Grecka - Acte 3

Lysiah Maro

Description

De l’escouade du caporal Perse, il ne reste plus grand-chose. Aujourd’hui recherchés par les autorités hadessiennes et olympiennes suite à l’assassinat du conseiller Alten, ils ont été obligés de se séparer.

Ceux qui ne voulaient pas les suivre dans cette folle cavalcade sont restés. Elyess, Cyanelle, Siri, Ève et Keir sont en partance pour Hadessie afin d’y transiter avant de gagner Blanchie. Nathanéon, Siarra et Rode sont quant à eux retournés dans le secteur Gamma pour sauver Sixtin et protéger le père de Nathanéon.

Une situation désespérée à laquelle s’ajoutent ces étranges visions qui se multiplient. Que signifient-elles réellement ? Pourquoi semblent-elles toutes les mener au même endroit ?

Il semblerait que Grecka soit loin d’avoir révélé tous ses secrets.

Retrouvez l'univers de « Grecka » pour une fin épique tant attendue !

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Informations

• Publié par: INCEPTIO ÉDITIONS
• Date de parution: 16 janvier 2023
• Nombre de lectures: 62
• EAN13: 9782384110285
• Langue: Français

Extrait

L’Auteure

Née en 1988, Lysiah Maro a grandi en région parisienne. Diplômée en communication visuelle, en Game Design et en Gestion de projet web, elle exerce actuellement le métier de développeur Front-End. Dès le plus jeune âge, Lysiah s’est découvert une passion pour la lecture, dont le premier coup de cœur a été pour La nuit des temps de René Barjavel, bien que son auteur préféré reste David Gemmel. Cette passion lui a donné des rêves plein la tête. Des rêves qui ont fini par se transformer en histoires pour atterrir sur papier. Après Horizons , Grecka est sa seconde saga publiée aux éditions Inceptio.
Lysiah Maro
Grecka
Acte .III
 
Inceptio Éditions
 
Direction éditoriale : Guillaume Lemoust de Lafosse
Direction presse/médias : Ophélie Pourias
Couverture : Lysiah Maro
Diffusion : DOD&Cie
© Inceptio Éditions, 2022
ISBN 978-2-38411-027-8
Droits réservés
Inceptio
[e-mail]
www.inceptioeditions.com

 
« À mes deux rayons de soleil, vous êtes ce que j’ai de plus précieux. »

.0.
Quand la tête du convoi arrive enfin au sommet de la dune, un soupir de soulagement s’échappe de ses lèvres. Perché sur un Aéro-Planeur sommaire, Gordon contemple avec attention la forêt qui s’étend en contrebas à plusieurs dizaines de kilomètres de là.
Depuis l’aube, ils n’ont pas fait une seule pause, et si la fatigue commençait à se faire ressentir dans les rangs, voir l’objectif se dessiner à l’horizon leur a donné un regain d’énergie.
Voilà deux ans que l’idée s’est frayé un chemin dans son esprit et aujourd’hui, ils sont à deux doigts de concrétiser ce projet un peu fou : faire traverser la Nekrí Zóni à près de deux cent cinquante mille personnes afin de commencer à ériger le nouveau foyer de l’Humanité. Durant cette période, pas moins de cinquante mille survivants ont déjà effectué ce périple pour mener à bien cette entreprise titanesque : explorer la forêt, sonder les sols, trouver une source d’eau exploitable, baliser le terrain et poser les fondations.
Aux dernières nouvelles, les passagers de l’Énéide et de l’Iliade se sont fixé un objectif identique de leur côté. La communication avec les capitaines des deux autres vaisseaux s’est avérée particulièrement compliquée, rendant impossible l’établissement d’une mission conjointe pour rallier le même point. La raison principale a résidé dans la défaillance des technologies de transmission qui n’ont pas bien résisté à l’agreckissage. Les canaux demeurent instables, malgré l’acharnement des ingénieurs pour remédier au problème.
La seconde raison, mais pas des moindres, a mis en avant les divergences d’opinions des autres capitaines et représentants de l’ex-présidente. Coincés dans l’espace, il fallait bien s’accorder pour arriver à destination ensemble, mais une fois les pieds sur la terre ferme, les esprits se sont échauffés. La perspective de pouvoir bâtir une nouvelle civilisation et de la modeler à sa guise a exacerbé les egos des plus ambitieux. Des visions différentes de la façon de concevoir ce Nouveau Monde ont alors émergé, alimentant des débats houleux au sein des décideurs. Si, dans un premier temps, la recherche d’un compromis a motivé les échanges, rapidement, il a été évident que la scission était trop profonde et qu’aucun consensus ne pourrait satisfaire chaque camp.
Devant la multitude de combats à mener de front, les dirigeants des rescapés de l’Odyssée ont fini par se résoudre à faire une croix sur cette unité tant souhaitée. Désormais, les interactions se limitent au strict minimum avec les deux autres factions, bien que Gordon espère secrètement pouvoir renouer un contact plus amical et fraternel une fois qu’ils auront établi les bases de leur nouveau foyer. Il a toujours été du genre à croire que la véritable force d’une espèce réside en sa cohésion et il sait déjà qu’il se battra jusqu’à sa mort pour ses convictions.
Les bras de Julie se resserrent brièvement autour de sa taille, le tirant de ses pensées. Son regard glisse alors sur l’immense colonne qui se déroule derrière lui, serpentant entre les pics rocheux qui sortent du sable brûlant, telles des griffes acérées.
Les deux années passées ont été rudes à tous points de vue. Il s’en est fallu de peu pour que le chaos s’empare des survivants de l’Odyssée suite à la destitution de la résidente Andores. Si Gordon avait pu trouver une alternative, il l’aurait saisie sans hésiter, mais c’était la seule chose à faire pour le bien commun. Néanmoins, nombre de partisans de la présidente déchue ont crié à un coup d’État militaire, accusant alors Slate d’outrepasser sa qualité d’amiral de la flotte et ses subordonnées d’être les armes de son oppression. Avec Coro, ils ont dû faire preuve d’une diplomatie à toute épreuve pour tempérer les ardeurs des virulents, convaincre les indécis et conserver l’adhésion de leur troupe afin de ramener, progressivement, la paix et la sérénité au sein des colons.
Cela ne s’est pas déroulé sans heurts et à cette pensée, la gorge de Julie se serre. Un millier de leurs concitoyens ont rendu l’âme durant les heures les plus sombres qu’ils ont traversées. Après avoir survécu à l’expédition spatiale… Après avoir survécu au crash du vaisseau… Après avoir survécu aux premières semaines dans ce désert hostile… Perdre la vie de cette manière montre bien à quel point l’Humanité a du mal à se défaire de ses travers. Le temps a beau passer, certaines choses ne changent jamais.
— Tu es bien silencieuse, murmure Gordon à l’oreille de Julie en lui tapotant affectueusement les doigts.
La vice-amirale se redresse sur son siège et retire une main de la taille de son compagnon pour la porter en visière.
— As-tu des regrets ? demande-t-elle soudainement.
Gordon se tourne vers elle, observe un instant ses traits fermes, marqués par le temps et les décisions difficiles qu’elle a dû prendre. Si sa détermination n’a jamais vacillé depuis qu’il la connaît, il a vu Julie se transformer depuis leur arrivée sur Grecka. Moins mesurée dans ses propos, plus prompte à foncer tête baissée même si tous les indicateurs sont au rouge, cette nouvelle facette de son bras droit et désormais compagne officielle ne lui déplaît pas. Charge à lui de veiller à ce qu’elle ne franchisse pas la ligne rouge.
— Non. Même si j’aurais aimé que certaines choses se passent différemment, je n’ai aucun regret. J’ai fait ce que j’estimais juste pour notre survie, même si c’était au détriment d’une poignée d’entre nous.
Julie ne réagit pas, les yeux toujours fixés vers l’horizon.
— Et toi, as-tu des regrets ? souffle-t-il alors en retour.
Cette fois, elle plonge son regard dans celui de son partenaire. Jamais encore il ne lui avait vu cette expression-là, et, pour la première fois, une sourde angoisse lui remue les entrailles.
— Ce sera un fardeau lourd à porter. Tu en as conscience ?
Gordon déglutit et hoche la tête. Il le sait. Ce qu’ils ont vu dans les sous-sols de Grecka, sous la carcasse de l’Odyssée, les marquera sans doute jusqu’à leur dernier souffle, mais il veut croire en l’Humanité. Il se dit, peut-être un peu naïvement, que si avec Julie et le gouvernement provisoire qu’ils ont formé ils arrivent à poser des fondations saines, alors la civilisation qu’ils s’apprêtent à former survivra à toutes les épreuves à venir.
— J’ai foi en l’Homme.
La voix de l’amiral a claqué dans le vent, forte, assurée, inébranlable. Intérieurement, un doute subsiste, mais il est de toute façon trop tard pour faire machine arrière.
— Pas toi ?
La vice-amirale reste silencieuse un moment, puis un sourire tendre et sincère creuse une fossette sur sa joue droite et dessine des pattes d’oies autour de ses yeux.
— J’ai foi en toi, alors ça ira.
Elle pousse sur ses cuisses pour se lever de son siège et vient déposer un chaste baiser sur le bas de la mâchoire de Gordon. Ce dernier glisse ses doigts dans la chevelure libre de Julie qui vole autour d’eux et ferme brièvement les yeux.
Le fardeau sera lourd, certes, sans doute même écrasant au bout d’un moment, mais ils ont fait un choix dans les entrailles de la Nekrí Zóni. Le choix de garder le silence, d’aller de l’avant, de croire que rien n’est écrit à l’avance et que l’avenir appartient à l’Humanité.
12 Októvrios 1232 ap. Agreckissage Olympie – Secteur Gamma Quelque part dans le nord du Secteur
.0.1.
Nassy me tend un plateau chargé de victuailles : une bulle d’eau aromatisée, de la gelée plus très fraîche, un fruit à moitié pourri. Je l’attrape et sors de la cuisine pour gagner les étages supérieurs. Le monte-charge grince et la grille se lève pour me céder le passage. Je traverse le couloir des prisonniers de guerre sans un regard pour les visages qui se pressent contre les vitres. C’est comme ça qu’on les appelle « les prisonniers de guerre ». Car c’est ce que nous menons : une guerre. Contre le gaspillage des ressources vitales, contre les destructeurs de ce qui nous maintient en vie, contre la folie de l’Homme.
Je finis par m’arrêter devant une geôle et appose mon index pour ouvrir la porte. Si nous portons encore tous notre sýn, ici nous le désactivons pour ne pas être localisés. Aussi tous les protocoles de sécurité sont liés à nos empreintes digitales et rétiniennes.
La pièce est sombre et froide. Le pot de chambre, relégué dans un angle, empeste. Je baisse les yeux vers le sol ; la petite silhouette, roulée en boule dans un édredon troué semble dormir. C’est notre dernier « prisonnier de guerre ». Un gamin.
Je m’accroupis et pose le plateau à mes pieds avant de tendre la main pour le secouer. Il se redresse aussitôt pour prendre ses distances avec moi. Des cheveux émergent de la couverture, puis un œil ; apeuré, méfiant, affamé. Je pousse le plateau dans sa direction et l’œil du gamin va et vient entre lui et moi. Je devine aisément son estomac se tordre de douleur à cause de la faim et sa bouche s’assécher un peu plus devant la bulle d’eau. Ça fait deux jours qu’il n’a rien bu ni mangé.
— Mange, lui ordonné-je.
Il se