Miracles noirs
208 pages
Français

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Miracles noirs , livre ebook

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Description

Miracles noirs retrace le parcours initiatique d'un jeune homme ordinaire que les affidés de Satan veulent recruter. Dès qu'il a mis le doigt dans l'engrenage, tout lui réussit, car c'est Satan et les siens qui mènent le monde...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 23 mars 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334094283
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0060€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composér Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d'adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-09426-9

© Edilivre, 2016
Chapitre I
Accoudé à sa fenêtre, Julien guettait la petite blonde. Il l’appelait ainsi, bien qu’il ne sût pas si elle était réellement petite. Difficile, du cinquième étage, où il logeait, d’évaluer sa taille. En tout cas, elle n’avait rien d’une grande perche. Par contre, il distinguait parfaitement ses formes, des plus féminines ; cela se voyait à ses vêtements. Exactement le genre de jeune femme qu’il aimait. Que de fois il s’était dit : demain, je tente ma chance. Il n’avait jamais rien tenté. Il connaissait ses heures de passage et, depuis trois mois, cherchait le bon prétexte pour l’aborder. Il n’en trouvait aucun. Pourtant, estimait-il, il lui en fallait un de solide pour ne pas immédiatement se faire rabrouer, car rien en lui, pensait-il, ne parlait en sa faveur. Il était ni beau, ni riche ni très intelligent.
À trente ans, il restait célibataire, sans petite amie. Il tenait un emploi de magasinier dans une grande enseigne du côté d’Odéon. Il occupait une chambre, sous les toits, rue Le Brun, dans le XIII e arrondissement de Paris. D’une douzaine de mètres carrés, elle comportait, d’un côté, le lit d’un mètre vingt de large et une grosse armoire, déjà là lorsqu’il avait emménagé, et qui abritait son linge ; de l’autre côté, le coin cuisine, constitué d’une table rectangulaire en formica, cernée par quatre chaises de jardin en matière plastique, dont il avait également hérité en entrant dans les lieux. À proximité, un petit buffet contenait quelques ustensiles de cuisine, une demi-douzaine d’assiettes, autant de verres et de tasses, une cruche à eau, deux plats en métal, ovales, et des couverts. Dans une niche, pratiquée dans ce meuble, logeait un four à micro-ondes, juste assez grand pour accueillir une assiette. Enfin, tout au fond, isolé du reste par une cloison en bois recouverte d’un papier à fleurs défraîchi, un lavabo avec armoire de toilette au-dessus et un coin douche si exigu qu’on se demandait s’il ne fallait pas se laver par moitiés. Pas de quoi séduire une jeune fille.
La petite blonde passait tous les jours, sauf le week-end, vers dix-sept heures trente. Probablement rentrait-elle du travail, supputait Julien. Il l’apercevait débouchant de l’avenue des Gobelins. Sortait-elle du métro ? Elle devait habiter dans le quartier, présumait-il. Que ne l’avait-il pas suivie pour en avoir le cœur net. Il ne s’y était pas résolu pour trois raisons. La première, parce qu’il ne voyait pas en quoi cela lui servirait. Il n’allait pas, comme Roméo, pousser la romance sous son balcon. La deuxième, par précaution. Si elle repérait son manège ? À coup sûr, il serait ridicule et gâcherait ses chances pour l’avenir. Enfin, la troisième, la belle devait avoir un copain. Toutes les filles qui l’attiraient en avaient un ; il n’y avait pas de raison que celle-ci fît exception. Et certainement, la comparaison avec son rival ne tournerait pas à son avantage. Pour qu’il se risquât, il lui fallait un atout. La nature lui avait refusé la beauté ; elle n’allait pas changer d’avis maintenant. Même constat à propos de son intelligence. Il ne pétillerait jamais d’esprit. Seule, sa situation financière pouvait s’améliorer. L’argent ne permet-il pas tout ? Il ne voyait cependant pas comment. Sa paie de magasinier lui permettait de vivre correctement, sans plus, dans sa chambre de douze mètres carrés avec lavabo et recoin douche. Les toilettes se trouvaient à l’étage. Plus jeune, il l’avait possédé une voiture ; mais elle ne servait pas à grand-chose, sinon lui occasionner des soucis pour la garer et des frais d’entretien. Il l’avait revendue cinq ans plus tôt et s’était acheté, à la place, un téléviseur grand écran et un lecteur de DVD. Pas d’héritage en vue. Il avait touché celui de ses parents, une dizaine d’années plus tôt. Son père, petit fonctionnaire, était mort d’un accident vasculaire cérébral ; sa mère décédait quelques mois plus tard d’une crise cardiaque. Julien avait partagé avec sa sœur Henriette leur petit Livret A, ce qui lui avait permis d’acquérir sa voiture, une Clio d’occasion. Rien d’autre en vue.
Julien pouvait, à tout le moins, descendre dans la rue pour croiser la petite blonde et ainsi la voir de plus près. Il aurait pu risquer un discret bonjour, comme le font des gens qui ne se connaissent pas, mais se côtoient régulièrement, par exemple dans un train de banlieue. Et si elle n’y avait pas répondu ? Julien se serait senti blessé : suis-je donc à ce point minable qu’on ne réponde pas à une marque de politesse ? Si elle y avait répondu, qu’elle aurait été la suite ? Répéter inlassablement ce petit signe sans oser aller plus loin ? Il butait toujours sur le même écueil : aucun atout qui justifiât de pousser plus avant. Dans son esprit, seul l’argent légitimait qu’il se montrât plus hardi. En faisant quoi ? Il n’allait tout de même pas agiter une liasse de billets en croisant la petite blonde ! Son objectif était d’inviter celle-ci à dîner dans un grand restaurant. Seul moyen de conquérir une femme, pensait-il. Cependant, entre le discret signe du bonjour et s’asseoir à la même table, il restait du chemin à parcourir. Il lui faudrait inventer un stratagème. Pour le moment, la question ne le préoccupait pas, puisqu’il lui manquait le principal : l’argent. Les poches bien garnies lui donneraient, il en était sûr, l’audace et l’inventivité nécessaires. Il restait donc à sa fenêtre, attendant que le ciel lui vînt en aide.
Un soir, lui qui ne recevait pratiquement aucun courrier, hormis des factures et les fastidieuses réclames, eut la surprise de découvrir dans sa boîte aux lettres un pli orné d’un tampon de notaire. Il le regarda sous toutes les coutures et vérifia qu’il lui était bien adressé. Cette correspondance le surprenait et l’inquiétait ; il n’est jamais bon d’avoir affaire aux hommes de loi ; ce sont toujours des ennuis en perspective. En montant les escaliers jusqu’à sa chambre, il se demandait ce qui lui valait cette lettre. Il ne devait d’argent à personne et n’avait commis aucune infraction. Assis sur son lit, il l’ouvrit, les mains tremblantes. Il la parcourut une première fois en diagonale, espérant en découvrir rapidement le motif, mais n’y comprit goutte. Il y était question d’héritage, ce qui n’éclaircissait rien. Il en reprit posément la lecture. Il apprit ainsi qu’un lointain parent, dont il n’avait jamais entendu parler et qui vivait en Argentine, où il exerçait le métier de boucher, lui léguait sa fortune, étant son seul parent. Le regard dans le vague, il se demandait : Ma sœur Henriette, elle aussi, est une parente. Il en conclut qu’elle avait dû recevoir semblable missive. Le notaire terminait en le priant de passer à son étude, dans le XVI e arrondissement, le plus rapidement possible. Un moment, il fut tenté de téléphoner à sa sœur, pour qu’ils s’y rendent ensemble. Il se ravisa. Il n’entretenait que de lointains rapports avec elle, autoritaire et toujours sûre d’elle-même. L’opposé de son caractère. Infirmière, elle vivait à Limoges et ils ne se voyaient que de temps en temps, pas même à Noël ou le jour de l’An. On verra bien, se dit-il. Si ce notaire n’en parle pas, c’est qu’il a ses raisons. N’allons pas au-devant des complications. Il téléphona sur-le-champ au notaire afin de prendre rendez-vous et l’obtint pour le surlendemain, en fin d’après-midi.
Pour Julien, être à l’heure, c’était arriver dix minutes en avance. Il ne comprenait pas ceux qui se mettent en route au moment où ils devraient être arrivés. Le retard des autres l’horripilait. Dans les grandes occasions, comme prendre le train ou l’avion, les rendez-vous capitaux, il ajoutait une demi-heure de sécurité : une panne de métro, une adresse difficile à trouver… tout pouvait arriver. Il demanda au chef magasinier s’il pouvait partir deux heures plus tôt, ayant « quelque chose d’important à faire ». L’autre les lui accorda, Julien étant la ponctualité même et ne rechignant jamais à rester au magasin pour terminer, par exemple, un déchargement ou la préparation d’une commande.
Ce fut donc avec près de trois-quarts d’avance qu’il arriva au rendez-vous. L’étude était facile à trouver ; toutefois, il prit la précaution de reconnaître le terrain en allant jusqu’à l’étage où elle se trouvait. Rassuré, il redescendit et s’installa dans un bistrot, à proximité, à une table d’où l’on voyait l’entrée. Pourquoi ? Puisqu’il n’avait jamais vu le notaire. Il se sentait néanmoins inexplicablement plus tranquille. Il feuilleta l’Historia qu’il avait apporté dans son sac à dos (il adorait l’histoire), mais ne put se concentrer sur la lecture d’un article. Il était fébrile. Il regardait sa montre toutes les trente secondes, de peur de manquer l’heure du rendez-vous. Il avait décidé de sonner à la porte de l’étude cinq minutes avant, auxquelles il fallait ajouter cinq autres minutes pour y parvenir. Il lui restait une demi-heure de battement. Cependant, il redoutait que, plongé dans la lecture, le temps filât sans qu’il s’en aperçût. En outre, ce mystérieux héritage le chiffonnait. Il craignait d’être entraîné dans quelque sordide affaire, dont il ne récolterait que des soucis. Il était décidé à le refuser. Jamais les minutes ne s’égrenèrent aussi lentement, renforçant son inquiétude. Il avait les mains moites. Enfin, il se mit en route. Encore une fois, il avait vu très large. Il ne lui fallut qu’une minute trente pour arriver au pied de l’immeuble. Il marcha de long en large quelques instants devant la porte ; mais, décidément, le temps tournait au ralenti. À bout de patience, il poussa la porte cochère et grimpa dans l’ascenseur, néglige

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