L Empire des Mots
300 pages
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L'Empire des Mots , livre ebook

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Description

Dans un futur lointain, la possession de sources historiques fait l’objet d’un tel trafic, qu’une famille s’en est emparé pour établir un culte de la personnalité puis un empire religieux. Néanmoins, l’empire est vieillissant et multiplie les pires manipulations pour assurer sa survie... Gabriel est un détenu banal dans un campus pénitentiaire où les traitements infligés lui ont fait perdre le souvenir de son passé. Aidé du Projet Prisme, il parvient à s’évader. Mais l’aide du mystérieux groupe n’est pas gratuite : devenu objet de communication et l’homme à abattre, Gabriel devra collaborer et rencontrer les bas-fonds de l’empire pour survivre et découvrir la plus puissante arme politique jamais utilisée. Mais qu’en ferait-t-il et quel monde différent pourrait-elle servir ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 08 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334168212
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0075€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16819-9

© Edilivre, 2016
Chapitre 1 Le rapport
Dans un futur très lointain, la transmission de l’histoire est devenue le pouvoir le plus jalousement gardé par la famille impériale qui règne sur l’univers…
Un magnifique sourire se dessinait lentement sur le visage du père McAtom. Doucement, à l’aube, la caresse chaleureuse d’un rayon sur sa joue avait réveillé l’homme. Il avait aimé, ce matin, prendre son temps pour rompre ce pain à la mie encore fumante et savourer la douceur du miel produit au monastère. Au loin, les oies sauvages levaient le rideau d’un horizon qui s’éveillait peu à peu. Tandis qu’un manteau de brume dénudait la vallée, le père McAtom aimait à se blottir dans la couverture encore chaude qu’il avait posée sur ses épaules. Là, sur le plateau qui dominait les collines, le monastère offrait la plus apaisante des vues. La vie coulait dans les veines de la montagne sous la forme d’un vent léger, insaisissable et omniprésent. C’était le vent du large, venu chasser les nuages et peindre un azur dont la pureté matinale laissait présager une journée merveilleuse. La main du père, creusée par le travail des champs, oscillait au gré du vent à la manière d’une plume. Le père McAtom avait la peau bronzée par les deux soleils brûlants qui veillaient sur cette vallée. Sur son crâne dégarni, les rides et les cheveux blancs accentuaient la fatigue de son corps. Il était maigre et vêtu de haillons couleur horizon. Au chant des mésanges, il avait traversé le cloître pour s’appuyer sur la rambarde de pierre qui donnait sur la vallée. Un instant, derrière lui, le soleil levant avait donné à son ombre une dimension extraordinaire. L’instant d’une seconde, il s’était vu, lui, partout et nulle part dans la vallée. Ci et là, l’immensité verdoyante reflétait la lueur des cieux dans ces ruisseaux qui partaient vers l’inconnu et faisaient se confondre zénith et horizon.
Subitement, le vieil homme se raidit – une douleur foudroyante était apparue dans son dos. Une sensation aussi aiguë et surprenante qu’un réveil en sursaut : la lame qu’un soldat retirait lentement de son cœur tout en lui tenant fermement la mâchoire. Il n’y eut, en un instant, plus de temps ni d’espace.
Loin du père McAtom, si loin que l’on aurait pu douter qu’ils fussent dans la même vallée, la mère McAtom plongeait sa main dans l’eau pour attraper un plant de riz. Elle s’était levée bien avant les autres sœurs, bien avant les prières matinales, comme animée par une joie de vivre et ce besoin de ressentir l’odeur de la terre, la fraîcheur des rizières et la résistance des pousses de riz entre ses doigts. Il n’y avait ici que le silence des sages, celui de la chouette qui survole une dernière fois les terrasses avant le jour, celui d’une main qui saisit le fruit de la nature, sans clapotis ni vagues. Animée d’une sérénité qu’elle ne voulait pas s’expliquer, la femme avait marché pieds nus, marquant la glaise de petites empreintes. À son tour, elle vit passer les oies sauvages et il n’y eut, en l’instant d’un coup de poignard, plus de temps ni d’espace.
On disait que, de nombreuses années auparavant, une immense étoile s’était posée en ce lieu. Le choc avait donné naissance à un grand lac. Les longues crevasses qui l’entouraient étaient polies par des glaciers d’un autre temps. C’est là qu’on avait bâti les monastères impériaux. Si une chouette pouvait voler assez haut, elle verrait un soleil sculpté par la nature, rayonnant de ses mille vallées. Les monastères étaient de parfaits cubes bleus aux nombreux volets violets. Hauts de plusieurs étages, ils avaient tous la même taille. Autour du lac étoilé, aucun de ces lieux sacrés ne connaissait la mixité. On y entrait pour toujours en revêtant le bleu turquoise et en marquant chaque matin son visage d’une empreinte de main violette. C’était le signe de la clémence, celui de la main impériale qui pardonnait le péché d’une vie profane en échange du vœu de silence.
Ce matin-là, la clémence fut rompue, l’eau de la rizière frémit.
Le lendemain était un jour comme les autres, le genre de journée sans pluie ni soleil radieux, ce genre de journée que l’on oublie. Pourtant, au dernier étage d’un immense bâtiment cubique, les convives se multipliaient discrètement sur les bancs. L’amphithéâtre donnait sur une estrade derrière laquelle une verrière laissait voir un long escalier. Le marbre blanc omniprésent donnait une incroyable luminosité à la salle, simplement éclairée par la lentille du toit. Il fallait s’armer de patience et tourner, tourner encore en montant ces courtes marches, avant d’assister à la réunion qui devait se dérouler. Pour cette réunion de crise, de nombreux hauts gradés avaient fait l’effort de présence que d’usage ils dédaignaient.
Quand tout le monde fut assis, un homme visiblement déterminé prit une grande inspiration avant de s’adresser à son auditoire…
« Bonjour, je suis le lieutenant McShee. Je vous remercie d’être venus aussi vite. Le rapport que je vais vous présenter traite de la récente évasion d’un campus pénitentiaire de plusieurs détenus dont j’ai eu la surveillance. Parmi eux, Gabriel McAtom a été arrêté à l’âge de quatorze ans, en même temps que ses parents, pour contrebande d’informations religieuses. Suite à son arrestation, il a rejoint le corps des étudiants pénitentiaires. C’est ce jeune homme mince, métis aux yeux bleus », précisa-t-il en projetant son portrait sur un mur.
McShee s’interrompit, ne sachant par où commencer.
« Allons droit au but : on ne sait pas où il est, ni lui ni les milliers de sources historiques qu’il a interceptées », expliqua-t-il en essuyant la sueur qui coulait sur son front avec la manche de son uniforme.
Le lieutenant McShee était aussi immense que maigre. Derrière une épaisse monture de lunettes, son regard paniqué errait, perdu.
« Sous la torture, le père et la mère McAtom ont jadis indiqué avoir placé les sources dans leur fils. Les analyses médicales n’ont rien trouvé et aujourd’hui, pour la première fois, l’armée est réquisitionnée pour une affaire policière. Exceptionnellement, les parents McAtom avaient bénéficié d’une grâce impériale. Il y a quelques heures, le fils de l’empereur, Lorenzo, a exigé que Gabriel McAtom soit retrouvé sous quarante-huit heures. Simultanément, il a ordonné l’exécution de tout le campus pénitentiaire, personnel inclus, en dehors de quelques personnes destinées à l’interrogatoire… Messieurs, cette affaire dépasse mes attributions ainsi que mes responsabilités », balbutia-t-il.
Étonnamment, aucun officier ne voulait interrompre les révélations de cet honnête militaire, en attente d’un interrogatoire musclé dont tous devinaient l’issue.
Derrière l’orateur, les membres de l’assistance virent une colonne d’hommes vêtus de noir. Ils entraient deux par deux dans le hall du bâtiment. Le lieutenant McShee, qui tournait le dos à la scène, ne voyait rien de ce qui se tramait, aussi continua-t-il son explication…
« Les parents de Gabriel McAtom ont consenti à remplir un contrat de cession de leur enfant à l’État. Jusqu’à hier, ils ont passé le restant de leurs jours dans un monastère afin d’obtenir le pardon impérial. Gabriel n’a eu aucun contact avec eux depuis l’âge de quatorze ans. Après six années passées sous le joug des recteurs, rien ne dit qu’il se souvienne d’eux. »
McShee énuméra brièvement, glacial et absurde…
« Privations de sommeil et de nourriture, séances quotidiennes d’autocritique, récitals hebdomadaires de l’histoire sacrée et corrections à l’électricité, brûlures chimiques pour l’exemple dans les mines, travail forcé… la liste est longue. Ces mesures ont eu de sévères conséquences sur la mémoire de Gabriel… »
Les membres de l’assistance ne comprenaient pas où le lieutenant McShee voulait en venir.
« Lors de son dernier bilan, il ne savait plus ce qu’il avait fait, ce qu’il aurait aimé faire ou même ce qu’il s’était convaincu d’avoir fait. Au début, sa mémoire avait peut-être un peu plus résisté, mais comme pour tous ses camarades, les recteurs ont eu raison de lui ; du moins, c’est ce que nous croyions. »
Les soldats noirs étaient désormais assez près de l’assistance pour que celle-ci puisse distinguer les armes qu’ils tenaient en gravissant les marches d’un pas de plus en plus pressé. Au bruit des pas, le lieutenant McShee se contenta de hausser la voix pour être entendu par son auditoire…
« Mais venez-en au fait, lieutenant McShee ! Quelle est donc cette mise en scène ? Que faisons-nous là ? Qui êtes-vous ? Vous êtes un fugitif, c’est ça ? », s’écria subitement un vieux général, menaçant de quitter la pièce.
Pressé par les regards méprisants de plus en plus nombreux chez ses supérieurs, le lieutenant reprit la lecture de son rapport en feuilletant nerveusement les pages et sans comprendre que l’état-major comptait le faire parler le plus vite possible. Plus vite que ne montaient ces soldats dans l’escalier…
« Avec l’interrogatoire de Klaus Moonman, un détenu, nous savons que les évadés veulent diffuser les archives historiques volées par la famille de Gabriel McAtom.
– C’est impossible, lieutenant ! Il n’a jamais été fait mention d’un quelconque vol des archives impériales, votre rapport est erroné ! » s’insurgea maladroitement un autre gradé.
McShee ne comprenait pas cette attitude théâtrale.
« Que savent-ils, ces gamins ? Qu’est-ce que ce Gabriel McAtom leur a dit pour qu’ils le suivent ? relança un capitaine complice, avachi sur un fauteuil de cuir noir comme si le poids de ses médailles l’empêchait de rester droit.
– Ce qu’ils savent ? Il m’est impossible d’obtenir davantage d’informations des archives impér

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