Necromantia : l invocation des ombres
315 pages
Français

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Necromantia : l'invocation des ombres , livre ebook

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Description

Rose est une fuyarde, une non prononcée.Depuis sa naissance et son sauvetage du grand Gynocide, elle s'échappe et rencontre, tout au long de son voyage, des êtres étranges qui vont l'aider à recouvrer sa liberté.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 25 novembre 2013
Nombre de lectures 6
EAN13 9782312018676
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0017€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Necromantia : l’invocation des ombres
Dominique Dutriaux
Necromantia
L’invocation des ombres















LES ÉDITIONS DU NET 22, rue Édouard Nieuport 92150 Suresnes
© Les Éditions du Net, 2013 ISBN : 978-2-312-01867-6
Trauma
Je me souviens surtout du froid. C’est ce froid que j’ai ressenti en premier, lorsqu’ils ont déchiré mes vêtements. Le froid. Un froid coupant, aussi coupant que les ronces et les feuilles mortes qui formaient cet horrible lit nuptial. J’avais voulu leur échapper très vite et Pes-A-eria, la Forêt Suspendue m’avait semblé une bonne cachette. Il y a, entre la terre asséchée de la Forêt et les racines nues des arbres en suspens, Pes-A-fluctia, l’Espace Flou, cet espace où l’on peut se perdre mais aussi se cacher. Je devais fuir. D’où venaient-ils ? Qui étaient-ils ? Vite, la Forêt ! L’obscurité de la nuit m’envelopperait et ils ne me verraient peut-être pas. Seulement voilà : la ronde lune est apparue, soudain, entre deux gros nuages, et dans l’Espace Flou s’est ouverte une plaie de lumière aveuglante… Ils m’ont tout pris : mon amour propre, ma dignité, la douceur de ma peau qu’ils ont griffée de leurs ongles d’acier, la douceur de mes yeux qu’ils m’ont obligée à garder ouverts, la douceur de mon âme, la douceur de mon sexe déchiré par leurs doigts et leurs pénibles pénis assassins. Il fallait qu’ils tuent une’ ! {1}
Le pire, c’est que je savais ce qui allait se produire et ne pouvais rien faire. Quand la vision m’assaille, je ne peux plus rien faire pour arrêter les événements. J’étais transie de froid et de peur ! J’ai couru aussi vite que j’ai pu, j’ai couru… Impression de tourner en rond, de ne pas avancer dans une direction qui m’aurait peut-être sauvée ! J’étais perdue dans Pes-A-fluctia. J’étais là et je ne parvenais pas à sortir de cette forêt cauchemardesque.
« Elle est là ! » Je les entends derrière moi. Je cours. « Par-là, elle est allée par-là ! » J’accélère, je suis poursuivie par des Krispak {2} ! Ce sont ces horribles oiseaux qui me cherchent pour leur montrer où je me trouve et où ils pourront se charger de moi. Comment des hommes peuvent-ils faire cela ? Peut-être n’en sont-ils pas ? Impression d’avancer… « Je la vois ! C’est une ‘ ! Attrapez-la !… Je vais t’attraper ! » Oui je suis une ‘comme on nous appelle, une fuyarde ! Laissez-moi tranquille ! Je tourne en rond, je n’avance pas du tout. Ils se moquent de moi, comme quand j’étais à l’école. Ils rient. Un rire sale. « Petit, petit, petit ! » Je fuis encore, comme toujours mais voilà, soudain, tout s’arrête.
Tout en-haut, là-bas, des yeux sans paupières regardent…
Noir. Je me sens recouverte d’un lourd manteau qui m’étouffe comme un filet pesant. Un lourd manteau noir. Je ne vois plus rien. Le bruit est assourdissant. Des piqûres sur les doigts et les mains. Non, des morsures. Je ne sais pas exactement. Oui, je sais. Des Krispak ! Les Krispak se sont posés sur moi en masse et me dévorent de leur bec de métal la peau des mains, ces mains qui protègent mon visage pour ne pas qu’ils me crèvent les yeux. Je n’entends plus les bruits de pas de mes poursuivants. Je n’entends plus le bruit du vent entre les racines suspendues des arbres. Je ne m’entends pas crier ma douleur. Ils vont me dévorer et il ne restera plus de moi qu’une pauvre carcasse. Je ne regarde rien. Je ne sens que leurs becs stridents et leurs cris pointus comme des poignards. Ils vont me tuer.
J’attends…
Ils veulent m’arracher des bouts d’ongles : c’est ce qu’ils préfèrent. Alors je ferme les poings. Ils se contenteront des os de mes mains fermées.
Ils s’attaquent à mes doigts, en arrachent la peau puis essaient de les écarter pour atteindre leur extrémité. La douleur est assourdissante. Je vois leurs ailes frapper le vent, je sens leurs yeux de braise percer la nuit, j’entends leurs pattes crochues déchirer la terre. Ils vont me tuer alors j’attends mais tandis que ma volonté commence à défaillir, je les entends s’envoler dans un grand fracas noir…
Quelques nuages s’écartent laissant passer quelques rayons de lune. Je vois toute la scène comme elle va se passer. Il m’a touchée ! Eux se sont envolés mais c’est pour mieux faire place à leurs maîtres. Je sens comme un piège d’acier enserrer ma cheville. Ça y est ! Mon visage s’enfonce dans l’épais tapis de feuilles mortes qu’a pleuré cette Forêt Suspendue. Elles me griffent la peau. Je ferme les yeux trop tard : une petite branche s’insère entre les deux paupières de mon œil gauche et je sens une douleur insupportable. Il y a du sang, des larmes de sang entre mes yeux et le monde. « T iens-lui les mains dans le dos. Elle remue trop, cette ‘ ! » Je sens un grand coup de poing dans le dos qui paralyse quelques instants ma colonne vertébrale. Je sais que c’est un coup de poing d’Humurek, le Giganta {3} préféré du Rega. Humurek ! Premier né de deux jumeaux mâles, les Andreok. Il est progéniture d’une ‘A-sombra, une Mère-Suiveuse inconnue et d’un Wita, un reproducteur inconnu aussi. Je sais que c’est de lui que me vient ce coup parce que quelques minutes avant, comme dans un flash insoutenable, je l’ai vu faire. Il l’a fait et a crié son nom avec fierté : « Humurek venge le Rega ! Vengeance pour le Rega ! » Je pleure comme une forêt d’automne car je sais ce qui va se passer ensuite, et je ne peux rien faire ! Humurek s’allongera sur moi et enfoncera violemment son pénible pénis dans mon sexe pendant que Violante me tiendra la tête en l’air et me crachera dans la bouche pour étouffer mes cris inutiles. Je les hais mais ça ne change rien. Jamais ma haine n’a changé quoi que ce soit en ce monde, jamais ! Alors je pense à la Vieille Dame, car je sais aussi que je la rencontrerai le soir même. Je sais tout cela et le temps me paraît trop long. Pourquoi ? Pourquoi moi ? Qu’ai-je donc fait ? Est-ce que je le mérite ? Pourquoi ce genre de choses ne m’arrive qu’à moi ? Ou bien, cela arrive-t-il à toutes les ‘k qui ont échappé au Gynocide ?
Je ne saigne plus maintenant.
Humurek et Violante y sont passés tous les deux pendant qu’un troisième regardait et il riait, il riait en criant « Vengeance pour le Rega ! Derrière un écran de brouillard, j’ai eu le temps de remarquer qu’ils avaient, tous trois, du sang autour de la bouche. Leurs rires ont éveillé un aigle, un Obsida de la Forêt aux Bêtes {4} . Ils l’ont vu foncer sur eux, ont pris peur et m’ont asséné un dernier coup sur la nuque et tout s’est effacé.
Quand je me suis éveillée un peu plus tard, la nuit était profonde et avec elle, un épais brouillard rendait la vision des choses qui m’entouraient très difficile. De toutes façons, je ne voyais que très mal les choses alentour. J’ai tenté de me relever une première fois mais tous mes membres semblaient tétanisés. Je suis restée un moment dans la position du viol, la position de la victime que j’étais. Mon œil gauche n’y voyait plus, je le savais, et de toute façon, je n’arrivais même plus à l’ouvrir. Ma nuque était douloureuse, mon dos était douloureux, mon sexe était douloureux, ma tête était douloureuse. J’étais figée dans cette attitude, pétrifiée comme une forêt en hiver. La nuit était profonde comme un gouffre sans fin quand j’ai tenté à nouveau de me relever. La lune était ronde, si ronde !
Demain, je la verrai.
Au loin, des yeux sans paupières scrutent l’horizon. Le Rega voit tout.
2
Le feu de la cheminée s’était éteint subitement et l’obscurité inonda la pièce, s’engouffrant dans ses moindres recoins. La Vieille Dame était en train de préparer une de ses potions et pour ne rien verser par terre et ne rien perdre du précieux liquide, elle resta figée un instant, à la manière d’une statue. Après quelques secondes, ses pupilles se dilatèrent à leur maximum et elle aperçut la silhouette floue des quelques meubles qui remplissaient son salon. Voilà, elle pourrait poser ses vieilles casseroles et se rapprocher de l’âtre froid pour y lancer un peu de sa Poudre d’Etincelles. La Vieille Dame fit quelques pas en direction de la cheminée mais s’arrêta devant la fenêtre par laquelle elle perçut un mouvement rapide et syncopé. Quelque chose vint se placer derrière la vitre empoussiéré

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