Délivrez-nous du mâle
91 pages
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Délivrez-nous du mâle , livre ebook

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Description

Alain Barfol, professeur de philosophie et militant de gauche, commet sans le vouloir un acte sacrilège que la société, désormais dirigée par les valeurs d'un féminisme militant, ne lui pardonne pas. Il est alors interné dans un centre de rééducation, où on lui impose de se défaire de ses stéréotypes machistes, sous peine de ne pouvoir réintégrer ses fonctions et recouvrer ses droits. Notre héros parviendra-t-il à se réinsérer, sans dommage pour les autres, dans la nouvelle société féministe ou bien devra-t-il rompre avec elle en s'affiliant, par exemple, aux rebelles masculinistes?


Comédie romanesque posant à sa manière à la question du devenir du masculin, sous l'hypothèse, devenue classique, d'une féminisation du monde occidental, Délivrez-nous du mâle est aussi une réflexion sur la permanence des enjeux de pouvoir (le pervers n'est jamais celui - ou celle - que l'on imagine) et sur l'acceptation de notre nature. Alexis Legayet poursuit avec cette fable, sans doute de manière encore moins politiquement correcte, une réflexion plus globale entamée dans ses précédent ouvrages avec les nouvelles utopies progressistes : animalistes, transhumanisme et, ici, néoféminisme.



- Nous ne sommes pas des moralistes, mais des scientifiques ! Le machisme vient d'être officiellement reconnu comme maladie psychique par l'OMS, le saviez-vous? Vous pouvez absolument tout nous dire, nous ne vous jugerons pas. On ne condamne pas une grippe ou un panaris. On les traite. Et nous vous traiterons.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 07 avril 2023
Nombre de lectures 0
EAN13 9782491517274
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Table of Contents Couverture Sommaire Page de titre Mentions légales Prologue Première partie 1. 2.
Points de repère Couverture Page de titre Début du texte Mentions légales

Déjà paru
Wisielec, Hardcore ou la Tribulation
Jérôme Delclos, Vingt Leçons de philosophie par le meurtre
Jacques Barbaut, Alice à Zanzibar. 238 limericks suivis de leurs règles, d’une postface et d’un index
Laurent Thinès, La Vierge au Loup. Récit d’un psychopathe
Jérôme Delclos, Cendrillon en Pologne
Laurent Robert, Sonnets de la révolte ordinaire
Alexis Legayet, Bienvenue au paradis
Marie-Hélène Moreau, Quartier des Innocents
Olivier Massé, La Chienne
Christophe Esnault, Lettre au recours chimique
Xavier Serrano, The Dead Letter Society. La bibliothèque imaginaire de Roland Bartleby
Guillaume Decourt, À 80 km de Monterey
Faux titre
Délivrez-nous du mâle
Page de titre
Alexis Legayet
Roman
Mentions légales
©Æthalidès, 2021
ISBN : 978-2-491517-11-3
ISBN numérique : 978-2-491517-27-4
www.aethalides.com
Reste un double sentiment de malaise. (…) Malaise devant la généralisation en deux blocs opposés : la classe des femmes, la classe des hommes. N’est-ce pas retomber dans le piège de l’essentialisme, contre lequel les féministes ont tant lutté pour elles-mêmes. (…) Malaise enfin quant à la volonté « rééducative » à l’égard des hommes qui rappelle de fâcheux souvenirs. Le mot d’ordre implicite ou explicite, « changer l’homme » plutôt que « lutter contre les abus de certains hommes », relève d’une utopie totalitaire.
Élisabeth Badinter, Fausse route
 
 
La réalité ne sera jamais assez romanesquement outrée ; et plus elle sera outrée, plus elle sera ressemblante. (…) La réalité contemporaine dépassant toute extravagance, elle ne peut être rattrapée et comprise, à chaque fois, que par une extravagance encore plus puissante.
Philippe Muray « Dans la nuit du nouveau monde-monstre » Exorcismes spirituels, III
Prologue
C’était la pause. Alain Barfol avait besoin d’une soupière de café . Il venait d’affronter une classe difficile. S’il en était sorti vainqueur, comme d’habitude, ce n’était toutefois pas sans y avoir laissé beaucoup d’énergie. Le sujet du cours, il est vrai, avait de quoi exciter ses élèves. Un peu trop, à l’évidence. Peut-être aurait-il dû mieux doser ses exemples et éviter des raccourcis qui, dans le cas présent, ne pouvaient même plus être accusés d’être trop suggestifs . Le professeur Barfol maîtrisait l’art du détour et du sous-entendu, mais, là, face aux sourcils froncés et aux mines endormies, il avait jugé bon de faire claquer les mots et de réveiller par un vif coup de fouet les désirs engourdis. On traitait justement la question du désir. Et quelle meilleure entrée que celle du Banquet  ? « Dans un banquet, on y mange, on y boit – et pas que de l’eau, s’il vous plaît ! » avait-il tonné pour entamer son cours.
« Et là, toutes les têtes se sont levées vers moi, évidemment », raconta Alain Barfol à son collègue, Paul Layoli, le professeur de lettres avec qui il attendait dans la longue file d’attente matinale devant la machine à café.
« Je comprends… En terminale, pour nous, c’était vodka frappée avant d’entrer en cours. Mais, c’est ça ton coup de fouet ? demanda Layoli, avec un air déçu.
— Non, attends, attends, ça va venir… même si, tu sais, la seule évocation de l’ivresse alcoolique est déjà capable d’offusquer deux ou trois grenouilles de bénitier…
— Ou deux-trois puces de tapis de prière ! … Alors, pour les titiller, tu leur parles beaucoup de vin dans tes cours…
— Eh oui, le vin, c’est la culture !
— Et donc, ce coup de fouet ?
— J’y viens. Je leur raconte alors que dans un banquet, on ne fait pas que boire, on y parle aussi, et on y parle ici, dans celui de Platon, d’une autre ivresse, plus enivrante que tous les alcools et toutes les drogues de la terre, LSD compris. Plus dangereuse, aussi…
— Du LSD maintenant, bien ! Et c’est quoi cette drogue mortelle, Alain ?
— L’amour, bien sûr ! Contrairement aux drogues, qui s’appuient sur un agent actif exogène, les forces de l’amour, les forces du désir, sont des forces endogènes, qui proviennent… mieux : qui surgissent des profondeurs intimes ! lança Barfol, en mimant une subite explosion.
— Très suggestive, ta gestuelle, Alain…
— Oui, il y en a qui en rient… Les garçons passent leur temps devant des vidéos porno. Les explosions, ils connaissent bien. Alors, je ne manque pas de les interroger en feignant la naïveté. Qu’y avait-il de si drôle dans cette innocente déflagration mimant “un cœur qui s’ouvre, qui s’épanouit à l’amour comme une fleur au soleil” ?
— Espèce de sadique ! Ils doivent être rouges de honte.
— Oh, je ne les laisse pas mijoter longtemps, ne t’en fais pas. Je suis bien trop bavard pour ça. Reste que, parfois, je reçois des objections, prudes et théoriques bien sûr : l’autre jour, une jeune fille m’a fait remarquer que l’amour pouvait aussi provenir de l’extérieur, “non pas de moi, mais de l’autre”. Et elle de me parler d’aventure, de rencontre amoureuse et de coup de foudre. Elle était à un doigt de me citer la belle proposition d’Alain : “Aimer c’est trouver sa richesse hors de soi.”
— Tu devais être content !
— Pour sûr que je l’étais. Pour une fois qu’au lieu de me regarder avec un œil de poisson mort un élève se mettait à penser. La chose est rare, tu le sais bien.
— À qui le dis-tu ! Et donc, que lui as-tu répondu ?
— Que nul ne se désire soi-même, en effet (du moins c’est ce qu’il semble). J’en ai profité pour demander à toute la classe : “Pourquoi les invités du banquet de Platon ne se contentent-ils pas, par exemple, des plaisirs solitaires ? ”
— Les plaisirs solitaires, aïe, aïe, aïe…
— Mais je ne leur ai pas encore dit que les dialogues du Banquet étaient “les préliminaires d’une partouze” ou, pour le dire plus joliment, “le prélude oral de gourmandises anales”…
— Tu ne leur dis pas ce genre de choses, tout de même, Alain !
— Non, pas comme ça, pas tout de suite. J’introduis mon sujet, petit à petit…
— Mon Dieu ! s’exclama Layoli en levant les yeux au ciel.
— Mais pour incarner un peu les choses et pour rendre compte de cette magnifique remarque (celle selon laquelle on ne se désire pas soi-même), m’est venue cette innocente question : “Qui de nous se paluche en pensant à soi-même, j’entends en pensant à soi-même en train de se palucher ? ”
— Là, tu exagères, Alain !
— Mais c’est parfois la seule expérience qu’ils ont du désir. La philosophie doit s’incarner, tu le sais bien. Sinon ce n’est que vent et babil. Non seulement on ne peut pas se palucher en ne pensant à rien – ce qui ancre le désir humain dans une relation structurelle à un imaginaire – mais ce fantasme porte toujours sur un autre que soi. Si l’on peut susciter volontairement des images, se faire un film, si tu veux, l’excitation qui en surgit dépend de la qualité propre de ces images, et pas du tout de nous. Lorsque survient Scarlett Johansson dans tes films intérieurs, c’est autre chose que ta grand-tante, Paul, non ?
— Laisse ma grand-tante tranquille, et avance mon vieux, c’est ton tour ! » annonça Paul Layoli en remarquant que la machine à café venait enfin de se libérer.
« Une machine pour cent cinquante profs, y a pas idée tout de même… se plaignit Alain Barfol, tout en introduisant ses pièces dans le distributeur.
— Et tu n’as jamais eu de problèmes, Alain, je veux dire, avec tes exemples ?
— Si, justement, à l’instant. Enfin des problèmes, n’exagérons pas… Je fais ce cours depuis des années et c’est la première fois. Une délégation de trois jeunes demoiselles effarouchées qui, au nom de je ne sais quoi, leur religion peut-être, sont venues me voir à la fin du cours pour me dire que les exemples que je prends en classe sont souvent “limite-limite”.
— Et tu leur as répondu quoi ?
— En substance, d’aller se faire voir dans une école privée, si elles préfèrent les sermons – avec les formes, évidemment…
— Évidemment… Allez, reprends ta monnaie, Alain, et laisse la place aux autres ! » demanda Paul Layoli en désignant le réceptacle où Alain Barfol devait récupérer ses soixante-dix centimes.
Par maladresse, une pièce de vingt centimes s’échappa de ses doigts pour aller rouler sous une table basse. Le professeur Barfol se mit à genou, dans une position peu glorieuse, tête baissée et fesses en l’air, pour récupérer un pécule laborieusement gagné à la sueur de son front. Mal lui en prit… Car au moment précis où, à force d’étirements, il allait enfin parvenir à toucher de l’extrême bout de l’index cette « maudite pièce, évidemment placée dans un recoin inaccessible », une claque puissante frappée sur son derrière, accompagnée d’un tonitruant et joyeux « Hue cocotte ! », manqua de le faire choir. Abandonnant sa pièce, Alain Barfol se releva illico, légèrement courroucé. Il avait reconnu le timbre de Danny Lastoc, un professeur de sciences, fin comme un fil de fer – un é-lastoc disait-on dans son dos.
« C’est très intelligent, Danny ! J’ai failli me casser la figure ! » lança Barfol, un peu honteux et feignant la colère, pendant que Paul Layoli et Danny Lastoc pouffaient dans leur barbe.
« Ça te va bien, Alain, répondit Lastoc, sourire aux lèvres. Et qui m’a humilié, hier, devant la jolie nouvelle prof d’anglais ?
— Moi, je ne t’ai pas touché les fesses, Danny ! lança Barfol, en continuant à jouer l’offusqué.
— Mais le cœur, si… répondit Lastoc, en feignant l’offensé.
— Et un cœur, crois-nous, c’est autrement profond… » conclut Layoli.
Les trois hommes rirent ensemble de la boutade du professeur de lettres.
Barfol, Lastoc et Layoli formaient avec André, un professeur d’espagnol et militant CGT, une petite équipe de joyeux lurons. Malgré leur âge – la quarantaine – et leur statut de professeur, une partie d’eux-mêmes semblait restée en enfance, ou pour mieux dire en adolescence, apportant une pointe d’espièglerie et souvent même de gaillardise dans une salle des profs qu’ils jugeaient, autrement, bien trop soporifiqu

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