L Amour en marche : Roman
111 pages
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L'Amour en marche : Roman , livre ebook

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Description

« L’Amour en marche » est à la fois un roman intimiste et un récit politique plus large, une histoire qui naît au printemps 2016, à Lyon, alors que démarre la campagne de l’élection présidentielle et qu’apparaît en pleine lumière le candidat Emmanuel Macron.
Cette relation amoureuse entre Cécile et Mathieu est d’autant plus improbable que ces deux quadragénaires n’ont aucun point commun.
Cécile, directrice d’agence bancaire, possède un tempérament de sauveuse, elle a toujours voté socialiste et soutient déjà le ministre de l’Économie devenu candidat à la surprise générale.
Mathieu est un photographe de presse locale qui vivote entre petits reportages et portraits artistiques ; il habite le sous-sol de la maison de ses parents et c’est par tradition familiale qu’il a toujours voté à droite. Son candidat, c’est François Fillon.
Toujours fauché, il se rend à la banque pour demander un prêt bancaire et il en ressortira terrassé par un coup de foudre.
« L’Amour en marche » suit de l’intérieur et au ras des militants d’« En Marche » la campagne du futur président Emmanuel Macron. Mais il explore aussi des questions essentielles telles que le sentiment amoureux, l’engagement politique, le handicap, les névroses familiales et la psychanalyse.

Informations

Publié par
Date de parution 27 avril 2021
Nombre de lectures 7
EAN13 9782312080543
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0012€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L’Amour en marche
Thierry de Cabarrus
L’Amour en marche
Roman
LES ÉDITIONS DU NET
126, rue du Landy 93400 St Ouen
Du même auteur :
Les métiers de la photo (avec Jeanne Courouble , éditions Marabout ,1982)
Le Château des autres (éditions Grasset , 1985)
Le Fou d’amour (éditions Grasset , 1987)
Châteaurama (éditions Grasset , 1989)
© Les Éditions du Net, 2021
ISBN : 978-2-312-08054-3
Je ne comprends pas ce qui m’arrive là, assise sur ce fauteuil design en plastique qui couine, je sanglote sans m’arrêter.
Je pleure, ne pleure jamais, moi la fille solide, qui rêve d’être une sauveuse.
J’aurais pu être psychiatre, sans doute, comme cette femme qui me fait face sur la même chaise design, me regarde, se tait, attend. J’aurais pu être avocate en droit de la famille, donner un sens à ma vie, je suis directrice d’agence à la Banque Agricole .
Il va me falloir du courage, Docteur , je ne veux pas rester employée de banque, refuser les demandes de crédit, sanctionner les clients les plus modestes me devient insupportable.
Un jour, quand je serai prête à renverser ma vie, je dirai au revoir à mes six collègues autour d’une coupe de champagne, recevrai en échange un carré Hermès , un cartable en cuir que je rangerai dans un coin dès que possible, je prendrai la fuite.
Je monterai mon cabinet, porterai la robe noire à rabat blanc, épitoge d’hermine, enfin en principe, quand je serai en état d’utiliser ce diplôme d’avocat qui dort, remplir ce rôle de défenseuse qui m’obsède tant. Pour l’instant, c’est moi qui pleure, demande de l’aide.
– Tu as de plus gros seins que ta mère…
Quand il est entré sans frapper dans ma chambre, qu’il a saisi la bretelle de mon soutien-gorge pour en faire claquer l’élastique, je n’ai pas réagi. J’ai juste pris mon pull sur le lit, l’ai plaqué contre ma poitrine. Je n’ai pas réussi à lui parler, lui dire de partir, me laisser m’habiller.
Il a ajouté « avec des nénés comme les tiens, va falloir que tu fasses gaffe aux garçons ».
Puis il est sorti, j’ai pu respirer.
Plus tard, j’ai repensé à cette scène, su que ce n’était pas la première fois qu’il me regardait bizarrement.
Il me fait peur car il est double. D’un côté, Pierre trompe Chantal avec ses collègues de travail, de l’autre, il paie sa dette en faisant le ménage, la vaisselle, souvent la cuisine.
J’en suis désolée, n’arrive pas à les appeler « mon père », « ma mère ». Chantal y trouve son compte, ferme les yeux sur les écarts de Pierre , pourvu qu’il assume à sa place ce travail ménager qu’elle déteste, l’éloigne de la seule personne qui compte, elle-même.
Pierre est un gros bosseur, un hyperactif. Il se lève très tôt chaque matin, commence sa journée par la musculation dans le salon, y a installé une barre fixe sur le chambranle de la porte.
De ma chambre de petite fille, je l’entends souffler, ahaner au rythme de ses flexions-extensions, chasse de mon esprit ce corps gonflé de bodybuilder qu’il aime me faire admirer parfois, entrant dans ma chambre en mini slip assez dégoûtant, l’œil halluciné à faire peur à la fillette que je suis. J’ai 13 ans.
Après la musculation, Pierre prend sa douche, s’asperge de parfum, se rend à la cuisine préparer les repas de midi et du soir avec les courses qu’il a lui-même achetées au supermarché, au sortir de son travail.
Puis , il va au bureau où il dessine des immeubles toute la journée en flirtant avec les stagiaires en architecture.
Chantal se lève autour de 11 h, s’installe devant sa coiffeuse jusqu’à midi, consent à mettre sur le feu le plat préparé par son mari. Elle a de beaux cheveux mais Pierre la trouve trop maigre.
Je la retrouve en sortant du collège, elle parle alors de choses futiles, son maquillage, ses vêtements, ses rendez-vous chez le coiffeur, l’esthéticienne.
Pierre nous rejoint, mange en silence, lance sur moi de temps en temps ces regards, ces remarques que je n’aime pas :
– T’es encore fringuée comme un garçon ! C’est quoi ce gros pull et ce jeans… Quand on est jolie comme toi, on ne se cache pas, on se montre, hein Chantal !
Jalouse , Chantal , le décolleté vide, me lance son regard noir, il m’arrive de quitter la table, très en colère.
Je ne vous ai pas parlé de la toux de Pierre , Docteur . Cette éructation m’effraie, annonce un orage. Il tousse pour rompre ce silence dans lequel il se réfugie, ressent le besoin de balancer une phrase à l’emporte-pièce, un truc définitif, par exemple, la nécessité de fermer les frontières aux étrangers, cesser de subventionner les syndicats malfaisants, en finir avec cette foutaise des 38 heures.
Il bégaie légèrement, cette difficulté d’élocution ajoutée à une surdité de naissance le rend timide, nerveux, ses brefs raclements de gorge l’encouragent, m’inquiètent, sonnent comme la trompette la charge de cavalerie.
Pierre tousse aussi quand, abandonnant la barre fixe, il annonce sa venue dans ma chambre. Je remonte alors la couverture jusqu’à mon cou, cache mes seins, le prive de l’occasion d’en vanter les qualités. Ma mère n’a pas beaucoup de poitrine.
Je crois que c’est à cause de Pierre que je n’ai jamais aimé mon corps, l’ai caché si longtemps, connu tant de difficultés avec les affaires de sexe, jusqu’à ce que je rencontre Mathieu .
Comme les hirondelles, la venue du printemps, Twitter, l’oiseau bleu annonce la prochaine candidature d’Emmanuel Macron à la présidentielle.
Après deux années passées comme secrétaire général de l’Élysée , deux autres à Bercy , ce jeune ministre de l’Économie de 38 ans vient de fonder son mouvement politique, En Marche , avec un culot qui prend de court le président, les politologues des télés tout-info, la classe politique de gauche et de droite.
En 2012, Cécile fondait de grands espoirs sur le candidat naturel de la gauche, jusqu’au scandale du Sofitel qui la laissa désemparée, en colère.
Les hommes ne pensent qu’à baiser. Ils sont violents, arrogants, dominateurs. Elle ravala sa rage et, malgré ses doutes, vota pour le joker, François Hollande.
Déçue quatre ans plus tard par l’indécision pathologique du chef de l’État, elle vient d’adhérer à En Marche.
C’est une machine de guerre destinée à prendre le pouvoir, bousculer le jeu classique, pépère, stérile des partis de droite et de gauche, lui substituer un rassemblement des bonnes volontés d’où qu’elles viennent, pourvu qu’elles soient républicaines.
En ce mois d’avril, le vent est doux dans les rues de Lyon, Mathieu marche à grands pas, les pans de son blazer lui font des ailes noires dans le courant d’air.
Il longe un grand magasin d’électro-ménager, dans la vitrine une dizaine de téléviseurs géants à écran plat, exposent en gros plan l’image animée d’Emmanuel Macron.
Il passe vite, ce n’est pas son candidat, il lui préfère François Fillon et puis, il est en retard à son rendez-vous.
Il traverse la rue, voit son image grandir dans la colonne miroir d’une parfumerie aux étagères encombrées de carafes, s’arrête un instant, histoire d’ajuster sa mise avant de rentrer dans l’agence de la Banque Agricole.
Mathieu entretient un look des années soixante-dix, ne l’a pas vraiment choisi, il porte la veste bleu-marine que son père avait achetée pour lui-même en 1972 afin d’entrer, digne et chic, dans la vie professionnelle.
On est conservateurs dans la famille, on ne passe pas son temps dans les boutiques, juste les supermarchés pour le nécessaire. Cette veste était comme neuve, Jean la retirait, repliait délicatement à l’envers avant de prendre le volant de son break Peugeot chargé de boîtes à chaussures, Mathieu a naturellement récupéré le blazer pure laine du pigeon voyageur.
Ce vêtement lui va bien, il en rehausse le rétro en l’accompagnant d’une chemise blanche, un nœud papillon à petites fleurs qui ajoute à sa dégaine un côté artiste hors du temps.
Quand il pénètre dans le sas de la Banque Agricole, place Bellecour, Cécile est en train de commenter avec Casper, le vigile, le titre de la Une de Libé consacrée à Emmanuel Macron, agrémentée d’une photo pleine page, prise de dos, du futur candidat : «

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