Un film ne suffit pas Saison 2
148 pages
Français

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Un film ne suffit pas Saison 2 , livre ebook

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Description

Jusqu'à présent, la vie d'Elona n'est, pour elle, qu'une catastrophe. Une entrée à l’université complètement ratée, une rupture et une perte tragique dont elle ne se remet pas la persuadent un peu plus que, quelqu'un, quelque part, lui a certainement jeté un mauvais sort ou s'amuse à la torturer avec une poupée vaudou. Elle ne s'imagine pas un instant que l’achat le plus banal du monde va changer sa vie, ou plutôt, ses vies. Elle et ses deux nouveaux colocataires se retrouvent plongés dans une aventure où tous les scénarios sont possibles et existent. Il faut juste qu'ils ne deviennent pas réels.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 30 avril 2019
Nombre de lectures 0
EAN13 9782365388641
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UN FILM NE SUFFIT PAS
S aison 2  
Laëtitia SACRÉ
 
 
www.rebelleeditions.com  
Une héroïne ne suffit pas
— C’était quoi, ça ?
La voix de mon amoureux monte dans les aigus. La mienne aussi quand je lui réponds.
— Un fantôme, je crois.
Il stoppe sa route, la mienne, celles de Bociel et de Dave par la même occasion. Nous lui fonçons tous dedans si bien que nous tombons assis sur le sol.
— Un quoi ?
Il nous dévisage bizarrement tous les trois tandis que nous nous relevons à la hâte.
— Et pourquoi ai-je l’impression d’être le seul surpris par tout cela ?
Personne ne répond. Mis à part le tableau fantôme qui marmonne sa litanie sanglante.
— Elona ?
Je fixe mes pantoufles.
— Bociel ?
Elle examine aussi ses chaussons.
— Dave ?
Comme si une paire de pantoufles pouvait l’intéresser.
— C’est que, tu vois, je ne l’ai pas fait exprès. Je ne pensais pas que c’était la même.
Dave, dépêche-toi, Morgan ne comprend rien à ce que tu dis et il est temps de déguerpir. Le filet – ou plutôt la mare maintenant – arrive à nos pieds.
— Pourrait-on en discuter plus tard ? Je crois que madame la revenante n’apprécie pas trop notre présence ici.
Morgan me considère puis nous entraîne vers le bout du couloir. Il s’arrête. Nous le télescopons de nouveau.
— Cette histoire de brocanteur fou, elle était vraie, c’est ça ?
Je le regarde un instant et hausse les épaules. Que pourrais-je dire de plus ? Mon amoureux attend une réponse qui ne veut pas sortir de ma bouche. Bociel tremble, plutôt de colère que de peur, et Dave bafouille des excuses incompréhensibles. La mare de sang qui nous a fait fuir de la chambre se dirige droit vers nous. Cependant, Morgan croise les bras et nous empêche de filer au bout du couloir.
— Alors ?
— Oui et non, murmure Bociel tout en continuant de trembloter. Il n’est pas si fou que ça.
— Si, quand même.
Dave ose l’interrompre et le regard noir que lui lance mon amie ne le déstabilise pas.
— Il est cinglé de nous avoir vendu cette télévision tout en connaissant ses capacités, ne dis pas le contraire !  
— Quelles capacités ? s’irrite Morgan.
— Ce n’est pas le moment, lui dis-je en l’invitant à avancer.  
Alors que Morgan s’apprête à protester, un grognement coupe net ses reproches. Derrière la nappe de sang, un énorme chien noir campe sur ses quatre pattes.
— Il… a les yeux rouges ? bafouille Dave en attrapant la main de Bociel.
— Et il fonce vers nous !
Je ne parviens pas à en dire plus ; je préfère déguerpir, mes amis sur les talons. Afin d’échapper au canidé, nous ouvrons chaque porte devant laquelle nous passons, mais aucune d’elles ne nous apparaît comme un refuge idéal. Derrière la première, un autre carnivore nous accueille, la deuxième cache un géant défiguré et la troisième empêche une espèce de zombie de se sauver.
Au moment où le chien manque d’attraper le mollet de Dave, Bociel découvre la sortie de ce long couloir, camouflée par une énième porte que Morgan s’empresse de refermer.
— En espérant qu’il ne puisse pas passer à travers !
— Tu plaisantes ? piaille Dave.
— Ce n’est pas ce que font les fantômes ?
Morgan sourit, malgré la situation angoissante, et nous descendons vers le rez-de-chaussée. Aux murs, des tableaux représentant des corps décharnés nous font presser le pas. Néanmoins, avant d’atteindre la dernière marche, nous nous figeons. Devant nous, une jeune fille nous tourne le dos. Quand elle nous remarque, elle semble aussi surprise que nous.
— Mais… mais, pourquoi êtes-vous de nouveau présents ? Cela n’a aucun sens. Je n’ai aucun problème à résoudre avec vous ! Que me voulez-vous à la fin ?
La bouche de Bociel s’ouvre et se referme tandis que celle de Dave manque de perdre une mâchoire. Morgan me regarde, je suis aussi déroutée qu’eux.
— Tu vis la même chose que nous ? dis-je, peu convaincue que cela soit possible.
— Pardon ?
— Tu possèdes une télévision chez toi ? demande Dave, qui comprend subitement comment refermer sa mâchoire.
La jeune fille écarquille les yeux et s’approche, mais un grognement provenant de sa gauche la terrorise.
— Vous… êtes réels ? Vous n’êtes pas que des personnages ?
Dave ouvre la bouche pour lui répondre, un nouveau grondement l’interrompt et son interlocutrice panique.
— Nous devons quitter cette maison, ces chiens nous poursuivront jusqu’à ce qu’ils nous tuent. Si vous saviez comme je suis soulagée d’être tombée sur vous ! Je suis à bout, je n’en peux plus. Je suis lassée de…
Elle n’a pas le temps de terminer sa phrase qu’un animal sombre et monstrueux lui saute à la gorge. La bête ne nous laisse pas l’occasion de réagir et, une fois son méfait accompli, elle s’éloigne en courant. Aucun de nous n’ose bouger, de peur qu’un autre chien ne nous agresse, et surtout, parce que nous sommes trop choqués pour être capables de le faire.
— Nous devrions vérifier si elle… hasarde Bociel.
Morgan est le seul à réagir. Il descend les dernières marches qui le séparent du corps étendu dans le hall, puis fait demi-tour.
— C’est fini.
Je place mes mains sur mes yeux et Bociel se cache dans le torse de Dave. Elle devient hystérique et frappe la poitrine de notre ami avec les poings.
— Mais qu’est-ce que tu as fait, Dave ? Quand vas-tu apprendre à te servir de ta cervelle ? hurle-t-elle tandis qu’il tente de la calmer.
— Arrête ! Si tu continues, un de ces monstres va nous entendre et nous attaquer ! Et puis, je t’ai dit que ce n’était pas le même vendeur. En plus, tu l’as regardée comme moi cette télé, et compte tenu de ce que nous avons déjà vécu, tu aurais pu refuser, je te signale !
Pendant que les deux presque tourtereaux se chamaillent, j’observe Morgan. Il passe plusieurs fois la main dans ses cheveux noirs, signe de sa nervosité. Un milliard de questions doivent livrer bataille sous son crâne. Il pose les yeux sur moi et je tente de lui faire comprendre, d’un regard, que tout ceci n’est pas si grave. Même si le chemin est long pour en arriver là, demain ou tout à l’heure, notre vie reprendra son cours. Toutes les inventions farfelues de la télévision ne deviendront plus que des souvenirs étiolés.
Mais avant que ce soit le cas, nous avons toute une histoire à vivre.
 
Chapitre 1
Je range les derniers couverts dans le lave-vaisselle et m’appuie contre le plan de travail.
Cette journée est l’une des pires de toute ma vie. Faire un barbecue à cette occasion n’est pas une bonne idée, cependant, mon père a voulu me faire sentir que je n’étais pas exclue de cette maison. C’est gentil de sa part, mais cela n’a pas l’effet escompté. Ma mère me rejette encore plus que d’habitude.
Aujourd’hui, je n’ai même pas droit à un regard méprisant ni à un soupir exagérément long. Elle est prostrée devant l’évier de la cuisine et fume cigarette sur cigarette. Elle marmonne, de temps en temps, quelques ordres à mon père, sans adresser la parole à qui que ce soit d’autre, encore moins à moi. Ma présence la rend malheureuse. Ce jour précis la rend triste. Sauf qu’elle n’est pas la seule à souffrir.
Mon père, trop enjoué pour être sincère, en meurt un peu chaque jour. Ma grand-mère, la dernière représentante de mes aïeuls encore en vie, celle qui se bat comme elle peut contre un cancer, ne sourit plus aussi facilement qu’avant. Mes trois tantes, celles que nous appelions « un », « deux » et « trois », car nous étions incapables de retenir leur prénom lorsque nous étions enfants, appuient trop leur regard protecteur sur moi et, parfois, une larme s’échappe de leurs yeux si bleus. Et moi ? Bien sûr que j’en souffre.
— Louve, tu veux bien m’apporter les assiettes à dessert ?
Mon père m’appelle de ce ton qu’il souhaiterait guill

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