Le projet Eden : 3 - Immunisée
184 pages
Français

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Le projet Eden : 3 - Immunisée , livre ebook

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Description

Cela fait six mois maintenant que Hope vit avec les Nomades, une peuplade d’Humains qui existent en marge de la société Vorace. Elle s’accommode de ce changement de vie en compagnie d’Erdogan et de Bly. Peu à peu il se tisse entre eux des liens encore plus forts, cependant elle ne peut s’empêcher de penser à Stuart qui s’est sacrifié pour les sauver. Tout pourrait demeurer ainsi : vivre à jamais sur le Territoire, mais le monde des Voraces la débusque à nouveau et elle se retrouve piégée à Digamma une autre puissante Cité Vorace qui se rapproche dangereusement de son secret. Digamma sera-t-elle aussi venimeuse qu’Êta ? Son immunité est-elle un don ou une malédiction ? Comment accepter Erdogan, lorsque son cœur est hanté par Stuart ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 mai 2019
Nombre de lectures 2
EAN13 9782365387941
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

LE PROJET EDEN
3- Immunisée
C. C. DARCQ
1
Ma main agrippe la lanière de cuir, je prends ma respiration et je tire un coup sec dessus.
C’est froid.
L’eau qui était contenue dans le sac percé s’échappe en se déversant sur moi. C’est glacé. C’est vivifiant. C’est mon lot quotidien, depuis que nous sommes dans le groupe des Nomades. Nous imitons le confort d’une vie de sédentaires, pourtant cela n’a plus rien à voir avec ce que j’ai pu connaître. Cette douche en est le parfait exemple. Avec les Nomades, je ne peux me laver qu’une fois par semaine, nous devons utiliser l’eau avec parcimonie, surtout si nous ne trouvons pas de source vive entre temps. L’eau est une richesse dans le Territoire.
Les autres se contentent de se frotter le corps avec un linge humide ; pour ma part, je préfère utiliser la poche percée. Durant un faible instant, je pourrais me croire encore chez moi. Sous ma douche.
Chez moi.
Désormais ce sont des mots, des pensées que je chasse le plus loin possible de mon esprit. Je refuse de penser au passé. Ce qui est passé est révolu et rien ne peut plus le changer. C’est fini, je l’ai perdu.
Certes j’ai survécu à notre fuite d’Êta, mais à quel prix ? Au prix de combien de vies ? De quel sacrifice ?
Stuart.
Je pense à lui, sans le vouloir, j’essaie de l’expulser de ma tête… de mon cœur. Il n’y a pas un jour où il ne m’accompagne pas. Comme un fantôme il est là où je vais, il hante mes pensées, respire dans ma mémoire et dort dans mes rêves.
Je me souviens du premier soir passé dans le Territoire, alors que nous venions juste de réussir à quitter Êta. Épuisée, morte de faim, brisée, mais déterminée à m’en sortir. Je me devais de continuer à avancer pour Bly, pour Erdogan, mais surtout pour ceux que j’avais perdus. Se laisser abattre après tant de morts aurait été le plus terrible gâchis de cette fuite en avant.
Notre nuit polaire, avec pour seul toit les étoiles, nous a presque fait mourir d’hypothermie. Comme refuge un jardin, comme chauffage nos corps, comme nourriture ce qu’il nous restait dans nos sacs. Cette nuit-là fait partie des pires que je n’ai jamais vécues. Si longue, si sombre, si glacée, bercée de tristesse, d’illusions mortes. J’ai dû contenir mes larmes et la perte qui me rongeait le cœur et le corps. J’ai donné l’illusion d’un soulagement à Bly, mais je n’ai pas trompé Erdogan.
Nous avons tenu six jours avant d’être découverts et sauvés par les Nomades. Erdogan nous avait maintenus en vie en nous installant dans une ancienne demeure, et en chassant un oiseau que nous avions aperçu. Nous étions si affamés que j’ai cru ne jamais réussir à tenir avant que la viande ne soit cuite pour la manger. Je ne parle même pas de la peur, qui nous tenaillait autant que la faim, de tomber nez à nez avec des Voraces Purs. La menace était réelle, ils errent sur les espaces libres, sans contrôle, sans retenue et dévorent tout ce qu’ils trouvent. Nous connaissions le risque en fuyant Êta, néanmoins, à ce moment-là, le plus urgent était d’échapper à ceux qui s’adonnaient à un carnage sans borne entre les hauts murs de la Cité.
C’est dans l’après-midi de ce terrible sixième jour que les Nomades sont venus vers nous. J’étais tellement affolée en les voyant, j’ai cru voir débarquer des Voraces Purs. Il n’en était rien. Sans eux, nous serions morts.
Depuis nous vivons avec eux, nous avons rejoint leur groupe, ou alors ils nous ont adoptés… Nous sommes une trentaine d’individus de tous âges et de toutes Cités. Les Nomades sont des gens qui ont fui leur Cité, car ils ne supportaient plus d’être soumis aux règles cruelles et insensées des Voraces et de l’Autorité.
Comment ont-ils réussi ce tour de force ? Abandonner leur Cité sans être tués ou poursuivis par l’Autorité ? Comment ont-ils réussi à ne pas se faire tracer et retrouver ? Je n’en sais rien, ils n’en parlent pas.
Ce n’est pas un groupe austère, bien au contraire. Je m’entends bien avec tout le monde, ils nous ont réellement fait une place au sein de leur communauté. Je suis devenue leur médecin, ils n’en avaient pas avant, juste un scientifique un peu âgé, il est heureux que j’aie repris le flambeau. J’ai hérité du surnom de « Doc ». J’aime bien. Bly n’est pas le plus jeune des enfants, il y a même un bébé de trois semaines, que j’ai aidé à venir au monde. Les Nomades existent depuis une dizaine d’années, ils ne savent plus depuis combien de temps. Erdogan s’entend à merveille avec ces gens, il se sent compris, accepté et il a trouvé enfin une liberté de parole qu’il n’avait jamais pu avoir. Il est apprécié autant pour sa force et son adresse que pour son habileté et ses qualités humaines, il aime rendre service et il se sait enfin utile. Il ne se plaint jamais. Il ne réclame jamais plus que sa part. Il est heureux, je crois. Nous avons retrouvé notre complicité, les tensions se sont effacées… quelque peu. Nous avons notre propre tente et j’ai appris, avec lui, à former un foyer pour Bly. Nous changeons d’endroit tous les cinq jours environ, parfois plus, parfois moins, tout dépend du lieu et des menaces qu’il peut représenter pour les Nomades…
J’attrape mes vêtements, ils sont propres, c’est Pétronille qui s’en est occupée. Pétronille est une vieille dame de plus de soixante-dix ans, une vraie crème – comme la surnomment les gens de son clan – bien qu’elle ne parle plus depuis des années, elle n’est que sourires et gentillesse. C’est elle qui s’emploie aux lessives de tout le groupe, aidée par quelques bonnes volontés. Au travers de ses multiples rides, elle nous observe et commente ce qui se passe avec son regard. Son silence n’est pas dérangeant, et elle ne reste pas une journée sans échanger avec tout le monde, ses expressions étant plus que vivantes. J’ai beaucoup d’affection pour elle.
Je finis de fermer la boucle de ma ceinture. J’ai encore perdu du poids, le cran n’est plus assez serré pour maintenir comme il se doit mon pantalon. Je cache cela en rabattant ma chemise par-dessus.
— Tu es visible Doc ?
Je m’avance et je sors de ce qui me servait de douche : une toile tendue entre deux poteaux de bois. Erdogan me sourit, il a bonne mine. Les muscles de ses bras se sont développés et sa peau est plus bronzée. Il semble en pleine forme ; moi, j’ai l’air de dépérir à ses côtés.
— Je ne comprends pas pourquoi tu t’obstines à prendre des douches…
— Parce que, au contraire de toi, je ne veux pas sentir le vieux bouc…
— Touché.
Il m’adresse un sourire, j’y réponds volontiers avant d’enchaîner :
— Tu voulais quelque chose ?
— Oui, Dimitri voudrait te voir.
— Ah ?
— J’en sais pas plus.
— D’accord et Bly ?
— Oh toujours avec Leroy, il apprend ses leçons.
— C’est quoi aujourd’hui ?
— Agriculture.
Erdogan me tend ma sacoche de travail, je la passe sur mon épaule. Quelques gouttes qui ont échappé à mon séchage glissent sur ma peau, c’est rafraîchissant.
— Allons voir Dimitri.
Nous contournons notre tente de couleur sable et nous nous engageons dans le campement. En croisant les Nomades, je les salue, tous me gratifient d’un chaleureux : « Salut Doc ! » Parfois j’ai l’impression de les connaître depuis toujours, et puis certains jours, je me sens hors de leur groupe. Pas par leur faute, non… Mais je me souviens de ce qu’il est advenu de mon dernier groupe…
J’arrive en première, Erdogan sur mes talons, devant la tente de Dimitri. La toile épaisse est retenue par de la corde solide, j’entre sans préambule. Chez les Nomades, tout le monde fait ainsi. Ils ont développé une vie simple et sans préjugés, je ne savais pas que cela pouvait être possible. Il n’y a pas vraiment de « vie privée » ici. Tout le monde sait tout sur tous. C’est déroutant.
Dimitri discute de façon animée avec un de ses fils. Quand il m’aperçoit, il m’adresse un clin d’œil pour me faire patienter jusqu’à ce qu’il termine rapidement son échange. Dimitri est en quelque sorte le chef des Nomades, bien qu’il ne se soit pas proclamé ainsi, pourtan

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