de cérémonies, Janakha. À ses côtés, ses deux conseillers scientifiques : deux professeurs émérites, Dordji et Nanota. Un peu plus loin, suivaient en deux arcs de cercle, les maîtres Migmur, Garab, Yongden, Pali, Nikaya et Goenka. Les six sages étaient accompagnés chacun d’un novice, qu’ils étaient chargés de former à leur image. Leur signe de reconnaissance était une chevalière sertie d’une pierre précieuse en forme de tortue.
 
La main tremblante de Janakha posée sur une canne de verre, incrustée de diamants, fit signe à maître Migmur de commencer son intervention. Ce dernier se leva :
— Si vous le permettez, messieurs, il est important de rappeler à cette noble assemblée que l’idée selon laquelle l’esprit est supérieur à la matière et distinct d’elle se retrouve dans de nombreuses civilisations. Et que certaines croient en l’existence d’un principe spirituel capable de créer des formes mentales visibles par tous.
Sans l’autorisation de son maître, un des novices prit la parole :
— Les plus aptes peuvent-ils craindre une défaillance…
Yongden n’eut pas le temps d’intervenir que maître Janakha se leva et l’apostropha sèchement :
— Maître Yongden ne vous ai-je pas déjà dit que votre novice n’avait pas à intervenir dans cette assemblée tant qu’il n’était pas complètement formé.
Maître Yongden répliqua :
— Mon novice est pratiquem

  • Univers Univers
  • Ebooks Ebooks
  • Livres audio Livres audio
  • Presse Presse
  • Podcasts Podcasts
  • BD BD
  • Documents Documents