Ocremain
78 pages
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Description

Il était environ sept heures et demie du matin. Elisa était couchée sur le lit, fixant le plafond de la chambre les yeux grands ouverts. Elle ressentait assez clairement la présence. Sa tante Catherine, elle aussi, pouvait ressentir cette impression. Elle lui disait que cette sensation de présence, à cette période de l’année, était simplement une manière de ressentir certaines énergies telluriques liée à la saison.
Elisa se concentrait à présent plus sur la forme que sur le fond. Sur la sensation électrique et grisante qu’elle ressentait dans les épaules, les bras, la poitrine, cette sensation étrange de présence maternelle, de bien-être, de clarté d’esprit... Sa tante l’appelait simplement l’Automne.
Elisa l’avait donc appelé de la même manière.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 22 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9791029007149
Langue Français

Extrait

Ocremain
Eric Constant
Ocremain
Les Éditions Chapitre.com
123, boulevard de Grenelle 75015 Paris
© Les Éditions Chapitre.com, 2017
ISBN : 979-10-290-0714-9
Le temps. À cette chaîne qui l’assemble, la machine du monde est pendue tout entière.
Chapitre 1
Marc Caron et Adeline Draquis vivaient ensemble depuis de nombreuses années déjà. Contrairement à l’usage en ce temps-là, ils n’avaient jamais envisagé de se marier, bien qu’ils eurent deux filles. Á bien des égards, la famille passait pour originale aux yeux de son entourage. Ils vivaient tous les quatre en région parisienne, à Saint-Germain-en-Laye.
Avant leur départ pour la Normandie leurs filles, Magali et Catherine, avaient respectivement 17 et 14 ans. Adeline, leur mère était coiffeuse et travaillait en ville dans un salon relativement chic et spacieux qui comptait une douzaine d’employés. Leur père, lui, était gérant pour une chocolaterie dont l’enseigne possédait une chaîne de boutiques à travers la France. À l’époque, le nombre de magasins possédés par l’entreprise était encore assez faible malgré une implantation réussie dans plusieurs grandes villes.
Cet après-midi-là, Marc eu une intuition. Il sentait que, contrairement à sa réticence initiale, la proposition qui lui avait été faite par le directeur dans la matinée méritait d’être envisagée.
Un éventuel déménagement… Pourquoi pas après tout ? Saint - Germain -en- Laye était agréable à vivre. Pas de problème à ce niveau… Malgré cela, le changement pouvait être également une bonne chose n’est-ce pas ?
Marc était assis, là, sur le canapé du salon de leur appartement, essayant de peser le pour et le contre. Un agréable appartement d’ailleurs. Trois chambres, assez spacieuses pour que l’on s’y sente à l’aise, une salle à manger dont la moquette venait d’être posée, un petit balcon avec vue sur les premiers arbres de la forêt. La sensation de confort y était bien réelle.
Cela valait-il la peine de partir en Normandie, de tout abandonner ici ? La nouvelle chocolaterie du groupe ouvrirait mi-juillet à Lisieux. Se pouvait-être l’occasion pour lui de se prouver qu’il était encore à la hauteur, capable de diriger une nouvelle équipe dans un nouveau lieu, de fidéliser une nouvelle clientèle… La bonne marche de l’établissement dépendrait en grande partie de lui. Il s’en s’entait capable. Mais il s’avait qu’il devait avant tout tenir compte de l’avis des trois femmes avec lesquelles il vivait. Il était 16 h 30. Sa femme Adeline n’allait pas tarder. Plus tard, viendraient Catherine puis Magali. Il lui restait donc encore un peu de temps pour rêver. Se serait ensuite l’épreuve du feu. Si l’une des trois n’était pas d’accord, personne ne déménagerait, il le savait.
Comme prévu, Adeline arriva la première. Elle était grande, mince, avait des cheveux châtains lui arrivant jusqu’au bas du dos, le visage ovale et des yeux pétillants. Elle le regarda curieusement mais ne dit rien. Marc souriait. Elle enleva ses chaussures, les laissa dans l’entrée et s’approcha de lui. Il appréciait la complicité simple qu’ils avaient su garder au fil des ans.
– Ce visage-là ne me rassure pas, lui dit-elle, j’espère que tu n’as tué personne.
Il sourit à nouveau.
– Non, mais toi en revanche, vas peut être vouloir m’étrangler…
– Avoue tout, je t’écoute, dit-elle l’air amusé.
Elle l’écouta sans l’interrompre. Elle voulut, par principe, faire une grimace, mais se retint. Une petite ville, perdue en Normandie… Pas si petite, pas si perdue, mais quand même. Une drôle d’idée qu’avait eu la société d’ouvrir à cet endroit, alors que d’autres villes, plus grandes et dynamiques, auraient sûrement représenté un meilleur investissement. Mais qu’en savait-elle au fond ? Elle devinait simplement qu’ils continueraient d’être heureux du moment qu’ils restaient l’un près de l’autre. À la naissance de Magali, le potentiel financier du couple était assez restreint mais aucun des deux amoureux ne s’en était jamais plaint. Leur bonne entente naturelle n’en avait pas souffert. Un instant passa. Adeline sembla sérieusement hésiter puis accepta. Après tout, elle pourrait toujours changer d’avis d’ici peu, ce n’était pas exclu. Mais ce n’était pas là, à priori, son intention.
Son mari avait souvent fait beaucoup d’effort et de concessions pour lui être agréable. Elle avait toujours trouvé son bonheur dans les choix mutuels qu’ils faisaient, dans les gros comme dans ceux de tous les jours. Alors oui, elle se sentait prête à se mettre à la recherche d’un nouveau travail, peut-être moins bien payé, dans une nouvelle ville.
Marc lui en fut reconnaissant. Cependant , ils savaient l’un et l’autre que tout n’était pas joué. Il restait encore les deux filles à convaincre. Même si elles étaient assez solitaires, elles n’avaient pas l’âge où l’on désirait généralement s’installer à la campagne, principalement après avoir passé toute une vie en ville. Autant que leurs parents, elles étaient imprévisibles et possédaient une âme un peu aventurière. Il restait donc une chance. Concernant le choix de Magali , Marc était plutôt confiant. Celle -ci avait généralement tendance à être de son côté, à l’encourager. Il faudrait bien si prendre, mais il ne s’inquiétait pas outre mesure. Pour Catherine , il était bien plus perplexe. Catherine ne changeait jamais d’avis. Il n’aurait pas fini de parler, que mentalement, elle aurait probablement déjà pris sa décision. Et si c’était un non, tout serait terminé.
Finalement , Magali arriva avant sa sœur. La jeune fille semblait fatiguée, elle qui d’habitude était plutôt vive. Ses cheveux, noirs comme ceux de son père, lui arrivaient jusqu’aux épaules. Elle écoutait, un peu distraite, son père lui parler tandis que sa mère, dans la cuisine, préparait le diner. Madame Draquis n’avait rien d’un cordon bleu. En général ce qu’elle préparait n’était guère original et les mêmes plats revenaient continuellement. Malgré tout, personne ne lui faisait aucune remarque. Les membres de sa famille savaient que c’était quand même bien mieux que s’ils devaient préparer eux-mêmes leur propre repas. Disons que c’était plus simple, plus convivial, et plus familial.
– J’hésite, dit Magali.
Son père, la fixant les yeux grands ouverts, semblait interrogateur mais relativement confiant.
– Si Catherine est d’accord, je suis d’accord, finit-elle par lâcher.
– Seigneur … soupira-t-il, levant les yeux en l’air.
Magali était contente d’elle, elle votait blanc. Au moins cela la dispensait de réfléchir. Partir ou rester ? En réalité elle n’aurait su quoi répondre sans prendre, réellement, le temps de réfléchir. Et puis elle n’aurait pas voulu briser le projet de son père, même si celui-ci ne lui en aurait pas tenu rigueur.
L’attente de Catherine, qui rentrait plus tard que d’habitude, semblait amuser Adeline et sa fille.
– Au pire, dit Adeline, même si on reste ici, ce n’est pas un drame, non ?
– Tu as raison, répondit Marc évasif. Après tout…
Catherine arriva enfin, ouvrant et refermant la porte de l’entrée sans faire de bruit. Leur mère avait fait des pâtes aux œufs. Catherine, après un moment, entra dans la cuisine et s’approcha de la casserole.
– Je ne suis plus très sûre d’avoir faim, dit-elle l’air narquois, en fixant le repas.
Magali avait mis le couvert et, s’étant assise à table, regardait sa sœur. Elle l’adorait. Catherine n’était pas très bavarde mais réussissais souvent à la faire rire. Même des banalités paraissaient intéressantes lorsque c’était sa sœur qui les racontait.
– Je parie que si, répondit sa mère, et va te laver les mains, on mange.
– Il faut bien vivre… soupira Catherine en ouvrant le robinet.
Marc se leva, alla chercher une bouteille d’eau sous l’évier et, l’air songeur, se rassit.
– Tu es sûre que les œufs étaient frais ? demanda Catherine tout en respirant profondément la vapeur qui émanait de son assiette.
Les deux filles eurent un fou rire. Leur mère, amusée, se bornait &

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