Le Grimoire
104 pages
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Le Grimoire , livre ebook

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Description

Théophraste est un bibliothécaire dont la seule passion est la lecture. Jusqu'au jour où il rencontre Sandra, une belle bouquiniste dont il est secrètement amoureux. Affligé d'un physique disgracieux il est sans illusions. Voici qu'un dimanche il se rend dans sa boutique, dans l'espoir de la revoir, et, surtout, de trouver un livre rare. La bouquiniste est absente, à sa place officie un mystérieux personnage qui ressemble à un vieux magot chinois. Théophraste tombe en arrêt devant un vieux grimoire, l'ouvre, et ne peut s'arracher à sa lecture. C'est le Chinois qui le referme. Théophraste veut absolument ce livre ; s'ensuit un âpre marchandage. En colère, il demande à voir la patronne. Elle a lu le livre, telle est la réponse énigmatique du Chinois. Finalement, il offre le grimoire, sur la promesse qu'il sera lu. À peine rentré chez lui, il se plonge dans la lecture, quand un phénomène inouï se produit. Les lettres se détachent du livre, l'assaillent, le précipitent sur les pages désormais blanches. Immédiatement, il est transporté ailleurs, se rend compte qu'il a traversé l'espace et le temps, se trouve dans l'Inde antique. Un Jinas le renseigne, pour retrouver son monde, et Sandra, il lui faudra écrire la dernière page du livre. Au cours de ses pérégrinations, il revêt les habits du dieu Yamantaka, et, aussitôt, son physique malingre disparaît, il est l'un des avatars de ce dieu. Mais avant de trouver le livre, il lui faudra empêcher la mort d'un autre dieu, lequel retient la bouquiniste prisonnière au centre d'un mandala. Finalement, il parvient à écrire la dernière page, mais il est renvoyé seul à son époque ! Il ne lui reste qu'une solution : lire à nouveau le manuscrit, afin de retrouver Sandra...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 12 octobre 2016
Nombre de lectures 11
EAN13 9782342056693
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le Grimoire
Alain Bérard
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Le Grimoire
 
1
La grasse matinée du dimanche n’existait pas pour Théophraste Renaudo. Ce nom d’un illustre disparu, à une lettre près, était la seule chose remarquable chez celui qui le portait actuellement. Et par ailleurs, toute sa vie, Théophraste l’avait trouvé bien lourd à porter. En bute aux moqueries de ses camarades de classe, puis de travail, il s’était refermé sur lui-même, comme un escargot rentre à l’intérieur de sa coquille au moindre effleurement.
Il n’avait pas d’amis, n’avait jamais eu la moindre aventure féminine. C’est qu’outre ce nom ridicule, il était desservi par un physique assez disgracieux, assorti d’une timidité maladive. Il était petit, à peine un mètre soixante, chauve, de surcroît myope comme une taupe et, surtout, nanti d’un nez qui lui eut permis de jouer Cyrano au théâtre, seule chose remarquable chez lui. Cet appendice surdimensionné lui avait valu tant de moqueries qu’il était sans doute à l’origine de sa timidité qui frisait la misanthropie.
Généralement, les petits hommes se redressent de toute leur taille pour ne pas perdre un centimètre. Lui, c’était tout le contraire. Il se tenait voûté, se déplaçait silencieusement, furtivement, faisait tout pour ne pas attirer l’attention. Ombre parmi les ombres, on ne le remarquait pas, et l’oubliait sitôt aperçu.
Ce solitaire, ce presque ermite, cet asocial, trouvait cependant une compensation à cet exil volontaire. La lecture. Au fil des ans, il avait développé une passion dévorante pour les livres. Surtout pour les livres anciens. Plonger dans la pensée d’auteurs engloutis depuis longtemps dans les limbes du temps, c’était les ressusciter en quelque sorte. Pour Théophraste, l’homme qui écrit accède à l’immortalité.
Il s’était essayé à cet exercice. Mais voilà le drame : Cet amoureux des lettres, cet amant des mots, cet époux des livres avait la phobie de la page blanche. Définitivement. Les mots se bousculaient cependant dans sa tête, en une gemmation spontanée, éclosion d’orchidées méphitiques qui parasitaient l’arbre de sa pensée.
Mais impossible de les faire sortir de la barrière du crâne. Le stylo planait au-dessus de la feuille vierge comme un vautour au-dessus d’une charogne. Ses doigts refusaient les touches de l’ordinateur. Quand il réussissait à taper une phrase, la relisait, il l’effaçait aussitôt, désolé par l’épouvantable platitude de son écriture.
Alors, il se plongeait dans la lecture d’un ouvrage, pour compenser cette frustration, en espérant trouver l’inspiration dans la pensée de ceux qu’il faisait revivre le temps d’une lecture.
Il lisait toute la journée, c’était son travail en somme, puisqu’il était bibliothécaire dans un collège, et s’efforçait d’inculquer l’amour des livres à des cancres qui hélas préféraient leurs tablettes ou leur iPhone dernier cri. Et il lisait encore le soir, très tard, sauf le dimanche.
Dimanche, c’était la journée consacrée à courir les boutiques de bouquinistes, à la recherche du saint Graal littéraire.
La sonnerie aigrelette d’un antique réveil le tira de la quiétude du sommeil. Un livre tomba sur le parquet quand il se leva, celui sur lequel il s’était endormi la veille, tard dans la nuit. Bien qu’il l’eût captivé, la fatigue avait eu raison de la lecture. La lumière de l’abat-jour sur la table de chevet brillait encore, et, un instant, il fut tenté de finir le livre, un vieux roman de science-fiction intitulé La Vermine du Lion , d’un certain Francis Carsac. Le héros du livre, Téraï Laprade, représentait tout ce qu’il n’était pas.
Il y renonça, se souvenant que l’on était dimanche, et donc le jour de sa quête. Il détestait abandonner un livre en cours. Il songea qu’il aurait dû le lire sur sa chaise de torture au lieu de profiter de la quiétude de son lit.
La chaise de torture, c’était une méchante chaise en bois, inconfortable au possible. Il l’utilisait quand un livre ne le captivait pas assez, l’inconfort le tenait éveillé. Et tel les moines du Moyen Âge qui se fustigeaient pour se laver de leurs péchés, lui subissait les crampes, le mal de dos, pour que le livre lui pardonne son manque d’attention. Mais il avait négligé la chaise de torture car le récit lui avait paru suffisamment passionnant pour éviter qu’il s’endorme. Et il avait été vaincu par les contingences de l’existence.
Il se leva, slaloma entre les étagères garnies de livres qui formaient un véritable labyrinthe dans sa chambre. Tous étaient soigneusement rangés par genre, et par auteurs.
À la cuisine, il avala distraitement café et tartines beurrées tout en lisant son livre de déjeuner. Celui-là, il pouvait l’abandonner, il savait qu’au prochain repas la lecture reprendrait. Et quand il l’aurait terminé, un autre livre prendrait sa place, serait promu au rang de livre de déjeuner.
Avant de sortir, il ne manqua pas de caresser la cloche de verre qui abritait son livre fétiche, le premier qu’il avait lu alors qu’il avait à peine quatre ans, un exemplaire désormais rarissime de Tintin au Congo. C’était d’ailleurs la seule bande dessinée que contenait sa bibliothèque géante. Les bandes dessinées ne trouvaient pas grâce à ses yeux.
Il logeait dans un immeuble à proximité de la place Stanislas à Nancy, au rez-de-chaussée, juste en face de la loge de la concierge. Madame Gisèle était une petite chose toute ratatinée aux cheveux de neige et il ne manquait jamais de la saluer au travers de la baie vitrée quand il sortait, ou rentrait. Il l’aimait bien la concierge, car elle aussi lisait. Uniquement des romans à l’eau de rose, ce qui l’attristait un peu. Il avait bien essayé de lui prêter d’autres livres, mais elle les lui avait rendus en disant que c’était trop compliqué pour elle. Son sourire gentil lui faisait pardonner ce manque d’instruction.
Où irait-il aujourd’hui ? Il avait déjà écumé tous les bouquinistes de la région, et les boutiques du village du livre de Fontenoy-la-Joûte n’avaient plus de secrets pour lui. Et aller au village du livre, c’était pour lui toute une expédition. Il n’avait que ses jambes et le train comme moyen de locomotion, et le train n’allait pas jusque-là. Il lui restait six ou sept kilomètres à faire pédestrement et autant pour le retour. Il aurait dû s’acheter un vélo, mais voilà, il était victime d’une impécuniosité chronique due à l’achat compulsif de livres.
Pourtant, ce matin-là encore, il se dirigea vers la gare. Il avait emporté des munitions. La vermine du lion, qu’il finirait durant le trajet.
Cette décision de se rendre une fois encore au village des livres n’avait pas pour seule motivation la recherche d’un livre. En fait, il était tombé sous le charme d’une jeune bouquiniste et se mourait du désir de la revoir. La revoir, seulement, l’admirer à la dérobée. Il avait conscience de ce qu’il était, un homuncule scrofuleux qui ne pouvait en aucun cas éveiller l’attention de cette jeune et belle personne. C’était comme dans la chanson du petit poisson et du petit oiseau qui s’aimaient d’amour tendre. Impossible de se rejoindre. D’autant plus que dans son cas, le bel oiseau n’avait nulle envie de rejoindre le vilain poisson.
Mais la contempler ne fût-ce que quelques instants, c’était une parcelle de bonheur.
Fontenoy-la-Joûte, enfin. Il avait terminé les aventures de Téraï Laprade tout en marchant. Ce qui avait rendu sa marche exaltante. L’aventurier avait réussi à soustraire une planète sauvage à l’appétit du méchant consortium Terrien qui voulait s’emparer de ses richesses. Seul bémol qui le décevait un peu, l’héroïne était morte et Le héros bien malheureux. Il aurait aimé une fin plus heureuse. Il se dit que si un jour il réussissait à écrire, il ne ferait que des fins heureuses. Lecteur assidu qui s’identifiait aux livres, cela l’attristait et il avait bien assez de tristesse dans sa vie. Sa grand-mère, paix à son âme lui disait souvent que la vie c’était une tartine de merde et qu’on en mangeait tous les jours. Elle avait bien raison, cette maxime était triviale, mais juste…
Il négligea les boutiques pour se rendre directement dans celle qui l’intéressait. Déception, la jeune femme n’était pas là et il en ressentit une grande frustration. À sa place, trônait derrière le comptoir un vieux magot chinois qui semblait sorti tout droit d’un conte oriental. Il n’osa pas demander où elle était, commença à fouiner dans les étagères. Rien de bien nouveau, hélas, il possédait déjà la plupart des ouvrages exposés, et le reste ne l’intéressait pas.
Pourtant, il tomba en arrêt devant une vitrine cadenassée. À l’intérieur, un épais volume à la couverture de cuir craquelé, au titre en lettres d’or à moitié effacées et qui semblait d’une ancienneté prodigieuse. L’écriture de ce titre était faite de caractères tarabiscotés, parfaitement inconnus de lui, qui pourtant se targuait de savoir déchiffrer à peu près toutes les langues.
Cette étrangeté même réveilla en lui le désir de la connaissance. Son cœur accéléra ses battements. Enfin, un livre qui l’occuperait plusieurs semaines, voire plusieurs mois ! Il le voulait, absolument, demanda au vieux magot de le lui montrer.
Il l’ouvrit précautionneusement. Les pages étaient couvertes de nombreux dessins et de ces caractères incompréhensibles. Pourtant, il s’aperçut qu’il pouvait les lire, et le premier mot qu’il déchiffra fut du cannabis, le second de l’héroïne. Ce livre était comme une drogue dure dont il était définitivement dépendant !
Ce

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