Sous l étoile du berger
310 pages
Français

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Sous l'étoile du berger , livre ebook

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Description

Au carrefour des XXIe et XXIIe siècles, trois nonnes et un jeune doctorant en pharmacie partent à la rencontre du pouvoir politique. Dans un univers de banlieues décaties, exsangues, sans papiers, Ismaël Valentin et les sœurs du couvent de la Transmutation vont oser, pour la première fois depuis soixante ans, s'opposer à la dictature de l'empereur autoproclamé Auguste Ier de Francie. Entre luttes de pouvoir et intrigues amoureuses, ce roman d'anticipation sociale nous entraîne dans un monde qui pourrait bien être le nôtre demain si...

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 16 mars 2016
Nombre de lectures 2
EAN13 9782342049602
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0090€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous l'étoile du berger
B. Villadosia
Mon Petit Editeur

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Mon Petit Editeur
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Sous l'étoile du berger
 
 
 
À mes enfants Lou-Anna et Ugo
Et à Coline
À Cécile H pour son aide précieuse
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Première partie. Sans-papiers
 
 
 
1. Le couvent des sœurs de la Transmutation
 
 
 
Sœur Marie-Mad risqua un œil par l’orifice du judas. Le système optique avait disparu, il ne subsistait plus que le trou, vide, à travers lequel on apercevait néanmoins la cour du couvent, jusqu’au portail métallique qui en barrait l’entrée. Un jeu de miroirs judicieusement placés assurait une vision optimale. Le seul recoin qui échappait au regard de sœur Marie-Mad restait le seuil de la porte. Quand elle fut certaine qu’aucune présence humaine ou animale ne hantait les parages, la vieille femme ouvrit.
Dans la pénombre de ce petit matin d’automne, les verrous claquèrent et le lourd panneau de bois tourna soudain sur ses gonds, tendant la chaîne de sûreté. Sœur Marie-Mad, qui n’était ni bien grande ni bien lourde, tenta vainement de résister. Elle s’arc-bouta les deux mains bien à plat sur le vantail. Peine perdue, la porte ne bougea pas d’un poil.
Pourtant, aucune main insidieuse ne tenta une intrusion forcée, aucun pied ne vint s’insérer dans l’entrebâillement, aucun bruit ne trahit une présence hostile. Sœur Marie-Mad relâcha sa pression inefficace puis héla ses consœurs, pas trop fort pour ne pas ameuter le voisinage proche, espérant juste que sa voix contenue tirerait Anastasie du sommeil.
Maugréant et traînant ses pieds nus sur le carrelage froid, sœur Anastasie apparut dans le hall d’entrée.
— Hé bien Marie-Mad, que se passe-t-il encore ce matin ?
— Ah, Anastasie, j’espérais bien que ce soit toi ! Viens, aide-moi, la porte est bloquée par un objet trop lourd pour moi, mais personne ne cherche à entrer.
— Allons bon, s’exclama Anastasie en réprimant un bâillement !
Sœur Anastasie était l’homme du couvent : mécanicienne, peintre, plombier, électricienne… Les gens qui la croisaient se demandaient immanquablement comment des mains aussi imposantes pouvaient appartenir à une femme. Elles étaient assorties d’une paire de bras qui jouissaient eux aussi d’une musculature formidable, reliés à des épaules d’athlète. C’est seulement lorsque le regard se posait enfin sur son visage qu’il révélait des traits angéliques. Ce visage, d’une extrême finesse, dévoilait une remarquable féminité, une beauté unanime, posées sur une architecture de lanceuse de poids est-allemande. Et sœur Anastasie des Trois Clochers, de son nom intégral, n’absorbait aucune substance illicite, elle était seulement née comme ça, musclée, large et solide, mais belle, délicieusement belle. Tout au plus s’autorisait-elle une infusion de verveine ou de tilleul. Il y a de cela vingt-cinq ans, tandis qu’elle apprenait la maçonnerie au lycée, sœur Anastasie était la seule fille de sa classe au centre de formation. Peut-être prit-elle la décision d’entrer dans les ordres à cette époque-là ?
— Alors, Anastasie, la bouscula sœur Marie-Mad, la doyenne du couvent, cette porte, tu m’aides oui ou non ?
— Excuse-moi, je songeais. Allons-y.
Les muscles bandés, Anastasie poussa le panneau de bois sans rencontrer de résistance. Marie-Mad défit la chaînette de sûreté, Anastasie relâcha la pression et la porte s’ouvrit enfin en grand, tandis qu’un corps, on aurait dit celui d’un enfant, s’affalait dans le couloir, entre les pieds des deux sœurs médusées.
— Ce n’est plus vraiment une enfant, maugréa la vieille.
— Non, mais elle ne doit pas peser plus lourd, répliqua la culturiste au visage d’ange.
Sœur Anastasie des Trois Clochers, telle un transpalette, saisit le corps de la jeune femme entre ses bras noueux et le déposa sur le canapé, prenant à témoin l’écran noir de la télévision. Pendant ce temps, sœur Marie-Mad s’empressait de refermer les verrous de l’entrée, raccrochant dans un geste réflexe la chaîne de sûreté.
Ces quelques minutes révolutionnèrent l’atmosphère habituellement calme du couvent de la Transmutation. Il faut dire qu’à cette époque-là, dans les banlieues abandonnées, la télévision n’émettait plus, les cafés avaient depuis belle lurette fermé leurs portes et le couvent en question accueillait seulement trois sœurs au creux d’une vieille bâtisse délabrée dont plus de la moitié des pièces demeuraient closes.
Sœur Sainte Clé du Tabernacle arriva dans le salon, ses orteils éternellement à l’air dans leurs sandales de cuir, la cornette rivée sur la tête (elle aurait pu dormir avec).
— Qui est donc cette jeune personne, s’exclama la nouvelle venue ?
Et, sans laisser aux deux autres le soin de répondre, de continuer :
— Mais dans quel état se trouve-t-elle ?
— Ça nous le savons, répliqua Marie-Mad. Quant à savoir qui elle est, il suffit de la regarder pour comprendre.
— J’imagine que c’est une droguée, précisa Sainte Clé en arborant un air de Sherlock Holmes. Elle a dépassé les bornes et Dieu, dans son immense miséricorde, l’a placée sur notre chemin.
— Amen, crut bon de conclure Anastasie des Trois Clochers.
Sœur Sainte Clé du Tabernacle s’était agenouillée au chevet de la malade sans même entendre le trait d’humour d’Anastasie et commençait à lui prendre le pouls :
— C’est du sérieux, elle est en état de choc !
— On va bricoler, comme d’habitude, lança Sainte Anastasie des Trois Clochers.
— Pas dans son cas, non, pour elle il faudra sortir l’artillerie lourde.
Les mots possèdent un pouvoir certain et Sainte Anastasie n’était pas l’homme du couvent pour rien. « Artillerie lourde » résonna dans sa tête comme le lancement d’une mission divine ; elle était prête.
— Je te reconnais bien, Anastasie, répliqua, très calme, sœur Marie-Mad. Prenons toutefois le temps d’analyser la situation.
La doyenne des sœurs du couvent n’avait pas tort et pour tout dire, elle avait même raison, comme souvent. Son visage fripé, sans âge, masquait autant qu’il les dévoilait, de longues années d’expérience qui connurent de nombreux chamboulements. Quand elles en parlaient en aparté, les deux autres sœurs disaient que Marie-Mad avait côtoyé le Christ, que son nom n’était pas un hommage mais qu’elle était la vraie Marie-Madeleine, celle-là même que le Seigneur avait choisie comme témoin de sa résurrection. Bien sûr tout ceci n’était qu’anecdotes de potaches.
Sœur Marie-Mad avait vu le jour dans une bourgade méridionale au tout début du XXI e  siècle. Désormais, bien qu’elle cachât son âge ou plus justement qu’elle n’en fit jamais état, elle fonçait allègrement vers les quatre-vingt-dix printemps, ce qui lui conférait l’autorité nécessaire et suffisante pour gérer l’humble couvent de la Transmutation. Elle avait créé et baptisé le lieu dans les années soixante, en souvenir du Christ et de Marie-Madeleine bien entendu. À cette époque, le couvent se lovait dans une rue animée, fréquentée le jour par de nombreux passants et, même si la nuit seules les voitures poursuivaient leurs allées et venues, du moins la vie palpitait-elle toujours.
Les années passèrent et, à presque quatre-vingt-dix ans, Marie-Mad n’avait jamais géré plus de trois sœurs, dans une communauté unique en son genre. Le couvent ressemblait plus à un taudis qu’à une maison, malgré les efforts de sœur Anastasie des Trois Clochers. Les rues alentour, exsangues, ruinées, défoncées, rappelaient le chaos et la guerre.
Et voilà qu’en ce petit matin d’automne, le Créateur, qui se faisait un peu trop discret ces derniers temps, leur envoyait une nouvelle épreuve dont Marie-Mad se réjouissait en dedans. La vie au couvent devenait monotone et un peu d’activité lui redonnerait de l’allant avant de rejoindre le bon Dieu.
— Mais qu’allons-nous faire si on ne bricole pas, demanda Sainte Anastasie.
— Il va nous falloir des médicaments, des vrais, pas des tisanes, répliqua Sainte Clé du Tabernacle. Nous n’en avons pas mais nous savons où il y en a. Reste à savoir si nous pourrons nous en procurer !
— Je n’en attendais pas moins de toi, souffla Marie-Mad.
Sœur Sainte Clé du Tabernacle animait souvent les veillées du couvent. Elle remplaçait la télé à l’écran éternellement noir par un one sister show dont elle possédait seule le secret et, si la situation ne l’incitait aucunement à se lancer dans ses frasques habituelles, au moins ne lui enlevait-elle pas son éternel sourire. Quoique la nuit, seul le Seigneur savait si elle souriait toujours.
La vieille sœur ridée interrompit Sainte Clé :
— Voyons si nous avons le même sens pratique. Où irais-tu chercher du secours, Sainte Clé ?
— Nous devons trouver un médecin ou toute personne susceptible de prodiguer des soins. Or les médecins s’enferment dans les résidences sécurisées auxquelles l’accès nous est interdit, à plus forte raison, accompagnées comme nous le sommes.
— Fort juste, Sainte Clé. De plus, même escorté d’une armée, aucun docteur n’acceptera de se rendre dans les banlieues, renchérit Marie-Mad.
— De toute façon, pas question de traverser les ghettos avec cette junkie sur le dos !
C’était le point que sœur Anastasie voulait final, mais comme à l’accoutumée, Sainte Clé reprit la parole pour exprimer le fond de sa pensée :
— Nous irons trouver le docteur Fontanille, le pharmacien de la place Notre Dame.
Un silence surpris s’installa. Marie-Mad le rompit :
— Le docteur Fontanille ? Aucun docteur n’acceptera cette mission et encore moins Fontanille, doucettement i

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