Un chant pour les étoiles
100 pages
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Un chant pour les étoiles , livre ebook

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Description

Veïa n’a toujours eu qu’un rêve : chanter.



Pourtant, quand son meilleur ami meurt dans la destruction d’une station spatiale, elle oublie sa passion et ne pense plus qu’à se venger des Pillards – de mystérieux envahisseurs qui s’en prennent aux humains. Elle décide de s'entraîner pour devenir combattante, avec la complicité de Yoko,


une pilote transfuge.



Propulsée dans une succession d’évènements qui la mèneront jusqu’aux confins de la galaxie,


Veïa finira-t-elle par trouver sa vocation ?

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 31 mai 2023
Nombre de lectures 5
EAN13 9791070002810
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0022€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Sarah Delysle
 
 
Un Chant pour les Étoiles
 
 
 
 
Illustration de couverture : Noweria
 
 
 
© 2023 Nanachi
 
Édité par : Nanachi, La Rabatelière, France
ISBN : 979-10-7000-281-0
Dépôt légal 02 -2023
 
 
 
Prologue
La voix sonore du héraut transperça le brouhaha feutré de la salle d’attente.
— Le numéro quarante-trois est appelé devant le jury !
Mon numéro ! Je me redressai d’un bloc, tel un clown jaillissant hors de sa boîte. Le tempo des battements de mon cœur s’accéléra. Une goutte de sueur perla le long de mon cou. Je lançai un regard éperdu à mon ami Arlo qui s’échauffait la voix dans un coin isolé de la salle d’attente, indifférent à la pression de l’Épreuve de Vie. Il interrompit un instant ses vocalises pour hocher la tête dans ma direction, un sourire d’encouragement sur les lèvres. Sa bouille parsemée de taches de rousseur irradiait un optimisme communicatif ; je sentis le courage me revenir. À la suite du héraut, je m’engageai dans le couloir qui menait à la salle d’audience, la démarche un peu vacillante, l’estomac au bord des lèvres.
L’espace d’un instant, je m’imaginai marcher dans ce couloir aux côtés de mes parents. Mon père avait passé son bras sous le mien et m’enveloppait de son odeur rassurante, tandis que ma mère riait de me voir si inquiète, ses frisettes brunes voletant autour de ses joues rebondies. Je fermai les yeux, les ouvris de nouveau. Mes parents n’étaient plus là
Non , me corrigeai-je.
Ils ne seraient plus jamais là.
De mon père et de ma mère, il ne restait que quelques cendres éparpillées à la surface de Parisiane, ma planète natale. En ce jour si particulier, quand d’autres voyaient débarquer leurs parents et cousins de tous les recoins de la galaxie pour les soutenir, je n’avais qu’un souvenir un peu flou pour me tenir lieu de famille.
J’atteignis la porte derrière laquelle allait se jouer ma carrière, et ma vie. Une petite porte banale, plate et peinte de couleurs ternes. Elle ne me sembla pas à la hauteur de l’enjeu. Je la poussai du bout des doigts, et elle s’ouvrit sur un gigantesque amphithéâtre baigné de lumière artificielle. Je ne pus m’empêcher de lever la tête pour admirer le ciel noir semé d’étoiles, au travers du dôme transparent dont était coiffé l’hémicycle.
De l’autre côté des larges baies vitrées qui formaient le socle du dôme, on apercevait l’activité fourmillante des abords de la station spatiale Himalaya . Des cargos aux ventres rebondis avançaient lentement vers les docks d’amarrage, tandis que d’autres s’éloignaient de la station pour rejoindre la zone d’amorçage. Une navette passa comme une flèche d’un quai à l’autre, sans doute à la poursuite de son vaisseau-mère en partance. Je me demandai si, bientôt, je m’envolerais moi aussi vers quelque splendide vaisseau stationné aux confins de la galaxie.
Je fis quelques pas hésitants sur la scène plongée dans l’obscurité. Face à moi, les rangées de gradins étaient remplies d’une foule silencieuse. Éblouis par la lumière des projecteurs, dont le faisceau ne s’était pas encore braqué sur moi, les spectateurs ne me voyaient pas. Tous ces gens ne tarderaient pas à s’animer, quand l’éclairage s’inverserait pour me révéler à leurs yeux avides.
Je devais prendre garde à ne pas me mettre à dos le public. Il pourrait être mon meilleur allié, comme mon pire ennemi ; les chances qu’il reste neutre étaient minces. Les spectateurs étaient venus ici en quête d’émotions fortes. Il leur fallait des héros à aduler, ou des minables à huer. En aucun cas ils ne se contenteraient d’un candidat fade ou sans intérêt.
De toutes les Épreuves de Vie, celle de chant était parmi les plus populaires – bien plus, en tout cas, que celles de droit administratif ou de mathématiques appliquées. Les spectateurs venaient de très loin pour y assister, parfois de l’autre bout de la galaxie. Et quelques millions de familles profitaient du spectacle par le biais de leur écran ou de leur lentille COM, depuis l’une des cinquante-sept planètes de la Fédération. Au moins ceux-ci ne risquaient-ils pas d’influencer le vote par leurs railleries ou leurs sifflets. Dans le pire des cas, ils détruiraient ma vie par l’entremise des réseaux COM, en y commentant la moindre de mes faiblesses. Mais, dans l’immédiat, je n’avais pas à m’en préoccuper.
Au premier rang de la tribune étaient assis les proches des autres candidats. Si mes parents avaient été en vie, ils se seraient tenus là, ils auraient souri et applaudi. J’écartai vite cette pensée déprimante de mon esprit. Ces derniers temps, il m’était apparu que plus je pensais à eux, plus l’image de mes parents devenait floue. Alors, j’économisais mes précieux souvenirs et en usais avec parcimonie. Avec un soupçon d’ironie, je me fis la remarque qu’il était étrange de s’empêcher de penser à quelqu’un pour ne pas l’oublier.
Devant la scène, je distinguai les membres du jury qui me faisaient face. Ils étaient assis sur une estrade légèrement surélevée qui semblait flotter au-dessus des gradins, et arboraient tous les cinq une mine sévère de circonstance. Je hasardai quelques pas de plus dans leur direction.
— Restez où vous êtes, m’ordonna une voix haut-perchée qui ne semblait venir de nulle part. Placez-vous au centre du cercle jaune.
Avisant le cercle en question, je m’exécutai. La scène était tout en longueur et surplombait les rangées de gradins les plus basses. Une fois les pieds au centre du cercle, je me trouvais à quelques mètres à peine des spectateurs, si proche que je pouvais voir leurs yeux cligner sous la lumière vive des projecteurs.
Ils m’attendaient.
La pression était à son comble. Je tentai quelques discrets mouvements d’épaules pour relâcher mes muscles contractés. Dans le but de me calmer, j’inspirai longuement puis expirai tout l’air de mes poumons.
Les lumières qui éclairaient les gradins s’éteignirent, tandis qu’un projecteur me prenait pour cible. Le public me voyait à présent, alors que le contraire n’était plus vrai. Devenue aveugle, je n’entendais plus que d’inquiétants murmures en provenance des gradins. La foule n’avait pas encore décidé ce qu’elle pensait de moi.
Par bonheur, je candidatais pour les Chœurs de la Flotte Interstellaire. En tant que future fonctionnaire, j’étais dispensée du superflu et l’on n’attendait pas de moi que je fasse le show – si je m’étais présentée dans la branche Divertissement, cela aurait été une autre affaire. Je me félicitai de mon choix de carrière, car les pitreries n’étaient pas mon rayon.
Les dix yeux des membres du jury me transpercèrent, comme si j’étais un insecte nuisible. «  Vais-je l’écraser ? Vaut-elle vraiment la peine que je l’épargne ? » me disaient leurs moues ennuyées.
Trois femmes et deux hommes composaient le jury, tous Administrateurs de la Flotte, et assez âgés pour avoir des cheveux blancs sous leur capuche. Ils arboraient l’uniforme de cérémonie, noir, avec pour seul ornement un liseré d’argent – le signe de leur appartenance au corps des Rhapsodes. Je leur trouvai l’air d’une famille de corbeaux alignée sur un perchoir.
— Veïa Tehipster ? demanda l’un des jurés.
Celui-là avait la mine encore un peu plus revêche que les autres, et il devait être un peu sourd : le héraut venait de hurler mon nom d’une voix de tonnerre.
— Oui, répondis-je dans un gargouillement anxieux. Candidate numéro quarante-trois.
Les cinq volatiles penchèrent la tête de concert pour tapoter frénétiquement sur leurs plaques digitales. J’ignorais leur avoir donné tant de matière à écrire en prononçant quatre mots.
— Nous allons pouvoir commencer, finit par croasser une jurée qui se cachait derrière de grandes lunettes noires, à la dernière mode du siècle dernier et parfaitement inutiles maintenant que les projecteurs étaient sur moi. Voyons le premier thème.
Elle actionna le générateur de sujets aléatoires. Après quelques secondes d’attente, le mot VENGEANCE s’afficha sur l’écran mural derrière le jury. Je pris quelques secondes pour réfléchir à l’interprétation que j’allais faire de ce mot. Ça n’était pas un sujet facile. La vengeance se composait de multiples émotions, qu’il me faudrait toutes insuffler à mon chant. Et pour cela, je n’avais le droit qu’à des onomatopées.
Je me lançai. Après une longue inspiration, je commençai par une mélodie très lente et très triste, légèrement saccadée. Pas trop douce cependant, car elle ne devait pas exprimer la résignation, encore moins la faiblesse. J’y introduisis un vibrato de colère, puis fit progressivement enfler ma voix pour finir sur un air aux sonorités martiales. Ça n’était pas très subtil, mais je ne me présentais pas pour être chanteuse à l’opéra.
Le public applaudit. Sans entrain excessif, sans trop de sifflets non plus. Les juges hochèrent la tête. Ils n’avaient pas franchement l’air enthousiaste, mais je notai que la ligne de leurs mâchoires s’était un peu détendue.
— Deuxième thème, se contenta d’énoncer la jurée aux lunettes noires, sans plus de commentaires.
Ce fut le mot RETRAITE qui s’afficha. Un sujet délicat, à destination des équipages de vaisseaux de guerre. Je devais être capable de faire passer un sentiment d’urgence, tout en leur communiquant suffisamment de dignité et de courage pour qu’un retrait ne vire pas à la débandade, ni ne se transforme en un souvenir honteux pour les combattants. J’entonnai une mélodie rythmée. Je fis de mon mieux mais, sans paroles, la tâche était ardue. Je terminai mon chant par une envolée vengeresse, reprenant le thème de mon chant précédent. Cette prise de risque vocale remporta l’adhésion du public. J’entendis des cris d’encouragement, et même quelques tapements de pieds au milieu des applaudissements.
Je n’eus pas le temps de me faire une idée de l’avis des juges sur mon interprétation. Déjà, la phrase « Troisième thème » avait résonné et VICTOIRE serait mon dernier sujet. Décidément, on aurait pu deviner que l’humanité était en guerre rien qu’avec la liste des

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