The Walking Woman
224 pages
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The Walking Woman , livre ebook

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Description

« À Gatesville, dans la poche de survie de la prison pour femmes de Mountain View, une détenue mort-vivante a accouché d'un nourrisson Z. À Greensville, sud de Montgomery, des autonomes du Z-Power ont pris d'assaut un camp militaire à l'aide d'une horde. Selon une information non vérifiée, le président des États-Unis d'Amérique claque des dents dans le sixième sous-sol de l'aile est de la Maison-Blanche après avoir dévoré son épouse et sa petite fille. En Californie, des adeptes du “Tournant Karmique” se sont mis à manger de la viande de marcheurs pour renaître entiers.
Leur transformation se ferait progressivement, sans passage par la mort cérébrale ; ils sont plus forts, plus rapides et plus intelligents que les primo-Z, ils ont une vie sexuelle.
La mort est mondiale.
Restez en Vie. »

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 juin 2016
Nombre de lectures 0
EAN13 9782334114721
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Couverture
Copyright













Cet ouvrage a été composé par Edilivre
175, boulevard Anatole France – 93200 Saint-Denis
Tél. : 01 41 62 14 40 – Fax : 01 41 62 14 50
Mail : client@edilivre.com
www.edilivre.com

Tous droits de reproduction, d’adaptation et de traduction,
intégrale ou partielle réservés pour tous pays.

ISBN numérique : 978-2-334-11470-7

© Edilivre, 2016
Dédicace


AUX TABASSÉ.ES DES COMMISSARIATS
AUX ENTERRÉ.ES VIVANT.ES
À KOBANÊ
I La grande tribulation
Atlanta, 11 septembre 2001
Lorsque le chœur de verre explosa, les frères et les sœurs étaient en train de reprendre le refrain de “Gospel First Resurrection”. Are you looking fot get up ? In the first Resurrection… I’ll get up. Le pasteur tenait Odessa en larmes dans ses bras, Mishon sentit le goût amer de la communion dans sa bouche tandis que le piano continuait sa course folle et que les voix se taisaient. Puis tout ne fut que chaos dans la petite église d’Ellenwood.
À la même heure, de l’autre côté de la bretelle, Malcolm croque dans une pomme, se ligature et plante l’aiguille de crystal dans la rivière sombre. Une tirette, le sang remonte, il enfonce doucement le piston et pousse un grognement de satisfaction. Tina est chaude, Tina te vole ta raison… Quincy trépigne à côté de lui, l’œil fixé sur la seringue, quand une sirène se déclenche derrière le dépôt de ferraille. Malcolm laisse tomber la seringue sur la table constellée de cendres et enfonce convulsivement ses dents dans la pomme, indifférent à Quincy qui cherche quelque chose entre ses jambes. La sirène hurle, une petite flamme bleue va-et-vient dans un reflet d’argent, Malcolm voit la golden rouler devant lui et éclate d’un rire strident. Mec, c’est Pearl Harbour ou quoi ? On va baiser les Japs, venez, Tina va vous baiser les mecs !
Avenue Rosa Parks, un grand 44 tonnes bleu ciel s’est encastré dans le mur de verre moderniste de la toute nouvelle église Hope of the Seventh Day. À l’intérieur, les fidèles s’agglutinent autour du pasteur agenouillé devant le mufle fumant de la carrosserie, qui s’est arrêté à quelques pas du Saint Livre. Comme un toréador merveilleux il tend les mains vers la carcasse, ne sentant pas encore les éclats de verre fichés dans sa chair. À l’autre bout de l’oratoire, Mishon demi-levée enregistre en quelques secondes les roses de sang perlant sur les peaux noires, l’odeur douceâtre du gasoil, les cris à l’intérieur mais aussi derrière elles, à l’extérieur. Des sortes de cadavres s’agitent mollement dans la cabine qui lui rappellent ce chat écorché vif sur la route de Montgomery. Quand elle se précipite vers la sortie, une seconde odeur parvient à ses narines. C’est une odeur de tombe et de misère pire que les clochards entassés vivants pourris sous le pont de l’autoroute. Une odeur qui déverse dans son corps la marée ancienne du malheur et de la fuite.
Au moment où elle s’arque-boute contre la porte, une onde de chaleur lui frappe le dos : un ruisseau de feu court dans l’allée centrale, lèche les rangées de bancs. Jetée de toutes ses forces contre le battant, elle le fait céder à coups d’épaules. Derrière la porte, un corps remue en travers des marches, ses bras griffent le vide comme un insecte renversé. Une main l’a arrêtée. Winton. Le vieil aveugle tient sa sébile devant lui comme un bouclier :
– Bienvenue en enfer.
Elle le fixe avec incrédulité : ses deux yeux grand ouverts ont tout à fait l’air de voir ce qui se passe autour d’eux. Elle comprend qu’elle vient de débarrasser le mendiant de la créature qui s’agite en bas.
– Et merci pour lui.
Elle descend une marche…
– Non, par là, souffle-t-il en se glissant sous la rampe.
Mishon s’arrête, se raidit, le souffle absent. La forme ramassée sur l’escalier la paralyse : ils sont arrivés. On les voyait à la télé, maintenant ils sont là. Ils meurent et ils se relèvent. Ils étaient cadavres et ils marchent. C’est en train d’arriver, partout, c’est son premier. Zombies, morts-vivants, revivants. Elle le regarde. Deux jambes en bleu de travail percées jusqu’à l’os, un rabat de toile intact retenu par les bretelles et par dessus le rabat, une excroissance gélatineuse qui a dû être un poumon. Ces yeux, ce regard pitoyable qui la fixe depuis une éternité d’impuissance l’anéantissent ; elle connaît son second Pearl Harbour intérieur.
Ils n’ont pas de repos .
Seule la main du vieil homme qui la tire par le bras l’arrache à sa contemplation. Elle enjambe la rambarde.
Tandis que les flammes éventrent l’église, ils franchissent le muret du cimetière et rejoignent la ruelle arrière. Personne. Ils parcourent au pas de course toute la longueur du stade. Winton commence à s’essouffler derrière elle. Il la retient : attends, on ne sait même pas où on va. Mishon montre la trémie : je dois rentrer chez moi, peu importe par où.
– Moi je n’ai pas de chez moi.
– Que penses-tu faire alors ?
– En trouver un, c’est le moment ou jamais, non ?
C’est le moment idéal pour Winton, dans les quartiers blancs les maisons se sont vidées. Les plus aisés sont allés chercher refuge à la campagne dès la première attaque.
– Il y en a de plus en plus, avance-t-elle.
– Il y en a de plus en plus partout, tu crois que je vais renoncer à un bon lit ?
– Et, ces yeux ?
– J’en avais besoin fermés, je crois que je vais les garder ouverts pour longtemps…
– Adieu Winton, ils ne sont pas très accueillants chez moi.
Derrière eux le panache de fumée de l’église est déjà brisé par le vent. Le goût amer s’est mué en force acide, Mishon s’apprête à reprendre sa course. Il la retient encore. C’est la troisième fois qu’il fait ce geste, elle sent poindre en elle une colère nouvelle :
– Tu as l’intention de rester pendu à mon bras ?
– Cool, ma belle…
– Arrête, tu veux ? je ne suis pas jolie. Je pue, le monde pue et je n’ai pas besoin de toi pour me protéger, c’est ok ?
Mishon s’avise soudain qu’il respire très fort. Il retient toujours son poignet. Tandis qu’il se rapproche avec une grimace mousseuse elle sent quelque chose de dur sous ses doigts. Le vieux a la barre. Pas possible.
– Je t’ai vue Mishon, je te vois pour la première fois, viens, je vais te montrer…
– Tu m’as toujours vue, vieux vicelard !
– Oui, mais là…
Il bave d’un air sénile :
– Ta chatte, Mishon…
Elle reste stupéfaite, incrédule, court-circuitée par la multiplication des changements de plans. La ville est une boîte en carton secoué par un idiot. Les gens sont des animaux fous qui explosent. Quand les sens lui reviennent elle se découvre en train de hurler sur le vieux Winton. Si fort qu’elle ne l’entend plus balbutier tandis qu’elle se détourne, s’élance sur les marches de la passerelle enjambant l’autoroute.
Dé-règlement. Une procession de pare-chocs sur l’axe central, la voie sud anormalement vide. Des chauffeurs arrêtés sur la rampe tentent d’organiser un demi-tour, puzzle de vérités contraires. Elle se glisse sur la voie sud. Peut-être arrêter un conducteur isolé ; au pire faire à pieds les 3 miles qui la séparent de Vine City. Elle adopte un pas soutenu qui lui permet de repousser les visions. Puis très vite, elle retire ses chaussures. Fichus talons, le goudron souple rend bien sous la peau. Les gens qui la regardent ou l’interpellent depuis la voie opposée l’aident à ne pas courir. Beaucoup sont blancs. Ils appellent sur des téléphones, donnent des nouvelles à la famille qui les attend downtown, ou peut-être pas. Ne pas être la folle noire qui détale sur une autoroute vide. Garder son rythme, ne pas se retourner, arriver avant la nuit surtout.
Ceux de l’agence sont sans doute tous rentrés chez eux à cette heure. Elle est la seule à venir du “Bluff”, ce quartier de marasme géométrique qui la déglutit cinq fois par semaine. La fierté de son père quand il les a amenés dans cette petite baraque. Il y avait le portrait de leur mère et celui de Martin Luther King aux murs, deux morts… C’est grâce à lui que nous avons cette maison , a dit son père. Et en la montrant elle : maintenant je serai votre père et votre mère .
Et bon dieu il l’a fait. Même de plus en plus gris de plâtre et courbé le matin il se levait pour ajuster leur tenue et préparer les goûters. Malcolm est allé à Douglass High School et Mishon a suivi un cours de secrétariat chez Forbes. Quand le père est parti ils ont perdu Martin Luther King, un père et une mère, et lui surtout, avec sa voix de feu de bois qui emplissait la maison de patience.
Elle ne sait même plus où sont passées les photos encadrées, sans doute refourguées par Malcolm pour on ne sait quoi. Malcolm a reçu le lycée et la haine en même temps, comme s’il ne savait pas quoi faire de ce qu’il apprenait. Il se brûlait les yeux sur les livres des blancs ; quand il a reçu ceux des noirs son cœur s’est retourné comme une barque. Ce cœur il l’a rempli d’alcool, à 17 ans c’était le plus jeune alcoolique du Bluff. Boire l’aidait à trouver de grandes phrases de griot-satan qui le ressuscitaient. Puis il retombait dans son silence de renoi migraineux pendant des jours. Le lycée l’a oublié, sa voix s’est alourdie, Mishon est partie travailler à l’agence… et puis Quincy est arrivé…
Un grondement. Mishon se retourne. Une grosse carlingue bleue sur la voie de gauche se rapproche, un de ces gros autocars fatigués qui trimbalent les enfants de pauvres soir et matin entre le quartier et la Mission. Le car fait vibrer la poussière, il est au maximum, 130 au moins. Mishon secoue son foulard mauve, l’autocar ralentit comme pour la flairer ; elle a juste le temps de saisir au passage le geste du chauffeur qui fait un signe du pouce sur son cou et le regard de chèvres malades des mômes qui la regardent disparaître. Blanc de merde. Que s’était-elle imaginé ? Ils ne s’arrêtent même pas aux feux.
English avenue, les boutiques ont fermé. Les silhouettes familières des soirs d’été se devinent sur la dalle et tout autour. Revendeurs, badauds, odeurs de maïs grillé et de viande rôtie. Ici la vie semble avoir suivi son cour

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