Les Voies de Brume - Intégrale Saison 1
150 pages
Français

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Les Voies de Brume - Intégrale Saison 1 , livre ebook

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Description

Le clan Bèdefer, mené par l’impulsif Séraphin, est prêt à tout pour faire ses preuves. Chasseurs de primes aux tempéraments bien trempés, ils sillonnent les cités autonomes et acceptent n’importe quel contrat tant que la récompense est belle. Leur arrogance les mènera jusqu’à la prestigieuse, mais non moins nébuleuse, ville d’Evianor. Contraints d’accepter une mission périlleuse, ils traverseront désert et forêt envoutée.


Mais derrière le voile, les apparences sont autres...


Et le clan paiera cher cette leçon.

Sujets

Informations

Publié par
Nombre de lectures 0
EAN13 9782384110100
Langue Français
Poids de l'ouvrage 2 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

HÉLÈNE BESSE
 
 
 
 
 
 
LES VOIES DE BRUME
SAISON 1
 
 
 
 
 
 
 


Direction éditoriale :
Guillaume Lemoust de Lafosse
 
© Inceptio Éditions, 2021
 
Couverture : Eva Lemoust de Lafosse
 
Inceptio Éditions
13 rue de l’Espérance
La Pouëze
49370 ERDRE EN ANJOU
 
www.inceptioeditions.com
 


 
 
À Laurent,
 
 
 
 
 
ÉPISODE 1
RIEN NE SERT DE COURIR
L’homme filait à travers les venelles obscures et nauséabondes. Ignorant les aiguilles qui lui transperçaient les poumons à chaque inspiration et la douleur lancinante de ses jambes, il fuyait ; les ténèbres pour seules alliées. Une boue miasmatique se collait à ses pieds nus et recouvrit bientôt la majeure partie de ses guenilles. Soudain, un rayon lunaire perça l’un des nuages noirs qui stagnaient au-dessus de la cité depuis plusieurs jours maintenant et illumina la pointe ensanglantée de la lame que tenait l’homme. Sur son visage, facilement identifiable par sa ressemblance avec celui d’un crapaud, le sang avait formé des taches sombres que les mouches se disputaient. Un éclat de voix l’arrêta net. Il se colla contre la paroi visqueuse d’une des nombreuses masures qui constituaient le quartier et cessa de respirer, s’efforçant de se fondre dans le paysage. Le vert-grenouille de sa peau s’accordait parfaitement avec le marron crasseux des murs. L’homme-crapaud leva les yeux au ciel et maudit la lune. Comme pour répondre à sa prière, la nuit avala l’astre et une pluie dense creva les nuages. Un rai de lumière perça les ténèbres et des rires gras suivis de gloussements obscènes envahirent la rue.
Le groupe de soulards atteignit l’endroit où se dissimulait le fuyard, mais ne sembla pas remarquer sa présence, tout occupé qu’il était aux futures voluptés qu’une bourse bien remplie pouvait leur offrir dans les venelles malfamées de Rovilh. Un lourd silence s’abattit de nouveau dans la ruelle. Des trombes d’eau tombaient, transformant la ville déjà crasseuse en fange immonde. Les odeurs emprisonnées dans la terre se libérèrent, provoquant des haut-le-cœur aux nez délicats. Le fugitif s’octroya, bien à tort, quelques instants de répit.
Une balle explosa littéralement à côté de son oreille, enfonçant dans sa peau les débris du mur mis à mal. Un bourdonnement sourd lui vrillant le crâne, il s’élança dans la rue. Ils l’avaient retrouvé. Cette seule pensée accompagnée de la sentence qu’il encourait lui donna des ailes et il reprit sa course folle. Un deuxième projectile le frôla, emportant avec lui un bout de son oreille. Il hurla, mais ne ralentit pas pour autant. Ils se rapprochaient. Un liquide chaud coula le long de son cou, se mélangeant à sa sueur et à la crasse qu’il avait accumulées pendant ses longs jours de traque, et durant toute sa vie. Se laver ne faisait pas partie de ses prérogatives.
Il bifurqua au dernier moment et s’engouffra dans une rue un peu plus large, perpendiculaire à celle qu’il venait de quitter. La promptitude demeurait son meilleur atout. Le tireur embusqué ne pourrait pas le garder dans sa ligne de mire s’il ne cessait de changer de direction. Sa tactique dut fonctionner, car aucune balle ne vrilla plus dans les airs. L’espoir renaissait.
Il déboucha sur une place où gisaient les ruines d’une fontaine. Il prit une seconde ou deux pour décider où aller quand il la vit. Une ombre se tenait là, face à lui, debout sur les débris de pierre. Il hésita. L’absence de toute lumière l’empêchait de voir les traits de l’étranger. Ami ? Certainement pas, il n’en avait aucun. Ennemi ? Sans aucun doute, mais de quel genre ? Il décida de tenter sa chance et reprit sa course, jetant son dévolu sur la ruelle la plus éloignée de l’inconnu. Il ne remarqua ni les revolvers en acier blanc ni le regard déterminé de l’homme de la fontaine. Il sentit néanmoins la balle qui lui traversa le genou, meurtrissant les chairs, brisant l’os. Il hurla et s’effondra. Sa tête heurta le sol avec force, mais la boue l’empêcha de s’ouvrir le crâne en deux. Ce qui était une chance d’un certain côté. D’un autre, sa jambe ne pourrait plus le porter et la douleur était telle qu’il ne pourrait demeurer conscient bien longtemps. Recroquevillé dans la fange, les mains sur son genou, il ne put retenir quelques sanglots.
— Tu pleures, Jago ? ricana une voix. Voilà qui est cocasse.
Le fugitif perçut les pas de l’inconnu qui s’approchait. Lentement. Avec l’assurance de celui qui sait qu’il va remporter la partie. Mais c’était sans compter sur la pugnacité de l’homme traqué. L’instinct de survie, cette ultime force qui anime tout être qui est sur le point de mourir. Le fuyard avisa le poignard qui n’était qu’à quelques centimètres de sa main. Il fit mine de vouloir se relever, l’empoigna et retomba lourdement sur le sol. Le chasseur rit de plus belle.
— Qu’est-ce que tu essaies de faire, exactement ? demanda ce dernier. Tu as une balle dans le genou, je te rappelle.
L’inconnu de la fontaine se pencha et attrapa sa proie par le col, le soulevant de la fange.
— Montre-toi un peu coopératif, je te prie. Cinq jours de traque dans cette bauge infâme suffisent amplement, je crois.
L’homme-crapaud tendit ses muscles et brandit le poignard qu’il dissimulait dans son dos. Une détonation retentit et l’arme vola avec une partie de la main de son propriétaire. Surpris, le chasseur lâcha le fugitif dont les hurlements se perdirent dans les miasmes des immondices qui recouvraient le sol, puis se retourna. Une ombre se tenait juste à l’entrée de la ruelle par où était apparue la proie, le fusil toujours levé.
— Merci Martin ! s’exclama le chasseur à l’adresse du tireur.
— Oh, mais de rien, répondit ce dernier. Tu ferais bien de te montrer plus prudent à l’avenir.
Il baissa son arme, s’approcha de son compagnon et avisa le tas de guenilles sanguinolentes secoué de sanglots couché sur le sol.
— Eh bien ! On n’y est pas allé de main morte, reprit le nouveau venu.
— Il fallait bien qu’on emploie les grands moyens ! Cinq jours qu’il nous fait galoper !
— Je sais, Séraphin, j’étais là.
— Dommage que cet enfoiré ait eu le temps de faire d’autres victimes avant que nous l’attrapions.
— Qu’est-ce que tu veux ? Il n’y a pas l’ombre d’un homme de loi dans cette ville. Un criminel se fond très facilement dans la masse. Nous avons fait aussi vite que possible. Par contre, je ne comprends pas pourquoi il a tué cet enfant. Ce n’est pas son style !
Séraphin retourna leur proie d’un pied rageur, libérant le visage de l’homme-crapaud dont les larmes avaient formé des sillons dans la crasse et le sang. Le chasseur posa son talon sur la gorge de l’assassin, l’étranglant à moitié. Le meurtrier essaya de se dégager à l’aide de sa seule main encore valide, mais en vain. L’homme pesa un peu plus sur sa botte.
— Alors, dis-nous, pourquoi cet enfant ? l’interrogea-t-il.
Le voleur grogna pitoyablement et un filet de salive verdâtre coula le long de son menton, suscitant le dégoût des deux chasseurs de primes.
— Si tu l’empêches de respirer, il aura du mal à parler tu sais, se permit de préciser Martin. Ce n’est pas le moment de faire ça. Ramenons-le au train, Ellias doit nous attendre.
Séraphin prit le temps de la réflexion avant de libérer l’homme-crapaud qui toussa et cracha abondamment.
— Écœurant !
Il se saisit du fugitif qu’il redressa tant bien que mal, mais celui-ci s’effondra à la minute même où le poids de son corps pesa sur son genou. Séraphin grimaça.
— Il va falloir que tu le portes, affirma Martin en lui lançant une corde. Je surveille nos arrières.
Le chasseur de primes aux revolvers en acier blanc attacha solidement les pieds et les mains de l’homme-crapaud dont il fouilla les poches et en sortit une pierre d’un rouge sombre et d’une taille plutôt conséquente. Il montra sa découverte à son compagnon qui lui rendit son sourire et la dissimula soigneusement dans son manteau. Puis, faisant fi des jérémiades de leur prisonnier, il le hissa sur son épaule.
— Où est Diwan ?
— Il est reparti vers le train pour protéger Ellias et les garçons, au cas où on voudrait nous empêcher de quitter cette cité pourrie.
— Heureusement qu’il était là ! On n’aurait jamais pu repérer notre voleur sans lui.
Les deux chasseurs de primes reprirent les ruelles que l’assassin avait empruntées seulement quelques minutes plus tôt. Le fusil toujours chargé, prêt à servir, Martin demeurait sur le qui-vive malgré la réussite de leur mission. Des regards inopportuns, une lueur derrière un carreau, les habitants de Rovilh étaient en grande partie des voleurs, des assassins ou des femmes à la vertu peu recommandable, et l’appât du gain animait les esprits les plus vils. La capture de leur proie leur rapporterait une jolie somme et il aurait été très imprudent de penser qu’eux seuls détenaient cette information. Certes, personne n’aurait vendu sciemment l’homme-crapaud, mais maintenant qu’il était pieds et poings liés, la tentation était grande. Une porte claqua soudain derrière eux. Martin se tourna vivement, sur le point de faire feu. La venelle était parfaitement déserte. La nuit égrenait ses longues heures. Bientôt l’aube serait là.
Un nouveau bruit, plus distinct, plus proche, les alerta. Sans nul doute, cette rue s’avérait idéale pour un guet-apens. Séraphin bascula son chargement sur une épaule, libérant sa main droite. Il dégaina l’un de ses revolvers en acier blanc et attendit. L’esprit calme, la respiration lente, il scrutait les ténèbres qui les entouraient dans l’espoir de percevoir ne serait-ce qu’un mouvement. Un ennemi invisible faisait de lui une proie particulièrement divertissante à tuer et mourir dans la fange de Rovilh ne figurait pas dans ses projets immédiats.
— Bèdefer !
Séraphin et Martin se tournèrent de concert vers la voix qui avait frappé dans la nuit, leurs armes levées. Plusieurs silhouettes prirent forme dans l’obscurité, semblant sortir de terre ou s’extirpant des murs en torc

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