Origines-au-delà du désert

Lisbeth Kellerman

Description

A l'aube du vingt-deuxième siècle, une jeune fille reçoit des révélations troublantes sur son passé génétique. Sa quête de vérité la conduit littéralement à une traversée du désert. Dans un monde en proie au chaos géographique et politique, des alliés parfois inquiétants la conduiront vers la vérité. La génétique peut-elle tout expliquer?

Sujets

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Informations

• Publié par: editions-mlk
• Date de parution: 11 novembre 2016
• Nombre de lectures: 1
• EAN13: 9791094368008
• Langue: Français

Extrait

Origines
 
Au-delà du désert
 
Lisbeth KELLERMAN
Introduction
 
 
La terre a tremblé sans prévenir.
 
La région était connue comme géologiquement stable. La frénésie minière de la fin du vingt et unième siècle a bouleversé la donne. Et pas seulement par la fracturation hydraulique.
 
Les constructions n’ont pas suivi. Le para-sismique coûte cher. Dans cette zone résidentielle, les bâtiments avaient le charme discret de l’ancien. Ils se sont écroulés d’un coup. Les tas de briques rouges sont bien alignés le long des rues. Les secours s’affairent encore depuis quarante-huit heures auprès d’un tas beaucoup plus grand. C’est tout ce qui reste de l’institut Suzan Lindon.
 
Ils espèrent retrouver des enfants. L’institut est un foyer d’éducation spécialisé. Jusqu’ici ils n’ont sorti des décombres que des corps. 
 
Soudain le chien d’alarme, partenaire précieux pour déceler des êtres vivants, montre des signes d’agitation. Les secouristes déblaient l’escalier du sous-sol. La cave voûtée semble avoir résisté. Les lampes-torche éclairent deux visages noirs de suie. Deux gosses, de quatre ou cinq ans. Vivants.
 
Ils sont serrés dans les bras l’un de l’autre. Quand les secouristes essaient de les séparer le garçon pousse un hurlement de bête blessée. La fillette crie aussi :
 
– Terry ! Terry ! 
 
– Tu as mal quelque part, Terry ? demande le médecin accouru sur les lieux.
 
Terry se contente de gémir. Puis brusquement, il hurle.
 
– Qu’est-ce qu’il a ?  demande le médecin à la fillette.
 
– Il parle pas ! répond-elle. Terry, il parle pas. 
Majorité
 
 
Lou va avoir vingt ans. La majorité, enfin ! Sa famille d’accueil a préparé une fête. Ses amies seront là, bien sûr. Et Terence.
Terence ne parle toujours pas. Il passe ses journées dans le nouveau centre. Il sculpte, plutôt bien, mais il faut lui enlever ses outils quand il a fini. Sinon il fait des bêtises avec. C’est pour ça qu’il n’est plus en famille d’accueil. Le soir, il dort à l’hôpital.
Lou est allée chercher Terence. Il sait très bien que c’est l’anniversaire. Terence comprend beaucoup plus qu’on le croit. Il a préparé, lui-même, un petit cadeau. Un grand sourire éclaire son visage.
 
Lou s’entend plutôt bien avec sa famille. Beaucoup mieux qu’avec les deux autres. Les parents ont toujours fait confiance, même quand ce n’était pas mérité. Ils n’ont pas obligé Lou à teindre ses cheveux violets, et n’ont jamais prétendu qu’elle a des yeux bizarres. Par contre, ils l’obligeaient à faire ses devoirs. Quand elle a eu son diplôme d’électro-mécanicienne, ils lui ont offert un hoover. Avant même qu’elle ait son permis.
 
– Terence !  s’écrie Dave en les voyant arriver.  Ça me fait plaisir de te voir, mon garçon. 
 
Duncan, son époux, se contente de sourire. Tous les deux ont toujours été gentils avec Terry. Ils savent que Lou est sa seule famille. Ils ont toujours fait l’effort de l’inviter. 
Lou discute avec ses amies. Elle s’amuse de leurs réactions envers Terence. C’est un athlète superbe et elles le considèrent comme leur mascotte. Ça ne semble pas les déranger qu’il ne leur parle pas. Elles parlent pour deux.
 
– C’est toi qui a sculpté ce chat, Terence ! C’est magnifique.
 
– Quel artiste ! Tu en as de la chance, Lou. 
 
Terence sourit jusqu’aux oreilles.
 
L’après-midi passe très vite. Dave et Duncan ont acheté du vrai champagne. Un millésime spécial, d’un bleu profond. Lou en consomme un peu trop et Duncan raccompagne Terence.
 
– Notre petite fille, déjà majeure, soupire Dave.  On n’a pas vu le temps passer. 
 
Il lui semble que c’est hier qu’on lui a confié une petite aux cheveux violets, ayant déjà épuisé deux familles d’accueil. Duncan et lui voulaient adopter. Leur dossier n’a jamais été retenu. Ils ont considéré Lou comme leur enfant. Dave ferme les yeux et sourit en évoquant des souvenirs.
 
– Tu te souviens quand Duncan est allé te chercher en classe verte ?
 
Lou se souvient. Le garçon imbécile qui se moque de Terence, et se retrouve avec le nez cassé.
 
 – Il l’avait bien mérité.
 
– La violence engendre la violence, réplique Dave d’un ton sentencieux, et légèrement aviné.
 
C’est exactement ce qu’avait dit Duncan. Sur le chemin du retour -six heures de route de nuit- il avait laissé Lou réfléchir à sa pénitence : privation de sortie et de tout moyen de communication électronique pour un mois minimum et inscription immédiate au dojo du quartier, où lui-même enseignait les arts martiaux combinés. Plus serment solennel de renoncer à la violence en l’absence d’agression physique.
 
Lesdites agressions s’étaient beaucoup raréfiées au fur et à mesure des progrès de Lou dans les différentes disciplines. L’adolescente rageuse avait trouvé une excellente canalisation de ses pulsions combatives et c’est ce que souhaitait Duncan.
 
Il disait que celui qui connaît sa force n’a pas besoin de la prouver, et c’est vrai que personne n’aurait songé à agresser ce petit homme doux, réservé, encore régulièrement champion régional dans sa catégorie.
 Duncan rentre justement. Il est passé par la boîte aux lettres et tend à Lou une missive d’allure officielle.
 
– Ça n’a pas vraiment l’air d’une carte d’anniversaire, observe-t-elle.
 
Sous l’en-tête d’un cabinet d’avocats du centre-ville, se trouvent ces quelques mots :
 
« Dépositaires d’informations devant vous êtres révélées à votre majorité, nous vous prions de prendre rendez-vous auprès de nos services. Veuillez agréer, etc. »
 
Lou va dormir cette nuit d’un sommeil agité.
Révélations
 
Conrad et Fils est un cabinet spécialisé dans les affaires de famille. Du moins, c’est ce que Lou comprend en lisant les brochures du salon d’attente où elle est arrivée en avance. Sur un meuble de bois précieux, une publicité holographique incarnée par une blonde plantureuse susurre l’importance de rédiger son testament.
Mr Conrad fils n’a pas l’air très âgé. L’homme essaie de se vieillir avec sa coiffure stricte et ses lunettes cerclées de métal.
Il tient un mince dossier. Une petite boîte en métal poli se trouve sur le bureau.
 
– Bonjour mademoiselle. Prenez place, je vous en prie, dit-il en désignant un vaste siège de cuir.
            – J’ai ici les dernières volontés de monsieur Tomi Arpenaz, décédé il y a maintenant cinq ans, commence-t-il. 
 
 – Monsieur Arpenaz lègue cent mille couronnes danoises à sa fille Lou, domiciliée chez Dave et Duncan Mitchell. Cette somme doit lui être remise à sa majorité, ainsi que l’arche holographique ici présente, conclut Mr Conrad fils en levant les yeux au dessus de ses lunettes en demi-lune.
            
 – Mr Arpenaz était…mon père ?  demande Lou, interloquée.
 
 – Mr Arpenaz vous identifie comme sa fille dans ce document. Mais il n’y a pas de pièce jointe.
 – Vous voulez dire…pas de preuve ?
 
 – Il n’y a pas de document. Il y a peut-être un indice avec l’arche holographique.
 
 – Qu’est-ce qu’il y a à l’intérieur ?
 
 – Eh bien, vous le saurez. Il suffit de l’ouvrir.
...