La Faille
79 pages
Français

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Description

Qumran : Un jeune journaliste rencontre, à bord de la station spatiale Qumran, le dernier des Vénérables, qui souhaite transmettre à la Terre, tout juste sortie d’un effroyable conflit un ultime message de paix.


Saving Charly : la suite et fin de « L’Astrogate », nouvelle parue dans le recueil La Vague. Charly et Howie seront-ils enfin réunis ?


Les Brouteurs : D’étranges créatures, semblables à des nuages, viennent brouter la pollution de la Terre. Mais ceux qui semblent d’abord se présenter comme des sauveurs, pourraient bien conduire la vie sur la planète au bord de l’extinction.


Traquées : deux survivantes de la race presque éteinte des Alaviliens tentent d’échapper à leurs persécuteurs et trouvent refuge à bord d’un vaisseau silhaire.


Les Suzerains : découvrez le compte rendu d’un interrogatoire qui pourrait vous donner froid dans le dos.


Que doit-on croire ? Les plus folles rumeurs peuvent donner naissance à un formidable espoir de liberté.


La Faille : un dépit amoureux a donné naissance à un conflit galactique dont l’humanité ne sortira pas indemne. Les Valkyries sont lâchées. Tremblez, mortels !


Une octave de réalité : Julien Pinson, qui sera publié chez Voy’el en 2013, est l’auteur invité de ce recueil. Sa nouvelle traite de manière originale du paradoxe du chat de Schrödinger, à travers le récit d’une bataille époustouflante.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 3
EAN13 9782364751446
Langue Français
Poids de l'ouvrage 1 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0030€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Q UMRAN
 
 
Cette nouvelle est déjà parue dans un webzine québécois, au début des années 2000. Puis elle a été publiée par Éons, en conclusion du roman du regretté Alain Le Bussy, Norrika des Nukks. Enfin, elle m’a permis d’intervenir auprès d’une classe de lycée professionnel d’Amiens, où j’ai pu leur parler de mon travail d’auteur et leur prouver que « les écrivains n’étaient pas que des gens morts » pour reprendre les propos du collègue qui m’avait invitée.
Ce texte fait partie de ceux où je m’interroge sur ce que l’Homme ferait d’une longévité considérablement accrue, voire de l’immortalité. Et vous verrez que j’ai encore cédé à la tentation de faire intervenir mon ami Victor (Hugo) dont les poèmes conviennent si bien, à mon goût, aux récits de science-fiction. Elle fait un peu écho à la nouvelle parue dans le précédent recueil La Vague . Le texte s’intitule « En quête d’éternité. »
 
***
 
 La petite station orbitale tournait dans sa course folle en émettant de temps à autre des petits bips à destination de la planète bleue qu’elle survolait. Le Koros était en approche et alluma ses fusées pour positionner convenablement son sas à la hauteur du dôme d’ouverture. À bord, le jeune journaliste Christian Omark rassemblait les notes qu’il avait parcourues durant le voyage depuis Cap Canaveral. Il avait l’occasion unique de rencontrer le dernier Vénérable encore en vie.
On appelait ainsi la douzaine de personnes qui s’était lancée dans une aventure extraordinaire cent quinze ans plus tôt : il s’agissait de magnats de la finance gagnés par une sorte de mysticisme qui les avait menés jusqu’à leur retraite céleste. L’expérience avait été entamée à la fin du troisième millénaire, à une époque gagnée par ce que l’on avait appelé le « millénarisme. » Chris avait dû faire des recherches poussées dans la Bibliothèque Centrale pour comprendre la signification de ce terme, tant il était étranger à sa société. Les peurs et les archaïsmes de pensées qu’il y avait découverts l’avaient profondément choqué, mais cela lui avait surtout permis de saisir les motivations des Vénérables. Ils avaient cherché à se retirer d’un monde balafré par la douleur et livré à des maux sans nom, mais aussi capable de toutes sortes d’espoirs que lui-même ne se serait pas senti capable d’assumer. C’était avant la Grande Retraite, lorsque l’Homme avait dû renoncer à la Conquête Spatiale, après le terrible incident qui avait coûté la vie des membres d’une expédition en route pour Jupiter.
Peu après, la Terre, boursouflée par des crises internes qui avaient mené au conflit opposant le Nord et le Sud, avait abandonné dans le ciel les colons de Mars, les scientifiques de la base avancée lunaire et les missions habitées dans l’espace. Omark savait qu’il était un privilégié et que cette interview représentait plus qu’une simple rencontre, c’était aussi un espoir pour des milliers de jeunes comme lui qui se prenaient à rêver des étoiles.
 
 Le vaisseau fit une légère embardée et le journaliste entendit le capitaine pousser un juron. Chris s’empressa de finir de ranger ses affaires. La station orbitale Qumran occupait à présent tout son champ de vision. Il dut faire un effort pour ne pas se laisser aller à des réactions de « provincial » : bouche ouverte et yeux écarquillés. L’équipage s’était assez moqué de lui, même si c’était gentiment. Il se rappelait, au moment où ils s’étaient trouvés en apesanteur, la façon dont l’hôtesse – se déplaçant avec grâce, malgré les crampons magnétiques à ses chaussures – était venue le gronder doucement, parce qu’il n’avait pas bien attaché sa ceinture. Elle l’avait surpris le nez scotché au hublot, dévorant du regard cette gigantesque boule bleue dont il avait réussi à s’extirper. Il chassa cette pensée et se plongea dans la contemplation de l’étrange ballet de la manœuvre d’approche.
Que représentait une station orbitale comme Qumran ? Déjà, elle ne payait pas de mine : c’était un simple cylindre tapissé de panneaux solaires. Elle ne ressemblait cependant en rien à ce que les nations du début du troisième millénaire avaient lancé dans l’espace. Ils étaient passés près de la première station internationale en sortant de l’atmosphère : ce n’était plus qu’un fantôme de métal qu’on tentait tant bien que mal de remettre en service, en attendant de nouveaux crédits permettant de faire mieux. Quant à son prédécesseur, Mir, il n’en demeurait que quelques photos dans les bases de données de la Bibliothèque Centrale. Qumran , c’était autre chose : fruit d’une avancée technologique qu’on n’avait pas réussi à rattraper, c’était en quelque sorte un mythe que les anciens avaient gardé pour les générations qui pourraient survivre au dernier choc mondial.
C’était à la fois un morceau d’Histoire et un pan de l’avenir. Songer que ces Vénérables avaient tourné pendant plus d’un siècle là-haut, le remplissait d’une sorte d’effroi. Qui découvrirait-il derrière le panneau d’accès de la station : un sage à la barbe blanche ou un pauvre hère rongé par la folie ? Chris essaya de reprendre le contrôle de sa respiration. Le copilote venait de lui lancer un regard de biais. Un bruit sourd leur indiqua qu’ils venaient de se coupler à la station. L’hôtesse réapparut pour l’avertir qu’il devait passer dans le second compartiment afin de revêtir sa combinaison. Avec des gestes très lents – la hâte n’était pas bonne conseillère dans l’espace et il s’était déjà fait plusieurs bleus –, Omark se détacha et rejoignit la jeune femme en flottant. Le Koros était le premier vaisseau de ligne affrété par une compagnie privée – Omark se demandait encore comment son patron avait réussi à lui obtenir un billet pour ce voyage. Voici quatre ans qu’il ravitaillait Qumran , mais lorsque Chris avait interrogé l’équipage sur le Vénérable, ils avaient été incapables de lui répondre, sinon pour lui dire qu’ils se contentaient de “déposer les colis au pas de la porte.” Depuis combien de temps le Reclus n’avait-il pas vu un humain en chair et en os ? Il avait été incapable de retrouver la date du dernier décès... Un frisson lui parcourut l’échine.
 Le masque sur le nez lui bouchait la vue et les gants rendaient difficile la manipulation de la commande d’ouverture. Son esprit se mit à spéculer sur le fait qu’une mince couche de métal le séparait du vide et qu’une simple poussière cosmique pouvait l’envoyer ad Patres. Le capitaine était venu lui faire ses dernières recommandations. Le Koros se détacherait dès que le sas se refermerait derrière lui. Il se placerait sous la station durant trois heures, « au cas où », avant d’adopter une trajectoire lui permettant de rejoindre un satellite qui avait besoin de quelques réparations. On viendrait le rechercher dans trois jours. C’était cette dernière nouvelle qui l’angoissait le plus. Il fit un nouvel effort pour chasser ces pensées lugubres. Il était un reporter de l’extrême et comme le proclamait la devise de son journal : « Rien d’impossible ! » Il se força à sourire derrière son masque à l’hôtesse en combinaison bleue qui moulait parfaitement ses formes. Une pensée incongrue vint encore frapper son esprit : c’était peut-être la dernière personne de sexe féminin qu’il voyait de sa vie. Son orgueil lui souffla qu’il devait se montrer brave.
 Le sas s’ouvrit avec une espèce de chuintement. Une lumière filtrait de l’autre côté. Avec l’aide de son accompagnatrice, Chris tira sur la poignée. Il n’y avait personne de l’autre côté. Il poussa son sac dans l’ouverture, puis se contorsionna pour le rejoindre. Le visage de l’hôtesse apparut. Elle lui fit un petit signe de la tête, glissant un rapide regard à l’intérieur. L’Honorable n’était pas encore là. Omark vit de la déception teindre les jolis yeux verts de la jeune femme, puis il n’y eut plus que le métal de la porte. Au bout de quelques secondes, un voyant rouge au-dessus de sa tête passa au vert et il sut qu’il pouvait retirer son masque. Il le fit avec soulagement. Une étrange odeur de cannelle lui chatouilla alors les narines. Il sursauta : il se serait plutôt attendu à l’odeur sèche de l’air trop souvent recyclé. Poussant toujours son bagage devant lui, il rampa à travers le conduit, jusqu’à arriver à un nouveau sas. Il soupira et commença à faire basculer le levier d’ouverture, à plat ventre sur son sac. Durant cet étrange exercice, il se demanda si le Vénérable, étant donné son grand âge, se livrait encore à ce genre de contorsions. Un dernier cran. Le sas s’ouvrit. De la musique. Une voix lança un : « Entrez ! » tonique, mélodieux, surprenant. Avec un geste fataliste, Chris poussa son sac devant lui. Son corps disparut entièrement dans l’ouverture. Le sas se referma avec un claquement sec.
  Quand il leva le nez de l’horizon étroit de son bagage, Chris rencontra le regard noir et profond d’une femme. Elle flottait à quelques centimètres de lui avec une grâce envoûtante. Le journaliste cilla : à première vue, il ne lui donnait pas plus d’une quarantaine d’année, les cheveux noirs tirés en arrière, le visage d’ébène, d’un bel ovale, les traits fins. Il se demanda un instant s’il ne rêvait pas : à la place de l’Ancien à la barbe blanche, il se trouvait nez à nez avec une beauté africaine respirant la santé. Il secoua la tête, incrédule.
« Eh bien ! Jeune homme, il semblerait que ce soit une surprise. À quoi vous attendiez-vous donc : Mathusalem, Noé ou Abraham ?
— Je..., balbutia-t-il en s’extirpant de derrière son sac, ne pensais pas que vous étiez une femme.
— Cela tombe pourtant sous le sens : la nature a accordé au sexe faible une plus grande longévité. Allons, suivez-moi. » 
Elle fit volte-face et glissa harmonieusement à travers un étroit conduit. Chris ne savait plus quoi dire, aussi décida-t-il de garder le silence. Ils pénétrèrent dans une vaste pièce ovale : une partie de la paroi était tapissée d’écrans vidéo. La femme prit place dans un fauteuil et lui indiqua un second siège.
« J’ai gagné de la place en ôtant les sièges de mes compagnons,

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