L Étroit rivage du cosmos
214 pages
Français

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L'Étroit rivage du cosmos , livre ebook

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Description

L’Étroit rivage du cosmos est le premier épisode d’un roman historique en trois parties ; il nous décrit l’une des multiples possibilités qui s’ouvrent pour l’humanité au cours du présent siècle. La seule certitude, c’est que l’homme continuera sa quête vers des territoires inexplorés, et qu’après la conquête des derniers espaces vierges sur la Terre, il recherchera d’autres lieux à découvrir.
En lisant ce récit, vous vivrez les premiers balbutiements de la colonisation de notre système solaire à travers l’histoire personnelle d’Eozen le Tellec.
Tous ceux qui l’accompagnent dans ce récit ne sont que quelques maillons d’une chaîne dont l’origine se perd dans nos mémoires...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 27 mai 2014
Nombre de lectures 0
EAN13 9782332728401
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-332-72838-8

© Edilivre, 2014
Chapitre Premier L’Homme de Granit et de Silence
Rennes, 19 Décembre 2042
I
I l faisait nuit depuis trois heures lorsque Eozen ferma son bureau à double tour. Il jeta un coup d’œil à travers la paroi vitrée qui séparait le corridor du laboratoire puis fila en direction du grand hall et dévala l’escalier de granit. Il remonta le col de son blouson, rajusta son écharpe et ferma les poings au fond de ses poches avant de sortir du bâtiment de recherche en génétique.
Le vent glacial lui fouetta le visage ; Eozen fronça involontairement le nez et pressa le pas pour se réchauffer. Le sol gelé résonnait sous ses pieds ; il n’y avait plus âme qui vive sur le campus depuis longtemps déjà, et le chemin lui sembla long jusqu’à son petit studio d’étudiant haut perché au sommet d’une tour. Ces quinze minutes de marche biquotidiennes lui étaient d’ordinaire agréables, mais le froid vif de cette nuit d’automne finissant le glaçait jusqu’aux os.
Il escalada au pas de course le perron de son immeuble, en composa le code d’accès sur le clavier alphanumérique encastré dans le mur carrelé de blanc puis s’engouffra dans le hall avec une précipitation qui ne lui était pas coutumière. Il prit tout juste le temps de récupérer son courrier dans sa boîte à lettres avant de pénétrer dans un ascenseur qui semblait l’attendre. Eozen détestait ces cabines feutrées à l’intérieur desquelles une musique douceâtre lui agaçait les oreilles. Il n’aimait pas ces lieux clos seulement ornés d’un miroir qui lui renvoyait son image à longueur d’ascension.
Son regard croisa son reflet lorsqu’il appuya sur le bouton du dernier étage. Eozen fit une petite grimace : il haïssait son visage qu’il jugeait repoussant. Il n’était pourtant pas particulièrement laid. Ses joues pâles et creuses trahissaient son peu de goût pour les activités de plein air, son nez à l’arête mince était trop long pour lui sembler esthétiquement correct, et ses yeux gris au regard lointain s’abritaient derrière les verres ovales de ses petites lunettes de myope à monture d’argent. Il se cachait sous le voile châtain de sa trop longue frange, et disciplinait difficilement ses cheveux trop fins en les attachant sommairement sur sa nuque en une petite queue de cheval un peu maigrichonne.
L’ascenseur s’arrêta brutalement au 28 ème étage ; Eozen tourna le dos à son image et se glissa dans le couloir qui le conduirait chez lui. Il eut tôt fait d’ouvrir sa porte et de s’enfermer chez lui, heureux de retrouver son minuscule studio. Il alluma la lumière, ôta son blouson qu’il accrocha à une patère, jeta son écharpe sur une table basse puis abandonna ses chaussures dans le petit hall avant de se diriger vers le divan qui semblait lui tendre les bras. Il s’y laissa choir avec lourdeur, s’étira comme un chat puis soupira bruyamment. Assis en tailleur, Eozen ouvrit lentement son courrier, s’empressa d’éloigner de sa vue quelques factures un peu criardes, puis ralluma son téléphone. Il passait parfois pour un dinosaure pour se couper du monde des journées entières, mais Eozen se moquait bien des critiques.
Il ne fut pas particulièrement étonné de ne pas avoir reçu le moindre appel, et c’est par pur acquit de conscience qu’il vérifia sa boîte mail. Il fut surpris d’y trouver un message très austère qu’il parcourut rapidement. Au fil de sa lecture, ses yeux s’arrondirent peu à peu et son visage prit une étrange expression d’étonnement.
– Si je m’attendais… Murmura-t-il comme pour lui-même.
Il dormit très peu, cette nuit-là. Au-dehors, le vent froid sifflait sa colère et le lourd rideau qui occultait la double porte vitrée donnant sur le balcon se gonflait par instants, témoin mobile d’une isolation défaillante. Eozen demeura longtemps éveillé, trop énervé pour parvenir à s’endormir ; il guetta des heures durant le bruit du vent sur la ville assoupie, tournant et retournant en pensée les termes du message restitué par son ordinateur. Il finit par sombrer dans le sommeil vers trois heures du matin, mais seulement pour plonger dans un univers onirique aussi perturbé qu’inimaginable dont l’improbabilité acheva de l’épuiser.
* * *
Le lendemain, Gerhart Van-t’Hausen leva un sourcil interrogateur en ne trouvant pas Eozen à son poste lorsqu’il arriva au laboratoire. Il dirigeait cette unité de recherche depuis près de dix ans, et connaissait Eozen depuis presque aussi longtemps. Van-t’Hausen gardait le souvenir amusé d’un surprenant gamin de seize ans à peine qui, un jour d’automne 2033, l’avait harcelé de questions sur ses travaux en génétiques. Eozen venait d’entrer en première année à l’Université ; il était de loin le plus jeune de tous les nouveaux inscrits, mais aussi le plus vif et le plus doué d’entre eux.
Van-t’Hausen avait alors dissimulé l’intérêt qu’il portait à son jeune disciple ; il s’était comporté très normalement avec lui, comme il l’aurait fait avec n’importe quel autre étudiant, mais en gardant un œil attentif sur lui. En près de dix ans, il n’avait jamais pu relever le moindre retard de la part d’Eozen. Lorsqu’il était encore en première année, il arrivait toujours en avance à l’amphithéâtre, et attendait patiemment le début du cours en relisant ses notes de la veille. Depuis qu’il travaillait avec Eozen, qu’il dirigeait ses recherches et l’aidait à rédiger sa thèse, Van-t’Hausen avait fini par s’habituer à le trouver à son poste le matin de très bonne heure, ainsi qu’à ne le voir quitter le laboratoire que bien après tous les autres étudiants. Même une forte grippe n’avait jamais arrêté son protégé, aussi son absence lui sembla-t-elle étrange.
Van-t’Hausen rejoignit son bureau, alluma son terminal, puis ouvrit le fichier sur lequel il travaillait depuis près d’une semaine ; il allait corriger quelques erreurs d’interprétation des données relevées la veille lorsqu’il aperçut la longue silhouette d’Eozen se glisser furtivement dans la pièce voisine. Amusé, Van-t’Hausen abandonna son ordinateur pour rejoindre son élève. Il le trouva blotti au fond de son fauteuil, pensif et lointain. Il n’avait même pas pris le temps d’ôter son blouson et semblait passablement perturbé.
Van-t’Hausen vint s’asseoir sur sa table et l’interrogea gentiment.
– Ça n’a pas l’air d’aller très fort, ce matin. Que t’arrive-t-il donc ?
– J’ai mal dormi, grogna Eozen. Et si peu que ce n’est même pas le peine d’en parler.
– Cela ne te ressemble guère, fit Van-t’Hausen. Tu es plutôt raisonnable, habituellement.
Eozen lui décocha un regard noir d’une éloquence rare.
– Il n’y a pas plus raisonnable que moi. Je crois que vous n’auriez pas dormi davantage si vous aviez reçu ceci.
Van-t’Hausen prit le téléphone que lui tendait Eozen, parcourut rapidement le message affiché à l’écran, puis regarda son élève en souriant.
– Fantastique, mon garçon ! Tu as une chance incroyable ! Profites-en !
Eozen se renfrogna au souvenir de l’engagement qu’il avait pris avec son maître de thèse. Il se demandait quelle mouche l’avait piqué le jour où il avait conclu avec lui le marché d’accepter le premier poste qu’on lui proposerait lorsqu’il aurait passé son doctorat.
– Je ne veux pas aller sur la Lune, grinça-t-il en fronçant le nez.
– Eozen, tu as promis, dit gentiment Van-t’Hausen. C’est une règle à laquelle aucun de mes étudiants n’a jamais dérogé. Tu râles, comme d’habitude, mais tu respecteras ta parole, je le sais bien.
– Cette base doit être une vraie prison, ronchonna Eozen. Je ne me suis pas crevé le tempérament à étudier pendant des années pour me retrouver incarcéré !
Van-t’Hausen se mit à rire.
– On t’offre une place en or dans le meilleur labo du monde, un salaire de ministre, et tu veux me faire croire que tu refuserais ? Tu serais stupide !
– Ce n’est pas une question d’argent ! Ça ne me dit rien, c’est tout ! Il n’y a rien à voir, là-haut ! Rien que de la poussière grise et des cailloux ! Vous parlez d’une place de rêve !
– Tu as une véritable tête de bois, s’exclama Van-t’Hausen. Tu es têtu comme…
– Un Breton pur beurre, je sais, vous me l’avez répété cent fois, l’interrompit Eozen.
Van-t’Hausen considéra son élève d’un air bienveillant. Il le connaissait trop bien pour ne pas savoir à l’avance qu’il se résignerait à honorer sa parole. Eozen possédait un trop grand sens de l’honneur pour revenir sur une promesse ; il ferait la tête pendant quelque temps, pesterait contre lui-même d’avoir été assez bête pour s’engager un peu trop vite, mais il finirait par s’envoler pour la Lune.
Il avait fallu près de dix ans à Van-t’Hausen pour lier une véritable relation d’amitié avec Eozen. Mieux que personne, il connaissait ses tourments et ses démons, et il ne fut pas particulièrement surpris de l’entendre évoquer une inévitable colère paternelle.
– Mon père va m’incendier, fit-il en jetant un regard sombre à Van-t’Hausen. Il m’a déjà maudit quand j’ai voulu vivre seul… Alors si je pars sur la Lune…
Van-t’Hausen s’interrogea un instant sur la complexité des rapports qu’Eozen entretenait avec son père. Il savait depuis longtemps qu’Erwan le Tellec ne portait pas Eozen dans son cœur, et pourtant, il y avait chez cet ancien officier une profonde volonté de garder le contrôle des activités de son fils.
Les rares confidences d’Eozen avaient permis à Van-t’Hausen de reconstituer l’histoire compliquée de sa jeune vie. Eozen avait conscience d’avoir toujours été un boulet pour son père. Peu désiré, tard venu, il avait en outre aux yeux de son père le défaut suprême d’avoir survécu à sa mère morte en lui donnant le jour. Erwan ne pouvait lui pardonner ce qu’il considérait comme un crime demeuré impuni, et jamais

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