Le monde des Claothiens - 1
186 pages
Français

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Le monde des Claothiens - 1 , livre ebook

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Description

Dystopie - 369 pages


Après l’impact d’une météorite, il y a plus de deux cents ans, les humains ont dû vivre dans les entrailles de la Terre pendant des décennies. Revenus à la surface pour leur survie, c’est un monde loin d’être éteint qui s’est offert aux survivants : une flore et une faune hostile génétiquement modifiées par une substance émanant de l’astéroïde.


Les premières équipes exploratrices sont décimées par des individus bien plus puissants et surtout plus agressifs... les Claothiens.


Au cœur de Tiansand, l’une des trois villes rebâties et fortifiées pour se protéger des attaques extérieures, vit Axelle, adjudante aguerrie, l’esprit forgé par les lois de cette nouvelle armée. Le jour où l’un de ses meilleurs soldats, Luis, revient au camp après avoir déserté, elle n’envisage aucune clémence, mais les révélations de l’homme vont ébranler l’équilibre de cet univers, jusqu’à le faire sombrer dans le chaos.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 17 juin 2022
Nombre de lectures 23
EAN13 9782379614477
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0045€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Le monde des Claothiens - 1


Manon Haley
1


Manon Haley

Mentions légales
Éditions Élixyria
http://www.editionselixyria.com
https://www.facebook.com/Editions.Elixyria/
ISBN : 978-2-37961-447-7
Concept de couverture : Didier de Vaujany
Photographie : Chaoss
Chapitre 1


Pour la deuxième fois de la semaine, Nathan m’informe qu’un déserteur vient de regagner notre campement. Encore un membre qui a tenté de fuir un combat et qui s’est retrouvé acculé par la faune hostile. Je suis lasse de devoir appliquer les sanctions requises pour un tel acte, surtout qu’il s’agit cette fois de l’un de mes meilleurs soldats. Je ne réalise toujours pas qu’il a osé se comporter de la sorte. Pourquoi mes hommes s’acharnent-ils à revenir alors qu’ils connaissent les conséquences d’une pareille trahison ? Ils réapparaissent honteux, désolés et implorent mon pardon. Ils savent pourtant qu’il n’y a aucune échappatoire possible pour ce genre de délit. La mort les attend tout autant que s’ils étaient restés se battre. Ma réputation est bien connue de tous. Je suis intraitable et ne reviens jamais sur mes décisions. Les règles établies au sein de mon équipe sont claires et doivent être respectées. Règlement qui émane en réalité de mes supérieurs, notamment de mon chef direct, le colonel Jordan. Ce dernier est un malade de la pire espèce. Mes soldats devraient s’estimer heureux d’être dirigés par moi et non par lui.
Mon ascension dans la hiérarchie n’a pas été facile, loin de là. J’ai enduré beaucoup d’humiliations et de souffrances. J’ai dû commettre des atrocités qui ont fait de moi l’une des femmes les plus redoutées de la base. Certains me regardent avec admiration, d’autres avec crainte, mais la majeure partie attend la moindre occasion pour me faire la peau. Le sexisme n’est plus d’usage en France depuis des décennies, pourtant, d’aucuns estiment encore que je n’ai pas ma place à ce poste. Ces hommes oublient que je me bats aussi bien qu’eux au corps à corps et que j’en ai mis plus d’un au tapis durant nos classes. De plus, j’ai fini meilleure tireuse de ma promotion grâce à mon œil de lynx.
Quand j’avais sept ans, une émeute a fait rage dans mon quartier. De nombreuses bombes artisanales ont été lancées dans les rues, occasionnant beaucoup de morts et de blessés. Je me suis trouvée au mauvais endroit, au mauvais moment. J’ai beau avoir tout tenté pour me cacher, je n’ai pu me soustraire aux explosions. Mon bras gauche et ma jambe droite ont été réduits en charpie, de nombreux éclats de verre et des débris m’ont lacéré les chairs, mes yeux ont également été atteints. J’ai bien failli y laisser la vie. Mon père, à l’époque, travaillait dans un laboratoire expérimental qui développait des techniques médicales révolutionnaires basées sur les nanotechnologies. Malgré le caractère secret de ses recherches et l’interdiction formelle de sortir des échantillons de l’enceinte du bâtiment, il en avait rapporté une petite quantité à la maison. Quand un voisin m’a ramenée chez nous, agonisante, dans un état catastrophique, papa n’a pas hésité une seule seconde. Il m’a transportée dans le laboratoire secret qu’il avait aménagé il y a longtemps dans notre sous-sol, puis a testé sur mon organisme les nanopuces régénératrices sur lesquelles il œuvrait depuis plusieurs années. Grâce à lui et à sa détermination à me sauver, je me suis retrouvée en quelques semaines avec une jambe et un bras neufs. Par chance, les autres membres de ma famille étaient absents ce jour-là. Il m’a fallu quelques mois pour recouvrer la vue. Personne n’a pu me rendre visite pendant huit mois, hormis ma mère qui n’a jamais réellement compris ce que mon père avait expérimenté sur moi. Mes frères et ma sœur ont juste su le strict minimum, c’est à dire que j’avais reçu un traitement très lourd et que, pour ma santé, je devais rester en isolement. Nos voisins ont pensé que mon père, avec son savoir et l’aide de ses collègues, m’avait tout bonnement soignée. Heureusement pour nous, ils savaient respecter l’intimité des gens.
À l’époque, j’aurais aimé comprendre de quelle façon le processus de guérison s’était mis en place dans mon organisme, comment mes membres s’étaient réparés, ne laissant apparaître que deux longues cicatrices, et comment les autres parties de mon corps s’étaient si bien rétablies, alors qu’elles étaient ouvertes en profondeur à de multiples endroits.
Je n’obtiendrai certainement jamais de réponses à ces questions, puisque papa est décédé dans son laboratoire lors d’un attentat, peu après que j’ai fêté mes dix ans. Les révoltes continuaient d’être monnaie courante et son lieu de travail représentait une cible de choix pour les rebelles. La seule chose que j’avais assimilée était que les puces étaient entrées en symbiose avec mon ADN et que, combinées à un programme informatique, elles avaient pu me reconstruire. Mon père ne s’était pas attendu à ce que tout mon corps fusionne par la suite avec ces nanoprocesseurs. Ils auraient dû être évacués quelques semaines plus tard dans mes selles, mais après divers examens, il s’est avéré qu’ils s’étaient incrustés dans mon organisme.
J’étais bien trop jeune à l’époque pour en comprendre davantage et je le regrette infiniment, maintenant qu’il n’est plus là. Ils font désormais partie intégrante de moi. Ils ont modifié mon métabolisme. Je ne suis jamais malade, je guéris beaucoup plus rapidement en cas de blessure. Mes sens sont plus développés que la moyenne, tout comme ma force physique. Ce changement physiologique m’a toujours fait me sentir différente des autres filles.
J’ai promis à mon père de ne jamais révéler à personne ce secret qui nous liait, pas même à mes frères ou ma sœur. Le seul élément qu’il m’est difficile d’expliquer ou de dissimuler est la couleur de mes yeux. Après leur reconstruction, mes iris sont passés d’un marron très foncé à une teinte miel pailletée d’or, comme si de petits cristaux dorés les parsemaient.
Quand je les avais découverts, à mon réveil, j’avais poussé un cri d’effroi. Pour me rassurer et me réconforter, mon père avait affirmé que j’étais magnifique, que je possédais désormais un regard envoûtant.
Pour ma part, j’ai toujours eu l’impression d’être une bête de foire. Au début, ma mère a eu du mal à s’habituer à ces changements en moi. Chose étonnante, elle n’a jamais voulu réellement savoir ce qu’il m’avait fait, comme si l’apprendre l’inquiétait. Papa a juste expliqué à ma fratrie que ces modifications étaient dues à mon traitement, mais qu’il valait mieux ne pas en parler autour de nous. Ils étaient jeunes et n’ont pas cherché à comprendre. J’ai dû prétendre une bonne partie de ma vie au reste du monde porter des lentilles de contact. Les gens se sont finalement habitués à mes yeux et n’ont plus posé de questions. Je venais d’une famille aisée, alors personne n’était surpris que je m’offre ce genre de frivolités.
Mon physique est si trompeur. Avec mon mètre soixante-cinq et mes cinquante kilogrammes, je ressemble plus à une crevette qu’à un soldat de l’armée, encore moins à un adjudant. Seuls mes hommes savent qu’avec moi, il ne faut pas se fier aux apparences. Sous mes boucles brunes et mon visage d’ange, je suis aussi cruelle que les autres chefs. Pour en arriver là, j’ai dû montrer à plusieurs reprises qu’ôter la vie était tout à fait dans mes aptitudes, notamment lors de mon premier poste, après avoir fait mes classes. Je travaillais pour le colonel Lenoir en tant que second, ce qui, officiellement, correspondait à une fonction de bureaucrate, mais officieusement, j’étais son homme de main. Monsieur avait les dents longues, et éliminer ses ennemis ne lui posait aucun cas de conscience.
Si mon père était encore là, il aurait eu profondément honte de ce que je suis devenue. Je n’aurais pu que le comprendre, même si, en réalité, je n’ai pas vraiment eu le choix. Je n’ai jamais pris plaisir à tuer ni à torturer mes adversaires. Si j’avais refusé d’obéir aux ordres du colonel, il aurait mis un terme à ma carrière et n’aurait pas hésité à se venger sur mon frère.
J’ai appris à me battre dans les rues à l’âge de douze ans, peu de temps après avoir atterri dans la zone pauvre de la ville. Après le décès de mon père, le gouvernement n’a pas eu de scrupules à nous reclasser. Nos villes sont divisées en trois zones. La première est réservée aux membres de l’État et à quelques familles riches telles que celles des directeurs des plus grosses usines. Elle se situe au centre et c’est la mieux restaurée. La zone 2 est celle des cadres ayant de bons revenus, des postes importants. La dernière regroupe la majeure partie de la population, c’est-à-dire les ouvriers, les personnes sans emploi, etc. Proche de l’enceinte extérieure qui nous protège, elle est la moins réhabilitée. Les habitations y sont insalubres, la vie est loin d’y être facile. Des clans s’y sont formés et règnent sur les quartiers. Il vaut mieux faire profil bas. L’armée est obligée d’être des plus strictes là-bas.
Nous pouvons considérer que nous vivons sous un régime dictatorial. Il n’y a pas d’élection, car les présidents se succèdent de père en fils. Pour l’instant, aucun président n’a eu de fille. Nous ne savons donc pas si le pouvoir pourrait être donné à une femme. Ils choisissent eux-mêmes les membres du gouvernement. La famine et les conditions de vie difficiles déclenchent de temps en temps des révoltes qui sont vite étouffées dans l’œuf par l’armée. J’imagine que tant que le danger des attentats ne sera pas résolu, il sera difficile de mettre en place une autorité plus souple.
À la mort de mon père, ma mère n’a pas supporté d’atterrir dans la zone 3, celle des « laissés pour compte », comme disent les habitants. C’était trop pour elle. Elle est tombée en dépression et a fini un an plus tard par se suicider. Mes frères, ma sœur et moi étions livrés à nous-mêmes, sans argent. Le plus vieux de la fratrie, Tom, s’est échiné au travail dans une des nouvelles centrales du pays,

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