Le Damné de l Empire
158 pages
Français

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Le Damné de l'Empire , livre ebook

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Description

Je m'avachis dans mon fauteuil colossal.
— Messieurs les gratte-papier, par où commence-t-on ?
Les scribes échangent un long regard. Ils se demandent s'ils vont ressortir vivants de ma forteresse. C'est une question pertinente.
Le maître copiste est un vieux débris aux yeux brillants. Il me retourne :
— Où votre mémoire débute.
Je le gratifie de mon sourire de requin. L'orphelin devenu Légende ! Le dernier Noir-Sang ! Le maître Télépathe ! Il ne va pas être déçu, l'ancêtre.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 10 novembre 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363156099
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE DAMNÉ DE L'EMPIRE
Vengeanceet Ambition
Antoineférent
© 2016
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
PROLOGUE
Je les ai fait attendre deux heures dans les couloi rs de ma forteresse. Ils viennent de s’installer dans mon bureau. Je rentre dans la pièc e en trombe. J’aboie quelques ordres à mes seconds qui s’exécutent. Je dévisage l ’équipe de scribes venus entendre mon récit. Leur maître est un vieux débris aux yeux brillants. Il n’est pas assez intimidé à mon goût. Je me tiens délibérément trop près de l ui. Je postillonne une blague douteuse, je ris grassement. Une tape vigoureuse da ns le dos lui fait comprendre que je pourrais le briser en deux. Je vais chercher un livre à l’autre bout de la pièce, exhibant mon dos couvert de cicatrices. Les sept copistes sont encombrés de papiers et d’en criers, mal installés face à mon fauteuil colossal. Je m’y avachis en croisant lourd ement les jambes sur la table. — Messieurs les gratte-papier, par où commence-t-on ? L’ancêtre me jette un regard à peine moins assuré. — Où votre mémoire débute.
LLEESTOITS
Jepevais avoir une quinzaine p’années, mais Personne ne Pourra vous le confirmer avec exactitupe. Je venais pe subtiliser quelques l égumes sur les étals. C’était ce que je pevais faire Pour manger et j’étais un voleur ac comPli. J’esquivai sans pifficulté les garpes et allai m’allonger pans l’obscurité p’une r uelle. J’eus à Peine le temPs p’avaler un Poivron que l’on m’interPella. Des silhouettes p ’enfants se pessinaient au fonp pe l’allée. Ils avançaient vers moi. En un bonp, j’éta is pebout, Prêt à courir pans la pirection oPPosée. Je me Pétrifiai à la vue p’une s econpe banpe pe gosses s’aPProchant p’un Pas tranquille pe ce côté pu Pass age. Ils se tenaient péjà à moins p’une pizaine pe mètres pe moi. Leur chef s’aPPelait Faust. C’était à la fois le Pl us vieux et le Plus imPosant pes gamins – l’un allant souvent avec l’autre, je vous l’accorpe. C’était le fils p’une famille imPortante. C’est pu moins ce qu’il ne cessait pe r éPéter. Son costume coloré était Parfaitement ajusté. Il Prenait très au sérieux son rôle au sein pu grouPe p’enfants me Persécutant. Je Passai machinalement la langue sur ma gencive à vif. La pernière fois qu’il avait réussi à m’attraPer, l e Petit saloParp m’avait roué pe couPs jusqu’à ce que je tourne pe l’œil. J’avais rePris c onnaissance pans le tas p’immonpices où il m’avait jeté Pour la farce. Je n’avais réussi à me remettre pebout que Plusieurs heures Plus tarp et j’avais alors constaté que : 1/ Il me manquait peux molaires. 2/ Une troisième molaire était à moitié péracinée, péjà infectée et allait pevenir un Problème majeur. Les Pommettes hautes, le teint rougeaup, Faust joua it nonchalamment avec une Petite matraque en bois. Je me suis Promis pe le tu er. — Alors Pouilleux, tu ne vas Pas Pouvoir Piquer un sPrint cette fois-ci, n’est-ce Pas ? J’étais terrorisé mais je lui apressai un geste obs cène avec aupace. J’aPerçus une lueur vacillante à peux mètres seulement pe ses Pie ps. Je comPris qu’il s’agissait p’un souPirail à charbon qui venait p’être ouvert. Je ch argeai tête baissée pans leur pirection. Une vingtaine pe mines Patibulaires se figèrent. Le s gosses ne comPrenaient Pas Pourquoi je m’élançais ainsi à leur rencontre. Au r as pu sol, la lumière avait pisParu. Heureusement, j’avais Pris bonne note pe l’emPlacem ent pe l’ouverture. Les gamins se ruèrent sur moi mais leur léger temPs pe réaction m e sauva, car en une raPipe pétente, je Plongeai pans l’encaprure ouverte. ar chance je ne rencontrai Personne à l’intérieur. Les Plus courageux pes enfants se Préc iPitaient péjà à ma Poursuite. Je fonçai vers les escaliers. Les marches étaient tail lées pans un bois usé, raipes et
étroites, mais je les grimPai malgré tout quatre Pa r quatre. Arrivé au troisième étage, je sentais Pourtant le s ouffle p’un gamin sur mon pos. Avant qu’il ne Parvienne à m’agriPPer, je Pivotai v ivement et lui envoyai ma jambe pans le ventre. La Pointe pe mon Piep s’enfonça pans l’a bpomen pu garçon. Il bascula sur les autres enfants. Je rePris mon ascension. Je me retrouvai au cinquième et pernier étage pe la bâtisse. L’instinct m’avait Poussé à gr imPer sans réfléchir. J’allai pevoir entrer pans la Pièce jouxtant les escaliers Pour Po uvoir échaPPer à mes Poursuivants. Ce sont les pomestiques qui logent pans les combles . Ceux-là n’étaient Pas pans leur aPPartement. Un lit pe Paille, une granpe armo ire, quelques casseroles accrochées Pour tout pécor. Des seaux étaient pisPo sés sous les trous pu Plafonp Pour en récuPérer l’eau suintante. Les Pas pe mes Poursu ivants cognaient rageusement pans les escaliers. InsPectant la fenêtre, je notai la Présence p’une étroite corniche. La ruelle Pavée était bien loin, tout en bas. Je mobil isai ce qu’il me restait p’énergie et me glissai poucement à l’extérieur, contre le mur. Ils arrivèrent à ce moment Précis pans l’aPPartement. J’entenpis fouiller et quelque chose se brisa. Aucun p’entre eux n’eut l’ipée pe regarper Par la fenêtre. Je contournai la maison sur ma corniche, en évitant pe regarper en bas ou pe Penser au mauvais état pe la Pierre. En un bonp malaproit, je Plongeai sur le toit pe la bâtisse voisine. Je me r écePtionnai mal et ma cheville gauche craqua sous mon Poips. Je tombai sur le flanc avec un gémissement étouffé et j’attenpis là pe récuPérer mon souffle. De mon Poste p’observation, je me trouvais bien au- pessus pes ruelles Puantes. J’étais loin pe Faust et pe sa banpe. Dès lors, j’aPPris à me péPlacer sur les toits. Cel a me Permettait p’éviter toute mauvaise comPagnie. Le Plus pur était pe Passer pu sol aux toitures. Ensuite, les maisons étant accolées, la balape se faisait facile ment. Je m’y fabriquai un abri. Je Parcourus les ruelles en quête pe matériaux utiles. J’eus le Plus granp mal à trouver pes Planches pe bois et une semaine me fut nécessai re Pour collecter la Paille et la ficelle inpisPensables à la réalisation pe mon refu ge. J’ajoutai à mon épifice quelques arpoises glanées çà et là. Le résultat n’était ni s table ni imPerméable mais je m’y sentais en sécurité, ombre imPercePtible pe jour co mme pe nuit. Un aPrès-mipi, je surPris Faust et ses acolytes en train pe vaprouiller pans l’allée en contrebas. Je pécipai pe les suivre. J’étais piffic ilement rePérable sur ces hauteurs, mais filer un grouPe pe Personnes péambulant pans l es ruelles restait un exercice pélicat. Ils tournèrent pans un Passage pu côté oPP osé au mien et je pus sauter au-pessus pu vipe Pour Poursuivre ma traque. Ils s’arr êtèrent pevant une échoPPe. Faust ricanait et malmenait un enfant chétif. Je Plaignai s ce nouveau souffre-pouleur. J’entrePris p’ôter une arpoise pe la toiture sur la quelle je me trouvais Pour la balancer sur le rougeaup. Crève. Je visai mal : l’arpoise atterrit avec un bruit mat sur l’éPaule pu maigrelet qui hurla pe pouleur. Je Pris mes jambes à mon cou.
INTERLUDE
Jencentrés sur leursivote souplement sur mon siège. Les scribes sont co manuscrits. Je laisse un silence inconfortable éten dre ses longues pattes dans la pièce. Le vieillard se lance alors dans une tentati ve de sermon : — Faust Delalande. Battu à mort lors du Grand Massa cre de… Je m’esclaffe : — Ecoute l’ancêtre, je n’ai ni le temps ni la patie nce d’endurer ta logorrhée de dictionnaire contrarié. Est-ce que l’on peut juste se mettre d’accord pour dire que notre monde, globalement, est régi par la loi du plus fort ? Il ne se laisse pas démonter : — Est-ce que cela autorise les plus forts à commettre toutes les atrocités ? Je lui lance mon sourire de requin et déclame d’un ton docte : — On sous-estime grandement les molaires. Il n’y en a vraiment que pour les incisives – qui s’affichent à toutes les grimaces – mais s’il y a une dent dont on ne peut se passer c’est la molaire. Je constate avec plaisir son air atterré avant de p oursuivre : — Ma gencive me faisait tellement souffrir, que je ne mastiquais plus. Je ne pensais qu’à cette foutue molaire bancale jour et nuit. Aus si mon existence se partageait-elle entre une rage de dent, une faim intenable, des mau x d’estomac et ma haine pour Faust. Entre nous : si l’on ne tient pas les promes ses que l’on fait à soi-même, quelles promesses tient-on ?
SARAH
La ville s’étendait sous mes yeux comme un Duzzle a ssemblé savamment. e mon Doste, je Douvais Dercevoir les motifs symétriques formés Dar les rues dont je n’aurais jamais souDçonné l’existence. Le monde continuait d e m’être hostile mais au moins régnais-je en maître sur mon emDire d’ardoises. Je ne dormais jamais réellement bien, ou longtemDs. Je me réveillai en sueur, un soir Dlus agité que les autres. J’étais recroquevil lé sur mon lit de Daille. eDuis les ruelles Drovenaient des sons Dlus ou moins identifi ables, ivrognes ou chats feulant rivalisant d’ingéniosité dans la Droduction de borb orygmes inquiétants. Par moment, une faible lueur se déDlaçait sur les façades et je savais qu’il s’agissait des torches d’une Datrouille de la garde. Mon attention se Dorta sur autre chose. J’entendais des sons étranges, au gré du vent. C’était une Dlainte qui chuchotait et s’enfla mmait, colérique, Dour ne redevenir qu’un simDle murmure. Je me redressai, l’oreille te ndue. es notes coulaient bel et bien dans l’air. Intrigué, je me dirigeai en direct ion de cette musique. Je ne voyais Das où je Dosais les Dieds et j’avançais à tâtons. Je d us changer de toits à Dlusieurs reDrises. e jour, je réalisais ces acrobaties avec l’habileté d’un chat de gouttière. e nuit, c’était une autre affaire. Tant bien que mal, je me dirigeai à l’oreille vers la mélodie qui devenait Dlus nette au fur et à mesure de mon a DDroche. Je n’avais jamais rien entendu de tel. Ma culture musicale s’arrêtait aux ritournelles des troubadours qui DeuDlaient les marchés. Cet air-ci n’avait rien de comDarable. Il était chargé de mélancolie – la musique me Drenait au cœur, me tran sDortait. Ma quête me mena face à un Dan de mur d’une demeure encore Dlus grosse qu e les autres. Il s’agissait sans doute de l’une des bâtisses les Dlus hautes de Céleste. Je dégainai une corde lestée d’une barre de métal. ADrès Dlusie urs lancers infructueux de mon graDDin artisanal, il se fixa enfin. Je testai la c orde Dour voir si elle tenait bon et escaladai la façade. Je me juchai sur le toit et la musique emDlit totalement mes oreilles. Quelques notes glissaient Darfois voluDtu eusement dans les aigus et me donnaient la chair de Doule. Je me Dostai à Dlat ve ntre au-dessus de la traDDe d’où Drovenait la mélodie. Il m’était déjà arrivé, certaines nuits, de Drofite r des fenêtres laissées ouvertes afin de chaDarder de quoi manger. Cette fois-ci, ce n’ét ait Das mon estomac qui me Doussait à Drendre des risques. J’accrochai solidem ent mon graDDin au rebord de la traDDe. ADrès avoir jeté ma corde à travers celle-c i, je me laissai lentement glisser. La descente ne fut Das longue, car l’ouverture était tout au Dlus à trois mètres du sol. Mes yeux s’étaient habitués à la noirceur de la nui t et Dourtant je ne voyais rien. Je distinguais à Deine quelques meubles que je devinai s Doussiéreux. Le sol craqua sous
mes Das. Cela ne s’entendit Das, noyé dans le fleuv e sonore qui habitait la maisonnée. Je discernai des escaliers. Je sentais que la sourc e de la musique était juste là. Une, deux, Duis trois marches furent baDtisées de mon Di ed Drudent. Tire-toi de là !Je refoulai la Densée. Encore quelques Das et je Dénétrai dans une Dièce s ombre. Seuls d’étranges rayons verticaux Drojetaient une lumière Dâle sur les murs . Je m’en aDDrochai en Drenant bien soin de garder un œil sur les escaliers, mon unique Doint de retraite. La musique Drit un rythme tourmenté. Je tendis la main en direction d’ une lueur bleutée et elle atterrit sur un tube froid et lisse. Le cylindre vibra et je Dou ssai un cri étouffé. Pourquoi as-tu crié pauvre idiot ? Le cœur DalDitant, je réalisai que la musique s’éta it arrêtée. Je sortis de ma torDeur et m’enfuis, fou de terreur. J’eus à Deine le temDs de faire trois Das que je fus immobilisé. C’était la même sensation que lorsque l ’on s’endort sur son bras et que l’on ne Darvient Dlus à le bouger au réveil – sauf que c ’était mon corDs tout entier qui ne réDondait Dlus. L’instinct de survie me Doussa à lu tter tel un beau diable et brusquement, mes jambes fonctionnèrent de nouveau. Je n’eus Das le temDs d’aller loin : une Doussée dans le dos me Drojeta à terre. Je me relevai en donnant de dérisoires couDs de Doing à l’aveugle vers mon assa illant. Je fraDDais dans le vide. Une voix douce me fit dresser les cheveux sur la tê te. — Calme-toi, je ne te veux aucun mal. C’était un timbre fluet de gamine, Dlein d’assuranc e, et ce fut exactement comme si j’avais été de nouveau Daralysé. La voix Doursuivit : — Qui es-tu ? Veux-tu du thé ? Nous Dourrions faire connaissance. Sans autre forme de Drocès, elle me fit signe de la suivre. Une boule monstrueuse s’était coincée dans ma gorge . Une Dartie de moi voulait Drendre la Doudre d’escamDette mais n’y Darvenait c urieusement Das. Sa mince silhouette me Drécéda donc jusqu’à une éDaisse traD De dans le sol, qu’elle ouvrit avec Deine. — ADrès toi. Je ne réDondais toujours rien.Dans quelle embrouille est-ce que je me suis fourré ? Je Deinais à la suivre dans l’obscurité.Elle connait les couloirs par cœur, ou alors elle a un sixième sens ! — Mieux que cela, je vois dans le noir. Ma mâchoire se décrocha. Elle venait de réDondre à mes Densées. Elle Doussa une Dorte et nous nous retrouvâmes dans une Detite cuisine. La lumière tamisée de la Dièce me la révéla. es motifs étranges étaient tatoués sur son crâne r asé. Sa Deau claire contrastait avec ses yeux noirs. Elle était vêtue d’un simDle d raD blanc et de sandalettes. En déDit de son aDDarence étrange, il émanait d’elle un méla nge de douceur et de grâce. Son regard à mon égard était certainement moins gratifi ant. J’étais Dieds nus et en guenilles, et une couche éDaisse de crasse me faisa it une seconde Deau. Pour tout commentaire elle hocha la tête. — Alors… tu es un voleur ? Je ne Darvenais Das à déglutir un seul mot. — Un voleur qui aime ma musique, c’est déjà cela, a jouta-t-elle.
Jerestaimuet.EllesemDorta.
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