Le Reflet de l au-delà
354 pages
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Le Reflet de l'au-delà , livre ebook

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Description

Mike Brookins, chasseur de fantômes, passe une bonne partie de son temps libre à entrer en contact avec ses parents, morts tragiquement seize ans plus tôt. Sa rencontre avec Julia Bullet, une jeune femme cherchant à exorciser une vieille maison, bouleversera son quotidien. Elle l'entraînera dans une aventure semée d'embûches, afin de sauver l'équilibre des mondes parallèles. Quasiment seuls au monde, ils verront les miroirs comme personne ne les a jamais vus, et ensemble, ils découvriront les liens troublants de leur passé...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 05 novembre 2015
Nombre de lectures 1
EAN13 9782332979643
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright
Cet ouvrage a été composér Edilivre 175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50 Mail : client@edilivre.com www.edilivre.com
Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction, intégrale ou partielle réservés pour tous pays.
ISBN numérique : 978-2-332-97962-9
© Edilivre, 2015
Remerciements
Remerciements : Je tenais à remercier toutes les personnes qui ont participé, à leur manière, à la réalisation de mon projet. A Marie-Claude : pour les longues heures de correction orthographique, A mon épouse : pour la relecture et sa patience, A mes proches et mes amis : pour leur soutien, Et à Tom Boyd : qui a déclenché l’inspiration.
Préface
C’est inévitable ! Tout le monde s’est un jour posé ces questions ! Qu’y a t-il après la mort ? Et, où allons-nous après ?
C’est tout à fait normal ! La peur de l’inconnu nous pousse à nous poser toutes sortes de questions, auxquelles personne n’a de réponse. Chacun se fait une idée différente de l’au-delà en fonction de sa religion, son éducation et ses croyances. Certains pensent qu’ils iront au paradis – où dieu les attendra les bras grands ouverts – parce qu’ils ont toujours été honnêtes et respectueux. D’autres s’imaginent que leur âme sera réincarnée dans un objet, un animal ou même dans un autre corps, acceptant ainsi la mort sans appréhensions ; tout simplement comme « un nouveau voyage ». Beaucoup de gens restent sur le droit chemin parce que toute leur vie on leur a dit qu’ils finiront en enfer, un lieu horrible où règne le mal dans une atmosphère brûlante. Ils ne respectent les règles que par peur d’une éternité insupportable. Et les personnes terre-à-terre, les savants, les médecins… vous diront simplement que votre corps se décompose et retourne en poussière ; l’âme serait juste le résultat de connections électriques du cerveau. Mais que font-ils tous des médiums ? S’interrogent-ils sur les croyances de ceux qui communiquent avec les morts ? Moi j’en ai rencontré ! Et beaucoup d’entre eux croient en une vie après la mort. Même s’ils sont en incapacité totale de dire à quoi elle ressemble, ils y croient ! Normal ! Ils parlent avec les défunts ! Moi ! Je pense que les plus proches de la vérité ce sont eux ! Parce que pendant plusieurs années j’ai cherché les fantômes… Je les ai chassés, et étudiés… Et j’ai fini par arrêter ! Parce que…
Je les ai trouvés…
1 Le miroitier
26 juin 1995, Quelque part dans une province défavorisée de la Louisiane
Là !!! Je me retournai et vis bouger des fleurs. Ici, là !!! Me retournai à nouveau… Pas le temps de voir quoi que ce soit ! Juste de sentir une présence, ainsi qu’un déplacement invisible et rapide, semblable à un courant d’air. Là bas !!! Arrêtez de crier !!! Vous l’affolez ! Mais la vieille dame ne m’avait pas entendu. Elle tournait sur place comme une toupie ensorcelée, cherchant des yeux quelque chose d’imperceptible. Cela faisait vingt minutes que je déambulais dans cette vieille maison à l’odeur de renfermé, dans laquelle poussière et désordre régnaient en maître. La chaleur de cette fin juin passait au travers des ses planches desséchées et craquelées, élevant à la limite du supportable sa température intérieure. Peu de gens, dans ces quartiers défavorisés, avait les moyens de s’offrir un climatiseur et l’air des logements devenait vite étouffant. J’errais calmement dans les pièces de ce taudis, un appareil photo dans une main, et un petit crucifix dissimulé dans l’autre. – où est-il ? reprit-elle, complètement affolée. Sa peur était palpable : elle gesticulait dans tous les sens, accrochée fébrilement à moi comme une sangsue. Je n’y voyais pas grand chose tant la pièce était sombre. Madame Sanchez était âgée, et ne supportait plus très bien la lumière : elle avait tiré des doubles rideaux épais et vivait, en pleine journée, dans la pénombre des faibles lumières des abat-jours du salon. – je ne sais pas ! Il ne bouge plus, répondis-je. Il est peut-être sorti ? Des bruits se faisaient entendre un peu partout dans la maison et l’atmosphère y était oppressante. Une fois de plus, nous fîmes doucement le tour des pièces de la maison… Elle n’était pas très grande et mal entretenue : deux chambres au papier décollé, complètement en farfouille, qui ne demandaient qu’à êtres aérées ; une petite salle de bain sale qui avait bien besoin d’un rafraîchissement ; un hall d’entrée étriqué ; une salle de vie encombrée de bibelots poussiéreux et abîmés, et une cuisine en chêne qui devait avoir servi au cuisinier d’Abraham Lincoln ; le tout, baignant dans la crasse d’une personne trop fatiguée pour laver, et trop pauvre pour faire appel à une aide ménagère… Cette bâtisse commençait véritablement à tomber en ruine ! Ma cliente me talonnait en m’agrippant par le dos – ce qui commençait à m’agacer – et en désarticulant sa tête pour chercher son indésirable invité, qui nous narguait en saccageant la bicoque de ma cliente. Moi, je m’efforçais de rester très calme ; J’avais appris avec le temps à gérer mon stress, et avais dorénavant, rarement peur. Ces choses faisaient partie de ma vie et ne m’affolaient plus.
Bling…, blang…, clac ! – Haaaaa ! C’est quoi ca ? Madame Sanchez m’empoigna encore plus fort. Mon tee-shirt me serrait tellement que je commençais à avoir du mal à respirer. – La cuisine !Et lâchez-moi !!! Elle me lâcha enfin : je pus partir en courant vers la cuisine… Tout était encore en mouvement : la lumière du plafond balançait, faisant danser les ombres des meubles sur les murs écaillés ; plusieurs placards étaient ouverts ; et la table avait été balayée. Nous ne pouvions plus mettre un pied devant l’autre sans taper quelque chose.
– Où es-tu ? Calme-toi ! demandai-je à cet être qui commençait à montrer des signes d’anxiété. Nous ne te voulons pas de mal ! Je fis un tour de pièce du regard et sentis bouger derrière moi… J’eus à peine le temps de me retourner pour voir éclater le miroir du salon !… Et d’un coup ! Tout était redevenu calme : il n’y avait plus de mouvement. Plus de présence… Était-il était parti !? Madame Sanchez arriva dans la pièce à la traîne. – il est parti ? me demanda-t-elle encore tremblante. – Oui, je pense ! Et ça vous a coûté un miroir ! – Oh ! Ce n’est pas grave ! me répondit-elle rassurée. Elle avait de la peine à marcher : elle traversa la petite pièce à pas courts et incertains. – Madame Sanchez ! Expliquez-moi un peu mieux comment et quand cela a commencé.
Elle s’assit sur une des chaises bringuebalantes de la cuisine pour reprendre un moment ses esprits. Toute la maison était sans dessus dessous. Il lui aura certainement fallu plusieurs jours pour remettre un minimum d’ordre chez elle. – Hé bien ! commença-t-elle. J’étais devant ma télé hier soir, quand d’un coup, j’ai vu… comme une ombre passer dans le couloir !… Je suis allée voir, intriguée ! Je croyais avoir rêvée ! Et en arrivant à hauteur de la chambre, j’ai senti un grand courant d’air ! Et les cadres se sont mis à bouger. J’étais terrifiée ! Je ne savais pas quoi faire. J’ai crié pour lui faire peur et je lui ai ordonné de partir ! Mais le rocking-chair s’est mis à basculer tout seul et la télé s’est éteinte ! J’ai eu si peur que je suis allée dormir chez la voisine en laissant tout comme ça. Je vous ai appelé ce matin et ne suis pas revenue avant tout à l’heure. En écoutant ses explications, je me rapprochai de ce grand miroir, orné d’un cadre moulé d’or, pour observer les éclats de plus près. Le verre avait littéralement implosé sur toute sa surface, projetant quelques éclats dans le salon. Au touché, tout était normal. Pas de vide derrière le miroir ! Un mur bien dur ! Où avait-il pu aller ? C’était très étrange comme phénomène. En près de dix ans d’exercice, c’était la première fois que je voyais ça ; un miroir éclater seul !? Généralement, les esprits s’échappaient par les portes ou les fenêtres ! Une vitre se briser, j’avais déjà vu. Mais Là ! C’était incroyable ! Je pris une photo de cette glace en miettes pour l’étudier plus tard, et répondis à ma cliente. – Avez-vous remarqué des signes qui pourraient laisser penser qu’il s’agissait d’un proche ? Des objets bien précis qui auraient été déplacés, par exemple ! – Non ! Rien de particulier. – Alors, ne vous inquiétez plus ! Il est parti. C’était sûrement une âme égarée. Je pense qu’elle ne reviendra pas ! Les esprits de proches sont assez pacifiques, et essayent au maximum de ne pas effrayer leur famille. Avez-vous déjà été témoin de phénomènes paranormaux ? Elle me regarda avec des yeux ronds dans lesquels la peur semblait s’être installée. – Non ! Et j’espère que cela ne se reproduira plus ! – Si jamais ça recommence, prévenez-moi ! S’il ne revient pas, c’est que ce n’était un inconnu. – Merci Monsieur Brookins ! Mais j’espère ne plus jamais vous revoir ! – Bonne journée Madame Sanchez !
Après m’être fait payer, je sortis dubitatif de cette demeure. J’étais assez téméraire, et d’ordinaire je courrais après les fantômes jusque dans la rue, afin de pouvoir faire des photos ou des vidéos de ces esprits ; ils leur arrivaient parfois d’apparaître. Pas sous forme humaine, bien sur ! Mais sous l’apparence d’un halo lumineux. Seulement aujourd’hui, essayer de plonger dans le mur ne m’avait même pas traversé l’esprit ! J’étais resté médusé devant ce miroir sans pouvoir faire le moindre mouvement. Je n’aimais pas rester sur une défaite ou une incompréhension : frustré, je décidai de me renseigner à la bibliothèque. Ils avaient des postes internet sur lesquels je pourrais voir si ce genre de choses avait déjà été recensé. Je regagnai ma voiture garée devant la maison. Ce quartier était vraiment calme ! Limite désert. À 10h00, Sous un soleil déjà haut, il n’y avait pas un chat dans les rues ; tout le
monde restait à l’abri. Les habitations, toute analogues, n’avaient pas très bien supportées la tempête de l’année précédente : Les bardages bois tombaient en ruines ; les toitures percées étaient réparées avec des morceaux de bâches ; et certaines fenêtres cassées étaient rafistolées avec des plaques de plexiglas rayées. Toute la rue aurait eu besoin d’un bon coup de peinture. Les épaves stationnées le long de la rue trahissaient la grande pauvreté des résidents de ce district, et les poubelles débordantes laissaient à penser que les services de ramassage des ordures ne voulaient plus passer par ces quartiers trop dangereux. J’étais navré de voir que, dans un pays aussi puissant que le nôtre, beaucoup de familles n’étaient pas en mesure de vivre décemment. Autant certains pays avaient trop d’aides sociales ; autant le notre en manquait fortement. Personnellement, je ne roulais pas sur l’or, car je n’abusais pas des prestations, mais je demandais suffisamment pour me permettre une vie sans trop de galères, loin de ces coupe-gorges. J’ouvris la malle de mon vieux pickup gris asphalte terne – un des premiers Land Rover Discovery – pour y ranger mon matériel avant de me mettre derrière le volant. Assez simple, je n’aimais pas particulièrement les gros véhicules, mais mon activité me forçait, par moment, à me rendre dans des coins difficiles d’accès : j’avais été contraint à m’équiper d’un tout terrain. Je l’avais acheté d’occasion, et sa couleur commençait à passer. Mais malgré son kilométrage élevé, il tournait encore bien ! Je regardai une dernière fois le secteur pour vérifier qu’il ne se passait rien d’étrange, puis démarrai pour prendre la route. Il me fallait une bonne heure pour me rendre à la bibliothèque de la nouvelle Orléans. J’espérais y trouver des réponses à mes questions…
* * *
Bibliothèque municipale, Nouvelle Orléans, 11 H 30 La Nouvelle Orléans était une de ces très grandes villes où l’animation humaine ne s’arrêtait jamais. Une industrie puissante et un port en activité quasi constante, la plaçait économiquement en tête des métropoles de la Louisiane. Le tourisme y était fort et les commerces toujours ouverts. Les rues étaient bruyantes et grouillantes de personnes de toutes nationalités. Déambulant dans les rues commerçantes l’appareil photo autour du cou, certains voulaient découvrir le monde le temps de vacances. D’autres, venaient sans un sou en poche chercher la fortune et la gloire soit disant promise en Amérique, pour en définitif, courir de petit job en petit job et gagner une misère dans le but de réussir à survivre. Je détestais aller dans les grandes villes : on y était bousculé en permanence, le bruit y était constant, et entouré de gens indifférents les uns des autres, je me sentais encore plus seul que dans ma petite ville de province ; seulement, les métropoles possédaient des moyens de documentation bien meilleurs que les petites contrées ! La bibliothèque publique de la Nouvelle Orléans où j’avais pris l’habitude de me documenter était une bâtisse imposante de style néoclassique, construite en pierres blanches, sur plusieurs niveaux. Sa façade était majoritairement composée de grandes piles rondes en saillie, séparant d’imposantes fenêtres, dont les châssis en chêne rappelaient avec subtilité le bois utilisé pour les majestueuses portes d’entrées. Mais derrière son apparence ancienne, elle était à la pointe de la technologie. La décoration refaite dans un style contemporain, et le mobilier neuf, donnaient plus l’impression d’être dans le centre de documentation et d’information d’un collège, que dans une bibliothèque municipale. Les livres, classés par auteur sur des étagères blanches et très aérées, étaient les mêmes qu’à mon adolescence. La différence depuis quelques années, c’était les postes informatiques – que les responsables avaient fait installer – avec lesquels on pouvait faire des recherches sur internet. Même si je n’étais pas très doué avec l’informatique, je trouvais que c’était une merveilleuse invention ! Finies les journées entières de recherche dans des centaines de livres, journaux et
encyclopédies. En quelques clics, on pouvait obtenir une multitude d’informations venues du monde entier. Quand j’étais jeune, je trouvais une adresse ou un numéro de téléphone dans le bottin ou sur le minitel ! Et les exposés se préparaient en cherchant dans les encyclopédies de ces interminables rayons. Bien que le « net » existait depuis à peine cinq ans, cette époque révolue du papier me paraissait déjà très lointaine ! A chaque virée en ville, je me disais qu’il serait temps d’investir dans un ordinateur pour travailler de chez moi. Mais paradoxalement, j’aimais me rendre régulièrement dans cette enceinte calme où régnait le respect de tous les étudiants et lecteurs. Cela me rappelait mes années d’études en compagnie de ma sœur cadette ; quand il m’était impossible de faire mes devoirs d’une traite, parce que je préférais l’aider à lire son nouveau livre. J’adorais ces moments ! J’aimais beaucoup jouer les professeurs : j’avais contribué pour cinquante pour cent à son apprentissage scolaire. Elle faisait partie des meilleurs de ses classes, et j’étais certain qu’elle aurait pu aller très loin dans la vie, si le sort en avait décidé autrement… Je pris place devant mon écran habituel pour commencer ma recherche… L’atmosphère de cet endroit était toujours aussi reposante et propice à un bon enrichissement culturel. Je me démotivai après plus de trois heures de recherches acharnées : J’avais trouvé parmi pleins de sites de vente de miroirs, de restaurateurs d’objets d’art, et de produits d’entretien, un seul article de journal datant de la première moitié du siècle, faisant référence à une histoire similaire.
« John Bullet, un artisan fabricant de miroir d’une quarantaine d’années, avait déclaré à la presse de l’époque, que plusieurs des pièces de son atelier de fabrication avaient inexplicablement explosées toutes seules ; blessant mortellement son épouse, étrangement disparue… La justice ne l’ayant pas cru, avait été persuadée de sa culpabilité dans l’assassinat. Face à ses explications sordides, il avait été interné pour démence. Sa famille s’était fortement battue pour le faire libérer et avait fini, après de longues années, par avoir gain de cause. Peu de temps après sa sortie, il avait disparu sans explications alors qu’il travaillait seul dans sa miroiterie… Plus personne ne l’avait jamais revu… Une rumeur courait à son sujet ; il se serait adonné à la sorcellerie pour contacter son épouse et l’aurait payé de sa peau. L’atelier avait été vidé de toutes ses œuvres, lesquelles furent vendues aux enchères les semaines suivantes. Ses enfants n’avaient eu de cesse de le chercher et de comprendre ce qui lui était arrivé. Ils avaient d’ailleurs racheté plusieurs de ses pièces, certainement afin de réaliser les expériences pratiquées par leur père. Un autre article expliquait qu’eux aussi, pas loin de trente ans après, avaient inexplicablement disparus, ne laissant que quelques pages de grimoire brûlées et deux orphelins. »
Certes un peu étrange, mais sans explication : La frustration s’accentua ! Qu’avait-il pu se passer ? Quel était le rapport entre ces disparitions et les miroirs ?
Même la bonne vieille méthode de la recherche papier n’avait rien donné : pas la moindre trace de similitudes avec mon affaire, ni dans les encyclopédies, ni dans les plus vieux livres de phénomènes paranormaux. Il ne servait à rien que je m’éternise ici. J’étais fatigué, démotivé et trois quarts d’heure me séparaient encore de mon domicile ; je décidai donc de rentrer chez moi…
2 Une rencontre inattendue
Covington, 17 H 00
Arrivé chez moi, mon sang ne fit qu’un tour et mon cœur se mit à taper ma poitrine comme s’il voulait en sortir. Ma porte était entrebâillée… Je n’osais pas la pousser de peur de ce que j’allais trouver derrière. Je pris mon courage à deux mains et entrais doucement.
Qu’est ce que c’est que ce bordel ?! Un ouragan ? Un cambriolage ?
Mon appartement avait été visité ! C’était une scène apocalyptique : le bureau rectiligne en plaqué chêne avait été entièrement vidé par terre ; le meuble où reposait la télé aussi ; le canapé en tissu marron n’était plus à sa place et les coussins avait été jetés de l’autre côté de la pièce. Les CD tous neufs, était ouverts et éparpillés dans tout le salon. Par contre, l’écureuil en peluche de ma sœur – habituellement posé sur le sofa – avait été soigneusement déplacé, et trônait sur l’étagère où je rangeais mes compacts disques !!! L’appartement faisait l’angle de la rue et était entouré d’étroites fenêtres, toutes en hauteur, aux bâtis blancs. Elles étaient fermées et laissaient passer les rayons du soleil par les interstices des stores les habillant. Si elles avaient été ouvertes, j’aurais dis qu’une tornade était passée par là ! Ploc !!! Un bruit dans la chambre attira mon attention : je me saisis doucement de ma batte de baseball cachée dans le placard – encore ouvert – de l’entrée ; avançai à pas de loup jusqu’à la porte de mon dormoir ; l’ouvris d’un coup sec ; et manqua d’abattre ma matraque sur le crâne de la femme qui se tenait face à moi. Non attendez! hurla-t-elle, en se protégeant la tête de ses bras minces. Voir mon appartement dans cet état et y trouver quelqu’un à mon arrivée m’avait mis hors de moi : le ton que j’utilisai pour lui répondre fut assez agressif. – Qu’est-ce que vous faites là ? Qui êtes-vous ? – Ne m’faites pas de mal, s’il vous plait ! Elle avait une voix douce et claire, mais sur le coup, un peu hésitante. – Mais qui êtes-vous ? – Je vous cherchais ! Vous êtes bien Mike Brookins ? me demanda-t-elle, semi accroupie. – Oui ! Pourquoi ? Vous allez me dire qui vous êtes ! Elle tenta doucement d’ouvrir les bras pour voir mes réactions. – Oui mais… je peux me relever ? Et posez ça s’il vous plaît ! Vous me faites peur ! Je baissai mon arme sans pour autant la poser : j’étais parano et ne faisais confiance à personne. Je surveillais attentivement le moindre de ses gestes en gardant une oreille attentive à l’espace jour, au cas où un complice aurait refait surface. – Vous fracturez toujours les portes des gens que vous voulez voir ? l’agressai-je – Non ! Ça ne va pas ? Elle était déjà ouverte quand je suis arrivée ! J’eus l’impression d’être pris pour un idiot. – Vous vous foutez de moi ? – Non ! Pourquoi forcerais-je votre porte ? dit-elle en se redressant lentement. Je suis civilisée ! Je vous cherchais, c’est tout ! Si elle avait été fermée, je vous aurais attendu dehors ! Elle avait l’air sincère ! Et apeurée ! – Vous n’avez pas de téléphone pour prendre un rendez-vous ? Et vous ne m’avez toujours pas donné votre nom ! – Excusez-moi ! J’ai été surprise par votre arrivée quelque peu… fracassante ! dit-elle en retournant hésitante dans le salon. Je m’appelle Julia Bullet, et quand je suis arrivée, votre porte était ouverte… Sans réponse de votre part, je suis entrée pour voir si vous alliez bien !
J’ai été alertée par du bruit dans la chambre. Sa voix avait repris un peu d’assurance. – Et puis, je vous ai appelé avant de venir ! continua-t-elle, en rehaussant le ton. Mais je suis tombée sur un répondeur… J’ai comme l’impression que vous vous êtes fait cambrioler ! Après un tour d’horizon rapide de la pièce, j’adoucis ma voix pour lui répondre. Le voyant rouge clignotant du répondeur indiquait bien la présence d’un message. – Ce n’est pas un cambriolage ! Rien n’a l’air d’avoir disparu. C’est juste le foutoir… Bon sang ! Qu’est-ce que ça veut dire encore ? Et que voulez-vous ? Votre nom me dit quelque chose… Êtes-vous la descendante de John Bullet, le miroitier du début du siècle ? – C’était mon grand-père. Comment le connaissez- vous ? – Un article de journal lu cette après midi. – Je suis ici parce que j’aurais besoin de vos services pour chasser des esprits d’une ancienne maison. Vous êtes bien chasseur de fantômes ? – Oui. – Les deux charlatans à qui j’ai fait appel avant vous n’ont pas été efficaces. Pourriez-vous m’aider ? C’était la première fois que quelqu’un se trouvait chez moi au moment où je rentrais ! J’étais méfiant, mais son histoire tenait la route. Mais alors ! Qui avait bien pu faire ça à mon appartement ? Je n’avais jamais vu un souk pareil : les placards de la cuisine avaient été vidés, et la moitié des denrées – étalées par terre – étaient bonnes à jeter ; le bureau et le meuble de télévision avaient été mis à sac, tout leur contenu jonchait le sol ; la chambre était dévastée ; et même la salle de bains avait été fouillée… J’étais dégoûté et je me sentais pris d’un sentiment inexplicable de violation. Même si rien n’avait été volé, quelqu’un avait pénétré mon intimité. Et tant que l’ordre n’aurait pas été remis, j’aurais été incapable de faire quoi que ce soit. Julia attendait, plantée devant moi comme un piquet, ses grands yeux ronds, couleur noisette, ayant l’air de vouloir lire dans mes pensées. Son nez droit et sa petite bouche aux lèvres charnues lui conféraient une belle physionomie fine et harmonieuse. Mais ses cheveux attachés en chignon ébouriffé, dégageaient son visage ovale aux joues rondes et lui donnaient ainsi un air un peu sévère. Les secondes furent longues avant ma réponse. – Oui ! Mais vu la quantité de rangement que j’ai à faire, je ne prendrai aucune demande avant plusieurs jours ! Je ne suis pas spécialement maniaque mais je ne peux pas laisser mon appart comme ça… – Alors je vais vous aider ! me coupa-t-elle. Nous irons plus vite à deux, et demain vous viendrez avec moi ! Impressionné par la détermination présente dans sa voix, je ne savais plus quoi dire ! J’étais subjugué par sa manière directe mais à la fois légère de s’imposer. Impatiente, elle prit mon mutisme pour un oui et se mit activement à la tâche sans avoir eu de réponse. L’énervement était retombé, et je n’arrivais pas à croire ce que je voyais. Cette femme s’était imposée avec une grâce à laquelle je n’avais su m’opposer et s’était appropriée ce lieu avec une facilité déconcertante. Je préparai deux tasses de café en commençant à remettre un peu d’ordre dans la cuisine, pendant qu’elle ramassait les tiroirs du bureau pour y remettre le matériel qu’ils contenaient. – Vous sucrez ? demandai-je en lui tendant son remontant. – Non merci ! Je fais attention à ma ligne ! Sa réponse me fit sourire. – Vous rigolez ! Vous êtes épaisse comme une épingle à cheveux ! Elle ne devait pas peser plus de 55 kilos, pour plus de 1, 70 m. Elle était toute frêle et donnait l’impression d’une femme fragile. Son petit haut blanc serré et son pantacourt bleu ciel moulant accentuaient considérablement l’effet de minceur. Ses ballerines blanches en toile ne juraient pas avec le style vestimentaire et lui accordaient la légèreté d’une danseuse. – Vous croyez que l’on garde une silhouette comme ça en mangeant n’importe quoi ! me répondit-elle très sérieusement, les yeux grands ouverts. – Non c’est sûr, je ferai bien de faire pareil, avouai-je en plongeant deux sucres dans ma
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