Un verdict rouge
90 pages
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Un verdict rouge , livre ebook

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Description

« Il ne travaillait pas dans un monde différent, mais dans le présent et livrait bataille seul, par conséquent nulle part il ne triomphait, sa vérité était son tort et sa couleur était sa vérité. Il fallait survivre, il marchait dans le sillage de la communication et du dialogue et chaque fois qu'il s'en produisait un, il avait comme seul recours de se laisser taper dessus pour mériter sa croûte ; ses gènes étaient à l'origine de son destin et les uniques responsables. À chaque fois qu'il essayait de contourner la marche du système pour imposer la vérité qu'il percevait et passer maître de sa destinée, on lui intimait le silence, on l'avait persuadé par des méthodes adaptées ou pas que sa couleur était une erreur et un tort... » Mise au placard, poursuite judiciaire, divorce... La vie de Blec Delavanture est un tourbillon désespéré. Irrévérencieux, révolté, "Un Verdict rouge", suite de l'ouvrage Les Revers du damné, est une histoire de fou des temps modernes. L'auteur traque le quotidien dans ce qu'il a de pire, dénonce le racisme des uns, les dérives des autres, les pièges sans fin d'une société, rêve d'hier devenu cauchemar à la toile tentaculaire où absurde, désillusions et coups bas s'entremêlent.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 19 mai 2017
Nombre de lectures 0
EAN13 9782342152944
Langue Français

Informations légales : prix de location à la page 0,0052€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

Un verdict rouge
Josué Irep
Société des écrivains

Le Code de la propriété intellectuelle interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l’auteur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles L 335-2 et suivants du Code de la propriété intellectuelle.


Société des écrivains
175, boulevard Anatole France
Bâtiment A, 1er étage
93200 Saint-Denis
Tél. : +33 (0)1 84 74 10 24
Un verdict rouge
 
Toutes les recherches ont été entreprises afin d’identifier les ayants droit. Les erreurs ou omissions éventuelles signalées à l’éditeur seront rectifiées lors des prochaines éditions.
 
 
 
 
 
 
 
Blec Delaventure était de retour au travail à la régie, M. Fatarec le découvrit devant le standard et lui demanda en se mordant les lèvres :
— Que faites-vous ici, monsieur Delaventure ? 
— Je pensais que vous le saviez, répondit Blec, je sors d’une mise à pied. 
— Oh ! pardonnez-moi, cher monsieur, dit Fatarec en soupirant puis il s’enquit : J’espère pour vous que vous alliez mieux et ce médecin, l’avez-vous rencontré ? Parce que c’est le motif professionnel de cette mise à pied, je vous ai signifié cette décision pour que vous ayez tout le temps de consulter au moins un médecin, j’espèce que vous ne revenez pas me décevoir ?
Blec inclina la tête et répondit d’une voix découragée. Fatarec considéra que ce ton était utilisé pour le rassurer.
— Monsieur Fatarec ?
— Dépêchez-vous, je n’ai pas toute la journée pour vous écouter même si un si correct administrateur comme moi devrait y consacrer la moitié de son service.
— J’ai le plaisir de vous informer que durant ma mise à pied, j’ai été voir ce médecin.
— Mais voilà que vous devenez raisonnable, mais que craignez-vous ? En principe les gens ne mettent pas autant de temps pour annoncer une aussi excellente nouvelle, vous vous différenciez vraiment sur tous les points, et quels sont ses diagnostics ?
— C’est un médecin traitant que j’ai vu.
— Ce n’est pas grave, c’est votre bonne foi qui prime en la matière, vous irez voir celui du service après, mais qu’en pense-t-il, ce médecin qui vous a ausculté ?
— J’ai été voir un médecin pas loin de mon domicile.
— Que pense ce médecin de votre cas ? Vous êtes relou vous, j’espère pour vous qu’il a aussi examiné vos oreilles.
— Il m’a fait beaucoup attendre ce médecin.
— Ce n’est pas vrai, j’hallucine ou quoi ? Monsieur Delaventure, que vous a-t-il dit ce médecin ? Merde !
— Rien de particulier !
— Comment ça, rien de particulier ?
— Ce médecin m’a dit…
— Il vous a dit quoi ce médecin, nom de Dieu !
— Vous faites comme si vous n’étiez pas noir, monsieur Fatarec.
— Je ne suis pas votre camarade, jeune homme.
— Je m’en doute bien, mais ne me dites pas que vous n’êtes pas un noir !
— J’ai le sentiment que vous cherchez d’autres désagréments ici, vous avez fait beaucoup de conneries et pourtant vous êtes encore là parce que je suis très indulgent avec vous et je n’ai pas oublié cette histoire d’agression sexuelle dont la collègue a été victime, donc ne jouez pas avec ma patience, bonhomme et maintenant revenons à nos moutons même si vous pensez ne pas en être un, ayez quand même l’obligeance de répondre à mes questions et sans hésitation, c’est moi votre supérieur hiérarchique.
— Monsieur Fatarec, je vous jure que le médecin m’a dit que je suis en parfaite santé.
— Et concernant le psychisme ?
— Le médecin dit que je vais bien à tout point de vue.
— Ce médecin devrait lui aussi consulter un médecin, on verra si celui du travail a la même opinion.
— Je vais faire savoir au gestionnaire de service que je suis de retour.
— Non, ce n’est pas la peine, je m’en occupe, gagnez votre poste et au moindre ennui en sus, je vous fais voltiger d’ici.
— Je ferai mon travail, monsieur Fatarec.
— Vous avez intérêt.
L’ascenseur de malheur s’ouvrit, Aïchée en sortit et s’arrêtant net, le regard oblique, montra de belles dents blanches, du rouge à lèvres appliqué sur la pigmentation noire, elle posa ses mains sur le minitel et dit sciemment :
— Alors, on est revenu !
— Tu as intérêt à t’en aller avant que je prévienne le gestionnaire, suggère Blec.
— Allez, vas-y si tu as des couilles, personne ne peut m’empêcher d’être ici, je suis sur le lieu de travail.
— Tu n’es pas à ton poste.
— Et alors, tu penses que tu as un poste à toi ici, tu as une bite fainéante cependant tu veux t’approprier une place attitrée ici, enlève ta tête de ta savane, en France tout le monde se mélange.
— J’apprécie de travailler seul, c’est pour ça que j’aimerais que tu te débines.
— Fais attention à ce que tu dis, monsieur, je ne suis pas une sauvage comme toi, je vis en société.
— Il n’existe pas de place pour deux personnes à ce standard.
— Je peux encore demander à revenir travailler là.
— Tu n’as jamais travaillé là.
— Des genres de cons comme toi, je m’en branle.
— Et pourquoi tu ne t’en vas pas ?
— Je m’en irai quand je l’aurai décidé.
L’ascenseur comme une baleine ouvre sa gueule, engouffre un membre du personnel et crache le gestionnaire de service. Il ne fait à Blec aucune objection, mais dit à l’autre :
— Monsieur Fatarec vous demande. 
— Entendu !
Elle s’en alla en envoyant un regard qui tue. Le gestionnaire recueillit dans sa chemise une note de service et la tendit au standardiste en précisant :
— À compter de demain, vous n’êtes plus chez nous, on vous détache dans la section sécurité qui se trouve dans le XIX e arrondissement, le responsable vous y attend.
— Comment ça ?
— Ne posez pas de questions, monsieur Delaventure, obéissez et évitez d’ébruiter la nouvelle, bonne chance !
À la tombée de la nuit, il marchait dans la rue enneigée en ce mois de janvier mille neuf cent quatre-vingt-dix-huit, à chaque pas il s’efforçait de ne pas glisser sur le verglas, chaque souvenir du passé revenait à son esprit et le rendait circonspect : à cause d’un défaut d’inattention aux conditions météorologiques, il encourait le risque de se blesser sur le verglas s’il chutait. Il se demandait quel accueil lui réserverait le prochain poste ; il avait espoir de trouver le meilleur des meilleurs, la place d’un point de vue statutaire était différente, il rêvait que la réception le soit également ; la veine était un mot auquel il n’attachait aucune croyance, il pensait que s’il avait le véritable profil du poste, tout devrait aller comme sur des roulettes ; il se demandait quels motifs étaient à l’origine de tous ces revers, est-ce une différence anatomique qui l’habite et qui forge ses traits de caractère, ou simplement la méchanceté innée d’un monde qui l’entoure, il avait la quasi-certitude que c’était une de ces hypothèses ou plutôt la fusion des deux.
Il se dirigea vers un mur et se pencha derrière pour uriner. Un policier blond aux yeux bleus vint tout près lui faire une leçon de morale sociale ; il lui dit après lui avoir mis un procès-verbal sanitaire : 
— Ce n’est pas là qu’il faut jeter votre merde, brave monsieur, si vous avez des pulsions ou des choses de ce style, trouvez vous un hôtel ou allez dans les chiottes, vous avez trois jours pour régulariser cette amende, le temps presse.
L’agent s’éloigna vers son équipe, l’observant à la dérobée et swinguant du postérieur.
Blec était arrivé au niveau du métro quand un phénomène attira son attention. Un homme de type indien était assis dans les escaliers, aspirait par le nez, de tant à autres quelque chose qui ressemblait à de la poudre, en hurlant de douleur et en évoquant certaines caractéristiques des valeurs patrimoniales mayas : 
— Maya, Maya, civilisation de Mayas, sauve-moi de la souffrance, emmène-moi, parce que la mort est sur moi. Élites, où êtes-vous ? Je réclame la prééminence des forces sacrées, le calendrier maya pour bien voir si mes jours sont comptés, la sophistication des mathématiques. Ô Mayas fascinant l’occident, où sont tes tables et tes pyramides stylées, ton savoir traditionnel poussé, ta prophétie d’apocalypse, ta prévoyance d’éclipse, ta combinaison et notamment tes synthèses mathématiques, le panthéon, tes entités, tes forces animistes, ta forte hiérarchie, ton monde magique, tes chamades, tes arts aztèques, tes guerriers, tes captifs, ton imploration des dieux contre la famine ? Car je n’ai rien à manger, je suis en train de crever sur des escaliers plus froids qu’un réfrigérateur et de toute ma vie, je n’ai jamais suivi une femme à l’autel, je suis irrémédiablement seul.
Assis dans le métro, Blec ouvrit sa serviette pour vérifier ce qu’il y avait à l’intérieur quand il entendit un homme murmurer : « Regarde-moi ce black qui cherche dans sa serviette, ce genre de gars n’est pas fait pour venir en France et ma parole, il ne trouvera jamais de travail. » Un éclat de rire ahurissant remplit la surface du métro puis soudain, s’éteignit comme une cigarette.
Plus tard, il descendit du métro et se souvint d’un détail de l’histoire relatif aux Allemands qui avaient réduit en esclavage les Camerounais et le pays avait été envahi par la malaria, les Allemands furent chassés par la maladie. Il entendit un bruit de vêtement, il se retourna pour voir ce que c’était, une jeune femme lui dit en remontant sa culotte : « Qu’est-ce que tu regardes, toi, tu n’as jamais vu une chatte de ta vie ? » Il prit la poudre d’escampette au fin fond du soir couvert de neige.
Le lendemain, le responsable du nouveau poste le reçut à son bureau, un certain M. Domoil qui lui suggéra :
— Suivez-moi en salle de réunion, je vais vous présenter à l’équipe.
— Oui, monsieur, répondit-il, dominé par une angoisse particulière. Un homme de grade portant un uniforme le salua et lui dit :
— C’est moi le chef de groupe, je suis monsieur Carbonne, accompagne-moi dans la voiture, je te dépose sur le site.
— Entendu.
Blec monta en voiture avec quatre autres collègues, il fut le

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