L Homme-glaïeul
99 pages
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L'Homme-glaïeul , livre ebook

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Description

Dans un pays imaginaire, qui ressemble à s'y méprendre à l'Amérique du Sud, un enfant, Pedro, naît avec un glaïeul sur le pubis. Pendant 3 ans, le Docteur Montoyas va enquêter sur le sujet. Malgré de nombreuses lectures, des correspondances avec les plus éminents médecins du pays et les biologistes les plus renommés, Montoyas n'arrive toujours pas à expliquer scientifiquement comment une fleur avec des racines, identique en tout point à celles qui poussent en terre, prospère sur un milieu aussi peu propice que la chair d'un garçon et, qui plus est, en se passant de lumière.


Le temps passe. Plus l'enfant grandit, conscient de sa malformation, plus il se coupe du monde et se promet une destinée exceptionnelle, jusqu'au jour où son génome est décodé et exploité. Et si Pedro n'était pas le seul humain-végétal ?


À la limite du roman d'anticipation et de la fable contemporaine, L'Homme-glaïeul est une belle, profonde et originale réflexion sur l'évolution de l'espèce humaine.

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Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782374537733
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Présentation
Dans un pays imaginaire, qui ressemble à s'y méprendre à l'Amérique du Sud, un enfant, Pedro, naît avec un glaïeul sur le pubis. Pendant 3 ans, le Docteur Montoyas va enquêter sur le sujet. Malgré de nombreuses lectures, des correspondances avec les plus éminents médecins du pays et les biologistes les plus renommés, Montoyas n'arrive toujours pas à expliquer scientifiquement comment une fleur avec des racines, identique en tout point à celles qui poussent en terre, prospère sur un milieu aussi peu propice que la chair d'un garçon et, qui plus est, en se passant de lumière.
Le temps passe. Plus l'enfant grandit, conscient de sa malformation, plus il se coupe du monde et se promet une destinée exceptionnelle, jusqu'au jour où son génome est décodé et exploité. Et si Pedro n'était pas le seul humain-végétal ?
À la limite du roman d'anticipation et de la fable contemporaine, L'Homme-glaïeul est une belle, profonde et originale réflexion sur l'évolution de l'espèce humaine.


Laurent Pinori est né à Marseille en 1973. Il vit à Paris et écrit des romans.
Option Léthé , paru en 2011 chez Fayard, roman d'anticipation sociale.
Puis, En autopublication :
L'origine du monde (2015), roman d'apprentissage
Cap sur la joie (2016), roman noir
Nuit canine (2017), recueil de nouvelles
Après le monstre (2018), récit autobiographique
Mistral sanglant, Sirènes éteintes 1 (2019), roman policier
L'HOMME-GLAÏEUL
Laurent PINORI
Collection du Fou
Avitaz
1
Lorsque Pedro émergea des entrailles maternelles, les larges mains du docteur Montoyas furent son premier contact avec l’extérieur. L’accouchement avait été long et, pour finir, le docteur avait eu recours aux forceps. Il tenait le nourrisson à bout de bras quand Albertina, qui s’apprêtait à couper le cordon ombilical, poussa un petit cri. Suivant le regard de son assistante, le docteur ne fut pas long à comprendre la cause de son émoi : à côté de la charmante petite verge du nourrisson se trouvait une fleur dont les racines s’enfonçaient dans la chair. Le docteur n’étant pas homme à céder aux émotions, il coupa le cordon puis emmaillota rapidement le bébé. Sa mère, Naya, éreintée par les longues heures de travail, entendait sans vraiment comprendre les propos du praticien. Albertina, remise de sa surprise, lui donna son fils qui s’endormit épuisé sur son sein. Naya gardait le regard dans le vague, dans une zone frontalière entre le plaisir incomparable de tenir contre elle son bébé et l’inquiétude à propos de la discussion entre le docteur et son assistante ; elle avait cru les entendre parler d’une fleur, elle ne savait pas ce que cela pouvait être, peut-être un muguet, ainsi que l’on nomme ce champignon qui parasite les fesses des bébés, une affection bénigne et courante. Oui, ce devait être un muguet, elle en était convaincue à présent qu’elle percevait la sérénité d’Albertina. Si cela avait été grave, Albertina aurait été trahie par ses émotions, de même que les meilleures hôtesses de l’air, malgré leurs sourires et leurs bonbons, ne peuvent empêcher leur effroi de se communiquer aux passagers quand un réacteur de l’avion est en feu.
— Tout s’est bien passé, lui dit Albertina avec un grand sourire. Vous avez été très courageuse et votre fils est en parfaite santé.

Le docteur Montoyas sortit de la salle de travail et retourna à son bureau. Il retira sa blouse, son masque et ses gants, puis il se lava les mains dans le lavabo et s’avisa de prendre des notes comme il le faisait habituellement. En vain. Son cerveau était en ébullition. Il n’avait jamais entendu parler d’un tel cas. Incapable d’écrire, il ressortit de son bureau et retourna dans la salle de travail. Naya dormait. Albertina avait placé Pedro dans la couveuse et nettoyait les forceps ensanglantés. Le docteur dégrafa les langes de Pedro et arracha la fleur. Le bébé ne dormait plus. Il émit un sanglot très léger et Montoyas croisa son regard. Il avait les yeux de sa mère. Albertina qui s’était approchée put voir la fleur repousser aussitôt à une vitesse fulgurante et se reconstituer à l’identique.
— Ce n’est pas une tulipe, Docteur, c’est un glaïeul.
— Vous en êtes sûre ?
— Certaine.
Ce nouvel élément n’inspira rien à Montoyas, peu féru de botanique, si tant est que l’espèce de cette fleur ait pu offrir un éclairage sur la situation.
— Je vais au café, dit-il.
— Et si elle se réveille ?
— Elle peut rentrer. Dites-lui que tout va bien, que ce glaïeul est un phénomène rare mais bénin et que la fleur finit par tomber, généralement avant cinq ans. Dites-lui aussi que je passerai la voir demain matin à huit heures.
Albertina ne marqua pas la moindre surprise. Nul besoin d’inventer des histoires rassurantes à son intention, elle avait déjà digéré l’étrange événement et le considérait désormais comme un aléa de l’existence à surpasser par la force d’un seul argument : le nettoyage de la salle de travail ne se ferait pas tout seul et il était grand temps d’arrêter de se triturer les méninges. Le docteur sut apprécier cette sagesse populaire, le plus beau cadeau que Dieu puisse faire selon lui, espérant qu’en compensation du glaïeul, il en aurait gratifié le nouveau-né.
Il traversa la place pour se rendre au café. L’établissement faisait aussi office d’épicerie dans un local attenant, séparé du reste par une ouverture dans le mur et un rideau de coquillages.
Ses jambes le soutenaient à peine. Contrairement à son habitude, il ne s’accouda pas au comptoir mais s’attabla au fond de la salle où il serait plus à son aise pour reprendre ses esprits.
Bromozepa, l’inamovible maîtresse des lieux, lui apporta un grand verre de Suze et des churros.
— Comment s’est passé l’accouchement ? demanda-t-elle.
— Très bien, dit le docteur. C’est un garçon.
Bromozepa soupira.
— Elle sera plus heureuse seule avec son fils qu’avec l’autre salaud !
Le docteur acquiesça, l’esprit ailleurs. Il prit une longue gorgée de Suze et enfourna un churro. Il était très apprécié à Avitaz même si cela avait pris du temps. Originaire de Sabarés où il avait un cabinet dans les beaux quartiers et une plaque de chirurgien cardiologue, il en était parti cinq ans plus tôt pour venir s’installer dans le village d’Avitaz, à quelques kilomètres de Losario. L’arrivée d’un étranger si hautement qualifié, dans des conditions mystérieuses de surcroît, fut abondamment commentée dans le village et donna lieu à de multiples affabulations. Certains affirmaient qu’il avait été radié de l’ordre des médecins pour pratique de la chirurgie en état d’ébriété, d’autres parlaient d’adultère avec l’épouse du ministre de la santé, d’autres encore certifiaient qu’il fuyait des dettes d’argent contractées lors de paris hasardeux sur les courses de lévriers. Passé ce tumulte inhérent à la naissance des mythologies, et malgré l’absence d’explications de l’intéressé, les commérages se tassèrent, et le docteur put exercer en toute sérénité sa salvatrice profession. Les patients appréciaient la gravité profonde de sa voix, ses mains sûres et douces, la précision de ses diagnostics et l’efficacité de ses traitements.
Bromozepa était allée dans l’autre salle pour servir une cliente de l’épicerie. Dans le silence du café où il était le seul client à cette heure, Montoyas pouvait entendre une partie de leur conversation :
— Un garçon, oui.
— Et la mère ?
— Naya va bien. De belles hanches, elle n’aura pas eu de mal à le sortir.
— Oui, une très belle femme. Et le père avait de l’allure… Le fils sera joli garçon.
— De l’allure il en avait l’autre salaud, mais de l’honneur…
Le docteur n’entendit pas la suite qui fut chuchotée.
— Vous pensez bien que non, reprit la voix un ton plus haut.
— Un poulet de deux kilos environ, Bromozepa, et trois parts de ce gâteau. Ce sont bien des cacahuètes ?
— Cacahuètes et pâte feuilletée, superposition sur trois couches.
Elles rirent avec force.
— Ce n’est pas tous les jours dimanche !
Les caquètements se poursuiv

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