Une plume en deuil
88 pages
Français

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Une plume en deuil , livre ebook

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Description

À la mort de son écrivain préféré, Mathieu Anato Violette est anéantie. Elle ne lit plus et surtout, elle n'écrit plus. Son imagination est comme bridée. Jusqu'au jour où une voix la guide à nouveau sur le chemin de l'écriture. Cette voix, Violette la reconnait. C'est celle d'Anato. Il lui demande de terminer son œuvre inachevée.

Sujets

Informations

Publié par
Date de parution 15 septembre 2020
Nombre de lectures 0
EAN13 9782365388054
Langue Français
Poids de l'ouvrage 3 Mo

Informations légales : prix de location à la page 0,0250€. Cette information est donnée uniquement à titre indicatif conformément à la législation en vigueur.

Extrait

UNE PLUME EN DEUIL  
Ophélie MESTUROUX  
 
www.rebelleeditions.com  
Chapitre 1
Un livre serré contre sa poitrine, Violette regardait la file de gens devant elle. Celle-ci ne semblait pas diminuer, tandis que l’impatience et l’excitation qu’elle ressentait allaient croissant à chaque seconde qui passait. Encore dix personnes… Elle aurait dû venir dès l’ouverture. Un soupir se fit entendre derrière elle, l’incitant à se retourner vers un lecteur d’environ son âge. Plus grand qu’elle d’une tête, il avait des cheveux mi-longs tirant sur le blond et des yeux marron qui, pour le moment, trahissaient un stress évident. Il tenait lui aussi un livre contre son cœur et lui adressa un petit sourire.
— Je n’en peux plus… Ça fait tellement longtemps que je rêve de ce moment et les derniers instants sont les plus longs.
— Je veux bien te croire. Même pour moi qui l’ai déjà rencontré, l’attente devient impossible.
— C’est pas vrai ? murmura-t-il, un air impressionné sur le visage. Alors, comment est-il ? Je vais le savoir dans dix minutes, mais… dis-moi quand même.
— Il est aussi adorable que tout le monde le raconte, souriant, à l’écoute et passionné.
Le garçon sortit la tête de la file qui avançait enfin, et une expression de bonheur apparut sur son visage. Violette suivit son regard et aperçut celui pour qui tout ce monde avait effectué le déplacement.
Mathieu Anato.
Cet auteur de quarante et un ans s’était fait connaître quelques années plus tôt, de manière confidentielle, avant de rencontrer un véritable succès. Son premier roman de science-fiction, Les Lunes d’Amourlyne ne toucha qu’un public restreint, à qui le potentiel exceptionnel de sa plume n’échappa pas. Ce dernier se confirma avec la sortie de L’azur des Dragons , un roman fantasy qui séduisit un lectorat de plus en plus nombreux, chaque semaine, pendant des mois. Anato avait ainsi acquis l’admiration de dizaines de milliers de lecteurs, qui attendirent un nouveau livre avec impatience. L’attente fut d’assez courte durée, et Arkurs , le premier tome d’une trilogie fantasy intitulée Les Chroniques de Diran, parut l’année d’après .  
Le succès avait encore une fois été au rendez-vous ! L’ouvrage se vendit à près de cent mille exemplaires, et une foule de lecteurs se pressa à chacune des apparitions d’Anato, pour l’écouter parler de son nouvel univers avec une véritable fascination.
Sur Internet, des forums et des pages de réseaux sociaux furent créés pour discuter de la saga, et des dizaines de théories circulaient concernant l’intrigue, les personnages et leur destin. Anato s’amusait de cet engouement, refusant de révéler quoi que ce soit sur la suite de son œuvre.
Ce jour-là, il venait signer en exclusivité Bolsans , le deuxième tome des Chroniques de Diran, et plusieurs centaines de lecteurs affluaient dans la grande librairie parisienne choisie pour l’évènement. La date de publication officielle du roman était en effet fixée à la semaine suivante, et cette chance de l’avoir en avant-première, dédicacé de surcroît, avait provoqué une effervescence sans précédent parmi la communauté des lecteurs d’Anato.
— Bon sang, je stresse ! J’ai peur de passer pour un imbécile si je ne dis rien… ou alors des choses stupides.
Violette sourit à son voisin de file. Elle ne connaissait pas ce problème, sachant toujours alimenter la conversation lorsqu’elle rencontrait quelqu’un.
— Ne t’inquiète pas, je suis sûre que tu trouveras les mots qui lui feront plaisir.
— J’espère !
Le silence retomba entre eux, et les minutes s’écoulèrent au rythme des gens qui défilaient devant la table de l’auteur. Lorsqu’enfin le tour de Violette arriva, celle-ci sentit son cœur s’emballer et elle passa nerveusement une mèche de ses longs cheveux châtains derrière une oreille. Puis elle s’avança d’un pas décidé vers Mathieu Anato. Les yeux ambrés de l’écrivain pétillaient, comme à l’accoutumée.
Il est tellement à l’aise parmi ses lecteurs, totalement à sa place, c’est beau , pensa Violette.
Il la regarda quelques secondes et lui sourit en prenant le livre qu’elle lui tendait.
— Il est pour toi ? Je mets la dédicace à quel nom ?
— Pour moi, oui… Violette.
— Oh… Je t’ai déjà vue, non ?
Une expression ravie se peignit instantanément sur le visage de Violette, mélange de surprise, de bonheur et de fierté. Son écrivain préféré se souvenait d’elle, voilà de quoi la mettre sur un petit nuage pour des jours, voire des semaines !
— Oui, finit-elle par répondre de la voix la plus posée possible. Pour la sortie du premier tome, l’an dernier.
— Je m’en rappelle ! s’exclama l’écrivain. J’espère que tu l’as aimé d’ailleurs, ce tome !
— Je l’ai adoré ! Et j’ai hâte de retrouver vos personnages dans ce nouveau roman. Ils sont si attachants et leurs aventures si palpitantes. Ça me fera bizarre de devoir les quitter, après la sortie du tome 3, vous savez. Ils font un peu partie de moi, désormais.
— Je suis heureux que tu les aimes autant. Pour te remercier, je vais te révéler une exclusivité… Le dernier livre sera assez différent des deux premiers, tant par l’ambiance que par les personnages présents. Mais je ne t’en dis pas plus, ajouta-t-il avec un clin d’œil. La fin du deuxième tome te donnera déjà des indices…
Violette ne sut que répondre. Mathieu Anato avait la réputation d’être extrêmement secret sur ses écrits, et voilà qu’il lui dévoilait quelque chose, à elle, une simple lectrice. Elle réfléchit à toute vitesse pendant que l’auteur s’appliquait à la dédicace de son livre.
— J’ai hâte de lire tout ça ! Je pense dévorer ce nouveau tome en un rien de temps.
Elle s’arrêta et déglutit, avant de prendre une profonde inspiration. Il fallait qu’elle lui dise… Elle n’avait pas osé l’année précédente, mais s’était promis, cette fois, de ne pas hésiter.
— D’ailleurs… se lança-t-elle, les mains tremblantes, je dois vous remercier. Grâce à vous et à vos histoires, je me suis moi-même mise à écrire.
— C’est vrai ? dit l’auteur en relevant la tête avec un air surpris. Je ne pensais pas toucher autant mes lecteurs ni les inspirer à ce point. Mais j’en suis ravi et je te souhaite de continuer. L’écriture est une activité difficile, mais une fois que l’on plonge dedans, elle devient aussi vitale que le fait de respirer. Alors, quoi qu’il arrive, écris. Ne laisse rien ni personne abattre ton imagination et ta plume.
Des larmes embuèrent soudain les yeux de Violette.
— Je vous remercie pour ces mots. Je n’abandonnerai pas mes rêves, je vous le promets.
Elle récupéra son livre, frôlant la main d’Anato qui lui sourit avec bienveillance, puis quitta la librairie, une expression béate sur le visage, les yeux humides et les jambes tremblantes. Ce qu’elle venait de vivre, les mots prononcés, les regards échangés, tout était gravé à jamais dans sa mémoire, elle en avait la certitude.
Lorsqu’elle rentra chez elle, une heure plus tard, Violette jeta son sac et son manteau en vrac dans l’entrée avant d’aller s’installer confortablement sur son lit pour démarrer sa lecture. Dès les premières pages, elle fut de nouveau happée par le style de cet auteur qui la captivait depuis maintenant cinq ans.
Elle avait découvert les romans d’Anato par hasard, en flânant dans une librairie de son quartier. La lecture était alors son passe-temps favori, lorsqu’elle sortait du lycée. Ce fut en voyant Les Lunes d’Amourlyne posé sur une étagère qu’elle eut envie de le lire, attirée tout d’abord par la couverture bleutée, puis par le résumé des plus intrigants.
Elle l’avait dévoré, bouleversée par la plume de l’auteur, bien plus que par l’histoire elle-même. Les mots qui s’enchaînaient avec fluidité, la poésie qui s’en dégageait… Les romans de science-fiction n’habituaient pas leur lectorat à cela, et c’était la raison pour laquelle le scénario restait moins à l’esprit que le style.
Lorsque L’azur des Dragons parut, Violette s’empressa de le l

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