Le Damné
187 pages
Français

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Le Damné , livre ebook

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Description

La lignée des vampires est en danger.


Carbone, Deniel, Annie et tous les autres vont devoir faire face aux erreurs du passé. Hélas, même unis, ils ne sont pas de taille pour repousser une puissance occulte surgie du fond des âges.


Le projet millénaire du Clan Tarran survivra-t-il à la tempête qui fait rage ?

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Publié par
Nombre de lectures 9
EAN13 9782369763079
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Page de Titre Mentions légales Le Damné Remerciements
Table des matières
K.Sangil
Le Damné
3. Le Clan Tarran
Dirigé par Anne Ledieu Collection Lune Ténébreuse Fantastique
Mentions légales
©2018 K.Sangil. Illustration:©2018 Nathy. Édité par Lune-Écarlate 66 rue Gustave Flaubert 03100 Montluçon, France. Tous droits réser vés dans tous pays. ISBN 978-2-36976-307-9. Le code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute repré sentation ou représentation intégrale ou partielle faite par quelques procédés que ce soi t, sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit, est illicite et constitue u ne contrefaçon au terme des articles L,122,-5 et L,335-2 et suivant du code la propriété intellectuelle.
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҉҉҉
22 juin
҉҉҉
Dans quelques jours, nous serons à nouveau tous ras semblés à Verkhoyansk. Cette réunion familiale me pousse à reprendre mon c ahier et à noter mes impressions, un peu comme un bilan annuel de ma vie. Je chéris c e clan aussi fort que ma propre famille. Tous ses membres me portent et me procuren t un réel plaisir à vivre en expatriée. En leur compagnie, j’ai le sentiment de me sentir chez moi en tous lieux. Des créatures universelles, voilà ce qu’elles sont à mes yeux. Partout chez elles et nulle part à la fois. Trouveront-elles véritablemen t leur place en ce monde, un jour ?
Je n’ai jamais osé poser cette question durant nos moments tendres avec Deniel. Peut-être que je crains la réponse de ce qui m’est apparu dans ma vision. J’aimerais y croire autant qu’eux, ne pas les regarder se démene r jour après jour pour un rêve utopique… Je ne sais pas pourquoi j’éprouve tant de nostalgie, aujourd’hui. Est-ce parce que je les sens totalement heureux pour la pr emière fois ? Qu’ils attendent de plus en plus l’avènement que provoqueront les enfan ts d’Irine et Thomas ? Tous les membres du clan d’Anton et d’Ivane couvent les troi s petits du regard, aussi fiers que s’il s’agissait de leur propre progéniture. Ils leu r transmettent leur savoir, les éveillent sur une multitude de sujets, nourrissent leur âme, font d’eux la relève de demain, leur espoir. Même à l’étranger, les autres clans adopten t une attitude similaire, comme un instinct primaire et génétique. C’est fascinant ! U ne solidarité sans frontières. C’est ce qui me touche le plus et que j’aimerais partager da ns mes écrits. L’espoir ne connaît pas de limites, il ne possède que les barrières de ceux qui ne veulent pas voir ni croire en l’autre.
Si les douze enfants peuvent arriver à unir un peu plus les peuples, ils auront déjà déplacé des montagnes. Ces créatures ne sont pas si différentes de nous, humains. Au contraire, elles n’oublient pas les erreurs du p assé et s’améliorent à travers l’expérience. Elles prônent des valeurs centrales à mes yeux et à mon cœur. Elles osent agir, même s’il faut se sacrifier pour avance r. J’espère de toute mon âme qu’elles changeront notre indifférence et notre égo centrisme ataviques, et que rien ne viendra ternir ce rose bonbon qu’apportent les enfa nts dans nos vies.
Bon, je vais arrêter d’écrire. Je voulais retranscrire ma joie, et elle se transforme en doute, ce n’est pas le jour !
҉҉҉
L’approche du mois de juillet apportait une relativ e douceur en Sibérie. La tradition voulait qu’à cette période, Anton commande une toil e à Carbone pour immortaliser la famille. Ce petit rituel devenait l’occasion de se retrouver une fois de plus en dehors des anniversaires et des fêtes de fin d’année. Irin e affichait joyeusement le prochain terme de sa deuxième grossesse et les premiers trip lés devenaient plus ou moins
gérables, maintenant qu’ils atteignaient les trois ans. Le thermomètre oscillait entre dix-huit et vingt-trois degrés, ce qui poussait les enf ants à s’élancer à l’extérieur dès le premier rayon de soleil, même si les averses persis taient encore.
Maja ainsi que Carbone étaient arrivés la veille au soir de Paris pour séjourner chez Deniel, dans une demeure construite à quelques cent aines de mètres de celle d’Anton et tout aussi proche de celle de sa sœur.
Annie, Irine et Thomas s’étaient rapidement adapté à la rigueur des lieux. Bien qu’éloignés de tout, ils possédaient d’autres riche sses, comme celle de profiter des aurores boréales qui s’emparaient du ciel par temps clair, de piquer une tête dans le lac à toutes heures, d’écrire et lire au calme ou e ncore de savourer les rires des enfants quand ils ne passaient pas des heures à jou er de la guimbarde. La population considérait généralement cet instrument comme unifi cateur des peuples de toutes races et de toutes confessions, un moyen de communi quer et d’échanger des secrets, mais placez-en une entre les mains de trois diablot ins, et vous ne penserez plus la même chose ! Carbone en avait fait les frais dès so n arrivée. Les deux garçons n’avaient pas cessé un instant, alors que leur sœur menait l’orchestre de sa baguette imaginaire.
Ici, nul jeu électronique, les triplés vivaient dan s la simplicité. Nés dans la débrouillardise, amateurs de jeux de société et de cartes, amoureux des randonnées et du grand air, ils profitaient de chaque seconde que leur offrait la nature. Toutefois, à Paris, ils se métamorphosaient en petits citadins e n un rien de temps. Ils flirtaient avec la technologie, comme s’ils en usaient tous les jou rs, revêtaient indifféremment leurs deux peaux, passant de l’une à l’autre sans conflit et se nourrissaient de pâtisseries ou jeûnaient comme les vampires. Un mode de vie ancré dans leurs gènes et respecté par chacun. Aussi curieux que leur mère, très éveillés pour leur jeune âge, ils ne gardaient pas leur langue dans leur poche pour autant.
À l’aube, Maja accompagna Annie jusqu’à la demeure d’Irine. Celle-ci les attendait devant le porche sous le balconnet, une citronnade à la main. La construction, relativement récente, semblait pourtant faire corps avec le paysage depuis des siècles. Le bois s’affichait bruni par le temps, les fenêtre s décorées de sculptures en dentelles blanches et bleues évoquaient l’architecture du pay s, et le toit d’une rare beauté laissait admiratif : plat et entouré d’une barrière blanche, il servait de gigantesque terrasse. Dans chaque angle, des pointes remontaien t en triangle, le tout chapeauté d’une coupole typiquement russe dans les tons gris- bleu. Les lieux respiraient la sérénité. Étonnée, Maja s’enquit de la raison de ce silence.
— Où sont passés les petits monstres ?
— Ils sont partis aider Carbone lorsqu’ils ont vu s es préparatifs.
Les femmes se regardèrent, ne pouvant s’empêcher d’ afficher un sourire amusé.
— Le pauvre, lâcha Annie dans un rire.
Maja acquiesça.
— Je crois que je vais rester un peu plus, alors !
— Entre, je vais te faire visiter notre nouvelle ve rrière. Thomas l’a dessinée, et le clan a concrétisé mon rêve. Une vraie merveille ! J ’avais besoin de verdure, parce qu’ici, la neige dure vraiment trop longtemps.
La visite s’éternisa par une tasse de thé et des bi scuits pour Annie, un verre d’eau-de-vie de seigle pour Maja. Pendant ce temps, sur l ’étendue herbeuse, le faussaire s’appliquait à créer une harmonie entre des chaises de différentes tailles pour maintenir une hiérarchie entre le Patriarche et son fils, le nouveau Prince. Carbone attribuait des tâches aux trois enfants, afin qu’il s ne désorganisent pas trop les sièges prévus pour la séance de peinture imminente. Il rem it de l’ordre dans une rangée.
— Adrian ! Nicolas ! Allez me chercher vos doudous, on les installera aussi pour la pose. Cathya, tu peux… Cathya ? Euh… Dites, les garçons, où se trouve votre sœur?
Les jumeaux haussèrent les épaules et filèrent en d irection de la maison pour revenir en possession de leur bien le plus précieux . Carbone détailla leurs peluches : Nicolas, aussi soigneux que son jumeau se montrait négligent, tenait un ours crocheté à la main ; Adrian, quant à lui, serrait dans ses b ras un cerf rapiécé en de nombreux endroits.
— Parfait ! Tu peux t’asseoir ici, et toi, à deux c haises de ton frère. Vos parents se placeront au centre. Vous n’avez toujours pas vu vo tre sœur ?
— Elle coupe.
— Elle coupe ! Elle coupe quoi ?
Une légère frayeur germa en Carbone quand Adrian im ita le ciseau avec ses doigts et les passa sur sa tête d’un large geste.
— T’as vu « Loulou » ?
Nicolas agitait en vain son ours brun devant Carbon e. Le regard focalisé sur leur demeure, le vampire s’élança sans prendre la peine de répondre. En chemin, il croisa Marc, accompagné de Vanjea, et leur cria un vague « installez-vous, j’arrive ! ». Même s’il redoutait une bêtise de la part de Cathya, il s’efforçait de ne pas paraître affolé. Lorsqu’il atteignit le pas de la porte, il se tut p our écouter les bruits environnants. Il ne percevait aucun battement de cœur. Si la fillette s e trouvait là, elle n’agissait pas en mode humain. Pour éviter de passer à côté d’une pos sibilité, il monta à l’étage s’en assurer. C’est le son des ciseaux qui l’arrêta net devant la salle de bain. Il cogna doucement contre la porte, pour ne pas la surprendr e plus que nécessaire, et appuya dans la foulée sur la poignée.
La pointe des pieds sur un escabeau, Cathya lui jet a en pâture ses beaux yeux bleus, des mèches de cheveux couleur miel éparpillé es tout autour d’elle. Entre soulagement et agacement, Carbone entra dans la piè ce et referma derrière lui. Il modéra le ton de sa voix pour la rendre la plus cal me possible.
— Qu’est-ce que tu fais, ma puce ?
— Surprise pour maman.
— C’est parce que je t’ai raconté que maman était t oute belle avec sa nouvelle coupe courte que tu fais ça ?
Cathya hocha la tête en guise d’affirmation.
— Tu sais, je disais ça comme ça, pour être poli. M ais les cheveux longs lui allaient très bien aussi. C’est la chaleur de ces derniers j ours et sa grossesse qui l’ont décidée. Tu n’es pas obligée de l’imiter. Les cheveux longs te vont super bien.
Carbone s’avança, récupéra les ciseaux acérés des p etits doigts et prit le temps de constater les dégâts : elle avait déjà découpé la m oitié gauche, tranchant aux épaules sa chevelure. La fillette ne disait rien, dans l’attente du verdict pour choisir entre sourire et pleurs. Carbone la rassura.
— Bon, c’est du joli travail. Si tu veux, j’égalise de l’autre côté.
Lorsqu’elle hocha à nouveau la tête, il empoigna ce qui restait des longueurs, lui offrit un sourire de façade — se demandant comment la famille accueillerait sa nouvelle coupe — et apposa les lames des ciseaux co ntre sa nuque.
— Tonton ? Ça va ?
De la sueur perla subitement aux tempes de Carbone, un brouillard traversa ses pupilles. La nausée le saisit à la gorge. Il vacill a et se reprit quand Cathya cria de surprise lorsqu’il lui tira involontairement les ch eveux.
— Pardon ! Oui, ça va.
Il essuya le front moite de sa paume et replaça les ciseaux correctement avant de trancher d’un mouvement sec. Cathya s’admira dans l e miroir et s’extasia. Elle sauta en bas de l’escabeau pour entamer une danse qu’elle seule parvenait à réaliser, gesticulant en tous sens. De son côté, Carbone n’en menait pas large. Il se sentait aussi mal qu’après un shoot au temps de sa période humaine. Il jeta les ciseaux dans le lavabo et enfouit la mèche dans sa poche. À deux , ils débarrassèrent le sol des touffes restantes. Encore accroupi, il posa sa main sur l’épaule de la fillette pour lui chuchoter sa demande.
— On va garder tout ça comme un secret entre nous d eux. Je ne dis pas que tu as trompé ta maman en montant ici en mode vampire, et tu ne racontes pas que je t’ai tiré les cheveux avant de les couper. D’accord ?
Ravie de détenir un secret avec son oncle, Cathya a ccepta. Tous deux reprirent le chemin vers la séance de pose où les convives patie ntaient déjà assis à leur place. Avant de les avoir en visuel, Carbone contacta ment alement Maja, de sorte que cette dernière prépare les parents de la fillette à sa no uvelle coupe. L’accueil fut donc à la mesure de la surprise : paisible. La fillette s’ins talla avec fierté sur les genoux de son père, et le peintre se positionna dans l’ombre de s on chevalet. Il saisit sa palette et composa les différentes teintes. Caché derrière ses préparatifs, il s’efforçait de mettre toutes ses questions de côté pour ne rien dévoiler de son trouble. Accompagné de son éternel sourire suffisant accroché aux lèvres — cel ui qui le sortait des pires situations tant il irritait les gens qui, du coup, préféraient l’ignorer —, il se redressa pour les observer. D’abord dans leur ensemble, puis séparéme nt, l’un après l’autre, gravant leur pose en sa mémoire. Tout le monde retenait son souf fle, visages figés, scène pétrifiée d’un fragment de quotidien.
— C’est parfait, merci ! cria Carbone, les chassant par la même occasion de sa zone de création.
Habitués à ses manières singulières, tous les convi ves s’éloignèrent sans émettre un reproche. Ils en profitèrent plutôt pour demande r des détails sur la nouvelle coupe de la jeune fille et la raison de son acte.
Ce n’est pas bien grave, elle aurait pu faire pire.
Avant qu’elle ne parte, les paroles de Maja s’infil trèrent dans l’esprit de Carbone. Il lui offrit un sourire apaisé. Après un signe de mai n, elle le laissa à son art. Il commença par barbouiller grossièrement des ombres sur la toi le. Lorsque les environs retrouvèrent la quiétude, il déposa la palette sur le sol. Accroupi, la tête entre les mains, il s’efforçait de trouver une raison à son m al-être. Les cheveux de Cathya ? Qu’avait-il contracté pour ressentir pareille insta bilité, les doigts gourds et la tête cotonneuse ? Indécis, il choisit de se replonger da ns sa toile. La peinture l’appelait, la peinture le soulagerait.
Il œuvra six heures durant avant de s’octroyer une première pause.
*
* *
Mis à part Carbone, tout le monde se retrouva au re pas de midi à la table de Deniel. Marc s’était donné à cœur joie en cuisine, confecti onnant de nombreuses variétés de salades pour les humains et plusieurs carpaccios po ur les clans. Même Annie eut le droit de s’atteler aux fourneaux à ses côtés ! Pour l’occasion, elle prépara un Medovik en dessert. Cela lui avait pris pas mal de temps et plusieurs essais avant d’atteindre la perfection. Selon les dires des goûteurs de la fami lle Tacet — plus particulièrement Irine et ses deux garçons —, il serait inadmissible de ne pas la déguster traditionnellement en juillet. Thomas avait entérin é leur suggestion et Annie avait cédé avec joie à cette nouvelle règle. Elle proposait do nc une tarte raffinée, typiquement russe, constituée d’un biscuit parfumé au miel de s arrasin, de confiture de lait et de Smetana, une crème épaisse rendue aigre. Six couche s de ses trois composantes apportaient une texture et des arômes affirmés. La pâtisserie faisait désormais l’unanimité à la table. Faussement vexé par ce succ ès, Marc l’interrogea.
— Qui t’a donné cette recette ?
— Jelena, la poissonnière du marché. Elle assure qu ’il n’y a pas meilleure pâtisserie que celle-là, même au Café Poushkin.
— Tu n’es pas allée vérifieruasur place ? Deniel deviendrait-il pingre ? s’offusq Bréven en se gaussant par avance de la réaction de son ami.
— Je l’aurais bien emmenée, mais Madame écrit et ne peut pas lâcher son ordinateur jusqu’au point final du premier jet !
Tous rirent face à son air dépité. Cette remarque titilla la curiosité de Maja.
— Sur quel roman travailles-tu ?
— La Petite Suisse ! devança Irine avec des yeux ém erveillés de gamine. Annie nous fait découvrir les montagnes dorées de l’Altaï , un coin sauvage, riche en légendes et en contes de fées. Elle nous emmène au point le plus élevé de la Sibérie et au lac Teletskoïe, c’est tout simplement sublime !
Maja dévisagea tour à tour la femme enceinte et la romancière. Cette dernière se sentit obligée de s’expliquer.
— Irine est ma bêta-lectrice… Oui, j’ai succombé à son harcèlement. Il n’est jamais bon de frustrer une femme dans son état !
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