L Arche de Ziusudra
274 pages
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L'Arche de Ziusudra , livre ebook

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Description

Si certains romanciers font le choix d'une science-fiction spectaculaire, voire sensationnelle, Claude Yon fait quant à lui le pari d'une œuvre tout en finesse et patience, tout en interrogations et tâtonnements pour explorer ce thème majeur du genre qu'est le voyage dans le temps. Écrit au plus près des pensées de son héros – et témoin, aurait-on envie d'ajouter –, ce roman développe une fibre intimiste convaincante, qui restitue au mieux questionnements et découvertes face à l'inconnu qui s'ouvre devant Maxime Sagan. Et dans le même temps, l'auteur de dresser un panorama glaçant de notre futur proche... peut-être plus optimiste de notre futur lointain, si et seulement si les hommes prennent conscience de leurs dérives contemporaines.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 21 juin 2013
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342008487
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0082€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Arche de Ziusudra
Claude Yon
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
14, rue des Volontaires
75015 PARIS – France
Tél. : +33 (0)1 53 69 65 55
L'Arche de Ziusudra
 
 
 
Retrouvez l’auteur sur son site Internet :
http:// cyon.perso.sfr.fr
 
 
 
 
1. Un lepton nommé Garbo
 
 
 
Aujourd’hui, jeudi 3 mars 2033, je décide d’entreprendre le récit des événements qui se sont déroulés depuis quelque temps au sein du centre de recherche où je passe le plus clair de mes journées, parfois de mes nuits. Je les relate pour moi et pour mes amis, mais aussi pour ceux qui ne me connaissent pas et qui, je l’espère, s’y intéresseront pour leur valeur de témoignage.
Je m’appelle Maxime Sagan. Les travaux qui m’ont été confiés par mon entreprise, la Global Experimental & Applied Nanotechnologies (GEAN), portent sur un domaine très pointu de la physique des particules. Il s’agit de l’étude d’un nouveau lepton dont nous avons décelé l’existence il y a huit ans. Les cinéphiles qui travaillent avec nous l’ont appelé garbo , du nom de la célèbre actrice du siècle dernier réputée insaisissable et mystérieuse. Cette particule joliment nommée est, en effet, assez versatile, tantôt grégaire, tantôt solitaire, et nous avons toutes les raisons de penser qu’elle voyage dans un continuum spatio-temporel paradoxal.
J’ajoute que nos recherches succèdent à celles conduites, jadis, autour d’un remarquable outil désormais obsolète, le Large Hadron Collider (LHC), situé cent mètres sous terre près de la ville autonome de Genève, racheté pour un euro symbolique par un consortium européen qui en a fait un musée. Pour ce qui nous concerne, nous travaillons surtout avec un piégeur à particules installé à l’aiguille du Midi, dans le massif du Mont-Blanc (altitude de la plateforme 3 820 mètres), emplacement presque dépourvu de glace. Le piégeur, une parabole orientable de 25 mètres de diamètre, est relié à un nano-ordinateur très puissant équipé d’un logiciel d’analyse développé par nos ingénieurs informaticiens et implanté dans le centre de recherche de Meyrin, près de l’aéroport genevois.
Les garbos, comme je l’évoquais, ont des capacités supratemporelles. Le dire ainsi peut paraître simple mais nous avons piétiné longtemps, multiplié expériences et vérifications avant d’en acquérir la conviction. Si j’essayais de résumer ce que nous avons appris au cours de ces trois dernières années, j’indiquerais que les garbos sont identiques quant à leur taille, leur masse et leurs constituants, mais qu’ils possèdent des spectres différents selon leur source. Cela nous a beaucoup intrigués, naturellement, et nous avons concentré nos investigations sur cette propriété. Au terme d’analyses très minutieuses, nous avons pu établir que chaque type spectral porte une part de l’histoire de l’univers depuis le big bang jusqu’à nos jours, et même que certains d’entre eux, validation de cet automne, portent des marques en provenance du futur.
Forts de cette découverte inouïe, nous avons resserré nos tests sur des séquences intéressant notre propre planète, puis nous avons particulièrement regardé ce qu’elles révélaient de notre XXI e  siècle. Notre stupéfaction grandissait à mesure que nos connaissances se précisaient. Comparant nos résultats avec les relevés météorologiques de la période écoulée correspondante, le constat en matière d’élévation des températures, d’amplification de la pollution atmosphérique, d’accélération du dérèglement climatique coïncidait avec ce que décrivaient nos garbos. Quant aux marques réputées venir du futur, en revanche, elles ne pouvaient évidemment pas être authentifiées par des observations effectuées, même si l’aggravation promise était ratifiée par les prévisionnistes les moins affûtés.
Par ailleurs, un fait inattendu et spécialement indéchiffrable résidait dans le retournement radical de la situation à partir de 2075. Nos marques nous disaient que la terre allait continuer d’exister, les données géologiques le confirmaient, mais aucune d’entre elles se rapportant à l’activité humaine n’était intelligible. Les niveaux de dioxyde de carbone semblaient être retombés à ceux évalués sous l’empire romain, de même ceux du méthane ou de l’ozone. À croire que les quelque neuf milliards d’individus censés couvrir, alors, la surface du globe avaient décidé de revivre comme au temps de Jules César…
Dans le même temps, voici un peu moins de trois mois, des événements très étranges ont commencé à se manifester. Un beau matin de décembre dernier, les résultats de la nuit obtenus sur un garbo EC21 (dans notre jargon : qui porte, entre autres, des informations terrestres du XXI e  siècle) livrèrent quelque chose qui ressemblait à des gribouillages ! Deux ou trois jours plus tard, des surcharges de même nature apparurent par-dessus des informations intéressant un autre EC21, au point de rendre ces dernières inexploitables. Au cours des jours qui suivirent, les mêmes désagréments se reproduisirent plusieurs fois, jusqu’à ce que nous décidions de les traiter autrement que par l’indifférence.
Pour tout dire, ces surcharges nous embarrassaient tellement que nous n’avions pas très envie de nous en occuper. Attitude assez peu scientifique il est vrai, mais expliquée par notre curiosité à découvrir des données postérieures à notre époque et immédiatement lisibles. Un premier examen un peu attentif de ces manifestations suggérait que nous n’avions pas à faire à des « gribouillages » aléatoires mais plutôt à des formes obéissant à une intelligence. Malheureusement, leur trop petite quantité, une demi-douzaine, était insuffisante pour enquêter plus avant.
Une nouvelle moisson d’EC21 fut donc entreprise. Le piégeur fut sollicité plusieurs nuits durant et le sélecteur travailla sans relâche. Un peu à la manière des orpailleurs munis de leur batée qui ramassent beaucoup de sable pour trouver très peu de paillettes et encore moins de pépites, les machines isolèrent et analysèrent les garbos avec surcharges pour en constituer un stock suffisant et statistiquement exploitable.
Au bout de quelques jours, la récolte fut jugée satisfaisante pour arrêter le piégeur et nos chercheurs reprirent les investigations. Il apparut que les surcharges n’affectaient qu’une période assez courte : de 2066 à 2070, comme si un épisode particulier d’une durée de quatre années allait survenir, sans qu’on puisse prédire si l’épisode serait déterminant ou non. Un de nos physiciens, Thomas Keller, âgé de 26 ans, en aurait, à ce moment-là, entre 59 et 63, âge auquel, de toute évidence, il serait encore en activité.
Autant il avait été aisé de dater les surcharges, autant l’énigme qu’elles représentaient résistait à nos facultés de compréhension. Elles étaient d’une autre nature que les marques d’ordre tellurique, atmosphérique, océanique ou biologique que nous savions analyser. Certains d’entre nous estimaient qu’elles étaient des parasitages provenant d’une soudaine augmentation de la radioactivité, suggérant une guerre nucléaire. D’autres, moins pessimistes, penchaient pour des phénomènes d’éruptions solaires de grande ampleur ou des perturbations résultant de la dégradation de la couche d’ozone.
Hamid Hamdani, le patron de l’informatique, défendait, lui, l’hypothèse d’une écriture. À tout prendre, cette éventualité apparaissait comme un moindre mal. Mais dans ce cas, comment imaginer qu’une quelconque intelligence ait été capable d’inscrire quoi que ce soit sur des leptons ? Notre informaticien ne se posait pas la question et préféra consacrer son énergie à percer le mystère.
Beaucoup de physiciens de l’équipe ne soutenaient pas cette piste qui leur paraissait absurde, mais ils n’arrivaient pas à vérifier leurs théories avec les outils qui étaient les leurs, ceux de la physique. Leurs nano-spectroscopes semblaient avoir atteint leurs limites.
Hamdani, pour sa part, fut bientôt en mesure d’affirmer qu’il s’agissait effectivement d’une écriture. Un chercheur en linguistique, appelé en renfort, en identifia la langue comme étant du grec ancien fortement teinté de tournures araméennes. Personne, au centre, ne s’y connaissait en matière de langues anciennes et beaucoup étaient sceptiques quant à la validité de ces résultats. Pourquoi du grec, écrit par qui et pour quoi faire ? Ces lancinantes interrogations perdurèrent jusqu’à ce que la traduction définitive nous soit diffusée en copie sur notre intranet.
Ce fut comme de la dynamite.
 
 
 
2. Les versets leptoniques
 
 
 
Hier soir, j’ai veillé un peu trop tard pour raconter le début de mon histoire sur mon NPC, Nomad Personal Computer box, petit boîtier portable qui me sert à tout : traduire ma voix en écriture et inversement, communiquer en direct ou en différé avec des correspondants, échanger des données avec des ordinateurs, gérer mes affaires domestiques, etc., et ce matin, je ne l’ai pas entendu se manifester à l’heure du réveil. Certes, j’ai sélectionné une station qui diffuse de la musique de chambre pour être réveillé en douceur, ce qui s’avère insuffisant quand je n’ai pas mon compte de sommeil. Circonstance aggravante, Arsinoé, ma compagne, ne s’est pas occupée de moi. En fait, il y a longtemps qu’elle ne se pose plus de questions sur mon emploi du temps assez décalé avec le sien.
Je reprends donc le fil de ma rétrospective, tel que ma mémoire – et mon agenda – m’en permettent la reconstitution jour par jour.
Vendredi 28 janvier 2033
Comme prévu, le processus de la découverte des inscriptions et de leur déchiffrement a été présenté lors d’une téléconférence organisée par

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