Sport et résilience
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Sport et résilience , livre ebook

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Description

Le sport est bon pour la santé émotionnelle : en quoi ? Les sportifs sont-ils nos héros en temps de paix ? Comment inclure davantage les athlètes handicapés dans les épreuves de haut niveau ? Les sportifs ont beaucoup à nous apprendre sur ce qui permet de surmonter l’adversité, qu’il s’agisse de la fatigue de l’entraînement, des difficultés des compétitions, du retour sur le terrain après une blessure ou une défaite… Entourés par une dizaine d’experts de différentes disciplines, de la psychiatrie à l’histoire en passant par la sociologie ou le coaching, Boris Cyrulnik et Philippe Bouhours nous montrent comment le sport, aussi bien le tennis que le football ou le triathlon paralympique, favorise le développement de la résilience. Boris Cyrulnik est neuropsychiatre et directeur d’enseignement à l’université de Toulon. Il est l’auteur de très nombreux ouvrages qui sont des best-sellers, parmi lesquels La nuit, j’écrirai des soleils, qui est un immense succès. Philippe Bouhours est psychiatre, spécialisé en thérapie comportementale et cognitive. Avec Carl Blasco, Makis Chamalidis, Caroline François, David Le Breton, Laurent-Éric Le Lay, Mark Milton, Aurélie Navel-Girard, Hubert Ripoll, Otto J. Schantz. 

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 20 novembre 2019
Nombre de lectures 6
EAN13 9782738147653
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0850€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sous la direction de
Préface de Laurent-Éric Le Lay
©  O DILE J ACOB, NOVEMBRE 2019 15, RUE S OUFFLOT, 75005 P ARIS
www.odilejacob.fr
ISBN : 978-2-7381-4765-3
Le code de la propriété intellectuelle n'autorisant, aux termes de l'article L. 122-5 et 3 a, d'une part, que les « copies ou reproductions strictement réservées à l'usage du copiste et non destinées à une utilisation collective » et, d'autre part, que les analyses et les courtes citations dans un but d'exemple et d'illustration, « toute représentation ou réproduction intégrale ou partielle faite sans le consentement de l'auteur ou de ses ayants droit ou ayants cause est illicite » (art. L. 122-4). Cette représentation ou reproduction donc une contrefaçon sanctionnée par les articles L. 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.
Composition numérique réalisée par Facompo
Préface

PAR L AURENT- É RIC L E L AY

La résilience ! Connaissez-vous ? Cette capacité, après un traumatisme aussi violent soit-il, de rebondir pour reprendre le cours d’une vie et même pour certains de devenir plus forts. Les personnes ayant connu l’horreur peuvent s’en sortir. Le malheur n’est pas une fatalité, il peut même être « merveilleux », comme l’écrit si bien Boris Cyrulnik dans un ouvrage de référence sur le sujet.
Le sport ! Qu’a-t-il à voir avec la résilience ? C’est une question que nous nous sommes souvent posée avec le docteur Philippe Bouhours. Est-il possible que le sport soit utilisé comme un outil de résilience ? Peut-il par sa pratique, son exigence, sa passion, ses valeurs, permettre à certains d’enclencher un processus de résilience pour sortir d’un cauchemar dans lequel un malheureux hasard de la vie les a plongés ?
Pour réfléchir à toutes ces questions, Philippe Bouhours m’a proposé d’en parler à Boris Cyrulnik. Et c’est ainsi qu’un dimanche nous sommes allés poser directement la question au père de la résilience qui nous avait chaleureusement invités à déjeuner chez lui, dans son jardin, sur les bords de la Méditerranée.
Le sujet l’a intéressé de suite et il a décidé d’organiser un séminaire de travail sur le sujet. Sans doute sa passion pour le sport, le rugby en particulier, n’y a-t-elle pas été étrangère. L’idée était de réunir un groupe de spécialistes pour comprendre, partager et écouter différents témoignages et travaux sur le sport et sa capacité à constituer un outil de résilience. C’est ainsi qu’un groupe de travail s’est formé avec Carl Blasco (triathlète), Daniel Costantini (entraîneur sportif), Jérôme Gallion (rugbyman), Christian Jeanpierre (journaliste sportif), Jean-Christophe Klotz (cinéaste, réalisateur), Sophie Perez (psychologue, ressources humaines), André Rauch (écrivain). Il s’est réuni régulièrement pendant plusieurs années et je profite de cette occasion pour les remercier de leur disponibilité, de leur implication et de l’enthousiasme sans faille qu’ils ont montré pendant tout ce temps. Ce livre a pour ambition de partager avec vous quelques-uns de nos travaux qui montrent que le sport est bien plus qu’un jeu.
Homme de médias et de sports, j’ai toujours été fasciné par la passion qui accompagne les événements sportifs. Les journaux s’y sont vite intéressés, comprenant que rapporter ces émotions était source d’intérêt. Les amateurs d’histoires se rappelleront que le Tour de France a été créé par un journal, L’Auto, au début du XX e  siècle, pour en augmenter les ventes. L’arrivée de la télévision a amplifié le phénomène en permettant à chacun de voir en direct les exploits sportifs de leurs champions, où qu’ils soient sur la planète.
Dans un stade, entre amis et même seul chez soi, regarder un événement sportif fait parfois vivre des émotions telles que tout le monde peut, l’espace d’un instant, devenir hystérique. Un soir de juillet 2018, comme il y a vingt ans, la France a explosé de joie autour de son équipe de football qui lui redonnait la fierté d’être une nation championne du monde. L’événement était tel qu’il a dépassé le cercle des passionnés et concerné tous les Français, quels que soient leur âge, leur sexe, leur culture ou leur religion.
Ces émotions collectives se répètent régulièrement : médailles d’or des Français aux Jeux olympiques, grands chelems au rugby, matches en cinq sets à Roland-Garros, Tour de France avec des millions de Français chaque année sur les routes…
Ce que nous vivons en France, tous les pays le vivent. Souvent autour des mêmes sports, parfois autour de certains en particulier en raison de leur histoire et de leur culture. Mais, quelle que soit la discipline, le sport est un langage universel. À l’heure où nos générations bâtissent l’Europe et où le besoin d’une culture commune est nécessaire, n’oublions pas que le sport est un patrimoine que nous partageons.
L’image du fan regardant un match à la télévision, une bière dans une main et une part de pizza dans l’autre, n’est pas qu’une caricature. Et même si ces moments de convivialité sont importants pour mieux vivre ensemble, ce n’est pas parce qu’on aime le sport et qu’on le regarde qu’on est sportif. Sans pratique, il est difficile d’imaginer la mise en place du processus de résilience qui va avec le sport.
Pourtant l’expression « un esprit sain dans un corps sain » est connue de tous et démontrée par de multiples études. Alors comment convaincre ? Comment motiver chacun d’entre nous de pratiquer ne serait-ce que quelques dizaines de minutes de marche quotidienne ? Beaucoup d’actions sont menées par l’État, les associations, les entreprises et le mouvement sportif. Il serait injuste de ne pas souligner ces efforts. Mais je suis convaincu que l’on peut faire plus.
La France a l’honneur d’organiser la coupe du monde de rugby 2023 et les Jeux olympiques de 2024. Pourquoi ne pas en profiter pour développer l’image d’une nation résolument tournée vers le sport ? Plus de pratique dans les écoles, les universités, les entreprises, plus d’éducateurs, plus d’infrastructures… Nous savons que le système éducatif français peut être excellent pour former des élites, mais curieusement il a toujours considéré le sport comme une matière annexe. Prendre le pari de former nos enfants à la pratique sportive de manière plus intensive n’a pourtant que des avantages : apprentissage des valeurs, dépassement de soi, poursuite d’objectifs, respect des règles, santé… Ainsi en grandissant nos enfants disposeront d’un outil de plus pour bien vivre, mieux vivre, et surtout ils sauront que le sport peut les aider en cas de coup dur. À l’heure où le vivre ensemble est plus que jamais une nécessité, le sport est une solution.
Le sportif, héros de temps de paix

PAR B ORIS C YRULNIK

Quelle drôle d’idée d’appeler un sportif « héros » ? Ce mot désigne un demi-dieu à connotation religieuse, un chef de guerre qui a sauvé son peuple en se sacrifiant pour lui 1 . En temps de paix, ce mot indique qu’un homme est au-dessus du commun, un personnage de film ou de roman dont les aventures extraordinaires nous enchantent par leurs exploits et nous racontent une histoire édifiante. Dans tous les cas, le héros provoque en nous un sentiment d’admiration, de plaisir et de gratitude parce que par son exploit, il compense un sentiment de faiblesse.
Il est normal de se sentir faible, quand on est petit. C’est le moment de notre développement où nous avons besoin d’un héros qui nous sauve. Le danger est parfois réel, mais quand on ne connaît pas le monde où l’on vient d’arriver, tout événement est un danger potentiel parce qu’on n’en a pas l’expérience et qu’on ne sait pas comment s’y adapter. À ce stade, nous avons besoin d’une figure sécurisante que, plus tard, nous appellerons « maman ». Sa simple présence nous sauve d’un danger réel ou imaginaire puisque, à ce stade de notre développement, sans expérience de l’existence, nous ne savons pas faire la différence.
À peine sommes-nous sécurisés par le héros maman, que nous voyons régulièrement autour d’elle une figure familière que nous appellerons « papa ». Cette silhouette est plus distante, elle n’a pas la même forme sensorielle que « maman », elle nous sauve des dangers de la rue et du monde extérieur au foyer. Quand le héros-papa est là, il va tuer les méchants : nous ne craignons plus rien et nous pouvons apprendre à nous socialiser. Alors, nous allons à l’école où nous rencontrons d’autres petits héros quotidiens. Pour les filles, le héros de cette étape est souvent une grande qui montre comment il faut se comporter pour maîtriser la relation et ne pas se laisser dominer. Les amitiés entre petites filles sont intenses, intimes, et échappent souvent au regard des adultes. Pour les garçons, les petits héros sont plus faciles à repérer. C’est souvent un bon sportif, celui qui court plus vite ou joue le mieux au football. On envie les bons élèves parce qu’ils obtiennent l’estime des adultes, mais on ne les héroïse pas. Alors que celui qui court vite est au-dessus du commun ; et celui qui marque des buts sauve son équipe de la défaite. Ils provoquent dans l’âme du petit garçon (et de plus en plus chez les petites filles) un sentiment de gratitude et d’admiration : « Merci d’avoir sauvé l’honneur de l’équipe de football du lycée, je t’admire toi, mon héros », pourraient-ils dire.
Remarquez que dans « admirer » il y a « ad » et « miroir », ce qui veut dire : « Je m’admire en toi, j’aimerais être comme toi, rapide, habile et sauveur de mon groupe sportif ; on m’aimerait beaucoup si je parvenais à devenir comme toi un buteur ou un défenseur héroïque 2 . » Le héros en temps de paix constitue pour l’enfant une image d’identification. Après maman qui sécurise, papa qui dynamise, le héros sportif indique une direction. Il révèle nos rêves d’avenir, il donne forme à nos désirs : « J’aimerais devenir comme ce héros que j’admire », dit souvent l’enfant qui demande à ses parents de lui acheter des objets de héros : des épées comme celle de Zorro qui terrorise les riches qui terrorisent les pauvres, des capes de Sup

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