L horreur, à chaque heure
212 pages
Français

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L'horreur, à chaque heure , livre ebook

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Description

Science-fiction, un peu ; anticipation, beaucoup ; fantastique, passionnément ; terreur, à la folie...
Ce recueil vous guidera sur les traces du passé de l'auteur en égrenant les heures d'autant de textes aux inspirations variées, susurrés par une muse volubile. Cette muse nostalgique y a reformulé certains fantasmes de son adolescence et nous les livre dans l'intimité de ces pages.


Lecteurs, rapprochez-vous de moi avec les pétales « j'aime » et « pas du tout » pour exprimer vos préférences sur ces nouvelles.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 février 2016
Nombre de lectures 1
EAN13 9782334074834
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-07481-0

© Edilivre, 2016
Dédicace


À mes bêtalecteurs,
compagnons artistiques
de mes heures inspirées.
Avant-propos
Avec « L’horreur, à chaque heure » , je tenais à ce que vous profitiez d’un condensé de nouvelles dont la rédaction s’est étalée tout au long de mes 25 premières années d’écriture.
« Dentiste » et « Carine » datent du début des années 90 alors que j’étais au lycée et que mes lectures recouvraient un panel d’auteurs d’épouvante à succès de l’époque. « Le créateur » patienta quelques années de plus, cette nouvelle détonne un peu dans ce recueil, mais j’avais envie de l’inclure parce que j’en eus l’idée en un éclair un dimanche matin pendant le petit déjeuner assis face à mon père. L’écriture de la première moitié m’accapara une journée, et je la terminais dans la semaine. Autant dire que pour l’époque, ce texte acquit très vite sa maturité, en quelque sorte, le 13 ème à la douzaine de ce recueil.
J’ai tendance à laisser mûrir mes textes, je les conçois pendant des jours, les pense, les torture, les repense, les rejoue indéfiniment jusqu’à ce que je me sente prêt à les poser sur une feuille ou un clavier. « Astéroïdes » en est une parodique caricature. Commencée 15 ans auparavant, elle a attendu la fin d’année 2007 pour se clôturer. Et encore, le résultat n’est pas à la mesure des espoirs que j’y avais placés à l’origine.
« La révolte de Gaïa » , « Un sens neuf » , « Les détrousseurs d’éternité » et « Les toilettes des poules » m’ont été inspirées par des sujets d’appel à texte sans sélection ; à part « La révolte de Gaïa » prise sur le tard par la revue Nouveau Monde, mais dont j’ai gardé les droits. Ces textes, plus récents, marquent un virage dans mes talents d’écrivain avec un travail plus pointu en termes de développement du scénario, d’implications philosophiques ou de qualité. Malgré tout, elles ont profité d’une période où je disposais du temps nécessaire à la rédaction de nouvelles en plus de mes romans.
Vient ensuite un ensemble de quatre nouvelles liées par un fil conducteur commun dont les titres s’enchaînent pour former un ensemble cohérent décrivant la progression d’une seule et même histoire. « Les montagnards marchent » , « Marche, vers le destin » , « Destin d’un paradis introuvable » et « Le paradis des âmes » représentent le quart d’un projet de recueil fantastique à quatre auteurs dans quatre univers et de quatre genres différents (épouvante, anticipation-fiction, polar et heroic fantasy) une quadrichromie qui devait être le titre de ce recueil inabouti.
Les toilettes des poules
Aujourd’hui adulte, je me souviens avec plaisir de mes vacances estivales chez ma grand-mère et plus particulièrement de ce matin, l’année de mes huit ans…
* * *
De l’autre côté de la cloison qui me séparait du jardin, la pluie fine détrempait les larges feuilles des hortensias plus grands que moi. La Normandie en juillet recevait sa dose d’humidité ; nous oublierions la plage pour la journée à venir. Je comptais sur mon cousin Francis pour nous inventer des activités : jeux de cartes, mille bornes, batailles navales et quatre cents coups dans le petit village de pêcheurs transformé en station balnéaire pour l’été. Mais pour le moment, alors que l’aurore ne pointait pas le bout de son nez, je me tortillais dans mon lit trop mou sous cet écrasant édredon.
Je ne dormais pas, je ne dormirai plus. Une envie d’aller aux toilettes me torturait et je retenais cette grosse commission dans le dérisoire espoir qu’elle passe. La peur me clouait au lit dans cet appentis, extension en pierre de taille de la bâtisse principale, parce que je craignais de me rendre aux toilettes au fond du jardin.
C’était la première année que mon oncle Lucien, le jumeau de mon père bien qu’ils ne se ressemblassent en rien, ne m’accompagnait pas chez ma grand-mère. Dans le lit contigu vide, le doux ronflement de mon tonton Lulu ne me berçait pas, n’éloignait plus les menaces de la nuit dans cette maison humide et froide.
Mon oncle ne monterait pas la garde dans l’embrasure de la porte, ouvrant le passage du faisceau de sa lampe torche. Les années passées, je m’enhardissais à traverser toute la longueur de ce jardin envahi par les silhouettes fantomatiques des buissons de cassissiers, des framboisiers et des groseilliers à maquereau, des boules fleuries d’hortensias, des grappes de clochettes violacées de fuchsias et des vases opalescents d’arums à hauteur de mon torse. Toutes ces plantes secouées par la brise m’effrayaient plus que je n’aurais su l’avouer, mais je faisais mon fier-à-bras pour ne pas décevoir mon tonton.
Ma grand-mère couchait dans la pièce principale, chauffée par un vieux poêle à charbon. Sa surdité rendait caduques mes chances de la réveiller et je m’en serais voulu tant elle éprouvait de difficultés à déplacer ses cent dix kilos. Je rongeais mon frein. La nuit encore noire susurrait des écoulements liquides pendant que mes boyaux se tortillaient de spasmes désagréables.
Même en journée, ce jardin à la verdure exubérante, aux fleurs immenses et colorées, me mettait mal à l’aise. Comment aurais-je alors réuni assez de courage pour le traverser en pleine nuit jusqu’aux toilettes contiguës du poulailler aux animaux gloussants ?
Afin de détourner mon esprit de l’urgence, je rêvais de ce grand-père que je n’avais jamais connu. Décédé avant le premier anniversaire de mon père au début de la Seconde Guerre mondiale, je n’imaginais plus rien à son propos. Ma grand-mère et ma tante (demi-sœur cadette de mon père) avaient laissé entendre qu’il n’avait légué aucun bon souvenir ; sans s’étaler plus. Mon grand-père s’était éteint ici, quarante ans plus tôt, mal aimé de tous et cette maigre oraison m’avait mortifié.
À chaque jour de vacances, je cherchais une résurgence physique de cet homme dans la bâtisse, en vain. Je fouillais les placards, l’abri au fond du jardin, les combles et les lieux oubliés, dans l’espoir déçu de dénicher un trésor qui aurait traversé le temps. Peine perdue, rien ne subsistait, pas même une simple évocation dans la mémoire de mon géniteur. Il ne tarissait pourtant pas d’éloges sur son beau-père : Désiré, dont il avait supporté le paisible et triste alcoolisme. Mes boyaux se tordirent une fois de plus et je serrai les fesses.
Après tant de tergiversations et un peu de sommeil, le matin piqua les vitrages dépolis de mon appentis d’une douce grisaille pluvieuse. Avec les premiers chants fluets des oiseaux, je levai mon séant. Mes chaussons accueillirent mes orteils refroidis. Mon pyjama se rajusta sur mon corps dressé et frissonnant. J’enfilai mon blouson anthracite de toile imperméable usée avant d’avancer à petits pas sur le sol aux carreaux de terre cuite mal joints vers la porte. Mes doigts se rétractèrent un instant au contact de la poignée métallique glaciale.
Au travers de la vitre sale, j’apercevais le jardin plongé dans l’obscurité. Une demi-heure aurait suffi pour l’éclairer malgré le couvert nuageux qui déversait cette bruine tenace typique de la côte du Cotentin. Et dire que mon père se souvenait, enfant, d’avoir assisté en juin 1944, prostré au fond de ce même jardin, au débarquement des alliés sur les plages toutes proches d’Omaha et d’Utah.
Je n’en pouvais plus d’attendre et la commission approchait de l’instant fatidique où mon colon ne la retiendrait plus. J’ouvris la porte et l’humide fraîcheur immobile me saisit à la gorge. Les gouttes chuintaient dans la pénombre. La végétation luxuriante dégoulinait de toutes parts.
J’allumai l’appentis et des flaques de lumière repoussèrent les ténèbres avec l’étrange faculté de rendre la nuit plus profonde au-delà de leurs limites. Un frisson de crainte me parcourut et je manquai de me salir. Concentré pour garder les fesses jointes, je m’avançais en traînant la savate sur l’allée inégale de cailloux jetés là pour la matérialiser.
Un demi-pas de plus et je quittais la sécurité de la lumière. Mon cœur battait la chamade et soudain, tétanisé, il bondit dans ma gorge lorsque le coq chanta à tue-tête de l’autre côté des toilettes. Les ombres grises des nombreuses plantes aux fleurs abondantes diffusaient la chiche luminosité matinale. Le chef du poulailler ne s’y trompait pas non plus et l’accueillait sans fioritures.
Je m’avançais, poussé en avant par une impérieuse nécessité dans cet environnement que j’avais toujours jugé étouffant. La nuit, dans le secret de mon imagination, ce jardin de ville s’emplissait de monstres grotesques, tapis sous les frondaisons basses empesées de parfums capiteux. Les buissons attiraient les morts telles des sirènes odorantes pour les échouer dans l’humus sombre, trop riche pour être honnête, où ils plongeaient leurs racines.
J’arrivai à destination, tremblant, à l’affût des bruits feutrés des poules en train de s’éveiller. Ces bêtes me terrorisaient depuis mes trois ans lorsque je revins de mon premier passage aux toilettes de ma grand-mère en fanfaronnant sur les « toilettes des poules », expression qui s’enracina dans le giron familial. Une simple cloison de bois tapissée de journaux séparait le petit coin réduit à un trou dans une planche, des gallinacés caquetants. Je ne saurais dire ce que mon imagination fertile imaginait en ce lieu de solitude, mais la proximité de ces animaux me dérangeait au plus haut point.
Je poussai le verrou et la porte s’ouvrit lorsque le chant du coq retentit une nouvelle fois. Les larmes aux yeux, sans refermer derrière moi, j’empoignai la ceinture de mon pyjama et me retournai en baissant le pantalon pour viser au jugé le trou dans la planche où je déposerais mes selles trop longtemps reten

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