Le maître de barque
304 pages
Français

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Le maître de barque , livre ebook

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Description

Pierre Le Maillet, jeune maître de barque dans le Léon, à la pointe de la Bretagne, a un bel avenir devant lui : Émeline qu’il aime depuis l’enfance, un travail passionnant à diriger des navires marchands et un univers dans lequel il baigne depuis toujours, la mer. Mais la vie du jeune capitaine bascule le 11 août de l’an de grâce 1723 alors qu’un terrible ouragan s’abat sur la pointe du Raz. La tempête va alors déchiqueter ses projets et engloutir ses rêves. Il va devoir lutter au-delà du supportable pour maintenir le cap.



Ce roman d’aventure inspiré de faits réels plonge le lecteur dans la France maritime du début du XVIIIème siècle et révèle la capacité propre à chacun d’entre-nous à se relever de l’adversité pour avancer vers l’espoir.



Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782372226103
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Françoise Le Meur
 
Le Maître de barque
 
Roman
 
 
 
 
 
© Françoise Le Meur
Bookless Editions
Tous droits réservés
Octobre 2020
Isbn : 978237222 6103  
 
 
 
 
 
 
 
 
 
À toi, ma fille.  
 
 
 
 
 
 
 
Le maître de barque
 
 
 
Chapitre 1
 
 
— Bordez les voiles ! hurle le capitaine de l’ É légante , le deux-mâts de quarante tonneaux chargé de ballots de toiles mais surtout du granit de l’Aber-Ildut apprécié jusqu’aux maisons nantaises pour sa robustesse face aux caprices du climat breton.  
Depuis le petit matin, une tempête estivale mugit entre la pointe du Raz et Penmarc’h, à l’extrême ouest de la péninsule bretonne . Une tempête comme Pierre Le Maillet, le maître de barque, en a rarement vue à cette époque de l’année sous l’effet d’un vent forcé de ouest-surouest .  
 
— Il faut ferler au plus vite !
Sur tous les navires passant le Raz de Sein, une langue de mer lacérée par les violents courants prisonniers entre une île et la terre, les équipages, visages tuméfiés par la peur et l’effort, luttent pour sauver leur navire : le Bienheureux St Jean parti de Morlaix pour rejoindre la Rochelle, Oléron puis Bilbao, le Catherine Elisabeth qui remonte vers Caen et même La Marie Jeanne de l'Aber Benoît, en route vers Noirmoutier.  
Pierre Le Maillet connaît bien ce navire. Celui-là et la Catherine d’Argenton qui s’est ravitaillée à Nantes avant de rejoindre le port de Rouen mais qui à présent, comme tous, subit les assauts de l’ouragan. Originaires de Porspoder, dans le Léon, Pierre et les maîtres de barque de la Marie-Jeanne et de la Catherine sont amis depuis l’enfance. Mais comment leur venir en aide alors que l ’ É légante, ce 11 août de l’an de grâce 1723, gîte elle-même dangereusement sous les masses d’eau que la mer déchaînée vomit !  
Dire qu’elle était si paisible hier soir. Pas un souffle. Juste cette lourdeur oppressante des soirs d’été asphyxiés. Aucun navire n’avançait, statufié au milieu de l’océan face au grand beg rocheux qui d’ordinaire tient tête aux assauts des vagues.  
Le vent s’est réveillé durant la nuit.
Tranquillement d’abord, les souffles ont peu à peu gagné en puissance. Les hommes en ont profité pour hisser la voilure et se laisser enfin porter par ce vent capricieux mais la mer n’a pas apprécié d’être dérangée dans son sommeil.
La houle a rapidement forci et il a fallu prendre des ris et diminuer de nouveau la surface de certaines voiles en nouant les garcettes pour soulager le foc mis en danger par la force de la mer sur l’étrave. Puis très vite, mettre à la cape. Positionner le navire face au vent et lui permettre d’étaler la vague.  
Des caboteurs aux navires au long cours qui attendaient patiemment le bon vent pour repartir vers leurs destinations, tous les hommes se sont activés, le geste sûr malgré la houle dans le ventre. La tempête n’allait en faire qu’à sa tête. Tous le savaient.
Pierre Le Maillet, lui aussi, a ordonné de virer de bord et une fois le foc bordé du côté au vent, de choquer la grand-voile et de pousser en grand la barre sous le vent pour immobiliser le plus possible le sloop pour sa sécurité et celle des hommes et du chargement. Puis s’épuiser à tenter de sauver le chargement et attendre, les viscères prisonniers de l’angoisse.
 
Et à présent, la tempête bouscule les navires, les envahit, les éventre, arrachant la voilure et craquant les mâtures. Elle ne veut plus d’eux sur son territoire. Qu’ils aillent au diable avec leurs  mâts orgueilleux alors qu’ils ne sont rien face à la puissance et à l’immensité de sa seigneurie.
D’une chiquenaude pour elle, d’un tsunami pour eux, elle les pousse vers la côte et tant pis si les coques se fracassent ou si des hommes se noient. Ces dommages collatéraux ne sont qu’un grain de sable de plus échoué sur la plage de la baie des Trépassés.
Le bruit assourdissant empêche toute communication verbale entre les hommes qui d’ailleurs, ne tiennent plus debout, s’accrochant l’un à la bôme, l’autre à une drisse. Durant plusieurs heures, l’ É légante se retrouve rincée, défigurée et chavirée pour péniblement se redresser avant un nouvel assaut de la mer qui transforme ce sloop mais également de puissants trois-mâts en petits bouchons de liège ballottés par les flots.  
De tous bords, les hommes hurlent, souquent l’un un filin, l’autre la barre à roue pour tenter de maintenir l’assiette mais la puissance de la mer est telle qu’elle bascule tout, hommes, gréement et marchandises qui se retrouvent projetés d’un bord à l’autre en écrasant des bras ou des jambes au passage.
— Hommes à la mer ! hurlent des marins de la Catherine d’Argenton , tout près, à tribord.  
 
Le bruit des mâts qui cèdent : grand-mât, beaupré, mât de misaine et d’artimon… Le pin ne résiste pas à une telle hystérie. Il se fend et entraîne avec lui vergues et voiles qui s’étalent sur les flots telles des jupes de femmes avant d’être avalées.
Partout, les gréements s’effondrent, les navires éclatent, les hommes crient, le vent et la mer mugissent.
Une seule solution : prier Sainte-Marie et tenir. Le vent et la mer finissent toujours par se calmer même si, pour l’heure, le raz de Sein s’empiffre.
On ne lutte pas contre la mer, on s’en accommode.
L’ É légante s’accroche mais des vagues scélérates entravent la moindre manœuvre et avalent une bonne partie de la cargaison dont les blocs de granit à destination de Nantes. Qu’importe ! Pierre Le Maillet pense avant tout à ses hommes. Il leur ordonne de se protéger et les encourage à tenir, coûte que coûte.  
 
***
 
Lorsqu e, enfin rassasiée par ses mises à mort, la mer cesse ses coups de butoir, le constat s’annonce terrible : le Bienheureux St Jean a été projeté à Plozevet, le Catherine Elisabeth sur la côte de Primelin et de nombreuses barques parmi lesquelles la Marie-Jeanne se sont fracassées sur les rochers de la côte bretonne. Quant à celles que par chance,  la violence n’a pas explosées, elles se traînent misérablement vers le port le plus proche pour soigner ses blessés et réparer.  
À terre, hommes, femmes et enfants se précipitent déjà pour aider mais pas seulement… Le sauvetage des cargaisons éparpillées le long de l’estran peut commencer.  
Même si les garde-côtes veillent à la bonne restitution des marchandises, pêcheurs et autres villageois accourent pour récupérer qui un tonneau, qui du bois pour construire des meubles ou autres. La vie n’est pas tendre pour les Bretons du littoral qui, s’ils se démènent pour sauver les marins en péril, ne rechignent pas non plus à mettre un peu de beurre dans les épinards et à récupérer ce qu’ils peuvent en revendiquant un tiers des biens sauvés.  
 
Pierre Le Maillet est parvenu à sauver son bateau qui n’a plus rien à voir avec le sloop gracieux qui filait vers Nantes. Mais surtout, tous ses hommes sont en vie bien que souffrant d’épuisement et de fractures diverses.
Bien sûr, la perte de la cargaison ne le réjouit pas mais il l’admet : c’est la loi de la mer.
C’est elle qui décide.
À peine le plancher des vaches retrouvé à Audierne, il doit mettre son sloop au sec pour le réparer puis se présenter devant les officiers d’amirauté de Cornouaille pour subir un interrogatoire. Il y retrouve Louis Milbéo, le capitaine du Bienheureux St Jean en train de raconter qu'il a été surpris par une tempête impétueuse le mercredi matin et qu'il a jeté son bâtiment sur cette côte de Plozevet, baie d'Audierne, par un vent forcé de ouest-surouest.  
Et ainsi, les uns après les autres, chaque marin y va de son récit en prenant garde de ne pas contredire son capitaine. Mais les témoignages se ressemblent tous. Ils parlent de mer orageuse, de tempête monstrueuse et de péril évident mais surtout de la lutte des équ

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