UGA 32
79 pages
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UGA 32 , livre ebook

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Description

Dans cet avenir proche, les enfants sont tous conçus par fécondation in vitro puis élevés dans des incubateurs au sein des Unités de Gestation Artificielle (UGA). Cathia est une technicienne chargée du fonctionnement de l'Unité 32 et de la préparation des parents adoptifs. Sa vie, professionnelle et privée, est bien réglée, normale, jusqu'à ce qu'elle rencontre un déviant, Evan, qui lui montre l'autre face du décor.
Entre les réactionnaires nostalgiques et les technocrates avides, Cathia va découvrir une autre vision de l'humanité et devoir s'opposer à des projets ambitieux et dangereux qui pourraient refaire basculer les relations entre les hommes et les femmes. De la science fiction, qui pose la problématique des rapports homme-femme et du respect entre les personnes, et une fable sur l'humanité en général.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 28 mai 2017
Nombre de lectures 3
EAN13 9791096448074
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0007€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UGA 32


Michel Juste

2017
ISBN:979109644807
Cet ebook a été réalisé avec IGGY FACTORY. Pour plus d'informations rendez-vous sur le site : www.iggybook.com
Table des matières

Cathia
Charlie
Premier projet
Evan
Gentils fantômes
Naissances
Révolution
Unité de Gestation Naturelle
Le projet Zoé
Réactions
Recomposition
L'humiliante qualité des choses
Camilla
Un brin de nostalgie
L'épreuve de Camilla
Essence
la Mère
Passage
Evolution
La marche
Cérémonie
Confiance
La maison d'Alice
Asymétrie
Cathia
 

 
En rentrant chez moi, je ressens de la fatigue. Plutôt du stress d’après mon codo [1] . Il est vrai que je me suis presque fâchée tout à l’heure avec les parents de Béatrice. Ils ne sont pas raisonnables et ne respectent pas les règles du Centre. Je leur ai à nouveau expliqué tout en détail et je pense qu’ils ont compris et accepté cette fois. Sinon je serai obligé de signaler leur cas et d’invalider leur compétence. Je ne peux pas leur dire d’où viennent les gamètes qui ont donné naissance à Béatrice et ils ont le certificat d’analyse génomique qui leur explique les caractéristiques de leur fille et qui garantit l’absence de certaines maladies héréditaires. Je leur dis que c’est déjà beaucoup et que c’était même impensable il y a à peine cent ans !
Mon codo m’indique une invite de Debora. Pour dîner avec elle et avec ses amis ce soir. Pourquoi pas ? Elle a l’air complètement excitée sur l’écran.
Je vais me doucher. Cela va me détendre. Ma nouvelle douche est super. J’ai pu économiser un peu et me suis acheté un modèle avec massages. Très utile, comme ce soir après un stress. Pour le plaisir aussi, on peut même y aller à deux. Je proposerai à Camilla de venir un jour, je sais qu’elle kiffe bien ce jeu et j’aime bien être avec elle. Et elle n’a pas ce genre de douche, donc elle viendra sûrement, ne serais-ce que pour satisfaire sa curiosité.
L’eau coule sur moi, c’est bon, je me lave, j’en profite aussi pour uriner.
En fermant les yeux, je crois que j’apprécie encore mieux ce plaisir, même en solitaire. Une touche sur le codo et de la musique inonde la cabine. Les gouttes glissent sur ma peau tandis que les notes construisent une mélodie. Je me suis calée les épaules contre le mur en pierre déco. Un petit ruisseau se forme sur mon ventre et mes cuisses en caressant mon intimité. Je soulève ma jambe en créant une petite cascade qui me chatouille le pied. Et j’aimerais bien partager ces moments, furtifs et personnels, où je rêve d’amour  avec un ou une partenaire. Comme un raton laveur, je laverais ma prise, et je la dévorais après. Et je ris toute seule en lissant mes cheveux mouillés.
Quelle idiote ! Je n’y avais pas pensé et je ne l’avais pas programmé, pensant m’en rappeler ! C’est l’anniversaire de Debora. Elle a 25 ans. Un an de moins que moi. Logique, son prénom commence par D et le mien par C.
Debora Plezuro [2] , c’est son nom. Ca lui ressemble bien ! Donc elle a bien choisi son nom lors du rituel de passage à l’âge adulte. Elle m’a toujours bien apprécié, sachant que je l’ai aidée pour les cours et les révisions. Elle a réussi son examen un an après moi, et a pris une place d’adjointe administrative au Centre de Révision 32. Je sais qu’elle tourne autour d’un de ses copains pour adopter un enfant mais je ne la sens pas encore prête. Du genre à stresser une éducatrice pour une adoption ou un allaitement. Je suis curieuse de voir ce qu’elle va nous raconter ce soir. Elle a peut être prévu un vidéoactif [3] . Je me regarde devant le miroir et j’ai un sentiment de gêne, presque de honte. Pourquoi parler de Debora alors que je suis là, seule et je n’ai rien en vue. Parfois je suis incapable de faire moi-même ce que je raconte des autres.
Je m’occupe des naissances du district 32 mais sans être capable de réfléchir sur mon propre cas. Pas frustrée, mais seule et je n’ai pas eu l’occasion de discuter d’une adoption avec un collègue, un ou une amie. Je sais bien que créer une parentalité n’est pas facile, mais je n’ai pas encore fait le pas. Je me dis que je ne suis pas mûre ou que je réfléchis trop. Je crois que je n’ai pas réussi à me fixer un idéal pour mon partenaire.
J’aime bien Camilla, il y a aussi Akira et Andria. Avec les expériences et les problèmes que je vois tous les jours, je me rends compte que ce n’est pas un choix simple. Il faut du solide, ce n’est plus un jeu. On verra.
J’éteins le miroir.
J’arrête aussi le massage, je me sens bien et je suis presque sèche. Un coup de rayon LIR [4]  pour finir. Et je vais m’amuser un peu. Je vais me maquiller en bleu. La mode actuelle est assez terne sauf pour ceux et celles qui veulent se démarquer. Je ne le fais pas souvent, mais c’est l’occasion et j’en profite.  J’ai trouvé un fard bleu profond pour me couvrir le visage en laissant des raies de peau naturelle sur le front, le milieu du visage et le menton. Avec des lèvres rouges, l’effet est super.
Et je me rends compte que je risque d’arriver les mains vides à la fête de Debora. Je regarde en vitesse ses envies sur son profil et dans ce qu’il reste comme possibilités : parfum, voyages, livres, soirées-jeux, bons d’achat. Je choisis un parfum que j’irai récupérer dans la boutique avant d’arriver au restaurant.
Et comment je m’habille ? Une robe manches courtes beige avec la fermeture sur le côté : je l’aime bien et elle ressortira bien avec mon teint artificiel bleu et ma perruque noire. L’ensemble est parfait. Et dessous, un teeshirt moulant. Et mes nouvelles chaussures bleu foncé.
Il ne me reste plus qu’à me diriger vers le restaurant. Je monte dans une carlib [5]  et programme ma destination. Je peux écouter un peu de musique pendant le trajet.
Copine de toujours, depuis l’école, Debora est une sorte de femme sur ressorts. Elle doit bien se reposer de temps en temps mais, même en imaginant des nuits réparatrices pour elle, je ne comprends pas d’où vient son énergie. Je sais que l’on peut prendre des psychostimulants plus ou moins autorisés mais je n’y crois pas trop. Cela explique aussi ses indécisions et les amants qu’elle collectionne comme des étiquettes de chewing-gum. Ce soir, elle m’en présente un nouveau : Maxime. D’après son nom, c’est un utérin. Il doit avoir entre 35 et 40 ans, et ce n’est pas encore avec lui qu’elle va mener son projet adoptif.  Et moi je n’avance pas plus.
J’ai absorbé pas mal de substances enivrantes ce soir, mais je persiste à rentrer seule chez moi. Je n’ai pas trouvé d’ami ou amie pour satisfaire mes désirs profonds. Mon codo me situe bien pourtant, un taux de désir élevé, mais je n’ai pas recherché d’homologue sur le réseau. Une rencontre aurait pu se faire au restaurant, mais j’ai hésité au dernier moment. Pourtant la soirée est parfaite.
Debora nous parle de son travail et comme elle adore les anecdotes, elle nous raconte ses déboires avec les déviants. Elle est chargée de leur proposer des stages de réinsertion et de les valider après. Elle voit apparemment de tout. Elle nous raconte le cas du déviant qui a un QI de 130 et est chargé de travaux d’intérêt général. Il refuse toute réinsertion officielle et fait du yoyo avec ses points du carnet de biocitoyenneté.
Notre société est quand même assez bizarre : c’est le carnet de biocitoyenneté avec ses points virtuels qui classent les gens en responsables ou déviants, voire protodéviants si on arrive à moins de 5 points. Et c’est la base des droits de chaque biocitoyen dans la vie sociale.
 
 
Footnotes ^ codo: nom vulgarisé pour le complexe documentaire personnel. Il consiste en un écran plat souple très simple, adhérent à la peau, en forme d’ellipse de 7 × 15 cm, pouvant communiquer et stocker des données diverses de communication, visiophone, banques de données, données biologiques relevées à travers la peau, sensations… ^ Plezuro = Plaisir en esperanto. ^ Vidéoactif : spectacle hologramme auquel peuvent participer les personnes présentes. ^ LIR: ou IR C. Rayon infrarouge dit infrarouge lointain (50 µm – 5 mm) permettant de chauffer directement les objets ou les corps avec une déperdition énergétique minime. ^ Voiture

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