Quelqu un d autre
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Description


Pierre Granier, âgé de 56 ans, est un archéologue de réputation mondiale. Il va faire une découverte extraordinaire lors de fouilles réalisées dans le désert de Libye près du site de Nabtat playa.


À son retour d'expédition, Pierre vit un drame personnel qui le laisse en proie à une forte mélancolie. C'est le début de son aventure. Sa découverte aura des répercussions planétaires et va le propulser, bien malgré lui, sur le devant de la scène mondiale. Une lutte d'influences se met en place ; il en est étrangement spectateur tant il est obnubilé par une réminiscence intime dont il a fait sa priorité. Ce qui n'était au début qu'une réflexion anodine se transforme alors en une véritable obsession et Pierre se retrouve rapidement tiraillé entre ces deux pôles de son existence, l'un concret et démesuré ; l'autre intime, enfoui, mais tout aussi essentiel.




Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 06 juin 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782372224130
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0034€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Cédric Le Calvé
 
Quelqu’un d’autre
 
Roman d’anticipation
 
© Cédric Le Calvé
Bookless-editions
Tous droits réservés
Juin 2017
Isbn : 978 2 37222 4 13 0  
 
Rendez-vous à Amsterdam
 
 
 
 
Pierre avait renoncé au vol de nuit et aux embouteillages récurrents autour de l’aéroport de Schip h ol. Depuis l’entrée des Pays-Bas au sein du pôle européen, la cité aux multiples canaux était devenue extrêmement difficile d’accès. Elle avait été autrefois le royaume des piétons et des vélos charpentés pour des voyages au long cours. En famille, en amoureux ou en solitaire, les cyclistes traversaient alors la ville comme on découpe une lamelle de beurre, sans résistance, avec un appétit gourmand. Cette époque, que Pierre avait fugacement connue, était aujourd’hui complètement révolue. À tel point qu’il se demandait s’il ne magnifiait pas un peu cette vision enchanteresse, comme il le faisait parfois quand il laissait des souvenirs de jeunesse réchauffer son cœur fatigué. Amsterdam, aujourd’hui, était devenue une sorte de blockhaus, une citadelle fortifiée de béton ou le nomadisme n’avait plus cour s .
Le conseil municipal avait cédé aux exigences du pragmatisme et voté l’édification de lourdes infrastructures autour de ses axes principaux. Les tunnels, les ronds-points, les voies de dégagement, les parkings à ciel ouvert s’étaient multipliés jusqu’à gangrener le cœur de la cité. L’avenir s’inscrivait donc dans une forme de retour moyenâgeux où une architecture métallique, complétée par le béton cellulaire et l’acier empêchait l’accès fortuit, innocent ou simplement hasardeux au sein de la capitale batave. L’adhésion au pôle européen était à ce prix. Le train était devenu le moyen de locomotion le plus efficace pour percer l’enceinte de la ville. Et Pierre, en deux clics et un paiement immédiat avait pu réserver une place pour un départ en début d’après-midi.
Un e-mail était tombé la nuit précédente, à 2 heures 43 minutes précisément, il confirmait la tenue de la conférence extraordinaire prévue le 12 dans la neuvième capitale.
Le communiqué, impérieux et succinct, suggérait de réserver une chambre pour trois jours dans les lieux de convention habituelle. Il avait respecté le protocole et opté pour une suite à l’Ambassador le long de l’avenue Strassburger. Tout cela ne lui disait rien qui vaille.
Ces nouvelles en cascade déréglaient une mécanique devenue fragile au fil du temps, elles puisaient dans une source vitale qu’il avait longtemps cru intarissable, mais qui s’était atrophiée au contact de la solitude et de l’ennui. Depuis quelques mois, des pensées volatiles, capricieuses et blessantes se baladaient dans sa tête jouant avec une cruelle malice à piquer leur créateur. Pour lutter contre ces indésirables envahisseurs, il essayait de rester en action, même si parfois, ces ébauches de mouvement pouvaient apparaître dérisoires.
Ainsi ce matin, il avait passé une bonne partie de son temps dans l’appartement, il avait changé le sac de la poubelle, repeint en bleu la porte de la cuisine, consacré une bonne heure à ranger et à nettoyer sa chambre, puis il s’était mis en tête de classer des CD o bsolètes qu’il n’écouterait sans doute plus jamais.
 
Il n’avait laissé aucune prise à la pensée et à la rêverie qui sous des allures affables, il le savait, le conduirai ent tout droit sur des chemins incertains où il n’était jamais bon de s’engager.
Quoi qu’il en soit, dans ce petit monde au ralenti, ce nouveau départ pour Amsterdam était un singulier contretemps, le quinquagénaire amaigri allait revenir sous les feux de la rampe pour quelques heures au moins, et loin de l’enchanter, cette perspective à présent lui faisait peur.
Tout cela arrivait trop tard. La pièce qui se jouait sans lui depuis bientôt un an était devenue une production internationale dont le scénario était régulièrement en cours de réécriture, même l’ordre des actes avait peu d’importance, les auteurs exploraient simultanément plusieurs pistes sans savoir d’ailleurs où elles allaient les conduire.
Pierre y avait tenu autrefois le rôle principal, une participation majeure pour laquelle il avait payé le prix fort. Et voilà maintenant que l’État français le rappelait et exigeait sa contribution active. Il aurait pu refuser, ce n’est pas le travail qui manquait, avec toutes ces portes à repeindre, ces bols à empiler et les livres de la bibliothèque qu’il faudrait également classer par genre, par auteur, par taille, par poids, par titre, il avait l’embarras du choix.
Mais la convocation avait des accents de mise en demeure et Pierre, c’est un fait qui le troublait parfois, n’aimait pas vraiment les complications. Alors pour un week-end, il allait devoir oublier son dos douloureux et sa fiancée envolée et reprendre encore une fois la chronologie immuable de cette singulière nuit étoilée.
À 14 heures, quand il grimpa dans l’hyper rapide en direction de Bruxelles, les nuages avaient envahi le ciel parisien enterrant l’espoir d’un après-midi ensoleillé. Il avait réservé une place au centre du wagon, dans l’allée de gauche, côté fenêtre. Le train était déjà bondé.
Il se fraya un chemin entre les jambes tendues et les bras pendants des passagers, il hissa difficilement sa valise dans le compartiment réservé aux objets lourds et s’affaissa dans son siège. Tout cela était bien contraignant, il avait perdu l’habitude de ces petites luttes quotidiennes. Malgré la climatisation régulée, l’air était moite et odorant, il y avait trop d’expirations, trop de chuintements, un excès de salives et d’hormones, il ferma les yeux quelques secondes attendant patiemment que le train démarre. Il songea à Camille dont il n’avait plus de nouvelles depuis quatre mois et à Anna qu’il n’avait pas rappelée depuis une petite éternité. Il se demanda également ce qu’allait devenir Guillaume, son fils de 29 ans, ce beau jeune homme à la réussite effective qui n’avait cessé de s’éloigner au fil des ans.
Dans quelle mesure les deux hommes avaient-ils amplifié ce mouvement naturel qui les avait un temps opposés l’un à l’autre. Aujourd’hui, tout semblait si compliqué.
Pourtant, Pierre se rappelait avoir aimé intensément cet enfant qui maniait avec dextérité de petits hélicoptères en plastique dur sur une terrasse ensoleillée de Provence, c’était une époque bénie où lui-même était invité à participer au décollage de la flotte et au survol de la longue, de l’interminable balustrade noire. Plus épars est le souvenir de l’écolier studieux qu’il devint ensuite. À ce moment, sans doute vivait-il douloureusement le divorce de ses parents. C’est ensuite que les choses se sont gâtées. Le petit garçon s’est effacé, il s’est presque dissous, pour laisser place à un collégien angoissé et boutonneux qui a basculé progressivement du côté de sa mère. L’adolescent pubère et hésitant n’a pas fait long feu. Un lycéen, plus énergique, injuste et péremptoire a pris sa suite, s’autorisant quelques mises au point sévères avec son entourage. Pierre n’a pas supporté, l’un et l’autre ont fini par se détacher. On aurait pu en rester à cet ordre assez naturel des choses, il faut bien tuer le père après tout. Mais leur relation s’est encore dégradée avec l’entrée de Camille dans sa vie. Guillaume a malmené les dernières attaches qui les reliaient encore, certaines ont lâché définitivement, d’autres se sont abîmées dangereusement.
Guillaume est ainsi devenu un visage familier que l’on retrouve avec un plaisir mesuré pour les repas de fin d’année, à Noël ou pour le Nouvel An, un proche que l’on croise pour un enterrement ou un baptême, curieusement, il est devenu le fils d’Anna.
 
Le téléphone sonna brusquement, trois coups secs, un nom s’afficha sur le combiné : celui de Mel Dixon. Pierre, sorti de sa rêverie, jeta un regard circulaire autour de lui, tous les passagers étaient activement occupés. Il décrocha.
— Bonjour, Mel, cela faisait longtemps.
Une voix aux fortes intonations américaines le salua en retour.
— J’aurais aimé vous contacter bien avant, mais la démarche aurait été considérée comme maladroite. Vous n’êtes pas sans savoir qu’entre nos deux gouvernements, les relations se sont un peu tendues.
—  À qui la faute ? Mais tout cela n’est pas bien grave. Cette mise à l’écart n’avait rien de personnel, je l’ai bien compris, fit le français à voix basse.
— Je suis désolé que les choses se soient passées ainsi, vous savez comme moi que nous n’avons pas notre mot à dire.
Un silence de connivence s’installa entre les deux hommes. Pierre appréciait Dixon qui l’avait accueilli à l’occasion du premier lancement. Curieusement, alors qu’il n’avait pas grand-chose à y gagner, la réciproque semblait vraie.
— Vous êtes déjà en route pour Amsterdam ? questionna Dixon.
— Oui. La conférence de presse est prévue vendredi.
— Je voulais simplement vous souhaiter bonne chance, j’espère que vous saurez faire bon usage de votre temps de parole. Je suis content qu’ils vous aient accordé cela.
— Merci, c’est gentil. Peut-être aurons-nous l’occasion de nous revoir, venez-vous prochainement en Europe ?
Dixon sembla hésiter un peu.
— Cela me ferait plaisir, mais dans l’immédiat, cela me paraît compliqué.
— Oui bien sûr, j’imagine que vous avez beaucoup de travail.
— Ce n’est rien de le dire. Ici, cela part un peu dans tous les sens. On s’interroge beaucoup d epuis l’échec de la seconde tentative.
— Échec à l’identique ? interrogea Pierre.
— Oui quasiment, les relevés sont comparables. Mais ce n’est pas cela qui pose problème.
La voix de l’américain s’était brusquement assombrie, conscient qu’il en avait trop dit.
— Ne vous mettez pas dans une situation inconfortable, dit Pierre. Je ne suis pas naïf, j’imagine bien qu’ils ont prévu une suite après mon entrée en scène.
— Oui, cela va aller très vite. Je crois qu’ils vous ont laissé quatre jours, vous ne tarderez donc pas à être au courant. C’est un projet mo-nu-men-tal.
— Curieusement, je me sens tout à fait capable d’attendre quatre jours supplémenta

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