Projet Iscariote

Johan Krukoff

Description

Dans le monde d’après l’apocalypse, sous les dômes, la vie continue avec ses lois inflexibles: l’hyperconsommation, l’hyperconcurrence sanglante entre les êtres, la cruauté de l’ascenseur social, l’hégémonie du Konsomat sur l’existence des hommes et des femmes, les régulateurs intraitables. Parmi eux, Emilio Sanchez, qui a perdu sa compagne et sa fille, et qui, depuis l’élimination d’Helena Ritchenko, se refuse à supprimer une femme. Un être qui a tiré un trait sur toute relation amoureuse depuis son drame personnel mais qui, curieusement, ne peut que succomber à une régulatrice rivale, Chloé. Un agent plus qu’étonné encore d’être reçu en entretien par le numéro 1 de l’Eurozone, l’inaccessible Kranken. La discussion entre les deux hommes n’a pourtant rien de la visite de courtoisie, car Emilio se voit confier une mission pour le moins délicate et absolument officieuse : retrouver le fils malade de Kranken, Joshua, dont l’existence n’a jamais été révélée au public, qui a été enlevé par le réseau dissident Ikar… Ne reste à Emilio qu’à se lancer sur les traces du leader de ce groupe: Max. D’un côté de l’échiquier: Kranken, Elb et Emilio. De l’autre: Max et ses acolytes, décidés à saper le Konsomat. Entre eux, une pièce maîtresse et fantôme: Joshua, que les deux clans vont se disputer au cours d’une partie où manipulation, mensonges, secrets, véritables identités et enjeux ne sont dévoilés qu’à la dernière ligne de la dernière page. Roman tenant tout autant de l’anticipation glaçante que de la joute psychologique entre des adversaires qui n’ont de cesse de prendre l’ascendant sur l’autre, Projet Iscariote constitue une suite diablement menée à Ex Nihilo.

Informations

• Publié par: publibook
• Nombre de lectures: 7
• EAN13: 9782748368543
• Langue: Français
• Poids de l'ouvrage: 2 Mo

Extrait

Projet Iscariote

Du même auteur

Ex-Nihilo, chroniques des dômes, 2008

Johan Krukoff Projet Iscariote Chroniques des dômes

Publibook

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« N’allez pas là où le chemin peut mener. Allez là où il n’y a pas de chemin, et laissez une trace. »

Ralph Waldo Emerson

1 L’agent Emilio Sanchez escortait son client depuis le milieu de l’après-midi. À présent, le dôme s’opacifiait de plus en plus, et ses minuscules halos de lumière, censés symboliser une myriade d’étoiles, n’allaient pas tarder à apparaître. À cette heure tardive, les ruelles de la zone factorielle 2 se vidaient peu à peu des citoyens productifs, afin de laisser place à l’habituelle cohorte de noctambules. Junkies, dealers, gangs en quête de rivaux, prostituées et assassins non accrédités allaient bientôt battre le pavé de ce quartier parisien. À une centaine de mètres sur sa droite, Emilio apercevait déjà une dizaine de voyous émerger du quartier de la Mante et arpenter la rue, en ordre de bataille. Leurs cache-poussière noirs et leurs cheveux teints en rouge se découpaient nettement au milieu de la masse d’humains anonymes, qui s’écartaient prestement à leur approche. Le régulateur jeta un coup d’œil inquiet en direction de son client, occupé à s’acheter un hot-dog de chezChang burgers, un stand de rue réputé pour refiler des gastro- entérites à ses clients, en bonus de ses fritures douteuses. Emilio observa un instant les silhouettes vêtues d’imperméables noirs avancer lentement vers sa position, et s’approcha de son client. — Monsieur Delahaie, il ne faut pas rester là, dit-il en espérant que le quadragénaire rondouillard qu’il chaperonnait depuis deux jours consente à lui accorder un moment d’attention.

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Alors que l’intéressé jetait à présent son dévolu sur une pâtisserie suintante, Emilio insista en le tirant par la manche. — Monsieur, vous prendrez votre dessert ailleurs. Il faut y aller, à présent. — Une seconde, mon ami, répondit son interlocuteur en fouillant dans sa poche, à la recherche d’un billet de cinq crédits. Il n’y a pas le feu. — Pas encore, mais ça ne devrait pas tarder. Le gang desPyroBrothersde débarquer dans la rue voisine vient et je n’ai aucune envie de me retrouver face à ces pyromanes dégénérés. Alors que Delahaie ne parvenait qu’à extraire de grosses coupures de son portefeuille, le régulateur leva les yeux au ciel et sortit la somme adéquate, avant de la tendre au commerçant chinois. Le vendeur leur adressa un sourire affable et s’inclina, tandis qu’Emilio entraînait déjà son client à l’écart. L’homme mordit à pleines dents dans son hot-dog et une rigole de graisse tiède s’écoula sur son double menton, avant qu’il n’adresse un regard empli de reproches à son garde du corps. — Tout de même, agent Sanchez ! dit-il après avoir dégluti. Vous auriez pu attendre une minute. Et puis, avec l’entraînement de régulateur que vous avez subi, ne me dites pas que vous avez peur d’un petit gang de voyous. — Le Konsomat m’a chargé de veiller sur votre sécurité, pas de courir au-devant des ennuis, rétorqua Emilio en tentant de garder son calme. Si vous vouliez prendre votre temps, il fallait choisir un quartier plus tranquille. À cet instant, une main se posa sur l’épaule du régulateur, qui effectua une clé de bras par réflexe, avant de jeter un regard à la silhouette amaigrie et affublée d’une mini-jupe mauve qu’il venait de projeter à terre.

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