L Enfant de l entre-deux rive
118 pages
Français

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L'Enfant de l'entre-deux rive , livre ebook

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Description

Samuel est pêcheur d’anguilles à l’embouchure du Rhône. Un jour d’éclipse, alors qu’il est sur son lieu de pêche, il fait naufrage. Il s’éveille sur une plage entre deux rives. Un enfant, étrange naufragé, lui apparaît et se propose de lui porter secours...
De cette rencontre s’ensuivra une quête initiatique et philosophique dans laquelle Samuel fera tour à tour la rencontre d’un alchimiste, de trois sœurs tisseuses de filets, d’un nocher et d’un fou dansant.
Enigmes, symbolisme, introspection et réflexions sur le sens de la vie ; autant de combats de l'âme que Samuel devra livrer s'il souhaite un jour pouvoir s'enfuir de l'entre-deux rive. Mais c'est de la découverte de la véritable identité et de la véritable nature de l’étrange enfant aux yeux mi-clos que dépendra son salut...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juillet 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334167642
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-16762-8

© Edilivre, 2016
Dédicace


A mes parents.
Citation


« L’œil était dans la tombe et regardait Caïn. »
Victor HUGO, La Légende des siècles.
Chapitre 1 Lux et Nox
Le radioréveil s’allume :
« Amis marins et amis pêcheurs, bonjour ! Il est 4 heures 30 et nous sommes lundi. Merci de vous réveiller avec Radio Maritime. Pour commencer la matinée, le bulletin météo d’aujourd’hui. Dans la vallée du Rhône, le temps sera clément. Vous aurez du mistral de force 3 et un ciel bleu sans nuage. Les températures varieront de 15°C le matin à 25°C pour l’après-midi. En Méditerranée, le temps sera… »
Samuel, d’un geste lent et imprécis éteint son réveil. Comme les sept jours de la semaine, il se lève, la bouche un peu pâteuse et les yeux collés. Sa femme, Marie, dort encore, la main serrant le livre sur lequel elle avait rougi ses yeux toute la nuit. Il s’agissait d’un roman policier perclus de mots scientifiques, de morts et d’illustrations de l’horreur dont l’homme est capable si souvent. Samuel, lui, ne lit pas ces livres-là. Il préfère les livres qui traitent d’histoire naturelle, de la faune, de la flore ou du monde aquatique. Les mots compliqués lui semblent superflus. La nature est belle et l’œil suffit pour la décrire. Dans son esprit, nul besoin d’être savant pour sentir le lien qui l’unit avec les éléments primordiaux. Il est par essence l’enfant de la terre, de l’eau et du ciel. Pour lui, comprendre la nature est comme réentendre sa langue maternelle que l’on n’aurait pas pratiquée depuis longtemps, une question d’écoute et de sensibilité du cœur.
Samuel s’assoit sur le rebord du lit. Il pense au travail qui l’attend sur le Rhône aujourd’hui. Il pense à ses filets qu’il doit visiter et aux anguilles qu’il espère y trouver. La pêche à l’anguille, c’est toute sa vie. Il a commencé comme matelot sur le bateau d’un vieux patron pêcheur alors qu’il n’avait que quatorze ans.
Il était issu d’une fratrie de cinq enfants de laquelle il était l’avant dernier. Il est né dans cette période d’après-guerre où la femme restait à la maison. Son père était marin, peut-être son affection pour son métier de pêcheur lui venait-elle de là ? Dans sa jeunesse il avait connu les maigres repas, le faible salaire de son père ne suffisant pas toujours à nourrir toute la famille. Il fallait donc travailler jeune pour aider les siens. C’était une autre époque, une époque où malgré la pauvreté et la précarité les gens vivaient presque heureux. Pourtant la vie était dure, mais on se satisfaisait de pas grand-chose. Ces souvenirs traversaient subrepticement son esprit. Etrange évolution du monde se disait-il. Aujourd’hui, il faut tout avoir, tout nous devient indispensable alors que si l’on y songe, nous n’en avons pas besoin.
Avec son pied droit, il cherche sa pantoufle dans l’obscurité de la chambre. Avec son pied gauche, il cherche encore. Il se met à genoux sur le carrelage froid, soulève la couverture qui pend par-dessus les pieds du lit et regarde dessous. Soudain, dans la pénombre, il aperçoit deux yeux qui brillent tels les flammes de l’Enfer se reflétant sur l’eau du Styx. Un frisson parcourt son corps. Il sait que s’il ne recule pas doucement, il risque de se frotter à la rugosité humide de l’inconnu, à ce Cerbère du dessous du lit. Mais avant de faire profil bas, il aperçoit ses charentaises que la bête garde férocement. Samuel tente une attaque de front pour récupérer son bien. Il envoie la main sur l’objet tant convoité, ses doigts le frôlent, il sent qu’il peut l’atteindre, et là ; d’une esquive habile, la bête surgit de dessous le lit. Gueule béante, elle saute au visage de Samuel, et, d’un grand coup de langue bien baveuse, Plouf, un golden retriever de trois ans, pareil à un gros nounours, lave la figure de son maître pour lui dire bonjour.
– « Oh Plouf ! Ce n’est pas possible, tu ne peux pas t’en empêcher, il faut que tu manges mes pantoufles et que tu me baves dessus ! »
Dit résigné, Samuel à son chien qui le regarde hébété.
Au même moment, Marie émerge lentement des bras de Morphée :
– « Samuel, tu ne pourrais pas jouer avec ton chien dans la cuisine, il ne me reste que deux heures à dormir avant de devoir préparer le petit déjeuner de Noëmie. Tu te souviens ? C’est sa rentrée des classes aujourd’hui, elle entre au cours préparatoire »
Samuel lui répond :
– « Ah oui, c’est vrai, j’avais oublié ! Tu lui diras que son papa lui fait plein de poutous partout et qu’il la verra quand il reviendra du pays des poissons. Maintenant rendors toi, je vais au bateau »
Samuel regarde le réveil, il est déjà 4 heures 45. Il s’habille rapidement d’un pull couleur bleu marine, forcément. Il enfile son bleu de travail pour le pantalon et une paire de sandale avec des chaussettes de laine. Il longe les murs du couloir en marchant sur la pointe des pieds pour ne pas réveiller sa fille qui dort encore. Il atteint la salle de bain.
Comme les sept matins de la semaine, il commence par se laver la figure à l’eau chaude, puis à l’eau froide pour éveiller son corps. Ensuite, il prend le rasoir de son père, le couteau que l’on aiguise sur le cuir, et sans même appliquer de mousse, il rase l’ombre de sa barbe. Le geste est lent et précis. Il sait qu’avec ce rasoir la moindre erreur et ce sont les points de sutures. Il le sait, pourtant il aime se raser ainsi. Il revoit son père faire ses gestes et quelque fois en y pensant, une larme glisse le long de sa joue pour se pourfendre sur le filet de la lame. Une fois le rituel accompli, il masse ses mains avec une crème hydratante pour soulager ses blessures quotidiennes. Ses doigts sont fissurés par le froid et par l’eau. Ses mains sont recouvertes d’une peau dure et râpeuse sur laquelle on peut reconnaître les cicatrices infligées par les mailles des filets.
Ses mains sont son outil de travail, elles sont le reflet de vingt années de labeur.
Samuel regarde sa montre, il est 5 heures. Il hâte le pas vers la cuisine.
Comme les sept matins de la semaine, il fait chauffer l’eau du thé. Il choisit le thé à la mûre, normal c’est son préféré, puis il laisse infuser, car comme d’habitude, il a laissé chauffer l’eau trop longtemps. C’est un homme qui aime que chaque matin se ressemble. Il aime que les saisons soient au rendez-vous quand vient leur tour. Il aime vivre sa vie simplement, en étant heureux du seul fait qu’un jour de plus se lève. Sa famille, c’est son luxe, il est père, c’est son bonheur. S’il avait étudié le latin, il aurait dit « carpe diem ».
En prenant son petit déjeuner, Samuel rallume la radio pour entendre à nouveau les prévisions météo de la journée. Le présentateur répète le bulletin pour la vallée du Rhône, confirme que pour la Méditerranée les conditions seront les mêmes que pour le fleuve et conclut en disant :
– « Attention cependant si vous êtes sur l’eau à 7 heures 06, nous vous rappelons qu’une éclipse du soleil est prévue. Pensez à vous protéger les yeux avec des lunettes adéquates, sinon ne la regardez pas, cela peut être dangereux pour votre vue. Mais surtout, méfiez vous des changements de marées qui pourront être soudain et de grande amplitude… »
Sur ce, Samuel coupe la radio. Il pense en lui-même qu’une éclipse lui donnera une nouvelle occasion d’admirer la grandeur et la beauté de dame nature, tout en étant sur son lieu de travail.
Il est 5 heures 15. Il est temps pour lui de partir :
– « Allez Plouf, viens. On va se promener. » Dit Samuel à son chien. Plouf trépigne d’impatience. Il sait que son maître l’emmène au port. Samuel ferme doucement la porte de la maison. Le chien l’attend déjà, assis sur le fauteuil côté passager de la vieille fourgonnette. Pour démarrer l’engin, nul besoin de clef. Un simple bouton permet de mettre le contact. La carrosserie est de couleur gris métal. Métal, non pas parce que la peinture est métallisée, mais parce que souvent, l’absence de peinture fait que l’on voit la rouille du métal. La fourgonnette a trente ans. C’était le vieux patron pêcheur qui lui avait donné quand il est parti à la retraite. Cette vieille carlingue lui rend bien des services, notamment par la place dont elle dispose pour transporter des filets volumineux. Samuel tient à cette vieille fourgonnette. Elle est un peu pour lui comme l’héritage qu’il tiendrait de ce vieil homme qu’il a souvent ressenti comme étant un père d’adoption, un mentor, un conseiller et un ami cher à son cœur.
Plouf et Samuel quittent le domicile familial, direction le port. Il ne suffit que de quelques minutes de voiture pour s’y rendre. Une fois deux stops, deux cédez le passage, et deux dos d’âne passés, les voilà tous deux sur le quai devant le bateau.
C’est un petit port comme il en existe peu sur le Rhône. Les bateaux y sont disposés en cercle, tous accostés à un ponton fait de planches de chênes centenaires. Un local de l’Amicale des Amis Rhodaniens siège à l’entrée, côté ville, et tout autour se trouvent des terrains pour s’adonner aux joies de la pétanque. A l’entrée du chenal qui mène au Rhône, un panneau rappelle :
–  Amis plaisanciers et professionnels, aimez et respectez le fleuve, car le jour où vous passerez sur l’autre rive, le fleuve s’en souviendra et il vous accueillera en ami -
Samuel fait descendre le chien de la voiture, puis ouvre les portières arrière du coffre. Il en sort une paire de cuissardes qui lui montent jusqu’à la poitrine pour rester au sec et au chaud, et un ciré qu’il se met sur le dos pour que le haut du corps reste imperméable. Il prend une chambre à air de pneu de voiture à laquelle est attachée une queue de trabac en guise de bourriche. Il y mettra les poissons

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