Les Tables du Destin
346 pages
Français

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Les Tables du Destin , livre ebook

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Description

Maladroite et un peu fofolle, Mia Fayet possède un sacré crochet du droit dont elle aime abuser. C'est dans le sud de la France qu'elle a repris la boutique d'antiquités de son oncle. Sa vie se résume à un petit cercle d'amis, une mère insupportable et un ex fiancé potentiellement cancérigène. Jusqu'au jour où elle découvre dans l'un de ses tiroirs, une tablette en or gravé d'un langage aussi vieux que l'humanité. Une tablette au pouvoir étrange qui réveille ses intuitions depuis longtemps assoupies et des souvenirs oubliés. Sans compter sa rencontre fortuite avec Matteo Scalabrino, un italien au passé sombre qui suscite en elle une vague impression de déjà-vu et une bonne dose d'exaspération. Coïncidence ou simple hasard, le moment est venu de partir en quête de la vérité et découvrir bien plus que ce qu'elle cherche.

Informations

Publié par
Date de parution 01 février 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782363159700
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0011€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Aude Félix

Les Tables du Destin

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ISBN 9782363159700
© Janvier 2019
Aude Félix


À Xavier


Première partie
Mon Dieu, donnez-moi la sérénité d’accepter les choses que je ne peux changer, Le courage de changer les choses que je peux, et la sagesse d’en connaître la différence. Reinhold Niebuhr


Prologue
Allongé sur le dos, les bras en croix et les yeux clos, le petit corps étendu soupira d’aise. Il faisait noir ! Tellement noir ! La chaleur du soleil caressait ses bras nus et une légère brise soulevait de temps à autre, les volants de sa robe blanche tachetée de coquelicots à l’éclat doré. Deux sourcils bruns et arqués se froncèrent au son du petit bourdonnement. Une moue boudeuse se dessina sur les lèvres rosées et charnues. Le nez fin se plissa et chassa l’intrus de petits mouvements agacés. Un sourire satisfait éclaira le visage potelé offert au soleil lorsque le bruit s’éloigna lentement, avant de mourir parmi tant d’autres. Le bruissement des herbes hautes s’insinua au creux de ses oreilles. Tout comme le cri des oiseaux, le clapotis de l’eau et le son lointain d’un pas étouffé qui martèle le sol.
Était-il possible de se nourrir de sons ? De n’avoir besoin que d’écouter et de ressentir pour respirer ? Une grimace capricieuse déforma un instant les traits enfantins de son visage. Voilà qui serait préférable à la cuisine désastreuse de sa grand-mère ! Mais un son, ça ne se mangeait pas, si ? Quelque chose frôla la peau de sa jambe et elle se raidit avant de se décontracter lentement. Et si on avalait le vent ? Aurait-on encore besoin de manger ? La bouche s’entrouvrit légèrement, avide de connaître la réponse à cette question, lorsqu’une main étrangère y introduisit un petit objet avant de la bâillonner fermement. Un rire sonore résonna au-dessus d’elle. Le petit objet bougeait contre sa langue. Ses yeux s’arrondirent de surprise. D’une main agacée, elle chassa celle de l’intrus et se redressa en recrachant le petit grillon. Elle lança un regard venimeux au garçon qui s’allongeait à côté d’elle et se recoucha sur l’écrin de verdure. Se sentant épiée, elle tourna la tête et croisa deux yeux rieurs qui l’observaient malicieusement. Sans pouvoir s’en empêcher davantage, ils éclatèrent de rire et s’installèrent chacun sur le côté pour se faire face, leurs mains collées sous la tête en guise de coussin.
— À quoi tu pensais ? demanda le garçon d’une voix fluette.
— Je me demandais si on pouvait manger le vent, répondit sa sœur le plus sérieusement du monde.
— Nathaniel dit que les filles sont moins intelligentes que les garçons.
Elle lui asséna un petit coup de poing dans le ventre et il lui sourit en retour.
— Mia ?
— Hum ! grogna la fillette dont les petits doigts s’activaient sur les pétales d’une marguerite.
— Maman t’a punie. Tu devais rester sur la terrasse. Tu vas encore te faire gronder.
— Je me fais gronder tous les jours, murmura-t-elle en haussant les épaules. Je m’ennuyais.
Le regard compatissant, il posa sa main chaude sur celle de sa sœur. Elle releva la tête et lâcha la petite fleur. Un instant, leurs yeux s’unirent en un échange muet. Les mêmes yeux noisette, le même nez, les mêmes fossettes et la même envie de se protéger.
— Je ne veux pas que maman te fâche encore. Tu devrais retourner sur la terrasse. On va manger le gâteau.
Mia roula sur le ventre et se redressa sur les coudes pour surveiller la terrasse. Tout le monde était assis autour de la table et personne ne l’avait vue s’enfuir du petit coin où sa mère lui avait ordonné de ne plus bouger. Elle tourna la tête et examina son frère, accoudé à ses côtés.
— Papy Léo a dit à maman qu’elle n’était pas gentille avec toi. Moi aussi je lui ai dit, mais à moi elle m’a fait les gros yeux.
— Ça ne sert à rien que tu me défendes.
Les yeux du garçon s’assombrirent légèrement alors qu’il fronçait les sourcils.
— Je te défendrai toujours. Oncle Sam dit que toi et moi nous ne faisons qu’un. Si elle te fâche, c’est comme si elle me fâchait moi aussi.
— Toi, elle ne te gronde jamais. Moi, elle ne m’aime pas.
— Mia ! s’exclama son frère, les yeux écarquillés.
— C’est la vérité Li. Mais ce n’est pas grave. Papa m’aime, oncle Sam m’aime. Papy Léo et Rosa m’aiment eux aussi. Il y a plein de gens que personne n’aime, alors ce n’est pas grave si une seule me déteste, répliqua-t-elle sereinement devant la logique implacable de son raisonnement. Tu crois que l’on peut se nourrir de sentiments ?
Un pli soucieux barra le front de Liam.
— Tu es vraiment bizarre Mia. Parfois, je pense que tu tombes beaucoup trop du lit.
Mia bondit sur ses pieds et chassa l’herbe de sa robe blanche. Liam fit de même, puis ils marchèrent côte à côté vers la maison. Mia leva la tête et sans surprise, vit le rapace tournoyer au-dessus d’elle. Elle le voyait tout le temps. Elle avait essayé de le montrer à son frère mais à chaque fois, il lui disait qu’il ne voyait pas d’oiseau. Il devait certainement se moquer d’elle, comme très souvent. Car tous les jours, d’aussi loin que remontaient ses souvenirs, elle voyait ce grand oiseau majestueux flotter dans les airs. Ils gravirent les quelques marches et se dirigèrent vers la tablée. Lorsqu’elle la vit approcher, sa mère la foudroya d’un regard sévère. Liam prit les devants et se posta devant elle.
— Je suis allé la chercher pour qu’elle mange le gâteau avec nous. Elle n’avait pas bougé du coin.
Mia baissa la tête en signe de soumission. Lorsqu’elle la releva enfin, tout le monde s’était remis à parler.
— Je te protégerai toujours Mia, chuchota doucement son frère contre son oreille, une main protégeant son secret pour que personne ne les entende.
Puis il sautilla joyeusement jusqu’à sa chaise et s’y assit, son air glouton rivé sur le gâteau posé au centre de la table. Mia se hissa sur la chaise à côté de son grand père qui la regardait d’un drôle d’air. Elle s’empourpra. Elle l’aimait beaucoup, seulement très souvent, son beau regard mystérieux la mettait mal à l’aise.
— Que regardais-tu dans le ciel ma princesse ?
Elle posa ses yeux candides sur lui. Il avait la peau ridée et des cheveux de la même couleur que la neige. Ses yeux noirs, elle aurait aimé les avoir. Nathaniel Leblond la taquinait sans cesse à l’école. Yeux marron, yeux de cochon . Les cochons ne pouvaient donc pas avoir les yeux bleus, verts ou noirs ?
— Mia ?
Elle sursauta et esquissa un petit sourire contrit en se tordant les mains.
— Je regardais le ciel.
— Et pourquoi donc ? Qu’y vois-tu ?
— Des oiseaux, répondit-elle sur le ton de l’évidence, et parfois des avions.
— Quel genre d’oiseau ?
Elle lui jeta un coup d’œil méfiant sans répondre. Il lui sourit avec confiance.
— C’est l’aigle que tu regardais ?
Ses lèvres formèrent un « O » de surprise.
— Tu l’as vu toi aussi ?
Il hocha la tête, amusé.
— Personne ne le voit d’habitude. À l’école, quand il passe au-dessus de la cour de récréation, mes copines me prennent pour une folle.
— Parfois, il y a des personnes qui ne peuvent pas voir ce que tu vois.
— Pourquoi ? l’interrogea-t-elle, intriguée.
— Il y a des choses qui sont faites pour n’être vues que de quelques-uns.
— Comme cet aigle ?
— Par exemple, oui.
— Pourquoi ? J’aimerais que Li le voie. Il dit que je tombe trop souvent du lit, que c’est pour ça que je deviens de plus en plus bête ! ronchonna-t-elle.
Léopold Fayet caressa la petite tête brune.
— Un jour, tu sauras pourquoi tu vois cet oiseau que personne ne voit.
Mia se perdit dans la contemplation de ses yeux sombres et profonds. Un instant, le visage de son grand père se confondit avec un autre. Un beau visage, beaucoup plus jeune et souriant. Une peau hâlée et des cheveux courts et noirs comme le jais. Aussi vite qu’il était venu, le visage disparut de ses traits et il ne resta plus que son grand père qui l’observait de nouveau de ce drôle d’air.
— Mia, on souffle nos bougies ? l’interpella son frère de l’autre côté de la table.

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