LES Chevaliers d'antarès

Anne Robillard

Description

Poursuivant sa ronde, Sierra arrive au campement des Manticores, au nord du pays d'Arcturus. Elle est accompagnée de Wellan, de Nemeroff et du jeune Eanraig qu'ils ont recueilli à Hadar. Offusqué par l'attitude antipathique de cette division de Chevaliers, Nemeroff serre les dents en se demandant combien de temps il pourra les supporter…
De son côté, Wellan découvre une autre facette des Manticores. Hyperactives et rebelles, en plus d'interpréter les règlements de l'Ordre à leur façon, elles sont incapables de rester tranquilles et organisent sans cesse des compétitions auxquelles elles tiennent à le faire participer. A quel prix pourra-t-il maintenir leur rythme effréné?
Chez les Aculéos, le Prince Quihoit n'attend que le moment de supplanter son père, ignorant que, dans les cieux, le jeune dieu Javad caresse les mêmes ambitions envers son propre père.
Conscients que leurs jours sont comptés, les Deusalas redoublent d'effort pour apprendre à se battre. Le précieux concours du dieu-dragon fera-t-il pencher la balance en leur faveur?
A Emeraude, les familles de Wellan et de Nemeroff ont enfin choisi ceux qui partiront à leur recherche, mais les retrouveront-ils avant qu'Achéron passe à l'action?

Informations

• Publié par: WELLAN INC
• Date de parution: 16 août 2017
• Nombre de lectures: 35
• EAN13: 9782923925936
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

DROITS
© Wellan Inc., 2017. Tous droits réservés. Ce roman, incluant les personnages et l’histoire exprimés, est protégé par le droit d’auteur en vertu de la Loi canadienne et des conventions internationales sur le droit d’auteur. Wellan Inc. est le titulaire exclusif du droit d’auteur sur le roman. Aucune partie de cette œuvre ne peut être utilisée ou reproduite sous quelque forme ou en quelque plateforme que ce soit en l’absence de l’autorisation écrite et préalable de Wellan Inc.
ANNE ROBILLARD


Tome 3
Manticores


Août 2017
ISBN : 978-2-923925-93-6
CITATION
« Celui qui décrit le mieux le problème est celui qui est le plus à même de le résoudre. »
— Dan Roam

CARTE D’ALNILAM



BLASON DE L’ORDRE
DES CHEVALIERS D’ANTARÈS




Chapitre 1 CHAMBARDEMENTS
L e pays d’Arcturus se situait au nord-ouest du continent d’Alnilam. En plein centre s’élevait la montagne bleue, un pic solitaire qui dominait toute la région. Arcturus était le centre intellectuel d’Alnilam et possédait les meilleures universités. Ses mines et ses usines se trouvaient au nord, comme dans la plupart des autres pays du continent. C’était pour cette raison que les Chevaliers d’Antarès les protégeaient depuis de nombreuses années. Les Aculéos avaient réussi à incendier les villes qui ponctuaient le parcours de la rivière Pyrèthre, mais là s’étaient arrêtés leurs efforts de destruction.
Le défunt commandant Audax avait confié la défense de ce territoire aux Manticores. Ce grand homme n’était pas un érudit, mais il comprenait l’importance de préserver non seulement les industries, mais aussi la connaissance pour les générations futures. Il les avait donc chargées de ne laisser passer aucun homme-scorpion à Arcturus.
Tout comme son prédécesseur, Sierra se déplaçait d’une garnison à l’autre à chaque campagne militaire. Elle prodiguait des conseils, écoutait les réclamations, participait même à quelques combats aux côtés des autres commandants. Cette fois-ci, la Haute-Reine Agafia d’Antarès l’avait obligée à partir avec Wellan, un prisonnier en provenance d’un autre monde. Sierra avait d’abord cru que ce soldat serait un véritable boulet, mais sa contribution lors de plusieurs batailles s’était avérée fort utile.
Lorsque Sierra s’était arrêtée chez les Chimères tout de suite après le répit, Wellan avait enfin retrouvé son ami Nemeroff, magicien lui aussi, qui possédait l’étonnante faculté de se transformer en dragon cracheur de feu. Elle avait ensuite poursuivi sa route jusque chez les Basilics en leur compagnie, où un autre homme s’était ajouté au groupe. Il s’appelait Eanraig et prétendait avoir survécu au massacre de sa ville par des Aculéos. Sierra aurait préféré le laisser sous la surveillance de Chésemteh, la commandante des Basilics, mais l’Hadarais l’avait suppliée de le laisser voyager avec elle jusqu’au pays voisin. C’est donc en compagnie de Wellan, Nemeroff et Eanraig que la grande commandante arriva enfin chez les Manticores.
En mettant pied à terre, Nemeroff remarqua que les soldats de cette garnison dormaient dans des huttes de paille. Comme il avait déjà fourni aux Basilics les matériaux nécessaires à la construction d’abris plus étanches, où il était possible d’allumer un feu, il voulut offrir le même présent aux Manticores. Leur réaction fut cependant fort différente...
Utilisant son esprit, Nemeroff découpa sans effort des blocs de pierre dans la falaise et les fit voler jusqu’au campement des soldats d’Apollonia. L’arrivée des projectiles rectangulaires causa aussitôt la panique parmi les Chevaliers. Dassos, qui se trouvait dans la forêt au moment où les matériaux se mirent à foncer vers la clairière, revint en courant pour alerter la garnison. Wellan dut s’en mêler pour empêcher que les Manticores se précipitent à la rencontre d’un ennemi inexistant. Au même instant, les premiers blocs volèrent par-dessus la tête de Dassos pour former des piles un peu partout.
Apollonia ne cacha pas son irritation en apprenant que c’était Nemeroff le responsable de ce curieux phénomène. Sierra tenta donc de lui expliquer qu’il s’agissait de matériaux de construction.
– Pour quoi faire ?
– Des abris convenables, déclara Nemeroff.
– Tu viens juste d’arriver, l’étranger, et tu veux déjà changer nos mœurs ?
– Uniquement les améliorer.
– Laissez-moi vous montrer à quoi ils servent, offrit Wellan pour détendre l’atmosphère en voyant arriver une horde de Manticores armées jusqu’aux dents.
– Nous ne voulons pas le savoir, répliqua le chef des Manticores. Nous faisons la guerre ici depuis très longtemps et nous sommes capables de répondre à nos propres besoins.
– Ce que je vous propose, ce sont des abris étanches qui... balbutia Nemeroff, étonné par sa réaction.
– Nous avons notre propre façon de faire les choses, étranger.
Nemeroff dirigea un regard interrogateur vers Wellan.
– Combien de temps devrons-nous rester ici ? demanda-t-il par télépathie.
– Quelques semaines tout au plus, répondit son ami. Sois indulgent.
En s’efforçant de ne pas laisser la colère le transformer en dragon, Nemeroff salua la commandante des Manticores et partit à la recherche d’un endroit en retrait pour y construire le refuge qu’il entendait partager avec ses amis. Des blocs s’élevèrent d’une des piles et le suivirent. Lorsqu’ils eurent compris ce qu’il voulait faire, Wellan et Eanraig se précipitèrent pour lui prêter main-forte.
– Qui est cet insolent qui se donne le droit de nous dire comment installer un campement ? grommela Apollonia.
– Nemeroff est un roi dans son propre monde, mais je ne crois pas qu’il ait voulu se montrer arrogant. À mon avis, il voulait simplement vous offrir un peu plus de confort.
– Ici, ce n’est pas lui qui commande, alors qu’il se mêle de ses affaires. Sa magie ne nous impressionne pas.
Tout en dirigeant les blocs au bon endroit pour former un rectangle sur le sol, Wellan ressentit la frustration du jeune souverain.
– Apparemment, les autres garnisons ne sont pas aussi compréhensives que les Basilics, chuchota-t-il. Essaie de ne pas te sentir personnellement visé par leur réaction.
– C’était seulement un cadeau. Je ne leur ai pas donné l’ordre de changer leur mode de vie.
– Elles finiront bien par le comprendre, l’encouragea Eanraig.
Pour se délier les muscles, les trois hommes terminèrent manuellement la construction de l’abri à la fin du jour. C’est alors que Sierra s’approcha pour les convier au repas commun.
– Mais d’où vient ce toit en tôle ? s’étonna-t-elle.
– Je l’ai trouvé à Astonbourg, dans la cour de l’usine d’où partent les caravanes, expliqua Nemeroff. Il se trouvait dans un tas de rebus, alors je n’ai pas vu de mal à le prendre.
– Il sera certainement plus étanche qu’un tas de branches de sapin, commenta Eanraig.
– Venez-vous manger ? demanda Sierra.
– Allez-y, dit Nemeroff à ses amis. Je n’ai pas faim.
– Mais tu ne t’es rien mis sous la dent de toute la journée, protesta Wellan.
– Je n’ai pas d’appétit quand je suis fatigué.
Sierra revint donc vers les Manticores en compagnie de Wellan et Eanraig, qui s’installèrent volontiers parmi les Chevaliers et acceptèrent des écuelles fumantes avec gratitude.
– Où est le roi despote ? s’enquit Apollonia, ce qui fit rire ses camarades.
– En raison de l’accueil qu’il a reçu à notre arrivée, il préfère s’isoler pour se reposer, l’informa Wellan.
– Mais il lui faudra bien manger quelque chose, s’attrista Messinée.
– Ne vous inquiétez pas pour lui. Il est débrouillard.
Affamés, Wellan et Eanraig avalèrent leur repas en silence. Assise près de Sierra, Apollonia jetait un œil de temps à autre du côté de l’abri de pierre dans lequel Nemeroff s’était retiré afin de trouver un peu de paix.
– Quand quelqu’un nous propose une nouvelle façon de faire les choses, il ne faut pas immédiatement la rejeter, lui dit Sierra. Tu n’as aucune idée à quel point j’ai dû m’adapter depuis que ces hommes sont sous ma surveillance.
– Parce que la haute-reine t’y oblige, riposta Apollonia. Les Manticores n’ont reçu aucun ordre de sa part les enjoignant à fabriquer des abris différents.
Sierra se demanda comment réagirait la commandante si c’était elle qui l’obligeait à le faire au nom de la souveraine. Apollonia était une belle femme aux longs cheveux blond vénitien et aux yeux verts rêveurs. Intelligente, elle possédait suffisamment d’autorité pour maîtriser la turbulence de ses Chevaliers. Toutefois, il lui manquait la flexibilité et l’opportunisme qui distinguaient les grands héros comme Audax des soldats ordinaires. Sierra décida donc de se sustenter sans émettre de comment