L Øneïdå
194 pages
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L'Øneïdå , livre ebook

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Description


Dans la cité de Ciprice, au cœur du royaume de Riwalenn, quatre jeunes Désignés vont devoir affronter leur destin. Leilani, garce notoire, Ceylan, sans-don et les jumeaux orphelins, passent ensemble les trois épreuves qui leur permettront de devenir Initiés.



Tout devient plus difficile, lorsqu'un étranger, secrètement obsédé par l'Øneïdå, l'Élu de la Prophétie, vient les perturber.



Pour l'étranger, l'Élu est à Ciprice. Il n'y a pas de doute, la cité semble protégée par une magie qu'il n'a croisée nulle part ailleurs. Mais la prophétie suscite quête et curiosité autant au royaume de Riwalenn que dans l'empire voisin, Catwallon. Ces deux nations, régulièrement en conflit au cours des âges, ont récemment conclu un traité de paix...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 décembre 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9791070001653
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

L'Øneïdå
 
-Livre I-
Les Miroirs-Portes
 
Créé et écrit par : A. Y. Gebleux
Illustré par : Edouard Noisette et Jean-Marie Brodu
 
 
 
 
 
 
 
© 2019 Nanachi
Edité par : Nanachi, La Rabatelière, France
ISBN : 979-10-7000-165-3
Dépôt légal 12-2019
 


 
 
I
 
Colomban Lullaby : "Les dieux déversent leur colère sur les hommes qui ont oublié" – Royaume de Riwalenn, Ama, Capitale
 
 
Je n'étais qu'un petit garçon quand c'est arrivé mais pourtant ma mémoire est aussi fraîche que si cela c'était passé la semaine dernière. C'était le jour tant attendu de mon premier cours "de cheval". C'est comme ça que je parlais de mes premières leçons d'équitation, qui, je l'espérais, me conduiraient plus tard à commander la garde royale. J'étais tout excité en me dirigeant vers les écuries. Je courais et sautais depuis ma chambre, en passant par les cours intérieures, sur le petit pont et le chemin pavé que ma nourrice avait fini par arrêter de vouloir faire de moi un prince modèle. J'avais été un enfant et rien qu'un enfant durant ces quelques minutes.
On m'avait déjà emmené me promener de ce côté et j'avais, à de nombreuses reprises, caressé le museau ou le flanc de l'un ou l'autre des chevaux royaux mais je n'étais encore jamais monté. Les gardes faisaient cela avec tant de prestance et de grâce malgré leur armure puissante ou l'étendard qu'ils tenaient que j'espérais bien me montrer à la hauteur.
Ma nourrice me laissa aux bons soins de mon précepteur Louison Nam. Son premier conseil ne fut pas le plus rassurant de tous ceux que j'ai pu entendre dans ma vie.
"Nul besoin de magie pour être un bon cavalier".
 
La magie pour moi, même à l'âge de quatre ans, semblait être un atout en toute occasion. Elle facilitait la vie, comblait mes désirs et je n'imaginais pas qu'on puisse faire sans. Mais ce précepteur allait m'apprendre des choses bien plus importantes pour le futur. Des valeurs qui m'étaient encore inconnues à ce moment-là : le goût de l'effort, le courage et la notion de sacrifice. Une nouvelle sorte de liberté s'ouvrait à moi, loin des conventions habituelles du palais de mon oncle, le roi.
 
Après plusieurs semaines de sortie, d'abord en poney, puis en double poney, mon précepteur avait jugé que j'étais tout à fait apte à monter mon premier cheval. Je buvais ses paroles et tout ce qu'il m'avait appris, je le connaissais sur le bout des doigts. Sortir du Palais Blanc était un privilège, même s'il ne s'agissait que d'aller dans les jardins. Mais je le chérissais, me disant que mieux je saurais faire et plus on me laisserait chevaucher sur ces impressionnantes mais si douces montures. Je rêvais alors de sortir de l'enceinte de la forteresse pour cavaler dans les plaines et les bois. Cependant, je me gardai bien d'en dire mot de peur qu'on abrège mes leçons sur-le-champ.
Alors qu'on m'avait enfin hissé sur la selle de celui qui allait devenir mon meilleur allié, et que nous en étions tout juste à faire quelques pas dans les jardins, le ciel s'obscurcit brusquement. Des nuages de suie, plus noirs que les immenses cheminées de notre salle de bal, s'amoncelaient au-dessus de nos têtes, dans un vent qui balayait ma royale chevelure. En ce qui m'avait semblé ne durer que quelques minutes, on ne distinguait plus rien dans les allées. Le vent se mit à souffler violemment entre les arbres centenaires du parc, nous fouettant de rafales de feuilles au passage.
Soudain, un éclair de feu jaillit du ciel et frappa un grand cèdre à quelques dizaines de mètres de nous. Le bruit déchirant qui accompagna cette clarté aveuglante me pétrifia. Mes mains se tendirent sur les rennes et mon cheval, aussi effrayé que je l'étais, se cabra d'un seul geste et me propulsa à terre. Mon précepteur tenta de le retenir mais le cheval fou s'enfonça malgré tout dans les ténèbres épaisses. Louison Nam se précipita vers moi. Je tentais de retenir mes larmes mais la peur s'emparait de moi. Peur qu'on ne me laisse plus monter à cause de mon erreur, peur de m'être fait mal, de ne jamais retrouver mon cheval et enfin de l'orage qui grondait.
— Tout va bien se passer, petit prince, me dit-il de sa voix franche et posée. Il m'aida à me relever puis me porta dans ses bras puissants. Pour lui, je ne pesais rien. Ma nourrice, elle, faisait un gémissement affreux à chaque fois qu'elle devait me soulever de terre. Louison Nam faisait de son mieux pour garder son calme mais je sentais une précipitation inhabituelle dans ses gestes et dans ses pas. Pourtant, ma peur se calma, mais maintenant que l'émotion passait, la douleur de la chute se ravivait. J'essayai de me sentir aussi courageux qu'il me le montrait et ne dit rien. Louison me ramenait vers le château, tout allait bien se passer.
On n'y voyait pas à un mètre. Les nuages avaient complètement obscurci l'horizon et le vent nous piquait les yeux de la poussière qu'il charriait. Un deuxième éclair s'abattit non loin. L'arbre se fracassa sous son pouvoir destructeur. Je me cramponnais à la veste de mon précepteur comme si ma vie en dépendait. Je sais aujourd'hui, que d'une certaine manière, ma vie en dépendait. Machinalement je me mis à compter les secondes en attendant le tonnerre comme on m'avait appris à le faire pour savoir si l'orage était proche. Et il aurait dû l'être car la foudre était déjà tombée dans le parc, nous en étions témoins. Pourtant, le tonnerre ne gronda qu'après une minute. Cette tempête défiait les lois élémentaires de la nature qu'on m'avait enseignées. Le vent hurlait dans mes oreilles et l'homme qui me serrait fort, essayant de me protéger du mieux qu'il pouvait de ses larges bras, avait du mal à me tenir dans les pans de son pardessus. Son âge avancé et la nuit qui nous enveloppait, n'aidaient pas à rejoindre l'abri sûr que constituait pour nous la forteresse avec la hâte que nous aurions voulu. Seules les lumières venant de l'intérieur du Palais Blanc le guidait. Par intermittence, je l'entendais étouffer un cri, il s'arrêtait une seconde, ses muscles convulsaient frénétiquement puis nous repartions.
Quand nous arrivâmes enfin devant les portes, on ne nous ouvrit pas sans mal car la force du vent jouait contre les gardiens qui poussaient. La bourrasque s'engouffra dans le château comme un invité malfaisant. Les candélabres s'éteignirent en une fraction de seconde et nombre d'objets se jetèrent sur le sol à son passage. Le marbre résonnait des dégâts causés.
 
Une fois dans les murs - portes fermées - je pus finalement distinguer le visage de mon sauveur. On avait rallumé les chandelles d'un claquement de doigt mais leurs lueurs blafardes lui peignaient une triste mine. Louison Nam saignait des nombreuses griffures infligées par la tempête. Les déchirures de son manteau m'apprenaient qu'il n'avait sûrement pas suivi le chemin mais que nous étions passés par des fourrés et des ronces pour rentrer. On aurait même dit qu'il boitait. Le vent, dans sa force invisible, lui avait envoyé plus que des feuilles et de la poussière. Des branches mortes et peut-être même des rondins de bois coupés lui avaient barré la route.
Je ne m'étais pas rendu compte de la bravoure extrême qu'il lui avait fallu pour me protéger. C'est plusieurs heures plus tard que j'aperçus les premiers dégâts visibles de l'ouragan. À la lumière des éclairs qui bombardaient, je vis l'état du jardin royal. Des branchages jonchaient le sol, les arbres les plus fragiles avaient été arrachés, le tout s'animant sous l'effet des rafales de vent comme un décor de théâtre d'ombres. Même vu de l'intérieur, c'était effrayant.
 
Ma nourrice se précipita alors vers moi en courant. Comme si j'étais celui qui avait le plus besoin d'aide. Moi, dont les seules égratignures provenaient de la chute de cheval. Elle m'entoura d'une grosse couverture et me prit dans ses bras à son tour avec un empressement qui manquait cruellement de délicatesse. Je gémis cette fois par mécontentement plus que par douleur. Elle m'emmena sans plus tarder dans ma chambre, m'allongea sur le lit et alla chercher le médecin. Je m'en sortais avec des hématomes et une clavicule cassée qui fut guérie aussi vite qu'elle s'était cassée. Je retrouvais, non sans mécontentement, l'univers empreint de magie de mon quotidien princier. Mais une chose me tourmentait et me tourmente encore dans certains rêves.
Je n'ai même pas remercié l'homme qui avait pris tous ces risques pour me ramener. Je n'en ai jamais eu l'occasion. Je suppose que Louison Nam a été remercié par quelqu'un d'autre que moi et par là même renvoyé, puisque je ne l'ai jamais revu au palais.
La tempête continua de cogner pendant qu'on m'examinait des pieds à la tête. Le vent ne cessait de hurler le lendemain encore, puis le surlendemain toujours. Et ce, pendant des semaines, avec la même intensité. À cette obscurité si tenace s'ajouta une pluie battante quand les éclairs et le tonnerre semblaient enfin s'éteindre. Mon sommeil en pâtissait beaucoup. Le bruit du tonnerre puis finalement celui de la pluie frappant les carreaux devenait plus insupportable de jours en jours. Rester enfermé dans le château me rendait nerveux. C'est en vrai petit prince que je déambulais dans les couloirs sombres, sans me préoccuper de l'heure qu'il pouvait être, décoiffé et vêtu de mon pyjama.
 
À hauteur de la salle du trône, j'entendis de grands éclats de voix. Mon oncle, le roi Amastan Lullaby "le Bon" était en train de crier après je-ne-savais-qui. D'où je me situai, je ne pouvais rien voir sans dévoiler ma présence. Notre souverain, au tempérament d'ordinaire si calme et réfléchi, semblait dans une colère peu commune. Je ne l'avais encore jamais entendu élever la voix de cette manière. Je me cachai donc derrière un épais rideau de velours mordoré car ma curiosité prit le dessus sur la peur d'être découvert.
— Avons-nous des nouvelles des messagers ? s'enquérait mon oncle.
— Aucune pour le moment Sire, répondait l'intendant.
— Mais ils devra

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