Doucement, j’essaie d’ouvrir les yeux. Mes paupières restent lourdes, tous mes muscles semblent inaccessibles. Je pense que je suis dans cet état vaseux depuis plusieurs dizaines de minutes. Tout est brouillard, il faudrait que je sache où je me trouve, seulement, mes paupières ne m’obéissent pas. Cet acte simple et habituellement anodin devient à cet instant et pour la première fois de ma vie, très éprouvant. Je réalise que la fine couche de matière organique qui recouvre mes yeux est effectivement dotée de muscles, aussi minuscules soient-ils. Il s’agit de vraies articulations qui peuvent également se fatiguer. L’ouverture du rideau cachant mes globes oculaires est compliquée, mais progressivement une courte lueur tant attendue pénètre vers mon œil droit. Je reste dubitatif, car je m’interroge sur la réalité de cette vision. Je pense aux personnes marchant dans le désert saharien et rêvant tellement d’eau qu’elles croient apercevoir une fontaine, un lac, ou un pichet de citronnade garnie de glaçons… Mais je ne suis jamais allé dans le désert ! Du moins, j’imagine. Je tente encore de gros efforts afin de relever mes paupières. Je voudrais me rendre compte de mon environnement. D’ailleurs, à bien y réfléchir, je n’ai aucune idée de l’endroit où je pourrais me trouver actuellement.